Chapitre 2
Le premier jour de l'été baignait la clairière d'une lumière douce et éclatante. La jeune fille aux cheveux de feu, vêtue de haillons effilochés, était assise sur un tas de cendres refroidies, ses jambes repliées contre elle. La chaleur de la journée s'était dissipée, mais il restait dans l'air une fraîcheur douce, celle de la nuit qui s'installe lentement.
Les rayons argentés de la lune filtraient à travers les arbres, frappant son visage comme une caresse glacée. La lumière semblait étrange, presque irréelle, et elle s'y sentit attirée comme une mélodie lointaine. Elle émit un faible gémissement, ses lèvres s'entrouvrant légèrement. Lentement, comme si elle revenait d'un sommeil profond, elle ouvrit les yeux.
Une brume légère s'éleva autour d'elle, mais ce n'était pas l'étrangeté de ce phénomène qui la surprenait. C'était la sensation d'un vide immense dans sa mémoire, comme si elle avait été plongée dans une longue torpeur, hors du temps. Elle cligna des yeux plusieurs fois, cherchant à comprendre. Les échos du monde lui semblaient lointains, presque inaccessibles.
***
La lune, pleine et brillante, éclairait désormais la clairière d'une lueur spectrale. Son éclat pur la baignait, et la jeune fille se leva avec lenteur, les pieds s'enfonçant légèrement dans la terre humide. Ses cheveux de feu, maintenant éparpillés autour de son visage, semblaient capter toute la lumière de la nuit.
— Où suis-je ? pensa-t-elle, son regard se portant autour d'elle, cherchant un indice, un repère.
La clairière était paisible, presque trop calme. Des arbres majestueux entouraient l'espace, leurs racines plongées profondément dans le sol comme des bras protecteurs. Un ruisseau murmure non loin, et la brise nocturne faisait frissonner les feuilles des arbres, créant une mélodie apaisante. Pourtant, quelque chose dans l'air lui semblait étrange, comme si cette beauté cachait quelque chose de bien plus complexe.
Elle sentit une présence, une force qui la reliait à cet endroit, mais qui restait indescriptible.
— Est-ce un rêve ? se demanda-t-elle, un frisson parcourant son échine.
Mais rien ne semblait irréel dans cette scène, rien ne paraissait issu de l'imaginaire. Tout était trop concret, trop vivant.
Elle inspira profondément, cherchant à rassembler ses pensées, et posa son regard sur le sol où les cendres encore chaudes semblaient se dissiper lentement. Là où elle s'était éveillée. Mais comment était-elle arrivée là ? Elle ne se souvenait de rien.
Soudain, une ombre traversa le ciel, passant comme un éclair au-dessus d'elle. Un cri de peur s'échappa de ses lèvres, un cri profond et primal, comme un instinct de survie réveillé en elle.
— QUI EST LÀ ? hurla-t-elle, son cœur battant à tout rompre.
À cet instant, un cri strident déchira la nuit.
— AAAAAAAAAH !
Ses mains, presque sans qu'elle n'y pense, commencèrent à crépiter de flammes, des langues de feu léchant ses paumes comme des serpents avides. Elle les agita frénétiquement, comme si le simple mouvement pouvait les éteindre, mais c'était peine perdue. Les flammes ne s'éteignaient pas.
Au contraire, elles se répandirent, remontant le long de ses bras. Et alors, dans un éclair de compréhension, elle réalisa. Ses cheveux s'enflammèrent à leur tour, une vague de chaleur envahissant son esprit. Elle sourit, se sentant soudainement plus... puissante, comme si la peur elle-même se dissipait dans le feu.
Elle comprit alors, avec une clarté soudaine, que c'étaient ses pouvoirs. La panique ne servait plus à rien. Elle n'avait plus rien à craindre.
Elle se redressa, reprenant sa position, un calme nouveau l'envahissant. Ses mains, toujours enflammées, se balancèrent avec assurance. Elle fixa l'ombre qui volait au-dessus d'elle, une lueur de défi dans les yeux.
