La Rencontre (Jason)

Le peuple avait pris le Palais Noir. Les soldats couraient pour sauver leurs vies. Ils étaient poursuivis par des anciens prisonniers qui avaient soif de vengeance. Jason ne pouvait les en blâmer. Il ne pouvait reprocher leur comportement ni aux soldats qui couraient ni aux révolutionnaires qui les poursuivaient. Il comprenait l'attitude de chacun.

Il n'avait pas réussi à attraper le soldat avant qu'il ne parte prévenir le palais. Il faisait aller son regard partout pour s'assurer qu'aucun homme du roi ne viendrait reprendre le Palais Noir par sa faute.

Mais finalement cela n'importait peut-être pas tant que ça. Ils avaient pris la fameuse prison du roi. Il ne manquait plus qu'à marcher vers le palais. 

Fatigué par les combats qui avaient duré toute la nuit, Jason laissa retomber son bras et se détendit.

Il jeta un coup d'œil autour de lui pour s'assurer que Gabriel et Romain n'avaient pas été trop blessés. Le premier parlait avec un homme qui devait avoir de la naissance. La conversation avait l'air agitée et les deux hommes n'avaient pas l'air d'accord sur ce que disait l'autre. Romain, lui, se tenait au milieu du champs de bataille, tendu comme un arc. Jason s'approcha de lui. Il allait lui demander si tout allait bien mais son camarade le devança :

« Enfin ! Elle a éclaté, s'exclama-t-il.

- Mais nous n'avons pas fini de...

- Le Palais royal n'est pas loin de la capitale, nota Romain. Nous pouvons l'atteindre dans deux heures sans problèmes.

- Si nous ne nous faisons pas prendre par la garde du roi avant, répliqua Jason. »

Romain faisait preuve d'une telle impétuosité. Il comprenait cette excitation pour une attaque de carrosse noble. Mais pour une révolution... l'enjeu n'était pas de faire peur et de récupérer des bijoux. L'enjeu était de faire valoir leurs droits et de faire tomber le roi. Il y avait une toute petite différence.

« Pourquoi nous ferions nous prendre ? demanda Romain. La Colère a explosé, le peuple est avec nous. Nous ne risquons rien. Tout Altaïr nous suit. Tout la ville.

- Toute la ville ? Vraiment ? »

Romain sourit.

« Pendant que tu étais en prison, Gabriel a su se montrer très convainquant pour pousser le peuple à déclencher la Colère. Ils étaient suspicieux mais il a su les motiver. En trois heures, les choses étaient lancées ! »

Cette nouvelle apaisa Jason qui regarda Gabriel. Son ami semblait agacé par ce que disait l'autre. Il fallait bien admettre qu'ainsi, il avait l'air (encore plus que d'habitude) d'un meneur d'homme.

« J'ai l'impression qu'il a besoin d'aide, commenta Romain.

- Allons l'aider, approuva Jason. »

Les deux jeunes hommes se dirigèrent vers leur ami.

« Non, on ne va pas attendre que...

-Tu n'es pas un meneur ! le coupait l'autre aussitôt. Tu n'es qu'un voleur, les enjeux sont trop grands ! On ne peut pas marcher sur le palais comme ça. »

Gabriel allait répliquer mais il avisa ses deux camarades. Il se tourna vers l'autre pour les présenter, mettant temporairement fin à leur discutions animée.

« Jason, Romain voici Desrivières. Desrivières, voici mes amis, Jason et Romain. »

Le meneur révolutionnaire posa sur eux un regard dégoûté et méprisant.

« Ah c'est vous... hum. Je vous imaginai plus grands, plus forts et moins sales. Vous dégagez une odeur assez... comment dirai-je ? Particulière.

- Nous n'avons pas tous les moyens d'avoir une belle veste, répliqua Jason qui n'appréciait pas la pique.

