Chapitre 1 : Une Forêt sibylline
Dans les années 1980, quelque part en Espagne, entouré d'une forêt, se dressait un immense manoir. Il avait été construit depuis bien des années de cela et était encore en très bon état. Le manoir se transmettait de père en fils, depuis plusieurs générations.
Une femme d'une trentaine d'années, brune aux yeux verts, y travaillait en tant que domestique. Elle s'appelait Maria. Elle entra dans la chambre de son maître :
« Monsieur Kuroki, je vous ai entendu crier, est-ce-que vous allez bien ? »
Le jeune homme se redressa un peu mieux dans son lit avant de lui répondre en se passant une main sur le front puis dans les cheveux :
« Oui, oui, ça va Maria ne t'inquiète pas, j'ai juste fait un mauvais rêve. »
Ce n'était pas la première fois qu'il faisait un cauchemar de ce genre. Il en faisait souvent, même si cela s'accentuait lorsque approchait son anniversaire...
Remarquant l'air soucieux de sa domestique, il changea de sujet :
« Quelle heure est-il ?
- Onze heures, Monsieur. Je vous ai amené votre petit déjeuner.
- Merci, à quelle heure viennent mon oncle, ma tante et ma cousine ?
- Monsieur et Madame Moreno ainsi que leur fille viendront à quatre heures de l'après-midi.
- Très bien, prépare le nécessaire pour la fête et dis à Paula de préparer un repas somptueux et un gâteau au chocolat, Lika les adore.
- A vos ordres Monsieur, voulez-vous que j'appelle Angelo pour qu'il vous prépare ?
- Pourquoi n'est-il pas venu avant !? C'est censé être lui mon majordome ! Je t'ai déjà dit plusieurs fois de ne pas me demander si je veux que tu l'appelles ! Il doit venir tout seul ! Et s'il ne vient pas c'est ta responsabilité de le faire venir ! Tu m'entends !? »
Le jeune homme se leva, ses cheveux blonds encore en bataille. Ses yeux bleu-gris lançaient des éclairs et l'espace d'un instant, on aurait même cru qu'ils avaient viré au rouge. Maria recula, elle n'aurait jamais dû dire ça. Son maître était calme et gentil, mais quand on engageait la conversation sur Angelo, il devenait incontrôlable. Nataniel leva la main. La domestique se cacha derrière ses bras pour se protéger.
Il allait la frapper, quand il retrouva ses esprits :
« Désolé Maria, ce n'est pas de ta faute, je veux que tu ailles chercher Angelo, s'il te plaît. J'ai deux mots à lui dire.
– Très bien Monsieur Nataniel »
Les yeux de Nataniel devinrent écarlates, il détestait lorsque ses domestiques l'appelaient par son prénom.
« Je... je suis désolée Monsieur, pardonnez-moi... » balbutia Maria.
Les iris du garçon reprirent leur couleur naturelle. Elle s'inclina et sortit de la chambre de son maître. L'intéressé mangea son petit déjeuner luxueux disposé dans différentes petites assiettes en argent et dans de magnifiques verres. Tout cela sur un plateau en argent tout aussi beau.
Il se regarda ensuite dans la glace et s'amusa de son apparence : ses cheveux étaient tout ébouriffés. Ils lui donnaient l'air d'un garçon quelconque et ordinaire, qui venait de se lever sans s'être coiffé depuis une éternité. Ce n'était vraiment pas le reflet qu'il fallait donner lorsqu'on s'apprêtait à fêter ses quinze ans. Surtout lorsqu'on était le dernier riche héritier de sa lignée. Angelo arrangerait cela de toute façon. C'était son travail après tout.
On frappa à la porte :
« Monsieur, puis-je entrer ?
— Entre ! »
Un homme dans la vingtaine, en costume gris sombre, entra. Il avait des cheveux châtains clair, assez courts à l'arrière. Quelques mèches rebelles retombaient sur son front, l'obligeant sans cesse à les replacer derrière se oreilles pour ne pas être gêné. Ses yeux étaient d'un noir tellement profond qu'on ne distinguait pas ses pupilles de ses iris.
« Vous m'avez appelé Monsieur ?
— Oui, je peux savoir où tu étais ce matin ?
— Ce matin ? Mais on est le matin Monsieur.
— Ne te fiche pas de moi ! Je veux savoir où tu étais tout à l'heure quand je me suis réveillé et que Maria est venue m'apporter mon petit-déjeuner !
