CHAPITRE 37 - DIEGO

19.06.28,
Appartement 12, Etage 4 | BOSTON – 2:12 AM.

Je le laisse m'emporter dans ses bras lorsqu'il bascule nos corps enlacés sur les draps. Mon cœur tambourine si fort que c'en est douloureux. Il s'installe au-dessus de moi, son bassin entre mes cuisses écartées pour lui, et je sens ses mains positionnées près de mon oreiller. Son bas ventre rencontre le mien, électrifiant au passage ma virilité, et cela m'arrache un soupir. Ses abdominaux finement dessinés frôlent les miens quand il se penche pour m'embrasser.

Un frisson d'horreur me traverse le corps lorsque je ferme les yeux pendant le baiser : un souvenir de prison me revient. Je m'empresse de rouvrir les paupières, alors que nos lèvres se dévorent. Je tremble, et je ne sais pas s'il le remarque.

J'ai peur. J'ai peur de m'abandonner à lui mais je sais que je dois affronter mes peurs. Malgré la panique qui me coupe le souffle à cet instant précis, je sais en avoir envie. Son corps me manque, même si je me souviens à peine de ce que ça fait de le sentir si proche. J'ai envie de lui. J'ai besoin de mon petit-ami.

- Tu es sûr... ?

Je soupire d'aise, mon front contre le sien, lorsqu'il murmure ça tout bas contre mes lèvres. Il pose sa main gauche sur ma joue et l'enveloppe tendrement au creux de sa paume. Front contre front, je respire son souffle et plonge mon regard dans le sien. Encore une fois, je tombe amoureux.

- Oui... oui, j'suis sûr.

Mon souffle est court, je m'étouffe, mais je lui souris. Je viens l'embrasser à nouveau, cherchant le chemin de sa bouche du bout de ma langue, tandis que mes doigts glissent lourdement dans ses cheveux. Je gémis dans sa bouche lorsqu'il presse un peu plus son bassin contre le mien pour stimuler nos érections. Dans un geste pressé et désordonné, je libère ses lèvres pour venir lui retirer son t-shirt.

Quand il me retire le mien, suivi de mon boxer ensuite, je dois me faire violence pour ne pas le repousser. Ses mains sur mes cuisses sont douloureuses pour moi, mais je m'efforce de penser au message de Jose et de me convaincre : ce n'est pas parce que ces types ont abusé de moi qu'Evan me fera du mal aussi. Au fond de moi je sais qu'il en est incapable, qu'il va être doux et patient, mais je n'arrive pas réellement à contrôler cette appréhension : c'est en moi, et c'est comme ça.

Je dois faire avec. Je dois surmonter tout ça, encaisser la peur et les frissons d'horreur qui me remontent dans le dos. Je dois le regarder dans les yeux, pour y voir l'amour et la douceur, plutôt que fermer les miens et me revoir en sang dans les douches de la prison.

- Regarde-moi...

Je l'oblige à me regarder lorsqu'il ferme les yeux. Je glisse mes mains sur ses fesses, délicatement, avant de me saisir de l'élastique de son boxer. Je le fais glisser jusqu'à ses mollets, et il se charge ensuite de le retirer.

- Je te regarde.

Il me lance un sourire magnifique, et mon cœur loupe un battement. Il me bouffe des yeux, et pour la première fois depuis très longtemps j'en ai conscience. En moi, c'est comme si j'arrivais enfin à comprendre pourquoi il m'aime, comme si je retrouvais un tant soi peu d'estime de moi-même. Je sens aussitôt les larmes pousser derrière mes yeux, tandis qu'il me regarde en souriant et en caressant ma joue avec son pouce, et moi aussi je me mets à sourire. Je souris parce que c'est lui. C'est lui l'amour de ma vie.

- J'ai peur...

