♦ Chapitre 39 ♦ L'aube des conflits
Quelque-chose de dur résidait sur ma joue, et je sentais que ma poitrine était appuyée contre une planche. En ouvrant les yeux, j'ai réalisé que je m'étais simplement endormie sur la grande table en bois.
Je me suis redressée en baillant. Mon oncle ainsi que tous ses document s'étaient envolés, et un profond silence régnait autour de moi. Mes pensées étaient un peu embuées, mais je me souvenais de ma conversation avec Oscarveld, qui avait durée plus de 3h selon mes estimations - je ne m'étais même pas rendue compte que la fatigue m'avait finalement gagnée avant que nous n'ayons terminé.
J'avais appris bon nombre de choses que j'ignorais, car il s'était enfin dévoilé dans son art de Chasseur de vampires, et m'avait ainsi enseigné de nombreuses pratiques pour éliminer la vermine, ou se sortir de situations périlleuses. Il avait eu le visage d'un passionné en parlant, le visage de quelqu'un qui savait ce qu'il faisait, et qui avait hâte de se venger.
Je me suis d'ailleurs risquée à plusieurs reprises sur le sujet de ma défunte tante, dont j'avais malencontreusement découvert l'existence en même temps que la mort, et qui éveillait en moi une profonde curiosité. Pourtant, à chacun de mes essaies, il avait aisément évité le sujet, soit en ne fournissant aucunes réponses, soit en répondant sèchement que "ce n'était pas mes affaires".
De toute façon, je comptais évidemment le découvrir par moi même.
Je me suis finalement décidée à me lever de ma chaise, avant de me diriger vers la cuisine. Je fus surprise de la trouvée vide, elle qui était en permanence occupée.
- Méline, tu es là ? ai-je tentée en en faisant le tour.
Le silence me répondit.
Mon estomac émit un puissant gargouillement qui me fit porté les mains à mon ventre.
Je revins bredouille dans le salon, sans avoir croisé personne. Mon pouls commençait petit à petit à accélérer.
" Allons Elisa, il n'y a pas matière à s'inquiéter. Peut-être sont-ils à l'étage ? Ou dans le jardin ? A moins qu'il soit trop tôt..."
J'ai cherché des yeux une quelconque pendule accrochée au mur, mais qui n'existait visiblement pas. Ma dernière hypothèse ne pouvait donc pas être vérifiée, mais je me doutais qu'elle était la cause de ce vide - après tout, le personnel n'était donc pas en général, le premier à se réveiller aux aurores ?
Tout ce que j'espérais, c'était qu'il ne soit rien arrivé.
Je me suis dirigée vers le grand escalier et y ai attrapé la rampe pour commencer mon ascension vers l'étage. Les marches craquaient sous mes pieds à chacun de mes pas, ce qui résonnait atrocement autour de moi.
- Il y a quelqu'un ? ai-je demandé à voix haute en me baladant dans le couloir, essayant de capter des bruits ou d'apercevoir des faisceaux lumineux sous les portes.
Arrivée à hauteur du bureau d'Oscarveld, j'ai frappé à sa porte sans obtenir de réponses. En ouvrant, je me rendis compte qu'il était vide; il en fut de même pour sa chambre. Aucun domestiques ne s'étaient montrés non plus pour le moment.
" Bordel mais qu'est-ce qu'il se passe ? Où est-ce qu'ils sont tous passés ? "
Je me suis finalement arrêtée au bout du couloir, devant l'escalier du deuxième étage. Je n'y avait encore jamais mis les pieds, étant donné qu'il abritait les quartiers du personnel. Je me suis engagée dans le petit escalier après quelques secondes de réflexion.
Celui-ci débouchait sur un nouveau couloir, superposé par rapport à celui de l'étage inférieur, mais beaucoup plus étroit et moins décoré. Une volée de porte s'étendait sur les murs de droite et de gauche. L'une des entrées attira directement mon attention, car elle était grande ouverte, et que de nombreux éclats de voix s'en échappés.
Je m'en suis approchée lentement, les sourcils froncés.
Lorsque j'ai passé la tête dans la pièce, je fus surprise d'y trouver un attroupement d'une bonne dizaine de domestiques; ils regardaient tous dans la même direction et semblaient assez confus et affolés en parlant entre eux.
Tout ce petit monde me bouchait bien la vue, et m'empêchait totalement de prendre conscience de la situation.
Dans ce tumulte, je réussis tout de même à percevoir les voix de Cédric, Méline et mon oncle. Avant que j'ai le temps de dire quoique ce soit, un cri déchirant s'éleva du centre d'attention.
Et il parut d'autant plus glaçant à mes oreilles, car je l'avais reconnu : c'était celui de Sophie.
~~
- Sophie !
Au son de ma voix, tout le monde s'est retourné vers moi, me laissant apercevoir mon amie allongée dans un lit. Son visage était en sueur, et ses cheveux bruns désordonnés s'éparpillaient irrégulièrement autour de sa tête. Elle semblait se débattre, contre quelque-chose d'invisible.
