Chapitre 3

Lorsque je fus réveillée le lendemain matin, je me souvins de mes tourments de la veille et de ce que je m'étais promis de faire. Je sortis donc de mon lit et fis appeler Neiva.

Une fois que je fus prête, je me dirigeai discrètement vers les appartements de mon frère. En effet, nos parents avaient décidé de placer les appartements de leurs enfants non loin les uns des autres, ce qui faisait qu'en face de mes appartements, il y avait ceux d'Eran, à gauche, ceux d'Inaya, et à droite ceux d'Elena. Malheureusement, n'ayant plus eu de place à cet étage pour notre dernier frère, nos parents avaient décidé de le placer un étage au dessus de nous, là où il n'y avait presque personne...

J'essayai de ne pas réveiller mes sœurs donc, car Inaya n'était pas au courant et même si Elena l'était, je préférais qu'elle n'entende pas ce que je devais dire à Eran.

Je toquai donc doucement à sa porte. J'entendis un "entrez" et les gardes me laissèrent passer.

Je vis mon frère assis sur un fauteuil, près de la cheminée en train de lire un livre.

"-Bonjour Elyra ! Comment vas-tu ?
-Bonjour Eran. Je vais bien, merci.
-Que me vaut l'honneur de cette visite ?
-J'ai... Je dois te parler."

Je commençais à être nerveuse et à me triturer les mains.

"-Je t'écoute.
-Et bien voilà... Je ne sais pas si tu es au courant, mais je vais me marier."

J'entendis mon frère soupirer.

"-Oui, j'ai entendu quelques rumeurs à ce sujet. Je ne voulais pas y penser. Mais c'est donc vrai. Je suis désolé Elyra, je n'ai pas envie que tu partes.
-Moi non plus... Seule Elena est au courant à cause d'un malentendu... Ne le dis pas à Inaya et Amel, s'il-te-plaît. J'irai le dire à Inaya demain... Et pour Amel... Je ne sais pas. J'ai peur de sa réaction. Il est déjà si seul...
-Je comprends ton point de vue. J'irai lui en parler quand tu seras partie, si tu veux."

Il me proposait cela gentiment, mais c'était à moi de le faire : après tout, c'était de moi qu'il s'agissait.

"-Non, je le ferai moi même, mais merci quand même.
-Comme tu veux.
-Enfin, si je suis venue ici, ce n'est pas pour te parler de ça... J'ai... Tu sais que nos parents nous laissent seuls, et nous devons nous débrouiller par nous mêmes. Ils sont très occupés, et n'ont pas de temps à nous consacrer. Ils ne sont même pas toujours au courant lorsque nous sommes malades... Donc, depuis preque mon plus jeune âge, je me suis beaucoup occupée de vous. J'ai un peu remplacée mère dans son rôle de maman. Quand il y avait un problème, c'était toujours moi qu'on appelait et qui venais. Lorsque je serai partie, vous ne pourrez plus compter sur moi. Je sais que toi tu t'en sortiras, tu es grand et mature. Inaya sera triste mais pourra se contenir. Elle aura juste encore besoin de quelqu'un pour la soutenir, le temps qu'elle m'oublie un peu. Mais Elena et Amel... J'ai toujours été comme leur mère. Et, quand Elena a appris hier que je partais, ça a été très dur. Je n'imagine pas Amel. Il leur faut une figure de modèle. Quelqu'un à qui se raccrocher. Et je me demandais si...si tu pouvais jouer ce rôle. Remplacer le rôle de notre mère. Au moins jusqu'à qu'Inaya puisse le faire. S'il te plaît."

Mon frère soupira.

"-Je ne suis pas une femme, je n'ai pas les mêmes sentiments que vous, je n'ai pas l'instinct maternel, je ne saurai pas comment faire. Je ne sais pas si j'y arriverai.
-Je t'en prie Eran, essaie de faire de ton mieux. Mets toi à leur place. Ce n'est facile pour personne.
-Très bien. Je ferai de mon mieux. Mais je ne te garantis rien.
-Merci Eran. Merci beaucoup. Pour eux.
-Pour eux."

Nous nous enlaçâmes avant que je ne parte.

À peine passée la porte, je soupirai de soulagement. Un problème de réglé.

J'allais renter dans ma chambre lorsque j'entendis une voix familière m'appeler.

"-Elyra ?"

Je me retournai pour voir ma sœur, Inaya.

"-Elyra... Je t'ai entendu sortir de la chambre d'Eran, et hier, j'ai vu les yeux rouges d'Elena, elle avait pleuré. Toi aussi, depuis quelques jours tu es triste. Je le vois, tu te renfermes sur toi-même, et tu n'es plus joyeuse. Il y a eu hier également, lorsque père nous a demandé de sortir. Je vois bien que quelque chose te chagrine. Dis moi ce que c'est, je dois savoir."

Je soupirai. Normalement, c'était moi qui devait la réconforter lorsqu'elle se sentait mal, comme une bonne grande sœur, et pas l'inverse.

"-Très bien. Allons dans tes appartements."

Inaya fit un sourire radieux, contente que j'ai cédé, pour une fois. Elle m'ouvrit la porte, j'entrai et à peine l'avait-elle refermée que je dis d'une traite :

"-Père me marie. Je pars pour l'Espagne dans deux jours."

