La folie se soigne
Ses pas foulaient l'herbe bleue. Au-dessus de sa tête, brillait un soleil vert tandis que le ciel jaune s'étendait sans fin sur des nuages roses.
Souvent, Marinette fermait les yeux et tentait de secouer sa tête à droite à gauche. Où avait-elle atterri ? Et comment ?
En se réveillant, elle avait vite fait d'arracher la fraise qui lui serrait le coup et s'était débrouillée afin de ne plus s'emmêler dans toutes ces bandelettes qui pendaient de sa tête. Et ainsi, les cheveux en chignon, la robe déchirée à la hauteur de ses genoux, elle avait cherché un moyen de rentrer chez elle...Sans avoir trop d'idées en tête.
Lorsque le soleil cligna des yeux pour enfin se cacher derrière l'horizon, un coq chanta. En entendant ce réveil peu conventionnel, Marinette se dit :
_ S'il y a un coq à proximité, il devrait aussi y avoir une ferme aux environs !
Elle n'eut pas fait deux pas qu'elle se retrouva soudain dans un jardin d'enfant. Plusieurs personnes discutaient, d'autres vaquaient à leur occupations et finalement, d'autres dormaient sur les bancs.
Marinette s'approcha du groupe de personnes assises à même le sol dans un cercle parfait. Lorsqu'il la vit arriver, l'un d'eux se poussa vers la droite et lui indiqua la place à prendre. Reconnaissante, la brunette s'assit et observa ses compagnons.
Ils étaient tous habillés trop conventionnellement mais de manière étrange. Devant elle, une blonde aux lèvres bleues portait une robe absolument magnifique, de la fourrure sur ses épaules et de fins gants blancs aux mains. Il était bien dommage, pensa Marinette, que sa robe soit salie par le sol peu propice alors qu'il y avait tant de bancs au alentours.
À côté d'elle, un garçon aux cheveux noirs et aux mèches bleus tentait tant bien que mal de refaire son nœud-papillon. Aucunement aidé par le vent qui avait décidé de souffler, il s'était finalement rendu à l'évidence et baissa les armes.
Se reposant sur son épaule, dormait une jeune fille aux yeux cachés par ses cheveux. Elle n'arrêtait pas de murmurer des paroles inaudibles dans son sommeil mais personne n'y prêtait de toute manière attention.
Finalement, un couple amoureux discutait. Ils étaient le centre de l'attention du cercle. La fille était habillée de manière exquise, démentielle et fabuleuse. Sa robe brillait de mille feux et ses bijoux cliquetaient souvent au rythme de ses mouvements. Le garçon, lui, portait un costume noir, des gants noirs, un chapeau noir et des chaussures blanches. Il était souvent agacé par son monocle qui tombait et roulait trois mètres plus loin, mais son amoureuse lui en sortait toujours un nouveau tout en râlant sur sa maladresse. Elle revenait ensuite à son sujet de conversation préféré :
_ D'ailleurs, la coccinelle a fait tomber un livre d'Histoire hier. Vous vous en rendez compte !
_ Je ne comprendrais jamais ton ambition exponentielle pour un insecte. Une bestiole ne pourra jamais sauver la ville. Et encore moins un chat, renchérit la blonde avec un sourire charmeur.
_ Et si je vous disais que j'ai trouvé une tortue près d'une toile d'araignée, vous me croiriez ? demanda tout à coup l'homme en habits noirs et en chaussures blanches.
Tout le monde éclata de rire et Marinette, encore plus confuse, décida de se lever et de quitter ce groupe bien étrange.
Le sens du vent la conduisit jusqu'à une jeune fille rousse, assise gracieusement sur un banc. Autour de son cou, un collier en forme de queue de renard qu'elle observait souvent après avoir recoiffé ses cheveux. Marinette s'approcha d'elle en quête de réponse :
_ Bonsoir mademoiselle..., commença-t-elle.
_ Comment-ce ? Le soleil vient pourtant de se lever. Regardez cet affreux ciel blanc.
_ Il est jaune, fit remarquer la brunette.
_ Peu importe. En quoi peut bien Volpina vous être utile ?
_ Je ne sais pas où je me trouve et j'aimerai bien retourner à Paris. Si vous pouviez me donner des directions, j'aimerai bien quitter cet endroit.
Et sur ces mots, Marinette prit place à côté de son interlocutrice alors que cette dernière la regardait avec des yeux ronds.
_ Vous êtes bien l'unes des rares assez folle pour vouloir vous en aller. J'aimerai bien vous aider, mais je ne sais pas où va la lumière après avoir franchi l'horizon. En revanche, je connais bien quelqu'un d'aussi fou que vous. M'enfin...qui l'était jusqu'à ce qu'il se fasse soigner par nos mains. Vous êtes sûre que vous n'êtes pas malade ? demanda la rousse en tendant ses mains griffues vers Marinette, épouvantée.
La brunette se redressa d'un bond et prit ses jambes à son cou pour fuir vers le petit bois derrière une grande clôture verte. Et c'est ainsi qu'à l'ombre d'un grand arbre, elle vit un jeune homme, blond, semblant somnoler.
Il portait des vêtements plutôt décents, convenant à l'époque de laquelle Marinette était originaire. Tentant le tout pour le tout, elle s'agenouilla et se mit à secouer de manière vigoureuse le pauvre homme.
Ce dernier sursauta bien fort avant de reprendre son souffle, petit à petit. Il fixa Marinette d'un regard curieux tout en s'éloignant d'elle par mesure de sécurité.
_ Tu vas pas bien ma vieille, ronchonna-t-il en tenant sa chemise comme si elle allait s'envoler.
_ S'il vous plait..., commença Marinette en sentant qu'elle allait éclater en sanglots d'un moment à un autre.
Voyant la mine affligée de son interlocutrice, le jeune blond se calma et s'approcha doucement de la pauvre jeune fille. Ses yeux émeraude brillaient beaucoup plus que les bijoux d'une certaine folle.
_ Euh...ça va ?
_ Non ! Du tout ! Où est-ce qu'on se trouve ?
_ A Paris voyons ? Pourquoi cette question.
_ Non non ! On n'est sûrement pas à Paris. Tout le monde est fou ! Rien ne va ! Ni les couleurs, ni les formes, ni le temps, ni les gens. Ni même moi !
_ Fou dis-tu ?
_ Oui complètement. C'est un monde de fou !
_ Eh bien tu as ta réponse non ?, répondit le blond avec un sourire en coin. Nous sommes tous fous, dans un monde de fou. Qu'est-ce que tu peux demander de plus Marinette ?
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