3.Découvertes poussiéreuses

Depuis l'attaque de Noria, un trou béant s'étendait à côté de la pyramide. Ses rouages fonctionnaient toujours, ainsi que l'immense horloge sur sa hauteur. Mais beaucoup de main-d'œuvre s'efforçait de réparer les dégâts. Les laboratoires donnaient sur les jardins à l'extérieur, là où les scientifiques faisaient pousser toutes sortes de plantes afin de mieux les étudier.

Ozia s'approcha des décombres. Ils triaient les affaires encore en état de fonctionner d'un côté, d'un autre les documents toujours lisibles, et tout ce qui ne pouvait être sauvé. C'était un chantier énorme et tout le monde aidait pour remettre de l'ordre dans un brouhaha incessant.

La jeune Titanomancienne leva les yeux vers le ciel. Elle ne savait toujours pas comment cela était possible, mais son amie Noria avait disparu dans une déchirure du ciel. Comme si un monde parallèle l'avait englouti à jamais. Quant à Allen, Kyun avait pris le soin de le blesser gravement avant de l'emmener avec elle par une autre ouverture. Zion, qui lui emboitait le pas, avait beau la rassurer, elle n'arrivait pas à trouver des points positifs dans leur situation. Mais peut-être qu'aujourd'hui, cela allait changer.

Et pour sa première surprise, elle vit Hirelda, Nagrir et Siana, attendre près du cratère. Elle s'élança vers eux, un large sourire sur le visage. Enfin, elle pouvait retrouver des connaissances et tronquer sa solitude. Quand elle la remarqua, Hirelda la prit dans ses bras à son arrivée. Elle la serra fort. Ozia enfouit sa tête dans son cou, si heureuse de la retrouver. Comme à son habitude, Hirelda portait des vêtements toujours aussi courts. Vêtue d'un mini short beige et d'une brassière aux couleurs de l'automne, elle possédait un long manteau sans manche orné de racines. Ses cheveux d'émeraude coiffée en deux belles couettes s'agitaient avec le vent frais.

– Tu es enfin de retour, lui dit Ozia.

– Désolée... J'avais besoin de faire un point et de m'entrainer.

Ozia se défit de son étreinte et l'observa avec curiosité.

– Tu t'es entrainée où ?

– Avec des Aspirants. J'ai pu faire une nouvelle méditation aussi. J'espère que ce sera suffisant pour retrouver Noria et foutre mon poing dans la gueule d'Izeris.

Siana la salua à son tour. Toujours vêtue de son beau manteau violet avec un haut col. Une longue chemise grise avec un corset de cuir bien lacé complétait sa tenue. De hautes bottes remontaient gracieusement sur ses jambes, par-dessus un pantalon à carreau. La ceinture, qui serrait le tout à sa taille, abritait de petites sacoches débordant d'ingrédients. Elle avait néanmoins troqué sa chevelure rougeoyante contre une noire à l'intérieur bleu.

– Tu es restée à Elekya ? demanda Ozia, surprise de la voir encore dans la ville.

Siana acquiesça d'un hochement de tête.

– J'ai mis mes études en pause. Je ne peux pas laisser Noria et Allen perdus, je ne sais où... Ils ont tellement fait pour moi.

Ozia allait lui poser de nombreuses questions quand Nagrir vint à sa rencontre. Il portait un beau costume trois-pièces aux nuances de bleus rappelant le froid et la glace.

– Content de te revoir, Ozia, dit-il en souriant.

Ce n'était pas souvent qu'elle pouvait le voir aussi expressif. Elle le lui rendit et le prit dans ses bras. Il n'avait pas l'habitude des démonstrations d'affection aussi physique. Il osait à peine lui rendre son étreinte. Elle se dégagea gentiment.

– Alors, comment la prêtresse a accueilli les nouvelles ? demanda la Titanomage de foudre.

Le visage de Nagrir s'assombrit. Pendant ce temps, Zion rejoignit le groupe, silencieux.

