Chapitre 12

PDV Inaya

Un mois et demi qu'elle était partie. Déjà.
Elle me manquait chaque jour. La savoir si loin de moi me donnait des frissons.

Amel était revenu il y a un peu plus d'une semaine. Après sa disparition, tout le château s'était mis en effervescence pour le retrouver. Nous nous étions doutés qu'il était parti avec Elyra, ce qui nous avait empêché d'envoyer une lettre à père et mère, afin de les prévenir de la situation, mais nous étions inquiets.

Heureusement, son arrivée jointe de la lettre de notre grande sœur expliquant ce qu'il s'était passé, avait été un vrai soulagement.
Avoir des nouvelles de cette dernière nous avait également réchauffé le cœur, mais avait aussi ravivé en nous la douleur de la nostalgie.

Alors que mes souvenirs refaisaient surface, on toqua à ma porte.
D'une voix éloignée, je prononçai un "entrez".
Je sortis de ma rêverie pour voir un valet qui se tenait à la porte de mes appartements, en faisant une révérence.

"-Votre Altesse. Votre frère réclame votre présence au petit salon. Il dit que c'est important.
-Très bien. Je vous remercie, vous pouvez disposer."

Il n'était pas rare qu'Eran me demande. Mais le ton qu'avait employé le valet traduisait une certaine nervosité.
Il avait tenté de la dissimuler, mais je l'avais perçue dès que j'avais posé les yeux sur lui.

Je prie une pince et me l'attachai rapidement dans les cheveux, pour paraître présentable.

Quelques instants plus tard, j'entrai dans le petit salon.
Eran semblait distrait, et demanda à fermer la porte. Un serviteur s'exécuta puis disparu.
Nous n'étions plus que tous les deux. Mon frère s'assit dans un des larges fauteuils présents, et m'invita à faire de même. Enfin, il entama la conversation :

"-Comme tu le sais, Elyra est déjà parti depuis un petit bout de temps. Père et mère sont partis avec elle.
Depuis, c'est moi qui dirige le royaume, jusqu'au retour de père. Je dois te faire part d'une nouvelle très importante.
Cela a un rapport avec une lettre que j'ai reçu ce matin. Elle vient de père."

Sans dire un mot de plus, Eran ouvrit un tiroir de son bureau et en sortit la fameuse lettre.
Je déglutis avec peine lorsque je déchiffrai une lueur de peur dans les yeux de mon frère :

"-Je l'ai déjà lu. Personne n'est au courant à part moi.
-Pas même Elyra, ou mère ?"

Il secoua négativement la tête, ce qui ne fit que monter l'angoisse en moi.
La main tremblante, je dépliai le papier. Je la parcourut lentement des yeux.
D'un coup, le poussai un cri, faisant tomber au même instant la lettre :

"-Mon dieu, mais... c'est terrible !
-Je sais...
-Et Elyra ? Comment va-t-il faire ?
-Je n'en ai aucune idée, petite sœur. Tout ce que je sais est écrit sur ce bout de papier."

J'aggripai le fauteuil avec trop de force, et enfonçai mes ongles dans le cuir. Je devinai sans mal ma pâleur :

"-Puis-je... Puis-je demander un thé ?"

Pour toute réponse, mon frère appela un serviteur :

"-A quel parfum souhaite le thé de son Altesse ?
-Le noir le plus puissant que vous avez.
-Bien, votre Altesse."

Je restai ensuite assise là, silencieuse, consternée. Je ne réalisai pas ce que je vivais. Mes idées s'emmêlaient. Je ne pouvais plus réfléchir correctement.

"-C'est terrifiant."

Ces mots venaient de traverser seuls ma bouche.
Eran fixait le sol, abattu. Un lourd silence pesait dans la pièce.
Le serviteur revint, et déposa mon thé. Je le portai à ma bouche, et y trempait mes lèvres. Le goût était immonde.
Soudain, je me relevai :

"-Aller, il ne faut pas nous laisser abattre ! Nous pouvons dans tous les cas nous en sortir.
Et nous ne devons surtout pas en parler à Elena et Amel. S'ils l'apprennent..."

Je laissai ma phrase en suspens, des frissons me parcourant l'échine, avant qu'un toquement à la porte nous interrompe.
Avant de répondre, Eran me murmura :

"-Décidément, on ne peut pas être tranquille plus de deux minutes sans être dérangé. Entrez !"

Je souri nerveusement, tandis que j'entendis la porte s'ouvrir :

"-Pardonnez mon intrusion, votre Altesse. Une lettre de son Altesse votre sœur vient d'arriver d'Espagne."

D'un bond, je me levai : enfin, des nouvelles ! Il déplia la lettre et me lis les parties qui m'étaient destinées.
J'étais rassuré de savoir qu'elle se portait bien.

Mais je vis le coup d'œil étrange qu'Eran jeta futilement au bas de la page.
D'un coup, le comportement de ce dernier changea :

"-Je suis désolé Inaya, mais j'ai à faire. On reparlera de cette lettre plus tard."

Son ton était sans appel et il me congédiait expressément.
Et alors que je quittai la pièce, j'avais le sentiment qu'il me cachait quelque chose, ou me mentait. En tout cas, quelque chose clochait.

Après avoir fermé la porte, je regardai aux alentours, afin de vérifier qu'il n'y avait personne susceptible de me voir. Heureusement, aucune présence n'était à signaler.
Alors, je me mis à genoux devant la serrure pour observer ce que mon frère faisait.

J'étais consciente que ce que je faisais était mal, et qu'à tout instant, si quelqu'un me voyait je serai en très mauvaise posture, mais je n'avais pas le choix.

Je sentais que c'était grave. Et il fallait que je fasse quelque chose. J'observais donc Eran à travers la porte. Je le vis lire la lettre, puis s'asseoir et se prendre la tête entre les mains.

Il resta comme cela un bon moment, pensif. Son air était encore plus sombre que lorsque nous avions appris pour père.

Je compris ainsi que même si dans sa lettre, Elyra nous avait parlé uniquement du positif, elle nous avait caché une chose importante.

Alors que j'étais perdue dans mes pensées, je vis du coin de l'œil qu'Eran s'était levé et se dirigeait droit sur la porte.
Vite, je me cachai derrière un rideau et ne bougeais plus d'un poil. Discrètement, je passai un œil dehors et vit qu'Eran montait les escaliers menant aux appartements.

J'attendis qu'il soit hors de vue pour me faufiler jusqu'à son bureau.
J'ouvris le tiroir, et en sortis la lettre d'Elyra. Rapidement, je vis la note adressée à mon frère et la parcourut des yeux.

En lisant la première ligne, je poussai un cri  étouffé de surprise et d'effroi :

"-Ce n'est pas possible... Elyra se marie fin juin !
-Quoi ?"

Je me retournai vivement : Elena se tenait derrière moi, les larmes aux yeux.

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