♦ Chapitre 19 ♦ Apparition

Sophie m'a aidé à me coiffer, pendant que je terminais de me préparer.

J'avais enfilée une jolie robe de ville violette, légèrement décolletée, et serrée au niveau du buste - que je n'avais presque jamais mise. J'étais en train de mettre un peu de mascara et d'eye-liner, et Sophie me faisait des boucles fines.

Je l'ai observé tandis ce qu'elle a attaché les deux mèches encadrant mon visage derrière mon crâne, à l'aide d'une petite pince noire.

-  Tu es magnifique ! a t-elle dit en me souriant dans la glace.

On aurait dit que je me rendais à une cérémonie.

Une fois prête, j'ai pris soin de mettre le bracelet que Sophie m'avait offert à mon poignet droit, et j'ai mis aux pieds des bottines noires.

-   On peut y aller, ai-je dis à l'intention de Sophie, qui m'attendait.

J'ai simplement pris un petit sac soir en bandoulière, dans lequel je mis mon téléphone portable, un livre, et de l'argent, puis j'ai suivis Sophie au rez-de-chaussée.

Il avait l'air de faire chaud dehors, le soleil était rayonnant.

Au moment de franchir la porte d'entrée, je me suis arrêtée sur le seuil. Je venait de penser à quelque-chose de problématique.

-   Euh... Sophie ? l'ai-je interpelée alors qu'elle descendait les marches. On a pas de voiture.

J'ai bien appuyé le dernier mot de ma phrase. J'avais l'espoir que nous fassions demi-tour, et que nous annulions cette journée. Ainsi, je pourrais continuer mes recherches sur les vampires, qui n'avaient pour le moment pas beaucoup avancées.

Sophie s'est retournée vers moi, un petit sourire au coin des lèvres.

-   Aurais-tu oubliée que ta famille est riche ? Nous avons un chauffeur.

Elle s'est retournée et a continué sa descente, avant de poser le pied dans les gravillons.

-   De plus, je t'ai dis que nous avions l'accord de ton oncle. La moindre des choses était qu'il nous prête une voiture, tu ne crois pas ?

J'ai gloussé doucement, mais au fond, je faisais un peu la moue.

Enfin, ça n'allait sûrement pas me faire de mal. Tout le monde avait l'air de penser ça ici.

A croire que j'étais une enfant déprimée à problèmes.

J'ai rapidement rejoins Sophie au bas des marches, et une limousine arrivant de la gauche vint se garer devant nous. Je reconnut le chauffeur, ainsi que la voiture :  les même qui nous avaient conduites ici, quelques jours plus tôt.

Le chauffeur est descendu nous ouvrir la portière, et j'ai d'abord laissé passer Sophie, avant de pénétrer à mon tour dans la voiture.

-   Vous êtes bien charmante ! m'a dit gentiment l'homme.

J'ai remarqué qu'il avait de beaux yeux verts olives, et des cheveux bruns tirant sur le gris par endroit. Il devait avoir la quarantaine, pas beaucoup plus.

-   Merci, ai-je répondu en prenant place sur l'un des canapés.

~~

Nous avons mis plus de 2h avant d'arriver, si bien qu'il était déjà aux alentours de 13h.

Mon ventre gargouillait furieusement depuis déjà une bonne demi-heure, étant donné que je n'avais rien avalé depuis la veille. J'avais complètement oublié de petit-déjeuner avant de partir.

J'ai concentré mon attention sur le paysage.

La voiture s'est engagé dans un grand boulevard bordant une plage. Je fus surprise de constater que nous étions au bord de la mer.

C'était magnifique.

Tout était coloré, et de grands arbres entouraient la baie. Quelques personnes se baignaient, d'autre surfaient. Il y avait également plein de restaurants en bordure de plage, qui grouillaient de monde. Des mouettes, des pigeons, et toutes sortes de petits oiseaux venaient se poser sous le tables, dans l'espoir de récolter quelques miettes.

Les rues étaient remplies de monde.

Et presque tout le monde regardait notre voiture.

Je me suis tassée sur mon siège en rentrant la tête dans les épaules.

Si il y avait bien quelque-chose que je détestais par dessus tout, c'était me faire remarquer. Or, pas de chance de ce côté là : lorsqu'on est riches, c'est difficile de passer inaperçu.

Le chauffeur nous a dirigé dans d'autres rues adjacentes, et l'horizon bleuté disparu de ma vue. Maintenant, il n'y avait que des magasins à perte de vue, et encore et toujours des restaurants.

C'était un peu trop à mon goût, mais apparemment, cela réjouissait Sophie au plus haut point. Elle rayonnait, penchait au dessus de sa fenêtre, et son regard était celui d'une enfant.

~~

Lorsque enfin la voiture s'est arrêtée, je me suis dépêchée de descendre, sans attendre que le chauffeur ne vienne m'ouvrir - comme à son habitude.

Celui-ci est tout de même descendu me voir.

-   J'ai pour consigne de venir vous chercher ici même à 18h précise.

J'ai hoché la tête, en regardant autour de moi. Nous étions garés au milieu d'un parking des plus basiques, adjacents une mignonne petite place comportant une fontaine en son centre.

Je me suis retournée vers le chauffeur.

-    Nous respecterons cet horaire. Quel est votre nom ?