– Pas très bien. Elle n'en revient pas qu'un Sage ait pu trahir Elekya et elle est attristée par la disparition de Noria et Allen.

– Comment as-tu fait pour te rendre là-bas ? demanda Hirelda.

Ozia n'avait pas remarqué ce détail, mais depuis la trahison d'Izeris, les téléporteurs ne fonctionnaient plus. Impossible pour les Titanomanciens d'user de leur magie.

– J'ai dû embarquer dans un aéronef prêté par Alanka. Ils donnent un coup de main à Elekya pour informer les différents villages de l'impossibilité de se téléporter.

Ozia était contente de voir que les pays offraient leur aide. Sans ça, les Titanomanciens seraient coupés du monde.

– Bordel ! cracha Hirelda. Comment cette Sage à fait son compte ?

Personne n'avait cette réponse.

– Je peux vous le dire !

La voix venait du cratère. Les Sages Serah Invidia et Gavion Tyderis en sortirent. La bibliothécaire aux beaux yeux verts s'approcha d'eux avec un livre dans les mains. Sa chevelure à la fois d'un noir aux reflets argentés, et d'un bleu sombre, virevoltait avec le vent. Une couette partait sur le côté, tandis qu'elle passait la main dans la mèche qui balayait le côté droit de son visage.

Toujours vêtue de sa chemise blanche et de son corset lié par des ceintures, elle tendit l'ouvrage vers Ozia. Sa jupe asymétrique cachait une partie de son pantalon noir, alors que l'un de ses avant-bras était recouvert d'un gant avec une montre au poignet.

– Cela va vous aider, assura-t-elle.

Gavion arriva ensuite avec son long manteau aux manches beaucoup trop longue. Il tendit la main pour leur faire coucou, un sourire niais sur le visage. Hirelda cracha par terre et s'élança, à la surprise de tout le monde, sur le Sage. Dans un hurlement de rage, elle recouvrit son poing d'écorce et le frappa de toutes ses forces. Gavion arrêta le coup, une grimace tordant son visage. Il recula de quelques pas, mais Hirelda ne comptait pas en rester là. Elle recouvrit son autre bras et l'attaqua de toute part. Ozia la voyait pleurer, elle hurlait, à tel point que tout le monde s'arrêta de travailler pour les observer.

– T'arrives avec ton sourire, comme si de rien n'était ? s'énerva Hirelda. Comment as-tu osé nous faire ça ? Comment as-tu pu trahir Noria ?

Elle continuait de le frapper comme une forcenée. Serah voulait intervenir, mais Zion l'arrêta d'un geste de la main.

– Mais...

– Laisse-les. Ils doivent s'expliquer, dit-il d'un ton sans appel.

Ce n'était certes pas le meilleur moyen, mais Hirelda était comme ça. Elle n'aimait pas qu'on touche à ses amis. Il ne fallait pas énerver cette jeune Titanomancienne au tempérament de feu. Gavion se défendait avec des racines qui sortaient ses bras. Mais il avait dû mal à contenir la colère d'Hirelda.

– Arrête et écoute-moi, implora le Sage.

– La ferme ! Tu mérites que je te défonce la gueule !

Gavion la repoussa avec ses racines. Hirelda les arracha les unes après les autres, tandis qu'elles essayaient de la retenir.

– Tu nous a menti ! Trahi ! Tu ne mérites même pas ton titre !

Elle hurlait, en larme. Elle arrachait ses liens les uns après les autres. Gavion concentra son énergie et invoqua un gorille de liane. Quand Hirelda arriva à se sortir de son piège, l'animal l'attrapa. Sa poigne se resserra, poussant la Titanomancienne à hurler de douleur. Il allait lui broyer les os s'il continuait.

– C'est bon, tu t'es calmé ? demanda Gavion en s'approchant de sa créature.