Ce sont les seuls mots que je parviens à prononcer, même si j'aimerais lui dire à quel point je l'aime. J'ai peur qu'il me touche, qu'on aille jusqu'au bout. Une larme roule sur ma joue, et je n'arrive pas à la retenir. Trop d'émotions me chamboulent, positives comme négatives, et c'est douloureux.

- De quoi tu as peur... ? , murmure-t-il tout bas.

- De te perdre.

Ma voix se brise et j'ai honte. J'ai honte de dire ça alors qu'il me répète sans cesse qu'il m'aime et qu'il me veut moi. J'ai honte d'être si faible, d'avoir si peu confiance en moi à ce sujet-là. C'est sans arrêt l'ascenseur émotionnel : j'ai confiance, je crois en tout, et en l'espace de quelques secondes je commence à douter de tout. C'est épuisant.

- Pourquoi tu dis ça ? Jamais, Diego.

- Je sais pas...

Je pense à tout, à cet instant précis. Je me souviens de la gifle que je lui ai collée il y a plusieurs semaines. Je me souviens de toutes ces fois ou j'ai été désagréable, voire exécrable avec lui, alors qu'il essayait simplement de m'aider, de me montrer qu'il m'aimait et de me rassurer. Je pense à Jayden qui, malgré le fait qu'il me certifie que c'était une erreur, compte pour lui d'une certaine façon. Je pense à tout ça, et j'ai peur de le perdre.

- Arrête.

Il me fait taire et m'embrasse. Sa main gauche passe dans mes cheveux auxquels il s'agrippe fort, très fort, tout en pressant son bas ventre contre le mien. Il est doux. Je réalise seulement maintenant que nos corps son nus, l'un contre l'autre, brûlants tous les deux et désireux de se rencontrer à nouveau.

Dix ans. Dis quand que je n'avais pas senti sa peau ainsi contre la mienne. Dix ans à me demander ce que je ressentais à l'époque lorsqu'on faisait l'amour. Dix ans à m'efforcer de me souvenir d'un passé flou et lointain. J'ai l'impression de revivre.

- Je peux te toucher ?

Il se redresse au-dessus de moi, me regardant dans les yeux avec un sourire délicat aux lèvres. Ses yeux brillent, ses joues sont rougies et ses cheveux sont en pétard. Ses lèvres sont brillantes à cause de la salive de nos baisers, et pulpeuses aussi. Mon cœur explose une fois de plus lorsque je le vois hésiter à poser ses mains sur mon torse, tandis qu'il se trouve à genoux entre mes jambes.

- Oui.

Je suis mort de peur à l'idée qu'il puisse balader ses mains sur mon corps, mais j'ai envie qu'il me touche malgré cette peur. Il sourit à ma réponse, et je cesse de respirer lorsqu'il vient s'allonger sur le lit, sa tête entre mes cuisses. Je sens sa main droite se poser sur mon flanc tandis que sa main gauche caresse l'intérieur de ma cuisse : je sais ce qui va suivre.

- Tu me dis si...

- Vas-y.

Je lui coupe la parole et pose ma main sur sa nuque. Un sourire étire mes lèvres lorsqu'il me prend dans sa bouche. Ma peau se recouvre de chair de poule et c'est délicieux. Ma virilité enveloppée de ses lèvres réagit au quart de tour, et mon corps entier se cambre vers lui. Pour lui.

- Evan...

Je me tortille sur les draps, m'efforçant de parler tout bas afin de ne pas alerter Jose qui dort à l'autre bout du couloir. Je cherche son regard, ses magnifiques yeux bleus pétillants d'amour. La lumière tamisée de la lampe de chevet qu'il a allumée fait danser des ombres sur sa peau, sur son dos, et c'est magnifique. Il est magnifique.

- ... regarde-moi.

Je le supplie. J'ai besoin de voir ses yeux. J'ai besoin de ça comme, là, j'ai besoin de respirer. Quand il les pose sur moi, ma virilité encore dans sa bouche, j'ai le cœur qui explose encore une fois. Je n'arrive même plus à respirer, tant ce que je lis dans ses yeux me retourne le cœur.

