♦ Chapitre 12 ♦ Chasseurs de Vampires
Je suis restée environ une demi-heure affalée sur mon lit, en fixant mon sac à dos, avant de me décider à me lever. Je suis donc aller prendre l'enveloppe en grognant. Je suis ensuite retournée m'asseoir sur mon lit, la tenant à bout de bras en face de moi.
Mon prénom était écrit sur le dos, en majuscules noires. J'ai souris en reconnaissant l'écriture de ma mère.
Je m'apprêtais à l'ouvrir lorsque l'on a frappé à ma porte.
- Oui ?
Une femme que je ne connaissais pas est entrée timidement. Elle était ronde, aussi bien du visage que du corps. De petits yeux brillants, de couleurs noisettes, étaient comme deux points au milieu de ses joues bouffies. Ses cheveux châtains encadraient joliment son visage. Elle était vêtue d'une robe tablier un peu trop moulante pour elle.
Elle était sans aucun doute, une des servantes.
- Je suis Angela, Mademoiselle.
- Oui ? répétai-je, pas sûre de comprendre ce qu'elle faisait ici.
- Monsieur souhaite s'entretenir avec vous, il m'a demandé de vous guider jusqu'à lui.
- Oh, très bien, je vous suis.
Je me suis de nouveau levée, posant la petite enveloppe bleue toujours fermée sur la table de nuit.
" Je l'ouvrirai plus tard, tant pis... "
~~
J'ai suivi docilement Angela à travers le manoir, sans poser de questions. Elle avait déjà l'air assez embarrassée comme ça, inutile d'en rajouter en la bombardant de questions.
Arrivée devant la porte du bureau d'Oscarveld, je me suis rendue compte à quel point mon cœur s'emballait dans ma poitrine. J'avais peur de lui faire face, après les évènements d'y il a une demi-heure, dans sa chambre. Pourtant, je n'avais visiblement pas le choix.
J'avais encore la possibilité de faire demi-tour en courant, mais je ne souhaitais pas me ridiculiser devant Angela. De plus, j'avais enfin l'occasion de parler à mon oncle.
Angela s'est avancée vers la porte et a frappé doucement du poing, de la même manière qu'elle l'avait fait sur ma propre porte.
- Mademoiselle Élisabetha est là, Monsieur, a-t-elle dit.
- Fais-la entrer et pars, a répondu une voix dure, de l'autre côté de la porte.
- Bien.
Angela a ouvert la porte, puis s'est décalé pour m'inviter à entrer.
Je l'ai remercié d'un murmure incertain, en pénétrant dans le bureau. Lorsqu'elle referma la porte derrière moi, je pris conscience de l'ambiance assez étouffante qui régnait dans la pièce.
~~
Oscar se tenait dos à la porte, face à une grande fenêtre donnant sur le jardin, avec une magnifique vue sur la forêt un peu plus loin. Son corps se dessinait comme une ombre, dont je ne distinguais pas les contours, dans la dense lumière s'échappant des carreaux.
Il faisait d'ailleurs encore beau aujourd'hui, quoique quelques nuages commençaient à s'amasser autour du soleil brûlant.
Personne ne parlait.
J'ai rapidement détourné le regard pour contempler la pièce dans laquelle je me trouvais. Un grand et large bureau - de la même matière que la table de la salle à manger - occupait la quasi-totalité de l'espace disponible. Celui-ci était entouré de deux fauteuils en velours côté porte, et un autre siège encore plus imposant côté fenêtre, derrière lequel se trouvait mon oncle. Des portraits étaient accrochés au mur. Un haut buffet était appuyé contre le mur de gauche, et des photos reposées dessus. A droite, une petite table ronde, sur laquelle était posée un service à thé, et une simple chaise.
- Ton professeur particulier, Monsieur Dage, sera là à 15h cet après-midi.
J'ai sursauté lorsqu'il a prononcé ces mots, toujours sans se retourner.
" C'est vrai, le professeur particulier ! "
Sophie m'en avait parlé hier. Enfin, si c'était bien hier. J'avais tellement dormis que j'en avais perdu ma notion du temps.