Hirelda pesta. Elle claqua de la langue en essayant de se libérer. Elle se contorsionna et banda ses muscles pour tenter de les détruire. En un simple signe de la main, Gavion leur ordonna d'affirmer leur emprise. Hirelda hurla et sa tête bascula en avant. La peur serra la poitrine de Siana.

– Arrête ! cria Siana.

Gavion fit disparaître sa créature dans un déluge de feuille automnale. Dans toutes ses couleurs emportées par le vent, le corps d'Hirelda tomba. Le Sage la rattrapa et l'allongea sur le sol. Tout le monde le rejoignit, alors que la jeune femme reprenait doucement ses esprits. Gavion l'aida à se relever, mais elle le repoussa. Ses prunelles d'azur lui dardant des éclairs.

– Ne me touche pas, prévint-elle.

Siana lui tendit la main et Hirelda l'accepta avec plaisir. Elle boitait un peu, mais elle ne semblait pas blesser. Derrière, l'air triste de Gavion parvenait à faire de la peine à Ozia. Même si elle ne voulait pas non plus lui pardonner après les révélations d'Izeris sur leur binôme. Il avait beau avoir fait double jeu, il avait caché beaucoup trop d'informations pour lui faire à nouveau confiance.

– Je vous demande pardon, murmura Gavion. J'aurais voulu vous le dire, mais...

– TAIS-TOI ! hurla Hirelda. Je ne veux même pas entendre ce que tu as à dire.

Gavion détourna le regard, trop honteux pour affronter la colère de la jeune femme. Serah intervint et leur demanda de se calmer.

– Vous verrez vos griefs plus tard, dit-elle. Nous avons des informations qui devraient nous permettre de retrouver Noria.

La nouvelle surprit Ozia. Tout le monde resta de marbre suite à l'annonce. Cela arrêta toutes les disputes pour se concentrer sur le livre qu'Ozia gardait dans une main. Serah le récupéra et l'ouvrit.

– Ceci sont les notes d'Izeris, expliqua-t-elle.

Ozia se pencha pour scruter les pages, et remarqua des schémas pour les portails de téléportation.

– Dans un premier temps, les portails qu'elle a conçus ne fonctionnent pas du tout avec nos éléments.

– Comment est-ce possible ? demanda Zion.

Serah claqua des doigts dans sa direction.

– Eh bien la réponse est ici.

Elle tourna les pages avec précautions pour ne pas abimer l'ouvrage. Il avait déjà subi les affres du combat de Noria et sa couverture était marquée de griffures.

– Apparemment, il existerait trois autres Titans que nous ne connaissons pas et...

Zion l'arrêta d'un signe de la main.

– Attends, on devrait réunir tous les Sages et la Sage suprême Valyxia. Ils doivent entendre ce que tu as découvert.

Serah opina du chef.

– Tu as raison, tu t'en occupes ? demanda-t-elle à l'intention de Gavion.

Il lui fit un large sourire avant d'invoquer des oiseaux de lianes. Ils s'envolèrent dans toutes les directions afin d'apporter un message inscrit à même le corps du volatile. Pendant qu'ils rameutaient les Sages, ceux déjà présents s'envolèrent en direction du palais, sur l'îlot le plus haut. Ozia leur emboita le pas avec Nagrir, Hirelda et Siana à ses côtés.

C'était la première fois qu'elle s'y rendait. Même quand elle habitait Elekya, elle n'y avait jamais mis les pieds. Très bien gardée par un dispositif de défense et de nombreux soldats, l'île était partagée entre un magnifique palais d'un blanc rutilant, et un bâtiment un peu plus en retrait en forme de L. Un bel orbe bleu déversait de l'eau dans un grand lac qui coupait l'île en deux.

