Chapitre 4 partie 1 - Nora

26 mai 2020

Bon, c'est de nouveau l'heure de ma clope nocturne. Je suis encore fin bourrée, mais j'ai pas envie de tomber sur lui.

Je masse mes tempes en fermant à moitié mes yeux, laissant l'alcool prendre le dessus sur mon instinct. Je m'en fiche s'il revient. Je rentrerai dans l'auberge comme hier. Je ne vais pas arrêter de fumer parce qu'il a décidé de me rendre visite, encore moins arrêter de boire.

Après ce court auto peptalk, je sors dans la fraîcheur de la nuit. Les fumeurs m'ont proposé de venir avec eux il y a une heure, mais j'ai toujours préféré fumer en solitaire. Titubant encore, je prends appui sur le mur. Ma tête a le tournis, mais cette sensation de lâcher prise que je recherche dans la boisson. Une clope achèvera de me détendre complètement et je pourrais enfin prétendre à être la femme souriante que je ne suis pas.

Un sourire d'escroc s'accroche à mes lèvres tandis que j'y coince une cigarette. D'une main malhabile, je l'allume et enfin, la fumée envahit mes poumons. Mes neurones se calment, leur activité diminue et un sentiment de plénitude s'empare de mon corps. Les yeux clos, j'expire avec lenteur, puis doucement j'inspire de nouveau. C'est fou le bien que ça me fait...

— Eh.

Mon bien-être m'arrache trop à la réalité pour que j'ouvre les yeux et me concentre sur ce que mon ouïe me communique.

— Bonsoir.

La voix est proche, mon corps réagit sans me demander mon avis et mon regard trouve deux iris brillants dans la pénombre. Les mêmes qu'hier. Ma salive se coince dans ma gorge, je manque de faire tomber ma cigarette. Putain il est revenu.

Plus rapidement que la veille, je scanne la distance qui me sépare de la porte et envisage sérieusement un repli immédiat. Comme s'il avait lu dans mes pensées, le jeune homme reprend la parole :

— Attends, je ne suis pas Kiëran, je ne te ferai aucun mal.

Malgré moi, j'inspire une nouvelle bouffée de fumée. L'alcool amplifie ma panique et mes émotions. Je n'ai aucun contrôle sur elles lorsqu'elles déboulent dans mes neurones, provoque l'accélération de mon rythme cardiaque, nouent mon estomac et bloquent ma respiration. Non je ne veux pas le voir.

Le souvenir de la veille frappe ma conscience et des larmes affluent aux coins de mes yeux. Je me sens misérable alors je me dirige vers la porte. Mais il n'a pas l'air décidé à me laisser partir. Mes iris émeraudes l'observent rentrer dans la zone de lumière et son regard me tétanise sur place. Il ressemble comme deux gouttes d'eau à l'alpha. Ses cheveux bruns, toutefois, sont rasés sur les côtés de son crâne. Ses longues mèches sur le dessus de son crâne sont plaquées en arrière dans une coiffure impeccable. Il est moins costaud que l'autre, ses bras sont moins musclés, ses épaules moins carrés. Mais il reste impressionnant. Comme l'autre loup, il marche les mains dans les poches, les bras nus mais pas recouvert de tatouages. Son regard aimante le mien et une nouvelle fois, je suis clouée sur place. Néanmoins, son aura n'est pas menaçante, bien qu'il transpire aussi le danger et la force.

Lorsqu'il ne se trouve plus qu'à un mètre de moi, je remarque que la couleur de ses iris est plus clair que celle de l'alpha. Il m'observe en silence, comme Kiëran il passe mon corps au peigne fin. Il s'arrête un long moment sur mon attelle, avant de remonter vers mes yeux.

— Je m'appelle Kalden Moster, je suis le frère jumeau de Kiëran, souffle-t-il avec un sourire mi-bienveillant, mi-carnassier. Je viens m'excuser pour son comportement d'hier. Je lui avais dit de ne pas venir te parler, mais il ne m'a pas écouté.

Il fronce les sourcils, tout en continuant de me dévisager. Mes pensées embrouillées ne parviennent pas à démêler le vrai du faux. Pourquoi je te ferais confiance ? Et ma bouche reste obstinément scellée. Je n'arrive pas à articuler le moindre mot, malgré les répliques qui se détachent du brouhaha dans mon cerveau.

— Ecoute, je comprends que tu sois ici pour le travail. Mais Kiëran n'aime pas savoir une louve parmi les humains.
— Ç-ça ne vous regarde pas, balbutié-je finalement.
— Donc tu sais parler ?

Son regard s'éclaire et il fait un nouveau pas vers moi. Je me crispe, mon tournis devient beaucoup plus menaçant tout d'un coup. Mon flot de pensées s'affolent. J'ai trop bu pour garder une contenance ou un tant soit peu de lucidité. Il faut qu'il parte tout de suite.

— Tu as raison, admet-il, ce n'est pas nos oignons que tu ais choisi de vivre sans meute. Mais comme tu es sur notre territoire, tu nous mets en danger. Si les humains venaient à apprendre notre existence, ce serait problématique. Tu comprends ?

Je ne suis pas prête à comprendre quoi que ce soit. Ils m'envoient le jumeau diplomate après m'avoir envoyé le taré méprisant ? Enfin, l'alpha a dû se mandater tout seul pour venir m'insulter.

— Arrête.
— Tu n'as rien à craindre de moi, et Kiëran ne s'en prendra pas à toi non plus.

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