- Je ne vois pas pourquoi nous devrions en acheter une, renchérit Romain, dépenser cent aigles d'or pour qu'elle finisse dans le même état que la votre ? Non merci. »

Desrivières s'avança vers lui, menaçant. Mais Jason lui bloqua le passage. Il ne laisserait pas cette crapule arrogante poser la main sur son ami. Il avait du mal à croire que cet homme puisse être le fameux Desrivières, celui en qui le peuple, et lui-même, avaient placé tous leurs espoirs. Il lui présenta son arme par la pointe. Desrivières se figea et fixa l'arme avec incrédulité.

« Ces deux hommes, dit Jason en désignant Gabriel et Romain, vous ont sauvé du Palais Noir alors je vous conseille de leur parler sur un autre ton. »

Le meneur de la révolution ne répondit pas. Il se contenta de poser un regard calme et froid sur celui qui le menaçait.

« Ton courage t'honore, voleur, déclara-t-il sur une voix parfaitement dénudée d'émotion. »

Jason ne lui répondit pas et abaissa son arme.

Gabriel s'approcha d'eux, bras croisés.

« Alors, mon cher Desrivières, reprit-il d'un ton glacial, attaquerons-nous le palais de nos souverains dans peu de temps ou alors préférez-vous attendre qu'arrivent les soldats ? Parce que je peux vous garantir que dans ce cas-là nous serons tous enfermés dans le Palais Noir et il n'y aura plus d'homme courageux pour venir nous libérer.

- C'est vous les hommes courageux ? nargua le meneur. »

Jason se tendit encore plus. Décidément, Desrivières n'était pas comme l'image qu'il s'en était faite. Il avait imaginé un homme honorable, bon et juste envers tous. Il avait devant lui un bourgeois imbu de sa personne, méprisant ceux qui ne s'étaient pas pliés à la loi. Jamais de toute sa vie il n'avait fait une telle erreur de jugement.

« Nous et le reste du peuple que vous semblez oublier un peu trop souvent, confirma Gabriel toujours avec ce même ton glaçant.

- Elle aussi ? demanda Desrivières en désignant Astran qui se baladait d'un révolutionnaire à l'autre pour lui redonner de l'énergie. »

Son mépris était palpable dans ce simple geste. Y avait-il seulement une personne de leur petite bande qu'il ne mépriserait pas ? Jason en doutait grandement.

« Elle aussi, confirma-t-il sans fléchir devant le regard haineux que lui lança le meneur.

- Alors ? relança Gabriel. Votre décision, monsieur Desrivières ? »

Son calme et ses manières rendaient Jason admiratif. Il ne savait pas comment faisait son ami pour rester si poli avec un homme aussi exécrable. Un coup d'œil à Romain lui apprit que lui non plus ne comprenait pas le calme de leur ami. Quand Gabriel s'en rendit compte, une lueur amusée alluma brièvement son regard. Il haussa les épaules d'un air de dire qu'il n'avait pas vraiment le choix.

Desrivières les toisa tous les trois. Il sembla les analyser, tourner et retourner toutes les possibles réponses dans son esprit. Ses yeux passèrent ensuite à Astran et il l'étudia avec la même attention. La sorcière sembla sentir peser son regard sur lui car elle tourna la tête dans leur direction. Les flammes d'or de ses yeux figèrent le meneur sur place. Il détourna le regard, impressionné par la magie de la femme rousse.

« Alors ?

- D'accord. Nous marcherons vers le palais quand tout le monde sera en état de prendre les armes et de se défendre.

- C'est bien ainsi que nous l'entendions, approuva Gabriel visiblement soulagé par la décision de Desrivières. »

Celui-ci grogna une réponse et s'en alla pour choisir une arme plus adaptée et parler avec des gens qu'il semblait connaître. Sur son passage, des yeux impressionnés et admiratifs se levaient. Des yeux que Jason ne comprenait plus.

« Vous êtes fatigués ? demanda-t-il soudain à ses amis.

- Non, pourquoi ? répondit Romain.

- Que tu sois fatigué serait étonnant, commenta Gabriel avec amusement. »

Cette pique amicale fit sourire et Romain et Jason. Celui-ci répondit à la question :

« Nous devrions faire un tour du périmètre pour nous assurer que des soldats ne viennent pas nous prendre en tenaille. Qu'en pensez-vous ? »

Ses deux camarades hochèrent la tête en un même mouvement.

