CHAPITRE 13 - DIEGO
04.05.28,
Appartement 12, Etage 4 | BOSTON - 12:12 AM.
Ses cheveux sont doux sous mes doigts, tout comme sa peau. L'odeur de son parfum titille mes narines et j'ai conscience de son effet apaisant sur moi. Sa présence, son odeur, c'est tout un contexte rassurant pour moi.
La journée, je me sens constamment sur les nerfs. J'ai conscience des battements de mon coeur endiablés quand je suis au MIT, paniqué à cause de la foule et de l'angoisse d'être dans un environnement malgré tout inconnu. Mais quand je me pose dans notre lit, le soir à ses côtés, j'arrive à me détendre. Ma respiration est alors plus posée et je me sens zen, comme avant.
Il dort. Il est minuit passées et la chambre est sombre. Seule la lumière du lampadaire, plus bas dans la rue, nous éclaire en perçant à travers les rideaux fins de la fenêtre. J'entends sa respiration, bruyante, signe qu'il dort profondément. Dans l'obscurité, je distingue malgré tout son visage.
- J'suis désolé. Je le pensais pas...
Du bout des doigts, allongé en position foetale face à lui, je repousse délicatement ses cheveux de son front. Tout en le dévorant du regard, je réalise à quel point j'ai encore une fois été naze.
Ce n'est pas un connard. J'étais simplement énervé et paniqué, alors je me suis emporté. J'ai honte d'avouer qu'il m'a fallu deux bonnes heures avant de réaliser que mes propos avaient été déplacés : sur le coup, je ne le supportais pas.
J'ai conscience de la douleur que je lui inglige. J'ai conscience que, malgré mes efforts parfois, cela ne lui suffit pas. Je suis loin d'être idiot, même si mon comportement pourrait laisser penser le contraire. Je sais qu'il a besoin de plus, ne serait-ce qu'un peu. Je sais qu'il veut quelques baisers, quelques attentions, mais parfois c'est au-dessus de mes forces. Malgré moi, bien qu'au fond de moi j'en meure d'envie aussi, je n'y arrive pas.
Je rêve de lui faire l'amour. Je rêve de le déshabiller, comme avant, et l'emporter dans mes bras sous les draps. Je rêve de sa chaleur, de ses soupirs et de son regard amoureux. Je rêve de tout ça, mais la simple idée de ses mains sur moi me tétanise : je ne peux pas.
J'essaie de trouver des solutions. J'essaie d'avancer, mais j'ai l'impression que c'est comme le cancer : concernant le traitements, les recherches sont longues et les resultats trop peu satisfaisants. C'est la même sorte en ce qui concerne mon suivi psychologique. Bien évidemment je ne remets pas en cause le travail de Julia, ma psychologue. J'ai conscience que le problème vient de moi : je ne suis pas prêt.
Julia et moi, actuellement, travaillons beaucoup sur mes souvenirs de prison. Elle essaie, en me faisant parler et en discutant avec moi, de me faire prendre conscience que c'est du passé. Elle mentionne plusieurs fois le terme de " résilience " au cours de nos séances, mais j'ai du mal encore à me faire à l'idée. Pour l'instant, je ne suis pas capable de me servir de ces années de calvaire - notamment les derniers mois - afin d'aller mieux aujourd'hui. Comment je pourrais faire de ces blessures une force pour aller de l'avant ? Je me sens toujours plus bas que terre. Dr.Hank, mon psychiatre, m'a filé un traitement : diagnostic dépression. Chacun a sa façon de réagir à ça : je suppose que, malgré mon traitement de cheval, ma façon à moi c'est l'agressivité.
Julia sait tout de moi et, contrairement à ce que j'avais au début imaginé, elle ne m'a jamais jugé. Quand je suis sorti de prison, mon avocate m'a conseillé de voir un psychologue. Dans un premier temps j'ai refusé, et ce pendant un bon moment : je n'ai jamais été le genre de gars loquace. Parler de ma vie privée, de mes ressentis et sentiments me semblait inconcevable. C'est quand j'ai vu à quel point je commençais à détruire Evan que je me suis fait violence : je ne peux pas continuer ainsi.
Je ne supporte plus d'être qui je suis. Je ne supporte plus d'être incapable de le toucher, de lui sourire ou de lui dire à quel point je l'aime. J'arrive pas à supporter son regard malheureux et les cernes sous ses yeux. Evan est un soleil et je le vois peu à peu s'éteindre. Je ne veux pas être la cause de son malheur. Je ne veux pas qu'il cesse de briller.
- J'en crève Evan tellement je t'aime.
Il ronfle discrètement, et c'est adorable. Ses mains sont blotties sous son oreiller et sa joue y est écrasée dessus. Ses lèvres pulpeuses sont entrouvertes et, délicatement, je les caresse du bout du pouce.
Puis, en sursaut, je quitte le lit. Je m'enfuis dans la salle d'eau quand je la sens, mon érection qui se réveille dans mon boxer. Je me déshabille à toute vitesse et m'engouffre dans la cabine de douche. Je reste planté là, sous l'arrivée d'eau.
L'eau est froide, voir glaciale. C'est douloureux pour ma peau mais, d'une certaine façon, c'est nécessaire. En général ca fonctionne : l'erection retombe, au bout d'un petit moment, parce que mon corps est en détresse. Je n'ai pas le droit de bander : pas comme ça. Je ne veux pas.
Sauf que là, je n'arrive pas à déconnecter. Malgré l'eau glacée qui me gèle les pieds et le corps, je ne pense qu'à Evan. Je n'arrive pas à me le sortir de la tête. Je frappe du poing sur la vitre de la douche, en larmes, quand je me revois le baiser au Baccarat Hotel le jour de son dix-huitième anniversaire.
- Fais chier, merde !
En colère contre moi-même, je cogne encore. Je m'étouffe à force de pleurer de haine, le corps secoué par les sanglots. Ma queue durcit, ma main s'y pose. Dans ma tête, comme un film, je revois son corps cambré pour moi tandis que je le défoncais à la vue de tout Manhattan.
Je tombe à genoux dans l'eau froide après avoir honteusement joui contre la vitre.
- Evan...
Evan. Evan. Evan. Ça n'a toujours été qu'Evan.
. . . #gbsBigBangFIC
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