-    Eliott, Mademoiselle.

J'ai de nouveau hoché la tête, en me tournant vers Sophie, qui descendait à son tour du véhicule.

-   Une dernière chose, a dit Eliott. J'ai ceci à vous remettre, de la part de Monsieur.

Il m'a tendu une petite enveloppe blanche. Lorsque je l'ai ouverte, j'ai constaté qu'elle contenait de l'argent. Beaucoup d'argent.

Je me suis empressée de la refermer, et je l'ai fourré dans mon sac.

-   Merci.

Il m'a sourit, avant d'ajouter, en nous regardant tour à tour.

-    Passez une bonne journée Mesdames !

Puis il a reprit place derrière le volant et a démarré. Nous l'avons suivit des yeux jusqu'à ce que la voiture disparaisse.

-    Bien ! s'est exclamé Sophie, surexcitée. Allons d'abord manger ! Je sens que ça va être une très bonne journée.

-    Oui, certainement, j'ai répondu en lui emboitant le pas.

~~

Mes jambes appelaient à l'aide, alors que nous entrions dans un énième magasin de vêtements. Nous avions déjà parcouru une bonne partie de la ville, et ça s'en finissait plus.

Sophie m'avait fait acheter pas mal de chose, si bien que nous avions toutes les deux les bras chargés de sacs. Néanmoins, tous les achats m'étaient destinés.

Sophie avait affirmé qu'elle n'avait pas besoin de vêtements, étant principalement vêtue de sa robe tablier.

Mais, quand jamais moi-même essayé de la convaincre que je n'en avais pas besoin non plus, elle avait fait la sourde oreille, et voilà au point où nous en étions.

Pourtant, je devais bien avouer que je m'amusais.

Il faisait beau, chaud, et j'étais heureuse de passer du temps seule à seule avec Sophie. Cela faisait quelques jours que nous nous étions éloignées, et c'était l'occasion de renforcer de nouveau notre relation.

Pendant que Sophie farfouillait dans les rayons - elle s'était mis dans la tête de me dégoter une nouvelle robe -, je suis allée m'asseoir sur une chaise du magasin, et j'ai sortis mon téléphone de ma poche.

Il était 17h18. 

J'ai rangé mon téléphone dans mon sac lorsque Sophie est venue vers moi, une belle robe rouge dans les mains.

-   Il faut absolument que tu essayes ça ! a t-elle dit, des étoiles dans les yeux.

-   D'accord, mais je te préviens, c'est le dernier magasin que l'on fait !

-   Promis.

~~

Une fois sorties, la robe empaquetait dans un nouveau sac pendu à mon poignet, j'ai insisté pour que nous allions faire un tour sur la plage pour finir la journée.

Sophie n'a pas vraiment protesté, et nous sommes allées marcher dans la sable. Il y avait moins de monde à cette heure-ci, et nous avions ainsi un peu d'intimité.

Une petite brise s'était levée et me caresser les joues.

-   Comment te sens tu, ces derniers jours ? m'a soudain demandé Sophie, après quelques minutes de marches silencieuses.

Je me suis retournée vers elle.

Son regard était perdu dans le vague, vers l'horizon.

-   Je ne sais pas trop, ai-je finalement répondu en regardant mes pieds s'enfoncer progressivement dans le sable à chaque pas. Il s'est passé pas mal de choses.

Sophie a hoché la tête.

-   Je comprends.

Silence. Seul le  vent et le bruit des gens autour de nous se faisaient entendre.

-   Oscarveld est un homme un peu bizarre, tu ne trouve pas ? ai-je dis pour continuer la conversation.

-   Pour sûr ! Il a l'air de cacher beaucoup de choses.

-   Tu ne penses pas si bien dire...

Je ne pouvais pas lui parler des vampires, même si j'en avais envie. Je voulais partager mon angoisse avec elle, comme je l'avais toujours fait. Mais je ne tenais pas à dévoiler le secret de mon oncle, qu'il s'était démené à garder invisible aux yeux des autres.

Et puis, je ne tenais pas à l'effrayer. Je ne voulais pas qu'elle me rejoigne dans la crainte.

-   Il est temps de rentrer, a dit Sophie.

~~

En route vers le parking, nous avons emprunter quelques petites ruelles désertes.

Il y avait un peu de distance entre Sophie et moi, et arrivée à une intersection, je me suis décidée à la rattraper.

Au moment de passer la bifurcation, quelque-chose a attiré mon attention sur ma droite.

Je me suis arrêtée, les yeux plissés pour mieux voir.

Une silhouette se tenait courbée au milieu de la ruelle déserte, bras et jambes écartée. Je pus distinguer qu'il s'agissait d'un homme. Lorsqu'il a levé les yeux vers moi, ceci étaient d'un bleu turquoise étonnant et hypnotisant.

J'entendais le bruit d'une respiration laborieuse, et sa poitrine se soulevait rapidement, pourtant avec difficulté. Je crus distinguer de loin, qu'il était en mauvais états, de part ses vêtements déchirés.

Peut-être était-il SDF ?

-   Elisa ? Qu'est ce qui se passe ?

J'ai détourné un instant les yeux vers Sophie qui s'était arrêtée à son tour, avant de regarder de nouveau sur ma droite.

L'homme avait disparu.








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