Chapitre 13

PDV Elyra

Cela faisait un peu plus d'un mois que la lettre avait été envoyée au palais d'Angleterre.
J'étais heureuse de savoir que mes frères et sœurs avaient reçu la lettre, mais plus le temps passait, plus la date de mon mariage s'approchait.
Je désespèrais de voir arriver ce moment fatidique.

En attendant, je faisais tout pour oublier cette pensée qui m'obnibulait.

Ce matin là, je m'étais apprêtée : la reine Eléonore m'avait convié à une sortie en ville avec elle.
Depuis mon arrivée en Espagne, elle avait été mon repère. Nous nous étions beaucoup rapprochées et j'appréciais sa compagnie.
Elle était tout le contraire de son fils, le prince Alexandre : douce, chaleureuse, généreuse et attentionnée.

J'allais entamer la descente des escaliers menant à la salle de réception quand un bras aggripa le mien pour me retenir.
Je me retournai avec vigueur pour voir père, le visage inquiet.

"-Elyra, je dois te parler.
-Lâchez moi. Je ne veux pas vous parler."

Depuis notre dispute, notre relation ne s'était pas améliorée, au contraire. Je nourrissais une haine grandissante envers ce personnage.
Pour moi, il n'était rien d'autre que mon géniteur, ainsi que le roi d'Angleterre.
Je n'avais aucun lien d'affection pour lui, et je savais que c'était réciproque.

Il serra la mâchoire, à s'en casser les dents. Je savais qu'il se retenait de me frapper, car beaucoup de serviteurs passaient autour de nous.
Alors il ajouta plus bas, de sorte à ce que je sois la seule à l'entendre :

"-Ne joues pas à ce petit jeu avec moi, Elyra. Tu sais qui triompheras. Alors tais-toi et suis-moi."

En effet, je savais qu'il obtiendrait ce qu'il voulait de moi. Si je ne lui obéissais pas par volonté, il opterait pour la force. Je ne voulais pas en arriver là.
Je serrai donc les dents avant de moi aussi, murmurer :

"-Et bien je suis désolée mais cela ne vas pas être possible. Je suis attendue. La reine Eléonore va s'impatienter."

Et vite, avant qu'il ne puisse protester, j'étais partie.
Je savais que je n'échapperai pas à cette conversation à mon retour, mais au moins j'avais quelques heures de répit.

J'arrivai rapidement dans la salle de réception, et je vis que la reine m'attendait, un grand sourire aux lèvres.

"-J'espère que vous êtes prête votre Altesse.
-Tout à fait, votre Majesté."

Je m'inclinai devant elle.

"-Voyons, relevez-vous enfin ! Nous sommes amies, et les amies ne se font pas de révérence."

Son ton débordait d'une tendresse infinie. La reine était une personne adorable, et très gentille.
Avant que je ne puisse répondre, sa Majesté enchaîna :

"-Avez vous déjà fait de l'équitation ?
-Jamais, votre Majesté. Pourquoi cette question ?
-Excellent ! Vous allez apprendre dans ce cas ! Ne vous en faites pas, je serai une professeure exigeante mais pas méchante, si cela peut vous rassurer."

J'étais tellement sous le choc que mon corps se figea et refusa d'avancer.
D'un coup, je repris mes esprits et mes jambes se remirent en mouvement pour rattraper la reine.

"-Vous souhaitez m'apprendre l'équitation ?
-Absolument. Ce n'est pas parce que nous sommes des femmes, que nous ne pouvons pas apprendre ce sport. Vous verrez, c'est très amusant !"

L'idée de monter un cheval ne me déplaisait pas. Mais j'avais peur de tomber. Et si j'abîmais ma robe ? Père ne me le pardonnerait sûrement pas !

Je réprimai mes angoisses. De toute façon, je me fichais de l'avis de père.
S'il voulait me punir, il pourrait quand même le faire, pour quelque raison que ce soit.

