C'est dans une horlogerie que je l'ai trouvé. J'y étais entré par curiosité, pour regarder les aiguilles dorées tourner sur les antiques cadrans de marbre, et écouter le carillon des pendules. Les autres boutiques du centre-ville m'avaient vite paru fades et incolores en comparaison à l'ambiance de cet endroit. J'y étais arrivé par hasard, perdu dans les dédales des rues.

Dans l'arrière-boutique, il y avait d'autres montres, mais un écrin en particulier a attiré mon attention. La petite boîte était faite de velours rouge, et bien fermée, à demi-dissimulé derrière un pot contenant des aiguilles à horloge. Le vendeur a froncé les sourcils quand je lui ai demandé sa provenance, et m'a dit ne jamais l'avoir remarquée avant. Il m'a donné la permission de l'ouvrir, et j'ai vu étinceler dans le couffin de soie une chaîne magnifique, de quartz rose, et de perles s'entrelaçant pour former une fleur autour du poignet.

J'ai demandé le prix. Pour une chose aussi rare et jolie, je m'attendais à ce que la facture soit élevée. Mais le commerçant a haussé les épaules, me disant que je pouvais garder le bracelet, et qu'il ne voulait plus voir 'ce truc étrange et venu de nulle part' dans sa boutique.

Sur le chemin du retour, le soleil brillait dans le ciel, et le vent soulevait la poussière des rues. L'orage n'avait pas encore lavé toute la crasse des usines. Je me demande si Luna va aimer mon cadeau. Comment elle respire, dans cet air suffocant de chaleur.