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PDV Elyra

Père était parti à la guerre le 1er juin.
De ce que j'avais compris, la Suède s'était associé à la Norvège et ils avaient ensemble battu la Prusse ainsi que la Pologne.

Ces deux derniers ayant été contraints de rejoindre leur armée, et les Suédois et les Norvégiens ayant des vues sur le nouveau monde, ils avaient décidé de s'allier ensemble contre l'Angleterre, afin d'avoir le libre passage vers le nouveau monde, ainsi que des échanges plus faciles.

Leur objectif final était, paraissait-il, de conquérir le nouveau monde.

Père ayant apprit leur complot par un espion avant que la Suède et la Norvège ne commencent à déployer leurs troupes, il avait choisi de livrer bataille en mer du Nord, plutôt qu'en Angleterre.

En effet, cela laissait une marge de défense plus importante à notre pays si la guerre avait lieu en mer, plutôt que sur notre territoire.

Depuis que Père était parti, nous n'avions plus eu de nouvelles de lui.
Je voyais bien que chaque jour qui passait sans nouvelle inquiétait de plus en plus mère, même si elle faisait tout pour ne pas le montrer.

D'ailleurs, nous nous parlions de nouveau avec mère.
Elle ne me fuyait plus, et je lui avais pardonné : je savais qu'elle faisait tout cela pour le bien de l'Angleterre, et qu'elle s'en voulait de me sacrifier pour cela.

Je respirai profondément en pensant à tout ce qui m'était arrivé depuis mon arrivée en Espagne. Il était clair que ma vie avait basculée depuis mon changement de pays.

Alors que je pensai à tout cela, mes pas me guidèrent automatiquement vers les jardins. C'était désormais devenu mon refuge. Et souvent, lorsque que j'y venais, je croisais la reine. À elle aussi, cet endroit était précieux.

Ce soir-là pourtant, j'étais seule. J'aimais la compagnie de sa Majesté, mais également la solitude, alors je savourais ce moment en m'aventurant plus loin encore dans les jardins.

Soudain, j'entendis une voix grave dans mon dos :

"-Bonsoir, princesse."

Je me retournai, même si je savais à qui m'attendre.

Et bien sûr, c'était lui qui était derrière moi : le prince Esteban.

La personne que j'avais tout fait pour éviter ces dernières semaines venait de réapparaître subitement.
Je refoulai la sensation qui naissait dans mon cœur et répondis simplement :

"-Bonsoir, votre Altesse."

Il s'approcha de moi, tout en gardant une distance convenable.

"-J'aime beaucoup votre parfum.
-Merci."

Alors que je me tournai pour partir, il me retint le bras. Enfin, je levai mes yeux vers lui, et je vis son regard empli de déception et de tristesse :

"-M'éviteriez-vous ?"

Je ne donnai aucune réponse, et baissai la tête, et il comprit que je lui donnai raison.

"-Mais pourquoi ?"

Je ne répondis rien, retenant mes larmes. Je me détachai doucement de son emprise, et m'éloignai.

Il me rattrapa et me dit, d'une voix suppliante :

"-Parlez-moi, je vous en prie !"

Je me retournai vers lui, et sans que je ne puisse m'en empêcher, une larme roula sur ma joue.

"-Je... Je n'ai pas le droit. On m'y a interdit. Je suis désolée."

Son regard devint doux.

"-Qui ?"

J'hésitai à répondre. Si père apprenait que j'avais dévoilé la vérité...
Ma seule réponse fut donc mon silence.

"-Je comprends... Mais sachez que qui que soit la personne qui vous a interdit, je peux vous aider.
Lorsque vous vous sentirez prête, vous saurez où me trouver."

Il commença à s'éloigner.

"-Attendez !"

Il se retourna, et je décidai de vider mon sac :

"-Père m'y a interdit. Je vais bientôt me marier avec votre cousin, et notre amitié lui déplaît fortement.
S'il apprend ce que je fais en ce moment même, il me battra..."