Nous sortîmes du château par la cour intérieure.
Je vis deux magnifiques cheveaux, attellés, le pelage flamboyant.
L'un était crème tandis que l'autre avait la robe alezane, couleur feu.

Ils étaient tous deux d'une incroyable beauté.

La reine se dirigea vers celui de couleur feu. Cela ne m'étonnai pas : feu, comme le tempérament de sa cavalière.
Mes pas me menèrent naturellement vers l'autre. Ses crins noirs de jais contrastaient avec son pelage crème.

Je m'approchai et posai ma main sur son chanfrein. Ses yeux aussi noirs que ses crins me fixaient intensément. Il me regardait avec attention, attendant de voir ce que je faisais, sans bouger d'un poil.

"-Quel sont leurs noms ?" demandai-je à mon hôte.
"-Le mien se nomme Flamme. La vôtre s'appelle Opale."

Opale, pensai-je. Son nom était en accord avec sa robe. La pierre précieuse était symbole de pureté, d'espoir et d'intuition.
Cette jument en semblait tout à fait le portrait. Son calme était également un élément important de son caractère.

À côté, je vis Flamme, l'étalon de la reine, taper du pied. Il s'impatientait et creusait la terre avec son sabot arrière.

"-Nous ne devons plus tarder si nous ne voulons pas rentrer trop tard ce soir."

J'utilisai une petite marche à ma gauche et montai sur mon cheval.
Je mis mes deux pieds sur la gauche, et je vis la reine faire de même.

La sensation était très étrange, et j'étais d'un coup beaucoup plus grande.

La reine commença à avancer, et mon cheval se mit automatiquement à marcher lui aussi.
J'avais un bon équilibre, et rapidement, je compris comment me débrouiller.

Lorsque, quelques minutes plus tard, la reine vit cela, elle fit accélérer son cheval, qui avança au trot. D'un coup, je fus moins à l'aise, et ce n'était pas une allure agréable.

"-Votre Majesté, cette allure n'est pas très confortable... Pouvons-nous changer, s'il vous plaît ?
-Mais bien sûr ma chère !"

Et alors que je m'attendais à ce qu'elle ralentisse, ce fut tout le contraire, et elle nous lança au galop !

Tout allait très vite, mais j'aimai cette sensation !
D'un coup, je me libérai et me mis à rire. Rire car enfin depuis mon arrivée en Espagne, j'étais heureuse, et je me sentais libre.

***

La journée passa rapidement. Nous fîmes le marché en ville et la reine s'acheta une étoffe coûteuse.
En plus de cela, elle tint à donner à chaque personne pauvre une petite pièce pour obtenir un repas.

Lorsque nous revînmes au palais, le soleil allait bientôt se coucher.

J'étais ravis de cette journée passée en compagnie de sa Majesté, et la remerciai.

Puis, promptement, mère arriva devant moi, en me disant de la suivre sans discuter, et rapidement.

Elle m'emmena dans les appartements de père, ou celui-ci faisait les cents pas.
Lorsqu'il me vit, il parut soulagé :

"-Enfin, te voilà ! Il n'y a plus une minute à perde."

Il demanda à une servante qui attendait au coin de la pièce :

"-Faites avancez le carrosse. Il me faut des chevaux rapides, donc faites en sorte que l'attelage soit de bonne qualité.
-Oui, votre Majesté."

La servante s'inclina puis disparut très vite.

"-Comment ça, faire avancer le carrosse ?"

Personne ne me répondit.

"-Pourquoi les chevaux doivent-ils être rapides ?"

Toujours aucune réponse.

"-Mais enfin, quelqu'un va-t-il me dire ce qu'il se passe ici ?"

Cette fois-ci, tout le monde se tut. J'avais parlé assez fort pour couvrir la voix de toutes les personnes présentes dans la pièce.
Ce fut père qui me répondit :

"-Elyra... L'Angleterre est en très mauvaise posture. Les pays de l'Est vont nous attaquer. Je pars à la guerre."

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