— Hum... Laissez-moi réfléchir... Ah ! Oui ! Tout à l'heure, eh bien... j'étais dans les bras de morphée ! »
Nataniel rageait, il frappa de toutes ses forces le visage d'Angelo. Quand il vit que son majordome restait sans aucune réaction, il fut encore plus irrité. Ses iris changèrent de couleur et de l'énergie noire enveloppa tout son corps.
Toujours aucune réaction de la part d'Angelo, car il savait ce qui allait se passer : il se passait tout le temps la même chose. Son maître s'énervait, lâchait trop d'énergie, développait une sphère d'énergie noire et la lançait sur lui. Bien entendu avant que la sphère ne l'atteigne, il s'effondrait par terre et la sphère d'énergie se dissipait.
Ce ne fut pas le cas...
Cette fois-ci, Nataniel concentra toute son énergie dans la pièce et fit voler tous les objets qu'elle contenait droit dans la figure d'Angelo dans un grand fracas.
Puis il s'effondra.
« Monsieur ! Monsieur Kuroki ! Que se passe-t-il ? Oh, mon dieu ! Paula ! Paula ! Venez m'aider ! »
Une jeune femme semblant plus jeune que Maria, vêtue d'un tablier de cuisine blanc par-dessus sa robe bleue, se ruait vers la chambre de son maître. Elle avait de longs cheveux châtains tirant vers le roux, attachés en une queue de cheval. Ses yeux marrons reflétaient son inquiétude.
« Maria ? Que se passe-t-il ? Pourquoi m'avez-vous appelée ?
— Regardez vous-même ! Monsieur s'est encore évanoui, je suis sûre que c'est à cause d'Angelo !
— Vite il faut m'aider à le mettre sur son lit ! »
Paula se précipita sur Nataniel, suivie de Maria. Elles le portèrent jusqu'à son lit, et l'allongèrent.
« Monsieur, Monsieur, est-ce que vous allez bien ? Monsieur ! Oh non ! Il ne répond pas !
— Ça a l'air sérieux cette fois, d'habitude dès qu'on l'appelle il revient à lui ! Monsieur ?
— Il ne répondra pas. »
Paula sursauta, se retourna et vit Angelo. Il était si proche d'elle qu'elle voyait tous les détails de son visage, son regard envoûtant d'une couleur si particulière fixaient ses yeux à elle. Le majordome approcha son visage du sien. Elle rougit, le repoussa brusquement et s'exclama :
« Comment-ça, il ne répondra pas !?
— Il ne répondra pas.
— Ne me dites pas que... Il est tombé dans le coma !?
— Non, ce n'est pas ça, il est juste épuisé, il a utilisé trop d'énergie...
— Trop d'énergie ? Comment ça ? »
Angelo sourit, il approcha sa main du visage de Paula et lui caressa la joue. Elle rougit. L'homme approcha son visage vers le cou de Paula, ouvrit légèrement la bouche...
...Et reçut un violent coup à la tête de la part Maria.
« Ne la touchez pas ! Ça va, Paula il ne vous a pas fait mal ?
— N... non... il ne m'a rien fait.
— Tant mieux ! ... »
Elle lança un regard noir à Angelo, qui voulait clairement dire Sors tout de suite de cette pièce si tu ne veux pas avoir à faire à moi ! Il n'insista pas et sortit de la chambre avec un petit sourire moqueur. Maria marmonna entre ses dents :
« Maudits vampires ! ».
Puis elle reporta son attention sur son maître qui ne bougeait toujours pas.
« Paula ?
- Oui ?
- Je vais rester avec Monsieur. Pouvez-vous terminer les préparatifs pour la fête ? Je vous rejoindrai dès qu'il ira mieux.
- Bien sûr, j'y vais de ce pas.
- Attendez, avant d'y aller promettez-moi quelque chose.
- Quoi donc ?
- Promettez-moi de faire bien attention à vous et de ne pas vous approcher d'Angelo.
- Pourquoi ?
- Promettez-le, c'est tout.
- D'accord, si vous y tenez tant, je vous promets de ne pas m'approcher d'Angelo.
- Ne prenez pas cela à la légère. Angelo est un homme dangereux. »
Devant l'air étonné de Paula, Maria lui fit signe de prendre congé. Elle obéit à son aînée d'à peine quatre ans.
« C'est pour ton bien Paula, c'est pour ton bien... » murmura-t-elle.
Elle soupira puis retourna près de son maître.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top