Chapitre 11

PDV Elyra

Après être rentrée au château avec le prince Esteban, plusieurs hommes m'invitèrent à danser, mais étant fatiguée et ailleurs, je refusais toutes les propositions les unes après les autres.
À un moment, la reine Eléonore s'en aperçut, et je la vis arriver vers moi avec une mine soucieuse :

"-Elyra vous sentez-vous mal, ma chère ? Pourquoi ne dansez-vous pas avec vos prétendants ?
-Ne vous en faites pas, votre Majesté. Je suis simplement fatiguée après mon long voyage.
-Si vous le souhaitez, je peux faire appeler votre femme de chambre afin qu'elle vous raccompagne dans vos appartements.
-Je vous remercie sincèrement, votre Majesté, mais je pense que cela ne sera pas nécessaire.
-Très bien. N'hésitez pas à venir me voir si vous ne vous sentez pas assez bien pour poursuivre le bal."

Je la remerciai en faisant une grande révérence : quand je me relevai, elle avait disparue.

***

Il était tard. Désormais, je remontai lentement les escaliers : j'étais à bout de force.

Mais alors que je sentais que mes jambes risquaient de m'abandonner à tout instant, une force brutale m'aggripa le bras.
Je me retournai rapidement pour voir père, furieux, et le visage crispé. Il parvint néanmoins à me dire d'un ton calme :

"-Suis moi, sans discuter. Nous allons avoir une grande discussion toi et moi."

Je vis à peine mère et son visage inquiet derrière nous que, déjà, père m'entraînait derrière lui.
Sans ménagement, il m'emmena dans ses appartements. Tout le monde est en déjà au pays des rêves, personne ne remarqua notre petite scène. À peine la porte fermée à clé, il explosa :

"-Tu as perdu la tête ! Quelle fille ai-je élevée ? Tu veux nous ruiner !"

Il s'approcha de moi, son corps tremblant de colère. Il m'aggripa les épaules avec une telle violence que j'en ai mal, puis me secoua, comme pour me faire revenir à la raison :

"-Tu vas tout faire rater ! Petite idiote ! Tu n'es qu'une fille ingrate !"

Il me cracha presque ces derniers mots.
Intérieurement, cela me blessa. Mais je ne dis rien, encaissant, comme à mon habitude : je ne voulais pas rendre les choses encore plus compliquées qu'elles ne l'étaient déjà.

Père s'était assis, et avait enfoui son visage entre ses mains. Mais d'un coup, il se leva, et je vis dans son regard une lueur de folie que je n'avais jamais lue dans ses yeux auparavant. Il s'approcha de moi, et je n'eus pas le temps de comprendre ce qu'il se passait qu'un grand bruit venait de retentir, suivi de ces paroles :

"-Pour ta désobéissance !"

Mon cerveau avait cessé de fonctionner ; je ne comprenais plus rien de ce qu'il se produisait sous mes yeux, alors que j'en étais le personnage principal.
Ainsi, presque directement, un second grand bruit se fit entendre :

"-Pour t'interdire de recommencer ! En espérant que cela t'aura servi de leçon !"

C'est alors que mon cerveau se remit en marche, et que je compris ce qui venait de se produire : père venait de m'administrer deux gifles phénoménales.

Je portai ma main à ma joue, puis la retirai brusquement, tant la chaleur et la douleur me faisaient souffrir. Des larmes commencèrent à me monter aux yeux, et je ne pouvai pas les en empêcher.
Mais je me refusai de pleurer devant lui.
Heureusement, ce qu'il dit me sauva :

"-Sors, hors de ma vue ! Je ne veux plus te voir, et je t'interdis de remettre les pieds ici !"

Je ne me fis pas prier. Avec le peu de dignité qu'il me restait, je marchai aussi rapidement que mes jambes le pouvaient vers la porte, la tête haute. Dans le plus grand des silences, je pris le long couloir qui menait à mes appartements.
À peine la porte fermée, je fondis en larmes.
Lériane et Neiva, qui m'attendaient, se précipitèrent vers moi.