Ozia se posa derrière les Sages et observa la structure. Des statues d'argents trônaient sur les tours, représentant les différents Titans qui existaient. Rien ne semblait aussi majestueux que ce bâtiment. Petit à petit, les Sages manquants arrivèrent. D'abord Odiango Assmalt, le Sage représentant la justice. Un homme d'une cinquantaine d'années à la peau sombre. Ses pupilles ambre scrutèrent le groupe avec intérêt, quand il remit de l'ordre sur sa longue veste indigo, dont le col était relié par une chainette en or. Il salua le groupe d'un geste de la main.

– Pourquoi cette convocation ? demanda-t-il à Gavion d'un regard sombre.

– Nous avons des informations capitales sur Izeris ! s'enquit Serah.

Il écarquilla les yeux. Il observa le grimoire avec envie, prêt à lui demander de lui prêter, mais Violetta Renard arriva à son tour. La soigneuse de l'élément de l'eau avec sa belle chevelure bleu ciel. C'était grâce à elle qu'Ozia était encore en vie. Elle avait empêché Zion de l'achever lors de son combat. Elle remit ses lunettes en place et attendit le dernier Sage en silence. Elle ne semblait pas curieuse d'avoir les informations. À moins qu'elle comprît la raison de sa convocation.

Finalement, le dernier Sage arriva à son tour. Ix Vansem. Impossible de connaître les éléments qu'il maitrisait. Il portait toujours un masque et un long manteau blanc avec une capuche. Une fois tout le monde réuni, ils montèrent les marches jusqu'à l'entrée du palais.

Les portes s'ouvrirent d'elles-mêmes à leur approche. Ozia sentit une boule au fond de sa gorge en entrant dans le hall. Immense. Majestueux. Telles sont les termes qui lui venaient à l'esprit. Encore une fois, des statues des Titans trônaient en cercle, et deux escaliers partaient sur les côtés.

– J'espère que cette réunion vaut le coup, leur dit Odiango.

Sa voix résonna dans la pièce, tandis qu'ils passèrent une nouvelle double porte au fond du hall.

– Tu peux arrêter de râler ? se plaignit Zion. Serah a beaucoup de choses à nous dire.

Odiango répondit par un murmure inaudible. Ozia ne pensait pas voir les Sages se chamailler ainsi. Ils traversèrent un couloir étrange. Vide de meuble, Ozia ne remarqua que de petites tours avec des cristaux d'énergie élémentaire flottant en leur bout. Elle observa le mécanisme, quand Violetta l'invita à avancer.

– C'est un mécanisme de défense, expliqua-t-elle. Cela tire des projectiles de différents éléments sur les personnes non habilitées.

– Qui sont ? demanda Ozia avec curiosité.

– Tous ceux qui ne sont pas des Sages, ricana-t-elle.

Soudain, Ozia avait peur de se voir tirer dessus. Elle observa les alentours, prête à se défendre, sous le regard amusé de Violetta.

– Ne t'en fais pas, Gavion a prévenu Valyxia et elle est capable de voir quiconque entrer dans le palais. Elle a tout désactivé pour nous.

Ozia acquiesça d'un hochement de tête. Le groupe continua son avancée jusqu'à une prochaine entrée. Une sublime arche d'argent avec tous les symboles des éléments gravés dessus les accueillit dans la pièce suivante. Une belle table ronde s'étalait dans toute la pièce, tandis qu'une cheminée crépitait dans un coin. Les flammes faisaient danser les ombres des fauteuils blancs. Les Sages prirent chacun une chaise. Ozia attendit qu'on lui amène de quoi s'assoir, mais personne n'en fit rien. Au lieu de ça, Gavion leur fit signe de rester en retrait, debout. Ozia, Hirelda, Nagrir et Siana s'exécutèrent sans rien dire.

Une porte sur le fond s'ouvrit. Le cliquetis de la poignée perça le silence, tandis que les Sages se levèrent de concert quand Valixya pénétra dans la pièce. Une femme d'une trentaine d'années fit son apparition. De longs cheveux rose et noir aux reflets argentés tombaient le long de sa grande robe richement décorée. Ses yeux se posèrent sur le groupe. Elle leur sourit et leur fit signe de s'assoir. Tout le monde obéit, puis elle s'installa sur l'avant-dernier siège libre. Il en restait un, occupé normalement par Izeris.