J'apprécie ses cheveux doux et soyeux sous mes doigts, tandis que je papouille son épaule avec ma main gauche. Autour de moi c'est doux, chaud et humide, et ce qu'il me fait avec sa bouche me fait même oublier sa main qui caresse mes flancs. Mon corps s'arc-boute vers lui, sous le plaisir et le désir, et je n'arrive même pas à mettre de mots sur ce que je ressens.

C'est comme une urgence. Comme si j'avais attendu ça pendant trop longtemps. Comme si j'avais trop longtemps retenu mon souffle. C'est déjà quelque part une délivrance, un soulagement, malgré la peur qui fait se crisper mes muscles et battre anormalement mon cœur.

- Evan...

Je me mords violemment la lèvre quand, dans un mouvement brusque et lourd, il vient plaquer son front contre le mien. Entre nos corps enlacés, je sens sa main droite qui stimule ensemble nos érections. Je me focalise sur son regard, sur son sourire, sur son souffle que je respire. Je louche sur sa bouche avec envie, parce que la brillance de ses lèvres et son haleine me donnent envie de l'embrasser jusqu'à en crever.

- Diego je t'aime.

Je souris. Ses mots d'amour ont sur moi un effet dévastateur, à cet instant précis. J'ai le sentiment qu'un incendie ravage mon ventre et mon thorax, et c'est douloureusement incroyable. Je ferme les yeux, porté par les baisers qu'il dépose tendrement dans mon cou, légers et protecteurs. Je m'agrippe à ses cheveux, enroulant mes bras autour de son cou, tandis que la moiteur de son corps rend le mien encore plus chaud qu'il ne l'était.

- Je t'aime aussi...

Ma voix se brise, et ce moment de faiblesse m'oblige à blottir mon visage au creux de son cou. Je ressens une envie puissante de pleurer, mais je m'efforce de retenir mes larmes : je ne dois pas pleurer. Pas comme ça, pas maintenant. Je soupire d'aise lorsqu'il vient m'embrasser sous l'oreille, et je tourne la tête pour l'embrasser vraiment.

Le baiser ne dure que quelques secondes mais il est déjà très agréable et planant. J'inspire son souffle avec avidité juste avant qu'il ne parle :

- Je veux pas te faire de mal...

- Je sais.

Je lui souris afin de le rassurer : il ne me fera pas de mal. Je le sais, même si la peur est toujours présente à chaque nouvelle seconde qui passe. Pour appuyer mes dires, pour lui montrer que je suis réellement prêt et que je ne fuirai pas cette fois, je plie mes jambes afin de l'inciter à aller plus loin. Quand il baisse les yeux sur nos bassins qui se rencontrent, désireux de plus, je sais qu'il comprend.

Je m'agrippe aux draps lorsqu'il plonge son visage entre mes fesses. La première qui me vient à l'esprit, quand je sens sa langue contre mon entrée, c'est que c'est doux. Ce n'est pas douloureux, ni même gênant pour moi. Ce genre de préliminaire ne me rappelle aucun mauvais souvenir car jamais aucun de ces types n'a pris soin de moi ainsi. Evan m'aime, il ne veut pas que j'aie mal. Eux ne m'aimaient pas.

J'y pense chaque jour. Il ne se passe pas une journée sans que leurs visages me reviennent à la mémoire. Parfois, surtout la nuit, je ressens leurs coups dans mon sommeil. Je me réveille en sursaut, à bout de souffle, les muscles douloureux de s'être trop crispés sous la force de leurs coups dont je me souviens en rêve. Je me réveille parfois aussi avec la sensation de sentir sang et eau de la douche couler entre mes jambes, mes fesses, et l'horrible sentiment de n'être qu'un moins que rien.