En disant ces dernières paroles, j'éclatai en sanglots de soulagement, de tristesse et de colère.
Et sans que je m'y attende, le prince me prit dans ses bras. C'était un câlin emplit de tendresse, et de compassion.
Je me laissai aller contre lui, surprise, mais le cœur palpitant.

"-Personne ne devrait se faire battre. Encore moins vous."

Sa main sur ma joue était un contact chaud et rassurant. Je le fixai dans les yeux, admirant cette couleur bleue-grise qui s'accordait à la perfection avec ses cheveux bruns.

D'un coup, un bruit venant des buissons rompit la magie du moment. Un petit lapin en sortit, mais dès qu'il nous vit, il repartit comme il était venu.

Esteban me proposa son bras, que j'acceptai d'un petit sourire, une larme perlant encore au coin de mon œil, et nous démarrions notre promenade.

***

Alors que je rentrai au château et qu'il était tard, j'entendis des voix assez fortes qui venaient d'un petit salon, en retrait de la salle de réception.

Je savais qu'il était mal d'écouter aux portes, encore plus lorsqu'on était pas chez soi, mais ma curiosité l'emporta.

"-...continuer comme cela !
-Je n'ai pas le choix, figure-toi ! Un peuple a besoin de sa reine !
-Et moi je te dis que tu dois cesser, et vite ! Préparer les fêtes pendant des heures, aider tout le monde, et maintenant lier des liens avec la princesse d'Angleterre, mais bon dieu, tu veux te tuer !
-J'ai toujours fait cela. Et Elyra est une princesse formidable. De toute façon, tu ne comprends pas.
-Bien sûr que je comprends ! Mais tu ne pourras pas continuer... Tu sais que je t'aime, et je ne veux que ton bien."

Le roi d'Espagne prit Eléonore dans ses bras, et alors que j'allais partir, je bousculai maladroitement un meuble à côté de moi, et ses Majestés se tournèrent rapidement vers la porte.

"-Quelqu'un nous espionne !"

Le roi se précipita vers la porte tandis que je commençai à courrir.

Je pris les escaliers en face de moi, qui descendaient.
Je me réjouis intérieurement d'avoir mis des chaussures plates.

Rapidement, je semai le roi, mais me rendis compte que je m'étais perdue. En effet, je n'avais jamais réellement visité le château : je n'avais vu qu'une partie, et il est vrai que je n'avais pas vraiment pris le temps de l'explorer.

Je n'osais pas revenir en arrière, de peur de recroiser le roi. Tant pis, il fallait que je continue de marcher à l'aveuglette : je trouverai bien un autre escalier qui remonterai à la surface de toute façon.

Je passai rapidement devant les cuisines, et comprit que c'était surtout un endroit réservé aux serviteurs.
Cette partie du château était très sombre, et formait un étrange contraste avec ce que j'avais l'habitude de côtoyer.

À un moment, étant fatiguée, je m'appuyai contre le mur, face à une immense baie vitrée, qui donnait sur la lune.

Et tandis que je regardais la ville au loin dont seules quelques lumières étaient allumées, je remarquai du coin de l'œil dans le reflet de le vitre un étrange tableau qui me fit me retourner.

Une grande femme à l'allure impressionnante s'y tenait au centre, très droite, et qui semblait me fixer de ses grands yeux bleus océan. Ses longs cheveux blonds retenus par une pince, retombaient raides en dessous de ses épaules, et adoucissaient les traits sévères de son visage. Elle avait un air, ou quelque chose de particulier, qui m'attirait.

J'observais attentivement le tableau, et d'un coup, je remarquai une distinction entre ses yeux, ainsi que le reste de son visage.
Je m'approchai donc encore plus, et vis un petit renfoncement de ces derniers.

Mes doigts effleurèrent le tableau, puis les yeux, et je sentis, presque imperceptiblement, la différence.
J'appuyai et les yeux s'enfoncèrent dans le tableau.

Choquée, surprise, je me reculai vivement.
Le grand tableau se décala sur la droite, et une pièce cachée apparue devant moi.

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Plume ❤️