« D'accord, allons-y mais ne nous éloignons pas trop. Surtout, ne nous faisons pas prendre.

- Tu devrais dire à Lys que tu vas bien, indiqua soudain Romain à Jason. Elle devait se faire du mauvais sang. »

Le jeune homme réalisa qu'il avait raison. Comment n'y avait-il pas pensé pas lui-même ? Il hocha la tête.

« On se retrouve ici à chaque heure, indiqua Gabriel.

- Si l'un de nous est en danger, qu'il tire deux coup vers le ciel, comme ça nous viendrons.

- D'accord.

- Je vais d'abord demander à Astran si elle a besoin de quelque chose, annonça Gabriel. »

Ses deux amis lui donnèrent leur accord et chacun partit de son côté. Jason ne pouvait se défaire de cette étrange sensation de danger qu'il avait. Elle grandissait à chacun de ses pas. Sa confiance s'était envolée. Cela lui faisait de la peine de l'admettre mais s'était la vérité. Quand il avait été pris par les soldats, il avait cru sa vie envolée. Cela n'avait pas été le cas mais sa confiance en avait été ébranlée. Le séjour passé dans le Palais Noir n'avait pas aidé. Il frémissait simplement à l'idée d'y être enfermé à nouveau. Si il se faisait prendre une seconde fois, il ne doutait pas de la forme de sa libération. Elle serait sombre, sanglante. Il verrait alors un trou noir, il n'entendrait rien. Puis se serait fini. Un frisson le parcourut. Non, il ne laisserait pas cela lui arriver. Le meilleur moyen de se faire prendre par ses peurs étaient de ne penser qu'à elles de se laisser dominer par l'angoisse. Il ne le ferait pas. Il ne tomberait pas dans ce piège qui avait sans doute pris tant de monde.

Poignard à la main gauche, fusil dans la droite, prêt à tirer, il avançait lentement. Pas après pas. Il regardait partout, notait tout, se concentrait sur tout, analysait tout. Dès qu'il entendait il bruit suspect, il se figeait. Mais comme rien ne se passait, il reprenait son chemin.

Il devrait retrouver la maison de Lys, s'assurer qu'elle allait bien et l'assurer qu'il allait bien. Il avait faillit à sa promesse.

Il sentait son cœur s'affoler mais il se força à le contrôler.

Il était à trois rues de la maison de Lys quand il entendit des pas. Il se figea. Les pas étaient prudents mais déterminés. Jason se concentra pour tenter d'évaluer si c'était une menace ou un allié. Le bruit des pas sur les pavés de pierre ne venait pas de botte mais plus de délicates chausses. Des chaussures de noble ? Il n'y croyait pas. Croyant s'être trompé dans son analyse, il se concentra encore plus. La marche s'accompagnait d'un léger tintement, comme si des pierres fines et légères s'entrechoquait à chacun des pas. De plus en plus étrange.

Il resserra sa main autour de son fusil. Ami ou ennemi ? Il n'aurait su le dire, pas encore.

Soudain, les pas se firent étrangement proches. Une jeune fille apparut à la croisée des ruelles. Jason baissa aussitôt son arme.

La nouvelle venue regardait partout autour d'elle comme si elle cherchait quelque chose, ou quelqu'un. Elle tourna la tête vers lui et il se figèrent. Jason reconnaissait ces cheveux noirs, un peu courts et dénudés de toutes les élégances abjectes de la noblesse. Mais plus que tout, il se souvenait de ces yeux sombres. Il y avait vu une flamme bleue. Il la revint à cet instant.

Ce n'était pas une ennemie.

La jeune noble s'approcha de lui. Son châle était noir, comme la robe qu'elle portait lors du pillage du carrosse. Ses cheveux n'avaient pas de diamants, seulement de délicats fils de pierres bleues. Il ne voyait pas sa robe mais, en baissant le regard, il vit du sang qui tâchait de si de là l'étoffe.

Était-elle blessée ? Que faisait-elle là ? Pourquoi une noble viendrait-elle se balader dans la capitale en période de révolution ? Avait-elle des soldats qui la suivaient pour la protéger ? Il analysa l'environnement mais tout était calme. Il n'y avait pas le moindre signe de soldat dans les parages.