Il ne dit rien d'autre, et le silence retomba dans la pièce, de plus en plus étouffant.
- C'est tout ce que vous vouliez me dire ? demandai-je, sans cacher ma déception.
- Oui, tu peux partir, dit-il gravement.
J'ai serré les poings, faisant blanchir mes phalanges, puis, s'en prêter attention à ce qu'il venait de dire, je suis aller m'asseoir dans un des fauteuils face au bureau.
- Désolée, mais je ne partirai pas.
Il s'est enfin retourné, suite à ma remarque insolente. Je pus enfin distinguer ses traits, tirés et fatigués. Ses yeux brillaient de colère.
- Je ne te demande pas ton avis, sors de ce bureau. Maintenant.
- Non, je ne vous demande pas votre avis non plus. Je dois vous parler de quelque-chose d'important.
- Je me fiche de ce que tu as à dire, je ne veux pas te voir.
Une pointe de nostalgie passa dans sa voix, de manière très brève. Je n'aurai jamais dû m'introduire dans sa chambre, c'était tout bonnement la pire idée que j'avais eu depuis mon arrivée.
- Mais...
- Tu vas partir de ce manoir. Je ne te veux plus entre mes murs.
- Pardon ?!
Était-il vraiment si énervé, au point de vouloir se débarrasser de moi de cette manière ?
- Et où irai-je ? contrai-je en croisant les bras sur ma poitrine, sans céder à sa menace.
- Peu m'importe.
Il commençait à redevenir le type désagréable de mon arrivée. J'ai alors décidé de ne pas attendre davantage avant de lui révéler ce que je savais.
- Je sais ce qu'il y a entre ces arbres.
J'ai pointé le doigt vers la fenêtre.
- Vous ne pouvez plus me le cacher, ai-je repris, calmement. Me faire partir ne vous avancera pas à grand-chose, maintenant que je sais. Ces... choses... que vous vous acharnez à repousser... Je veux vous aider.
Sa mâchoire parut se décrocher lorsque je finis ma phrase. Oscar s'est laissé tomber dans le fauteuil du bureau, et a serré les poings sur la table en me dévisageant.
- Il n'en est pas question. Tu as beau insinuer " tout savoir ", il y a encore plein de choses que tu ignores sur les vampires.
Il n'avait pas hésité une seule seconde avant de prononcer ce dernier mot, à l'inverse de moi, qui n'osait même pas le formuler.
- Alors apprenez-moi, ai-je dit en me penchant au dessus du bureau.
J'avais peur, oui. Mais un esprit de vengeance s'était immiscé dans ma tête, depuis que j'avais vu la photo de cette femme blonde, que je n'avais jamais connu.
- C'est beaucoup trop dangereux. Je refuse d'impliquer une gamine dans cette histoire, d'autant que tu ne me servirait à rien.
- Qu'est ce que vous insinuez ?! Je sais me défendre !
- Cela ne sera pas suffisant, ignorante ! Nous n'avons pas affaire à de simple guignols sadiques ! C'est bien pire que cela, Elisabetha. Ils se nourrissent de sang, ils tuent pour du sang ! Ce sont de vrais vampires, c'est là la triste vérité.
Il s'est adossé au dossier de son siège, en se massant le front de la main droite.
- Tu es aussi ignorante que l'était ta mère.
- Qu'est-il arrivé à ma mère ?
Il a inspiré longuement, en fermant les yeux, sans répondre.
- Elle a causé sa propre perte... a t-il murmuré, si bas que je ne fus même pas certaine d'avoir bien compris.
Mon oncle avait l'air lasse, et je sus qu'il ne me fournirait plus aucune réponse. Je fis donc le choix de ne pas lui parler de Ace. Je m'étais mise en tête de résoudre seule le mystère entourant cet homme. Je ne pus m'empêcher de prononcer une dernière phrase, en me levant de mon fauteuil.
- Je deviendrai une chasseuse de vampires moi aussi, comme vous.
Au moment où je refermais la porte derrière moi, il répondit :
- Ce n'est pas un jeu, Élisabetha.
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