Evan me regarde de cette façon admirative et amoureuse qui me redonne confiance en moi. Je me sens beau, unique et important quand il pose ses yeux sur moi. Je me sens fort, capable de tout. Quand je suis avec lui, dans un instant comme celui-ci, je me sens invincible. Il est ma force.

- Je. t'aime.

Il murmure ces petits mots entre chaque baisers qu'il dépose sur mes cuisses, mes fesses, mes aines. Il les répète encore et encore, tout bas, avec tendresse et patience. Je le regarde, conscient que mon regard est vague et voilé, mais je le regarde. J'avais oublié les petits grains de beauté sur ses épaules et cette tendance qu'a sa peau à rougir pendant l'effort et sous le désir.

- Evan... Evan...

Je n'arrive pas à dire autre chose que son prénom. Là, c'est un supplice en fait. Je lui demande d'arrêter, de passer à l'étape suivante, mais les bons mots ne me viennent pas. J'aime son prénom. J'aime tout de lui.

- Quoi ?

Il glisse ses doigts dans mes cheveux lorsqu'il revient vers moi, son visage tout contre le mien ainsi que son bassin et son torse. Je ferme un instant les yeux, inspirant son odeur à pleins poumons : c'est le paradis. Ses doigts délicats caressent ma nuque et glissent entre mes cheveux, et j'ai chaud. Je vais exploser.

- S'il-te-plaît...

Il m'embrasse sur le front et j'ouvre subitement les yeux, rattrapé par le souvenir du visage de mon assaillant. Je me contente de fixer sa bouche, alors que les siens sont paisiblement fermés. Front contre front, nous respirons calmement le temps de quelques secondes.

- Sûr ? , murmure-t-il contre ma bouche.

- Sûr.

Il me vole un baiser avant de se reculer. Allongé sur les draps, à bout de souffle et le corps en transe, je le regarde tandis qu'il se lève afin de fouiller dans ses affaires. Il récupère son portefeuille dans la poche de sa veste et, tandis qu'il farfouille à l'intérieur, j'admire son corps. J'admire sa peau, dorée et recouverte de grains de beauté. J'admire sa chute de reins, ses fesses et ses jambes musclées. Je profite de son inattention afin de me positionner sur le ventre, prêt à l'accueillir.

- Diego, qu'est-ce que tu fais ?

Sa voix est douce, mais troublée. Dans mon dos, mon visage posé sur mon oreiller, je sens qu'il grimpe à nouveau sur le matelas. Il pose un main délicate sur mon épaule afin que je le regarde. Je tourne honteusement la tête, ne comprenant pas réellement sa question.

- Quoi ?

- Pourquoi tu te mets comme ça... ?

J'ouvre la bouche pour parler, pour lui répondre, mais à l'instant où l'explication me vient en tête je réalise à quel point c'est stupide. Je réalise aussi à quel point ces derniers mois de prison m'ont traumatisé. Je baisse les yeux sur son torse, pour ne pas voir ses yeux, honteux : ils me baisaient toujours comme ça là-bas.

- Ils... heu...

- Non. Viens, met-toi sur le dos.

Je me laisse faire lorsqu'il agrippe mon poignet pour me guider. Je me réinstalle comme avant, allongé sur le dos et ma tête sur l'oreiller, les draps défaits autour de moi. Quand je croise son regard, j'ai mal de voir qu'il souffre aussi. Quand il vient se glisser entre mes cuisses, je me rends compte que je suis perdu.

Je ne sais pas quoi faire, maintenant. Même si je suppose que cela devrait être évident, je ne comprends pas pourquoi il veut me baiser comme ça. Je ne comprends pas pourquoi il pose ses mains doucement sur moi, ni pourquoi il caresse mes cheveux comme ça. Je regarde autour de moi, je fuis son regard, parce que je suis perdu. Je ne comprends pas ce qu'il attend de moi.

- Je veux voir ton visage... je veux te regarder pendant que je te fais l'amour.

