Chapitre 10
PDV Elyra
À ces mots, je poussai un cri d'indignation. Je ne pouvais pas me contenir plus longtemps. Bon sang, on m'avait menti sur toute la ligne !
Désormais, tous les regards étaient braqués sur moi.
Père me lança un regard noir, que je lui rendis avec insolence, tandis que mère me fuyait du regard.
Quel culot !
Je serrai les poings, tentant de contenir ma rage : je ne devais pas créer de scandale, on ne me le pardonnerai pas.
Mon cerveau réfléchit un instant, et je pris la parole, pour me rattraper :
"-Pardonnez moi, cela m'a surprise. Je ne m'y attendais pas. Mais je suis heureuse de cette alliance !"
Mince. Je pensais que je venais de me mettre encore plus dans la gêne. Mais le roi dissipa ce doute. Il me couva d'un regard affectueux, avant de répondre :
"-Ne t'en fais pas, mon enfant. Je comprends ta surprise. Nous pouvons reprendre ! Et j'aimerai ouvrir cette nouvelle danse par nos deux jeunes fiancés."
Il regarda d'abord son fils, puis moi, avec un large sourire aux lèvres. Je collait de nouveau le faux sourire qui était mien, et je vis que mon futur époux, malgré son visage qui se voulait impassible, serra imperceptiblement la mâchoire.
Il était tendu, et le cacher ne serait pas utile pour moi.
Il me fixa, puis se rapprocha de moi et me tendit son bras. Je l'aggripai avec un peu trop de force et nous commençâmes à danser.
Au bout de seulement quelques pas, tandis que les convives étaient trop loin de nous pour nous entendre, mon futur époux me lança d'une voix glaciale :
"-Détendez vous, bon sang. J'ai l'impression de danser avec un piquet."
Je lui répondis dans la seconde, sur le même ton :
"-Et bien il va falloir vous y habituer. C'est comme cela que je danse, un point c'est tout."
Je ne savais pas comment j'eus l'audace de lui répondre de telle sorte : il aurait pu m'emprisonner pour de tels propos.
Mais il ne fit rien de cela, et me regarda d'un œil noir :
"-Ne soyez pas idiote, je vous prie. Je vous ai vu danser tout à l'heure avec mon cousin, et lorsque vous faites un effort, votre danse peut même être presque agréable à voir."
Le "presque" me fit tiquer, mais je ravalai ma langue, avant de le provoquer de nouveau :
"-Et si je ne veux pas faire d'effort ?"
D'un coup, il se rapprocha de moi : nos corps se touchaient presque.
Je n'aimais pas ce contact, mais je n'avais malheureusement pas le droit de m'y opposer.
"-Je ne vous en laisserai pas le choix, soyez en sûre. Vous êtes ma future épouse, et vous n'avez pas le droit à l'erreur, est-ce clair ?"
J'allais lui répondre, furieuse, mais aussitôt, des applaudissements retentirent : la danse était terminée. Je serrai les dents et ravalai ma colère, puis me détachai de lui.
Ce qu'il était agaçant !
À peine le salut avec mon futur époux terminé, je me dirigeai vers le buffet, et attrapai le premier gâteau venu. J'y croquai avec violence, tandis que je vis du coin de l'œil une silhouette familière se placer à mes côtés.
"-J'ai vu ce qui s'est passé. Ne vous en faites pas, mon cousin est un idiot, mais il n'est pas aussi méchant qu'il en a l'air."
Le prince Esteban.
J'aurai du m'en douter.
"-Je l'espère. Car si je dois passer le restant de mes jours avec un homme pareil, je pense que je peux déjà m'enfuir en courant."
Le prince éclata d'un doux rire. Puis, il prit une voix profonde, qui me fit frissonner :
"-Dans ce cas, je pense pouvoir vous faire évader quelques instants..."
Il me prit par le bras, avant de me chuchoter :
"-N'ayez pas peur."
J'étais en totale confiance.