"-Mon dieu, votre Altesse, que s'est-il passé ?"

Elle se jetèrent un coup d'œil, inquiètes, mais je ne dis rien, pleurant simplement : je ne voulais pas les mêler à mes problèmes et histoires de famille.

Heureusement, voyant que je ne souhaitais pas me prononcer, elles n'insistèrent pas, et firent leur travail consciencieusement.

Lorsqu'elles eurent fini, elles se retirèrent et je regardai l'heure à la pendule : plus de trois heures.
Il était tard, et j'étais épuisée, tant physiquement que psychologiquement. Alors, à peine mes yeux se fermèrent-ils que, déjà, j'étais plongée dans un profond sommeil.

***

Les jours suivants au château ne furent pas spéciaux. Je commençai lentement à m'habituer à ce nouvel environnement.

J'essayai de prendre mes distances avec le prince Esteban, sur la demande tacite de  père, mais cela était plus que compliqué, étant donné que je le voyais chaque jour. Le prince Alexandre ne m'avait pas adressé la parole une seule fois depuis notre petite altercation durant le bal.

Enfin, le voyage pour rentrer en Angleterre étant de plus de trois semaines, mes parents, avec l'accord de ses Majestés, avaient décidé de rester en Espagne jusqu'au mariage.

Avec tout cela, je me sentais terriblement seule. Alors, un matin où j'étais plongée dans mes pensées, Neiva vint me voir et me dit d'une douce voix :

"-Vous pourriez peut-être écrire à votre famille votre Altesse ? Je suis sûr que cela ferait très plaisir à vos frères et sœurs de recevoir une lettre de votre part."

Je trouvai cette idée fantastique d'autant qu'écrire me ferait le plus grand bien.
Alors, j'entrepris de me mettre au travail :

" Jeudi 28 Avril, Palais d'Espagne.

       Mes chères frères et sœurs, vous me manquez terriblement. Il ne se passe pas un seul jour sans que je pense à vous. J'espère que tout se passe bien, chez nous.

       Inaya, j'espère que tu va mieux (par rapport à mon départ). Je sais que tout cela a été un brusque changement pour nous tous, mais en particulier pour toi. Prends bien soin de toi petite sœur. Je suis plus proche de toi que tu ne le pense...

        Eran, je ne me fais pas de souci pour toi : tu es fort et robuste, et je suis sûre que tu t'acquittes à merveille de ta tâche. Si tu as quelques questions que ce soit, n'hésite pas !

        Elena... j'espère que tu n'embêtes pas mon pauvre petit poisson ! Gare à toi si j'apprends que tu les rends la vie dure ! Je suis sûr que tu es en pleine forme, à pavaner dans les couloirs du palais comme tu en as toujours eu l'habitude. Mais évite de faire trop de bêtises, par pitié (Eran, je t'apporte tout mon soutien !)

        Et enfin, Amel. Tu m'en auras fait voir de toutes les couleurs ! J'espère que ton voyage retour s'est bien passé, et que tu te portes à merveille maintenant que tu es de retour chez nous. Je t'aime petit frère.

        Prenez tous soin de vous, je vous embrasse tous très fort.

Votre bien-aimée grande sœur, Elyra.

Note (uniquement adressée à Eran) :

Mon mariage est prévu pour le 27 juin. Père et mère resteront en Espagne jusqu'au lendemain de cette date.
Ne préviens pas nos frères et sœurs, s'il-te-plaît. Pas encore. Je ne veux pas qu'il souffrent, car je sais que s'ils apprennent cette date trop tôt, ce sera un choc pour eux. Mon départ a déjà été trop dur pour nous tous. Trop précipité. Ne les préviens qu'une semaine avant votre départ pour l'Espagne. Je me devais de te le dire.

Je t'embrasse,

Et à plus vite que je ne le pensais..."

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