La jeune noble l'étudia du regard. Elle sembla noter chacune de ses blessure, chacune des tâches de sang qui coloraient sa chemise, ses armes. Elle semblait sur le point de dire quelque chose mais elle se ravisa pour dire autre chose :

« Êtes-vous blessé ?

- Non.

- Vous êtes bien le voleur Jason ?

- Oui. Et t... heu vous ? Vous êtes ? »

Vouvoyer lui faisait très étrange. Cela semblait être des mots inconnus qui souillaient sa vie, ses habitudes.

« Je suis Cassandre Armalys, se présenta la jeune fille. Fille de Dame Armalys et du commandant Armalys. »

Elle sembla hésiter à poursuivre. Jason aurait voulu trouver quelque chose à dire. Mais il ne parvenait pas à trancher entre les deux actions opposées qui lui étaient données de faire : continuer de se montrer attentif, passer son chemin et retrouver Lys ou continuer de parler avec elle pour savoir ce qu'elle faisait là et ce qu'elle voulait. Il était étrangement plus tenté par la deuxième option.

Il lui suffit de regarder les cheveux noirs qui semblaient si désireux de vivre loin de leurs attaches pour se décider.

« Je peux t'aider ? demanda-t-il en oubliant complémentent le vouvoiement. »

Dans son souvenir, il l'avait également tutoyée.

« Je... oui. Je cherche le détenu d'une sorcière. Elle l'a capturé dans le but de négocier votre libération avec le seigneur notre Roi mais...

- Le seigneur votre roi, corrigea aussitôt Jason. Le roi n'est pas mon seigneur ni celui de mes amis, ni celui de tout ceux qu'il laissent vivre dans la misère. »

Elle se tut et le regarda. Elle semblait à nouveau fouiller ses yeux comme elle l'avait fait la première fois. Mais pour trouver quoi ?

« Heu... oui... certainement. Enfin, toujours est-il que vous êtes libre mais que mon père est toujours prisonnier de cette sorcière. J'estime que, comme vous êtes libre, vous pouvez m'aider à le retrouver.

- Et j'estime, moi, que je n'ai pas de devoir à remplir envers un soldat, commandant soit-il. »

Elle se tut à nouveau. Peut-être aurait-elle du être fâchée mais elle ne semblait pas l'être. Il trouva dans ses yeux à elle des questions pour lesquelles il avait les réponses. Il voulait bien les lui donner, il les lui donnerait avec plaisir même. Mais il devait d'abord s'assurer qu'elle ne représentait pas un danger pour lui. Il ignorait pourquoi mais l'idée de craindre cette jeune fille ne lui allait pas du tout. Il ne voulait pas la craindre. Il n'en avait pas envie.

Il réalisa soudain qu'il ne sentait plus la présence de cet arc invisible tendu au-dessus de lui. Pourquoi ? Toujours était-il qu'il trouva cela rassurant.

« Je vous en prie, reprit la jeune fille en s'approchant encore d'un pas. Mon père est un homme de bien, il combat pour le bien, pour ce qu'il croit être juste. Votre sorcière l'a fait enfermer parce qu'il s'est présenté à elle ! Il voulait simplement éviter des morts... »

Son regard se posa sur le sang des habits de Jason. Il se voila de tristesse.

« Mais visiblement, en plus de se faire prendre, il a échoué... »

Elle sembla sur le point de se perdre dans un brouillard épais, un brouillard auquel elle ne semblait pas capable de se soustraire par sa seule volonté.

Il lui prit le bras pour l'empêcher de sombrer dedans.

« Je vais t'aider, promit-il. »

Il accrocha son regard au sien pour qu'elle ne se perde pas dans ses brumes noires.

« Je vais t'aider, répéta-t-il. Mais je ne pourrai pas le faire si tu ne me dis pas ce que je dois faire. »

Elle tourna la tête vers lui. Ses yeux reprirent leurs vigueur. Elle baissa le regard vers la main qu'il avait posée sur son bras. Il crut qu'elle allait se dégager avec colère et répulsion. Il crut qu'elle allait dire qu'elle n'avait pas besoin de l'aide d'un voleur. Elle, une noble femme de la cour du roi, ne devait certainement pas avoir grande opinion de gens comme lui. Mais elle ne fit rien de cela. Elle posa sa propre main sur celle de Jason. Elle lui sourit.