J'ai la nausée. Je cesse de respirer quand il me tend délicatement le petit carré en aluminium du préservatif. J'hésite à m'en saisir, toujours perdu, mais le fais finalement. Lui, il glisse un peu plus son bassin contre le mien et je frissonne de la tête aux pieds quand son érection rencontre la mienne.

- Vas-y..., dit-il. Met-le moi.

Il pose une main protectrice sur ma joue, et caresse mon nez avec son pouce. Mon cœur tambourine si fort dans mon torse que ça me fait mal, et mon souffle est tellement irrégulier que j'ai la sensation d'étouffer. Mes mains tremblotent quand je déchire l'emballage et se mettent à trembler si fort quand j'essaie de lui mettre le préservatif que j'en suis incapable. De sa main libre, il vient crocheter légèrement mes poignets.

- Regarde-moi.

Je m'exécute, tandis que ma peau se recouvre de frissons sous l'ordre qu'il me donne. Je me crispe, sans pouvoir le contrôler, à l'idée qu'il puisse être en colère : je n'y arrive pas.

- Tu es magnifique.

Il me sourit, et je ne comprends pas ses mots. Je ne suis pas magnifique. Je ne suis pas beau. Je ne suis qu'un corps fait pour son désir. Je ne suis personne. Il ne m'aime pas.

- Non... non, je...

- Dépêche-toi de me mettre cette capote.

- Pourquoi ?

- Je veux te montrer à quel point je t'aime... parce que je t'aime Diego, je suis raide dingue de toi.

Une larme roule sur sa joue, jusqu'à ses lèvres, et je me sens ridicule. Peu à peu je reviens à la réalité, je prends conscience que je suis avec mon petit-ami, chez nous. Je réalise qu'il ne s'agit en rien de ce dont j'ai eu l'affreuse habitude depuis des mois. Ce n'est pas quelqu'un qui me veut du mal. Ce n'est pas de la baise, mais de l'amour. C'est mon petit-ami, et pas des AlasNegras.

Je parviens à lui enfiler le préservatif malgré mes mains tremblantes. Je laisse l'aluminium traîner près de nous sur les draps et, désormais, j'en ai le souffle coupé : nous allons le faire. Je vais faire l'amour avec mon petit-ami. J'ai tellement attendu ce moment, sans jamais être capable d'en trouver le courage, que j'ai le sentiment que c'est irréel. Suis-je en train de rêver ? Je n'en sais rien.

- Tu es prêt... ?

Je hoche la tête. « Oui ». Oui, je suis prêt. J'ai peur, mais je suis prêt. Je tremble de la tête aux pieds lorsqu'il glisse sa main sous ma jambe pour la porter sur ses reins. Doucement, je viens nouer mes chevilles sur ses reins alors qu'il s'approche si près de moi que ses tétons frôlent les miens. Il plaque son front contre le mien.

- Ferme les yeux..., me dit-il.

- J'peux pas... mes souvenirs...

- Fais-moi confiance.

Il a l'air sûr de lui, et moi j'ai confiance en lui. Alors je ferme les yeux. Il dépose un baiser sur mon front avant de laisser le sien y reposer. J'attends. Je sens ses doigts se glisser entre les mains, avant qu'il ne les serre très fort. Puis, ensuite, c'est l'explosion.

C'est l'explosion du cœur, du cerveau et de l'âme quand il entre en moi. Ce sont mes chairs qui s'écartent pour lui, mes reins qui l'accueillent, mon corps qui se cambre. Ce sont les frissons, les tremblements et les sanglots dans ma gorge. C'est la douleur, le plaisir et sa présence. C'est lui et ses sentiments. C'est mon petit-ami.

- Je suis là... c'est moi...

- Je sais que c'est toi... c'est toi...