Je le suivis, et nous marchions d'un pas rapide, en tenant une distance respectable entre nous.
Alors que je regardai autour de moi, mon regard accrocha celui de mon père. Il vit le prince Esteban à mes côtés, plissa légèrement le front, puis me lança un regard d'avertissement, mélangé à de la désapprobation.
Je l'ignorai royalement. J'étais déjà fiancée au prince Alexandre, et nous n'étions pas chez nous. Père n'avait plus d'emprise sur mes agissements, et comme mon futur époux ne semblait pas s'en soucier, je pouvais faire comme bon me semblait.
La tête haute, je quittai la salle de réception, toujours sous l'œil brûlant de père.
Ne connaissant pas le château, je ne savais pas où le prince m'emmenait. Mais quand je vis qu'il m'emmenait vers la porte d'entrée, je compris que nous nous dirigions dans les jardins.
Je n'avais pas encore eu le temps de les visiter ; en arrivant, je n'avais vu que la façade, puis étant fatiguée depuis mon arrivée, je n'avais pas été voir ce qu'offrait les jardins à l'arrière du château.
Ce que je vis me coupa me souffle : des jardins magnifiques, avec des buissons tantôt bien taillés et ordonnés, et tantôt les jardiniers avaient laissé la nature pousser.
C'était également très grand : je ne voyais pas le bout du haut des escaliers.
"-Attendez !"
À ma demande, le prince s'arrêta, puis me regarda :
"-Que se passe-t-il ?"
Je lui souris avant de regarder autour de moi : personne. Alors, je me penchai, puis retirai mes talons. Le prince me regarda avec amusement :
"-Ah, si vous saviez ! Ces choses font mal au pieds et sont horriblement désagréables ! Maintenant, nous pouvons courir !"
Il ne se retint plus et rit, avant de répondre :
"-Vous ne respectez rien, princesse ! Vous n'êtes décidément pas faite pour les codes de la société !
-Ce sont les codes qui ne sont pas faits pas faits pour moi."
Je riai à mon tour, puis il me prit la main avec délicatesse. Il se mit à courir rapidement, et je le suivai sans presque aucun problème.
Je devais sembler folle avec mes talons à la main, en train de courir. Je détachai mes cheveux et ceux-ci s'emmêlèrent en un rien de temps. Mes joues prirent rapidement une couleur rose, et depuis mon arrivée, j'étais enfin heureuse.
Alors que je pensais que cette folle course ne s'arrêterait jamais, le prince me tira sur la droite.
Une petite clairière s'offrit à ma vue. Un saule pleureur bien touffu était au centre, abritant du soleil la journée. Pour entourer la clairière, des buissons et des fleurs avaient été plantés, rendant l'endroit magique.
Je n'avais jamais vu d'endroit aussi beau.
Je contemplai la vue quand le prince m'attira vers un banc sur le côté.
"-Vous aimez ?
-C'est tout simplement magnifique..."
Il sourit en m'observant.
"-Merci de m'avoir emmenée ici. C'est splendide."
Je m'étais à nouveau tournée vers lui.
"-Depuis quand connaissez-vous cet endroit ?
-Depuis que je suis petit. Nous jouiions tout le temps ici avec Alexandre quand je lui rendais visite. Mais tout cela a changé. Nous avons grandi désormais...
-Vous êtes proche de votre cousin ?
-J'étais proche de lui. Mais maintenant, nous ne nous parlons presque pas. Il est devenu froid."
Je ne répondis pas. Je comprenais ce qu'il ressentait.
Nous restâmes ainsi quelques instants, les yeux rivés au sol, en pleine réflexion. Puis, il brisa le silence :
"-Je pense que nous devrions rentrer à la salle de bal. Notre absence sera bientôt trop longue."
J'acquiescai silencieusement, avant de remettre mes escarpins.
Et tandis que nous repartions, je ne remarquai pas la faible lueur brillant sous les feuillages...
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