— Donc, je disais... dit-elle, sa voix plus ferme. Ah oui ! QUI ÊTES-VOUS ? Sortez de votre cachette, sinon...
Elle fit éclater ses mains en boules de feu, les lançant dans les airs avec une telle précision que les flammes tourbillonnaient autour d'elle. La lumière dans la clairière dansa, projetant des ombres géométriques sur les troncs des arbres.
— Tout doux ! Tout doux ! dit une voix, sortie de l'ombre. Je ne vais pas te faire de mal !
L'ombre, qui jusque-là était restée invisible, se dessina enfin. Elle prit forme, se matérialisant peu à peu sous la lueur des flammes. Une silhouette élancée, mais à l'allure étrange et familière, apparut devant elle. La voix, en revanche, était calme, rassurante, presque amicale.
La jeune fille s'immobilisa, les flammes dans ses mains vacillant légèrement, comme suspendues à un fil invisible. Elle n'avait toujours aucune idée de ce qu'elle affrontait, mais l'ombre semblait vouloir la rassurer.
— J'ai dit : QUI ÊTES-VOUS ?! demanda-t-elle, sa voix tremblante de confusion. Comment est-ce que vous vous appelez ?!
L'homme la fixa un instant, ses yeux aussi perdus que les siens. Un frisson d'incertitude traversa son regard, et il baissa la tête, comme s'il cherchait des réponses au fond de lui-même.
— Je ne sais pas... Je n'en sais rien... répondit-il d'une voix morne, presque un murmure, en se repliant lentement, comme si le poids de ses mots l'alourdissait. Je me suis réveillé il y a un mois environ... ajouta-t-il, la tristesse se lisant clairement dans ses yeux.
Elle resta là, les yeux fixés sur lui, le silence s'étirant entre eux, lourd et gênant. Les quelques mots échangés semblaient peser bien plus lourd que l'air autour d'eux.
Elle le scruta, cherchant dans ses yeux une lueur d'espoir ou une trace de mémoire, mais tout ce qu'elle vit ne fut qu'un abîme vide. Un homme comme elle, perdu dans le flou de sa propre existence.
Elle comprenait quelque chose alors. Quelque chose qui la terrifia. Cette personne ne lui voulait aucun mal. Elle pouvait le sentir dans la façon dont il se tenait, dans la douceur de sa voix. Mais, à mesure qu'elle réfléchissait à sa situation, un vertige étrange s'empara d'elle.
Elle posa ses mains sur ses tempes, comme pour arrêter le tourbillon dans sa tête. Ses souvenirs, effacés. Ses informations personnelles, envolées. Elle n'avait aucune idée de son nom, de son passé, ni même de son âge. Un abîme béant s'était ouvert à l'intérieur d'elle, un vide qu'aucune réponse ne semblait pouvoir combler.
Elle tourna lentement la tête, cherchant à comprendre ce qui se passait autour d'elle, mais tout semblait flou, irréel. Où étais-je avant ? Où ai-je grandi ? Qui suis-je ? La question la hanterait pendant encore longtemps, sans réponse.
Elle s'approcha un peu de l'homme, mais chaque pas semblait lourd, comme si elle marchait dans un brouillard dense.
— Vous... vous ne vous souvenez de rien ? murmura-t-elle, sa voix presque éteinte par l'angoisse qui montait en elle.
Il leva les yeux vers elle, une lueur de compréhension traversant son regard.
— Non, rien. Comme si ma vie avait été effacée... tout est noir avant ce mois...
Elle se sentit soudainement moins seule dans sa propre confusion. Mais cela n'empêchait pas l'angoisse de grimper dans sa gorge. L'incertitude était un poison qui rongeait leur esprit.
— Attends, attends, attends, attends !!! s'écria-t-il soudainement, fronçant les sourcils, une lueur de confusion profonde dans ses yeux. Comment se fait-il que tu puisses me voir et me parler ? Et...