– Je vois que nous sommes tous réunis, déclara Valixya. De quoi voulais-tu nous parler, Sage Gavion ?

Il se pencha et désigna Serah d'un geste de la main.

– Ce n'est pas moi, mais Serah qui souhaitait nous réunir.

Valixya l'observa.

– As-tu trouvé quelque chose d'intéressant dans les décombres du laboratoire ?

Elle posa le journal d'Izeris sur la table.

– Effectivement, nous avons fait de belles découvertes avec Gavion, déclara-t-elle.

Elle ouvrit le livre à la page des Titans inconnus.

– Nous avons découvert quatre Titans dont nous ne savions rien. Celui de l'espace, des songes, du temps et de la création. D'après ses notes, elle a utilisé les pouvoirs du Titan de l'espace pour construire les téléporteurs que nous utilisions.

– Elle nous a bien baratinés ! tonna Zion.

Grâce à cet énorme mensonge, Izeris les avait condamnés à rester à Elekya, sans moyen de transport rapide. Ozia trouvait sa stratégie aussi intelligente que machiavélique.

– Effectivement, continua Odiango. Mais comment a-t-elle pu faire pour nous cacher toutes ces informations depuis tant d'années ? Il est normalement facile de voir à quel élément on appartient.

Ozia attendait la réponse à cette question. Même si elle avait une petite idée derrière la tête. Effectivement, lors de sa fuite, Izeris avait retiré des lentilles de contact pour faire apparaître des yeux étranges. Et Serah détailla justement cette scène à tout le monde, puis elle montra le journal.

– Et c'est justement la façon dont ces Titans fonctionnent. Je ne sais pas s'ils sont endormis et s'il y a un symbole qui flotte dans leur repos, comme l'a découvert Ozia et ses amis dans le repos de Shivaraneva. Néanmoins, voici le nom de ces nouveaux Titans : Saezyartis de l'espace. Osmiraën pour les songes. Chronostern pour le temps. Et pour celui de la création, cela reste un mystère. Apparemment, elle ne le connaît pas.

Un silence s'ensuivit, attendant la suite des annonces.

– D'après ces notes...

Elle tourna quelques pages. Tout le monde avait les yeux rivés sur elle.

– Le Titan de l'espace lui a donné des pouvoirs. Et cela se voit par les yeux, et non la couleur des cheveux comme c'est le cas pour nous. Voilà les descriptions : pour le titan de l'espace, la sclérotine noire est tachetée de petites lueurs blanches faisant penser à des étoiles et les pupilles sont jaunes. Pour les songes, les iris sont blancs avec des pupilles en forme d'étoile. Enfin le temps, les iris sont violets et la pupille est remplacée par trois cercles entrelacés noirs.

– Donc Izeris possède les pouvoirs de l'espace et du temps, murmura Odiango en croisant les bras.

– Cela voudrait dire qu'elle a ouvert une dimension pour enfermer Noria, proposa Violetta. Je me souviens qu'Izeris avait deux yeux différents.

– Je pense aussi ! Et je sais où se trouve le Titan de l'espace.

Elle leva le livre pour montrer une double page à tout le monde. Ozia fit quelques pas pour les voir elle aussi.

– Dans la région de Shinasa, Izeris a mis une croix au nord-est. Je pense que nous devrions pousser les recherches là-bas pour en savoir plus, et surtout, sur le moyen de ramener Noria.

Les Sages se mirent à réfléchir, puis Odiango posa une question qui énerva Ozia.

– Pourquoi délivrer Noria serait une priorité ? demanda-t-il. Ce serait plutôt de retrouver Izeris.

Gavion fronça les sourcils.

– Noria doit être retrouvée, dit-il d'un ton brusque. Après ce que nous lui avons caché, ce serait la moindre des choses.