Je dis n'importe quoi. Je serre ses doigts dans ma main et m'agrippe à sa nuque avec ma main libre. Je respire son odeur, respire son cou à pleins poumons, et me cambre contre lui. C'est lui. C'est sa douceur, sa chaleur, son odeur. C'est sa tendresse, son corps que je connaissais si bien à l'époque mais que j'avais oublié. Et je n'ai pas mal. Je n'ai pas mal et je revis.

- S'il-te-plaît... , je supplie.

- Quoi... ?

- Tes reins... vas-y...

Il donne un coup de rein. Lent, tendre, profond. Je le sens en moi, jusqu'à la garde, et c'est un délice. C'est lui. C'est lui, putain. Il est fait pour moi. C'est l'homme de ma vie.

- Ça va... ?

Son front est contre le mien, il me vole quelques baisers, respire mon souffle. Ses doigts tiennent toujours et fermement les miens, et je suis heureux. Je n'ai plus peur. Un sourire incontrôlé étire mes lèvres et j'ouvre enfin les yeux. Son regard pétille d'amour et de fierté, et c'est parfait.

- Oui... fais-moi ce que tu veux...

- Ce que je veux ? , taquine-t-il tendrement.

- Oui...

- D'accord, alors.

Je souris contre sa bouche, alors qu'il sourit aussi, et nous nous embrassons. Dans le baiser je sens qu'il libère nos doigts enlacés afin de poser ses mains de part et d'autre de mon visage sur les draps. Mes mains à moi viennent caresser son corps, que je redécouvre peu à peu : ses courbes, sa chaleur, les irrégularités de sa peau tantôt douce et tantôt râpeuse.

Un gémissement se bloque dans ma gorge quand il commence à aller-et-venir en moi. Ses mouvements sont lents, hypnotiques et frustrants, mais j'aime ça. J'aimerais qu'il aille plus vite, dans l'urgence, mais le plaisir est délicieux ainsi. C'est doux. C'est doux et c'est bon. J'aimerais passer le reste de ma vie à sentir ses coups de reins ainsi en moi.

Je n'ai connu que la douleur en prison. Je n'avais le souvenir que de coups de reins douloureux, déchirants et vulgaires. Je n'avais aucun moyen de comparaison : personne avant ces types ne m'avait baisé. J'aurais aimé qu'Evan soit le premier. Sur cette pensée, je me mets à pleurer et à murmurer :

- Je savais pas...

- Tu savais pas quoi ? , demande-t-il en caressant mes cheveux.

- Que ça pouvait être si doux... je savais pas...

- Mon amour...

J'éclate en sanglots contre lui, mon visage blotti au creux de son cou. Je pense à toutes ces fois où j'étais terrorisé à l'idée qu'il me touche, à l'idée d'avoir mal. Je pense à toutes ces fois où je lui ai refusé une étreinte, convaincu que ce serait douloureux, alors qu'en réalité c'est merveilleux. Je regrette d'avoir été si lent, je regrette de ne pas avoir eu confiance plus tôt.

- J'aime comment tu me baises...

Je gémis. Les mots quittent ma bouche sans que je ne puisse les retenir. Je suis perdu, je pleure, je m'étouffe. Je le touche et me rends compte de son corps magnifique qui se mêle si bien au mien. Il est à moi.

- Je ne te baises pas.

C'est délicieux. Et c'est merveilleux pour moi de pouvoir fermer les yeux sans penser à eux. J'attends en silence qu'il dise quelque chose, yeux fermés et la tête balancée en arrière parce qu'il dépose un baiser tendre et chaud dans mon cou. Le lit grince sous l'assaut de ses coups de reins. Puis, contre mon oreille alors que mon corps se met à trembler, il murmure :

- Je te fais l'amour, Diego. Comme je t'ai toujours aimé. Et comme je t'aimerai toujours.

Evan est à moi.

- Je t'aime, Evan, comme un fou. Depuis le premier jour.

Et je l'aime. 

.   .   . #gbsBigBangFIC


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