D'un coup, son sourire disparut. Elle bredouilla.

"-Mais... Mais le roi est déjà promis... Et... Tu ne peux pas partir... Tu ne peux pas me laisser seule, moi et Elena... Qu'est-ce qu'on fera sans toi ?"

Ses yeux s'embuèrent de larmes, et je vis bien qu'elle faisait tout son possible pour se contenir.

"-Je sais, tu me manqueras. Mais, je n'ai pas le choix. Je suis promise au prince. Alexandre."

Son visage passa de la tristesse au choc.

"-Le prince ? Mon dieu, tu vas épouser cette brute ?
-Oui..." répondis-je tandis que ma voix se cassait.

Je ne savais plus quoi dire, et je décidai de rentrer dans mes appartements.

Mais alors que j'allais ouvrir la porte, ma sœur me dit :

"-Tu ne nous oublieras pas ? Et tu prendras bien soin de toi...
-Comment pourrai-je vous oublier ? Je vous aime tellement... Bien sûr ! Je compte sur toi pour veiller sur Elena et Amel, ils auront besoin de toi. Eran est assez grand, il se débrouillera seul."

Ma sœur hocha la tête et je rentrai dans mes appartements.

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Alors que nous finissions de déjeuner, mon père demanda le silence.

"-Je souhaite vous faire une grande annonce, mes enfants ! Ce soir, nous organisons une grande réception au palais, en votre honneur !"

Je regardai mon père, puis ma mère. Celle-ci me lança un regard triste mais sourit pour faire bonne figure. J'avais très bien compris ce que cela voulait dire : c'était en fait une fête d'adieu organisée pour moi.

Je soupirai silencieusement. Eran semblait avoir compris lui aussi cette fête d'adieu déguisée, puisqu'il me lança un regard rempli d'empathie.

Ma mère avait vu notre regard, mais n'avait rien dit. Elle ne pouvait pas être au courant de tout ce que ses enfants faisaient, de toute façon.

Nous prîmes tous le thé, que je bus amèrement. Je savais que j'allais regretter ma vie ici, quand je serai en Espagne.

Dès que le thé fut fini, je remontai rapidement les escaliers pour rejoindre mes appartements, lorsque j'entendis des pas derrière moi. Je me retournai vivement et vis que ma mère me suivait.

"-Elyra... J'ai vu ce qui s'est passé pendant le déjeuner. Tu es au courant n'est ce pas ?
-Au courant que quoi ? Que vous mentez, et qu'en réalité, cette fête, déguisée sous de faux honneurs, est une fête d'adieu pour moi ? Parce que je l'ai bien compris !" crachai-je.

J'étais déjà en colère contre elle, depuis l'annonce de mon mariage, mais le mensonge, à toute notre famille, c'était trop.

"-Elyra, je suis ta mère ! Comment oses-tu me parler sur ce ton ?!
-J'ose vous parler sur ce ton, mère, depuis que vous mentez ! Ce mariage, je n'en veux pas, et vous le savez très bien ! Pourtant, je m'y suis pliée ! Mais vous savez ce qui m'attriste le plus dans tout cela ? C'est que je vais devoir quitter mes frères et sœurs, pour qui je suis un modèle, une seconde mère que vous n'avez pas su être pour eux ! Vous êtes reine, et mère, et pourtant, vous ne vous consacrez qu'à votre travail. Rares sont les fois où je vous ai vu en compagnie de vos enfants ! Vous ne savez pas qu'ils souffrent, que vous les rendez malheureux ! C'est de votre faute si Amel est renfermé ! Et ça, je ne vous le pardonnerai jamais !"

J'avais sorti toute ma colère, celle qui bouillonnait en moi depuis trop longtemps. J'avais presque hurlé dans le hall, et désormais tous les gardes nous regardaient.

Ma mère me regarda tristement. Elle avait les larmes aux yeux. D'un côté, je m'en voulais pour ce que je venais de dire, mais d'un autre côté, je me sentais soulagée de ne plus devoir porter ce lourd fardeau depuis des années sur mes épaules.

"-Il est vrai que je n'ai pas été la meilleure des mères. Mais, j'aime mes enfants, et je veux le meilleur pour eux. Ce tu viens de dire me blesse profondément, Elyra. J'ai toujours fait des mon mieux, mais je ne suis pas parfaite, je le reconnais. Tu me vois comme ce que tu viens de dire, comme une mauvaise mère. Dans ce cas, je n'ai plus rien à faire ici."

Je la regardai partir vers ses appartements, et j'étais mitigée. Avais-je été méchante ? C'était ma mère, et je l'aimais, mais je ne pouvais plus supporter qu'elle nous mente et qu'elle nous ignore.

Je ne savais pas si j'avais bien fait. En tout cas, il était trop tard pour revenir en arrière, désormais.

Je soupirai et remontai dans mes appartements. Maintenant, je devais me préparer pour cette fête du mensonge.

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Bonjour chers lecteurs ! Encore plus long que d'habitude, ce chapitre, avec plus de 1600 mots !

J'espère qu'il vous a plu ! Si c'est le cas, n'hésitez pas à voter et à commenter, ça me ferait très plaisir :) D'autant qu'en ce moment, j'ai très peu de lecteurs...

J'ai hâte de vous retrouver dans un prochain chapitre ! À bientôt ! ❤️✨

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