Je me suis précipitée à son chevet, totalement affolée.
- Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est ce qu'elle a ?!
- Calme-toi Elisabetha, s'il te plaît. C'est déjà assez la panique, a dit mon oncle d'une voix grave.
La poitrine de Sophie se soulevait rapidement, et sa respiration était haletante. Méline s'affairait avec un linge humide qu'elle avait placé sur sa tête, et qu'elle ne cessait de remettre en place. Un air triste et apeuré s'étirait sur son visage, et ses rides étaient plus saillantes que d'ordinaire. Cédric se tenait derrière elle, et observait la scène d'un regard rageur.
J'ai attrapé l'une des mains de Sophie qui reposait sur le bord du lit, et l'ai serrée dans la mienne.
- Je vous en prie, dîtes moi que ce n'est pas grave... ai-je dis d'une voix suppliante en tournant la tête vers Oscar.
Son regard était des plus sombres, ce qui me fit vite comprendre que ce n'était pas quelque chose d'anodin, ni de facile à guérir.
- Je suis désolé, mais il va mettre impossible de te mentir, a t-il répondu en se penchant en avant.
D'une main, il attrapa la couette qui recouvrait Sophie et la dégagea d'un coup sec, dévoilant son bras droit.
A cette vision, je fus rapidement parcourue de plusieurs sentiments et émotions qui se succédèrent : d'abord l'horreur, la douleur, puis la tristesse, pour ensuite finir par la colère.
Sur son bras, s'étalaient des dizaines de morsures.
Du sang perlait encore des trous creusés dans sa peau, qui était presque déchiquetée par endroits. Ses veines étaient gonflées et violettes jusqu'au haut de son épaule, et ce phénomène commençait déjà à s'étendre à la naissance de son cou.
- Elle a malheureusement commencée sa transformation, et je ne sais pas comment la stopper efficacement. Le seul moyen reste peut-être de lui couper le bras, pour arrêter l'infection.
- Non... C'est impossible... Pourquoi elle ? ai-je murmurée, des larmes de rages dévalant déjà mes joues.
- Parce que nous les avons énervés, et qu'ils veulent se venger.
Le ton d'Oscar indiquait clairement qu'il était au bord de l'explosion - tout comme moi - et qu'il essayait de se contenir du mieux qu'il pouvait.
- Ces sales bêtes... Vivement qu'elles meurent... a t-il ajouté d'une voix à glacer le sang.
J'ai exercé une légère pression sur la main de Sophie, comme pour lui communiquer un peu de force et de chaleur. Puis, incapable d'observer ce carnage une minute de plus, je me suis détournée d'elle. Je suis allée me positionner devant la petite fenêtre ronde qui se trouvait encastrée dans le mur du fond.
Celle-ci donnait évidemment, sur cette maudite forêt.
Je l'ai sondé d'un regard noir, en essayant tant bien que mal d'ignorer la salve de cris douloureux de Sophie derrière moi.
- Vous ne perdez rien pour attendre, bande d'enfoirés...
Plus aucune compassion ne m'habitait désormais, envers tout type de vampires confondus, végétariens ou non.
En cet instant, je m'efforçais surtout de ne pas me rappeler que j'étais comme eux.
Je finis par apercevoir les deux yeux rouges qui me fixaient dans bas, d'une lueur flamboyante. Un frisson me parcourut la nuque.
Je sortis précipitamment de la chambre.
- Elisabetha, où vas tu ?!
Je n'ai pas prêté attention à la question de mon oncle, et me suis contentée de dévaler les escaliers des deux étages à toute vitesse, avant de me rendre en courant dans le jardin.
J'ai finalement arrêtée ma course juste à la limite de la barrière, pour venir me positionner face à Ace, les yeux dans les yeux.
- Qu'est ce que tu fais ici ? ai-je dit d'une voix sèche et menaçante. Je ne veux pas te voir.
Son visage resta impassible, et il sortit quelque-chose de derrière son dos.
- Qu'est-ce que...
Il balança avec violence mon sac à dos, qui atterit à mes pieds. Enfin, on ne pouvait plus vraiment appeler ça un sac à dos : la toile avait était totalement déchiquetée, et toutes les affaires qu'il contenait avait été déchirées.
Y compris la lettre de ma mère. Et les photos.
- Tu avais oublié ça chez nous, il était de notre devoir de te le rendre.
Puis, sur ces mots, il tourna les talons.
- Tu penses pouvoir te tirer comme ça ? Après ce que vous avez fait à Sophie ?!
Il continua d'avancer, sans se soucier de moi.
- Sois sûr que je viendrais te trouver Ace, et je me vengerai.
Il m'adressa un signe de la main sans se retourner, avant de disparaître dans la pénombre des arbres.
La guerre entre humains et vampires venait d'être déclarée.
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