Il se tut un instant, comme s'il essayait de mettre de l'ordre dans ses pensées, mais soudain, un geste impulsif le fit se redresser. Sans prévenir, il saisit la main de la jeune fille et la posa fermement sur son torse, comme pour vérifier si elle était bien réelle.
Elle sursauta, gênée et surprise, retirant immédiatement sa main, son cœur s'emballant sous la sensation étrange de son contact.
— Tu... tu peux me toucher ! cria-t-il, son visage marqué par une stupeur qui frôlait l'incrédulité.
Elle se recula légèrement, ses yeux écarquillés, une brise glacée courant le long de son échine.
— Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda-t-elle, sa voix tremblant légèrement d'incertitude. Elle avait l'impression que tout était en train de basculer dans un abîme qu'elle n'avait pas anticipé.
Il prit une profonde inspiration, les mots lourds sur sa langue.
— Avant... eh bien, personne ne pouvait me voir ! Ni me parler ! répéta-t-il, comme s'il avait besoin de se rassurer lui-même.
Un éclat de panique traversa son regard, et elle sentit une secousse dans son ventre, une gêne croissante se formant dans sa poitrine.
— QUOI ?! s'écria-t-elle, les bras tremblants. C'est impossible...
Elle s'éloigna d'un pas, comme si la révélation venait de la frapper de plein fouet. Ce qu'il venait de dire ne faisait aucun sens.
— Je t'assure ! Viens avec moi !
Il la saisit par la main, une prise douce mais déterminée, et la guida à travers la nuit. Ils s'élevèrent dans les airs, laissant derrière eux la forêt dense qui semblait se fondre dans l'obscurité. Le vent soufflait autour d'eux, emportant les dernières traces de l'ombre de la forêt. Elle sentait son cœur battre plus fort, une sensation étrange la traversait, mais elle n'eût pas le temps d'y penser.
Ils volèrent, glissant sans bruit au-dessus du sol, jusqu'à atteindre un village qui semblait tout droit sorti d'un rêve étrange.
Le village, tout à fait ordinaire en apparence, n'avait rien de particulier, ou du moins rien qui le distingua des autres villages qu'elle avait pu voir. Mais en y arrivant, quelque chose de profond l'arrêta.
Ils atterrirent en douceur dans la place centrale, où un marché nocturne semblait s'être ouvert, avec ses étals de fruits brillants sous la lueur des lanternes et ses étalages de tissus chatoyants. Pourtant, ce qui frappait, ce n'était pas tant l'animation du marché, mais plutôt le silence qui l'entourait.
Personne, absolument personne, ne réagit à leur arrivée. Comme si leur présence n'avait pas perturbé l'ordre des choses. Les marchands ne levèrent même pas les yeux, et les passants continuaient leur chemin, leurs regards vides, comme s'ils ne les voyaient pas. Elle sentit une étrange sensation de décalage, comme si elle était devenue invisible, ou pire, comme si elle se trouvait dans un endroit où elle n'aurait jamais dû être.
Elle fronça les sourcils, scrutant les visages autour d'elle. Tout semblait si normal... et pourtant, elle venait de voler dans les airs, un acte qui, normalement, attirerait des regards stupéfaits. Mais ici, rien. Pas le moindre regard étonné, pas le moindre cri d'étonnement.
— Comment ça se fait ? murmura-t-elle, l'esprit embrouillé par ce qu'elle venait de vivre.
— C'est comme ça ici, chuchota-t-il avec un sourire mystérieux. Personne ne peut nous voir.
Elle le fixa, son esprit se heurtant à cette explication. Elle était à des kilomètres de tout ce qu'elle connaissait, et il venait de lui dire que ce village entier, avec ses gens, ses marchés, ses lumières et ses sons, était invisible aux yeux des autres. Elle était invisible au yeux des autres...
(NDA : Si vous avez pas compris June viens de rencontrer Jack)
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