– Nous n'avons rien dissimulé, continua Odiango. Nous avons fait ce que nous devions faire pour maintenir l'équilibre de ce monde.

–Je suis d'accord, approuva Ix. Notre priorité est de trouver Izeris. Noria n'a pas d'importance.

Ozia fulminait. Elle jeta un œil vers Hirelda. Le visage rouge, elle semblait à deux doigts de s'énerver et de les envoyer balader, tous autant qu'ils étaient.

– On doit enquêter pour la retrouver, continua Serah. Elle a peut-être enfreint les lois, mais au vu de ce que l'on a fait, nous nous devons de l'aider !

La bibliothécaire se tourna vers Violetta pour tenter d'avoir son appui. Mais la soigneuse ne semblait pas vouloir prendre parti.

– Mon devoir de médecin m'impose de retrouver Noria, mais celui de Sage de me concentrer sur Izeris. Elle souhaite notre annihilation, comme elle l'a soulevé lors de sa fuite, et cela ne doit pas être pris à la légère. Elle a une très longue avance sur nous.

Le débat s'arrêta quand Hirelda fit irruption et qu'elle tapa du poing sur la table. Le visage tordu par la colère, elle laissa exploser sa rage.

– Vous n'êtes qu'une bande de crétins ! Et vous vous appelez les « Sages » ? Vous ne méritez pas ce titre ! Vous n'êtes que des escrocs avec des pouvoirs ! Restez donc cloitrer dans votre ville, à vous tourner les pouces. Nous, on se rend à Shinasa pour retrouver Noria ! Vous me dégoutez !

Hirelda se redressa et s'avança vers la sortie. Les Sages, abasourdis, l'observèrent avec incrédulité. Odiango, lui, était outré d'avoir été insulté par une gamine. Zion souriait, à deux doigts d'éclater de rire, mais il se retenait difficilement. Valyxia, quant à elle, ne bronchait pas. Jusqu'au moment où elle se leva lentement.

– Hirelda Aspal, appela Valyxia.

L'intéressée se retourna, les poings serrés. Sa détermination sans faille se lisait sur son visage. Elle affronta la Sage suprême du regard.

– Quoi ?

– Un peu de tenu ! gronda Odiango. Il s'agit du sage suprême.

– Et ? demanda Hirelda en faisant un signe de tête nonchalant vers Valyxia. Tu crois que j'en ai quelque chose à faire ? Ça ne change rien à la situation.

Odiango se leva, véritablement énervé. Il la pointa du doigt, prêt à lui hurler dessus. Mais Valyxia leva la main.

– Ça suffit.

Odiango pesta et se rassit.

– Tu as raison, Hirelda, avoua Valyxia.

Ozia hoqueta de surprise. Elle ne s'attendait pas à ce que la Sage suprême corrobore la version d'Hirelda. Elle l'imaginait plutôt la chasser du palais d'un coup de magie bien placé. Mais non, au lieu de ça, elle resta d'un calme olympien.

– Serah et Violetta vont vous accompagner avec leur Aspirant. Vous irez dans la région de Shinasa pour enquêter sur ces nouveaux Titans, ainsi qu'un moyen de retrouver Noria. L'aéronef d'Izeris est prêt pour le voyage. Pendant ce temps, Gavion, je te charge de retrouver la trace de Kyun. Apparemment, certains de tes espions ont affronté ses hommes.

Gavion opina du chef.

– Ix, Odiango et Zion, j'aimerais que vous renforciez nos défenses. Augmenter les entrainements des novices. Tout le monde doit être prêt à toute éventualité.

Les Sages ne remirent pas en doute les ordres de Valyxia. Quand elle clama la fin de la séance, ils se levèrent tous en même temps pour vaquer à leurs occupations. Ozia était contente de partir à la recherche de Noria, tout en sachant que deux Sages les accompagnaient. Elle avait hâte de retrouver son amie.


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top