« Merci, dit-elle. Je... je ne pourrais pas y arriver seule.

- Je vais t'aider, assura-t-il. Mais avant j'ai simplement une obligation à remplir.

- Qu'elle est-elle ? Puis-je vous aider de quelque façon ? »

Il la fixa bêtement le temps de comprendre le sens de ses paroles. Pourquoi les nobles devaient-ils toujours parler de manière compliquée ? Ne pouvaient-ils tout simplement pas aligner des mots simple dans un ordre simple pour un sens simple ?

« Je dois rendre visite à un être qui m'est cher, un peu comment ton père, répondit-il quand il eut compris. Je lui avait promis de ne pas me faire prendre par les soldats, jamais. De ne jamais aller dans le Palais Noir. Mais j'ai faillit à cette promesse. Alors je dois, je veux, lui dire que je vais bien. »

Pourquoi lui confiait-il tout ça d'un coup ? Il en avait envie. Il sentait qu'il pouvait le lui dire. Elle lui avait confié ses sentiments envers son père, il pouvait en faire de même. Elle sembla étonnée par toute cette sincérité. Elle semblait même choquée, comme si elle n'avait jamais été confrontée à des sentiments et motivations véritables et louables. Ce pouvait-il que se soit le cas ? Peut-être. Il s'était toujours figuré la cour du roi comme un lieu paradisiaque avec de la nourriture à volonté, des chansons, des instruments qui coûtaient beaucoup trop cher, des sourires, des danses. Tout cela pendant que les villageois les moins aisés, donc la majorité de la ville, trimait pour leur confectionner de beaux habits et tous ces fameux repas. Mais visiblement... d'après la sensibilité de la jeune noble face à ses paroles, se ne devait pas être le cas. Ce ne devait pas être ce lieu si beau, si parfait qu'il s'était imaginé. Il n'avait pas le mot pour lui dire à quoi lui faisaient penser les yeux de la jeune fille. Toujours aussi profonds... si sombres...

« Le Palais Noir ? demanda-t-elle sans comprendre. Qu'est-ce donc ?

- C'est l'équivalent de la Prison pour les nobles, expliqua Jason. Allez, tu viens ? »

Elle sembla étonnée par une phrase si directe, choquée qu'il ose lui parler ainsi. Mais elle ne se récria pas. Elle hocha la tête et se mit à le suivre vers la maison de Lys. Il avait eu l'impression d'accorder trop rapidement sa confiance, mais elle... elle l'accordait encore plus vite ! Quel genre de noble oserait suivre un voleur dans les rues sans protection ? Aucun. Quel genre de noble solliciterait l'aide d'un voleur pour sauver un noble ? Aucun. Quel genre de noble irait tout simplement dans la capitale pendant une période de révolution ? Aucun. Sauf elle. Elle devait être inconsciente. Si elle était tombée sur Desrivières elle ne s'en serait pas tirée ainsi. Il se surprit à avoir peur pour elle. Si elle rencontrait l'exécrable meneur de la Colère, elle en mourait peut-être. De ce qu'il avait vu de Desrivières, Jason ne doutait pas de son aptitude à tuer une noble sans défense parce qu'elle se trouvait dans la même rue que lui, au même moment que lui.

Mais il se posa les mêmes questions dans l'autre sens : quel genre de révolutionnaire accepterait d'aider une noble ? Aucun. Quel genre de révolutionnaire laisserait la vie sauve à une noble parce qu'elle avait besoin de lui ? Aucun. A part peut-être Gabriel qui n'était pas du genre à laisser les gens dans leurs galères.

Quel genre de voleur ne penserait pas à voler le magnifique collier d'aigle en diamant qui brillait doucement à son cou, caché sous son châle noir ? Aucun.

Sauf lui.

Il est sans doute important de préciser que ce fut le premier jour. 

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