8. Sahar
On me secoue les jambes. Je sens de la chaleur me gagner. Doucement.
Je trouve, je ne sais où, la force d'ouvrir mes yeux.
Deux personnes sont penchées au-dessus de moi.
Je ne vois pas très bien, mais je comprends que quelqu'un me parle. J'essaye d'entendre.
Je n'y arrive pas.
La mémoire me revient. Le combat contre Inaki.
J'ai perdu le contrôle. Et crotte.
Mais... Il n'y avait que mon entraîneur et moi. On était deux.
Et là on est trois.
Hein?? Un. Deux. Trois.
Oui, on est bien trois. Quoi??
Attends, t'es sûre ?
Bah oui, fourmi, tu sais compter quand même.
Bah ouais mais je sais pas moi...
Mon petit monologue interne est brutalement interrompu par une voix: «PAISAJANEA !!»
Je sursaute. «Heksjslhflsk.» Attends, j'ai dis quoi là ? Je suis aussi interloquée que les deux, là. «Ça va? Tu me comprends ?» Je veux ouvrir la bouche, mais si c'est pour ressortir un truc incompréhensible, mieux vaut pas. Je hoche donc la tête.
Inaki soupire de soulagement. Son camarade aussi, d'ailleurs.
Je me mets sur les coudes. On essaye de parler? Allez, on y va. «Qu- que...eil...p...acé ?» C'est mieux. Je pense qu'ils m'ont comprise. «Essaye de me dire bonjour, me dit le gars inconnu, ou bien un truc facile.
- Imbécile. » Eh! Ça marche !
L'inconnu hausse les sourcils et se retourne vers Inaki. Celui-ci sourit et secoue la tête. «Pour les insultes, explique-t-il, il n'y avait pas de doute.» Puis se tournant vers moi : « Tu nous a fait peur ! Tu aurais pu mourir. Il faut vraiment que tu régules ton tempérament.
- Mouais... Par contre, t'es qui toi ?» demande-je au troisième énergumène. Ce dernier hausse encore plus les sourcils (oui, c'est possible) et me regarde avec dédain.
Et encore un stupide Kuntaï ! Ouaaaais. Super. Franchement, j'en avais besoin. Et, à mon avis, il va faire partie de mon entraînement. Quelle partie de plaisir !
«Eh-oh ! Anonyme, là ! Tu m'écoutes quand je te réponds ?!»
Je le regarde, interloquée. Non mais, pour qui se prend-il ? Il croit pouvoir me parler comme ça l'autre ? N'importe quoi, ces guerriers. Aucune éducation.
Je fais comme lui quelque minutes plus tôt, c'est-à-dire, je hausse très haut les sourcils et lui lance un regard méprisant. Je pense qu'il le prend mal. Ouais. Il le prend mal. Tant mieux.
Le garçon, qui doit avoir 15 T.d.P., lève les yeux au ciel et reprend : «Donc, je disais, je suis Sahar, je serai ton entraîneur en tout ce qui concerne la pensée, les dons, le contrôle de soi. Pour cela, à chaque fois que je vais te poser une question, tu devras répondre avec sincérité et sérieux, d'accord ?" Alors, petit Sahar, déjà, premier point : Arrête de me parler comme si j'étais un bébé ou un chien. Deuxième point : Super, j'ai deux entraîneurs l'un plus arrogant que l'autre. Troisième et dernier point : Je veux dormir. Je suis claquée là.
Donc, Sahar, toutes ces règles là, d'accord, je vais les suivre (enfin, ça dépend) mais je veux DORMIR.
Mes deux entraîneurs me regardent, comme s'ils attendaient quelque chose de moi. «Quoi? Pourquoi vous me regardez comme ça ? je leur demande, agacée.
- Je ne sais pas, peut-être que tu pourrais répondre ? rétorque Inaki.
- Mais répondre à quoi ? Vous êtes marrants vous, vous m'avez rien demandé !
- Tu répondras avec sincérité, D'ACCORD ? me crie presque dessus Sahar.
- Aaaah, oui, d'accord. Désolée hein. » Pfff n'importe quoi, ces deux, là. Aucune patience.
Avant qu'aucun des deux n'eut le temps d' ajouter quoi que ce soit, je lâche : «Bon, je peux rentrer dans ma chambre maintenant, s'il vous plaît ?
- Euh... Non. Tu dois répondre à quelques questions d'abord.» Je soupire. Ils vont me soutirer aucune information. Quand je suis fatiguée, c'est MORT. Mais bon, allons-y. «OK, mais faites vite.
- Parfait ! Qu'as-tu senti lors du combat ? me demande Sahar.
- Eh ? Quoi ? Ah! Le combat... Bah euh... Comme si j'étais en dehors de mon corps.» Je ne m'attendais pas à cette question. Mais autant répondre sincèrement, ça ne dit rien sur moi.
Je vois Sahar prendre des notes. Qu'est-ce que ça peut lui faire, de savoir comment je suis dans un combat ? J'sais pas.
«D'accord, merci. Prochaine question : Comment tu te sens en ce moment ?
- Fatiguée. Épuisée. Morte.
- Oui, non mais à part ça. dit Sahar en levant les yeux au ciel.
- Rien. Je suis juste fatiguée. Épuisée. Morte. Je n'ai plus de bras.
- Donc tu te sens à nouveau dans ton corps ?
- Ben oui, je réponds, c'est évident.
- Je ne sais pas moi... Mais bon, merci. Alors, troisième question : Quand tu as senti tes pouvoirs arriver en toi, tu étais comment avant ? après ?
- Ah, ouais, c'est précis ça... Avant j'étais fatiguée, épuisée, après j'étais hors de mon corps.» C'est plus ou moins ça, oui. Je le vois qui fronce les sourcils. Lui qui avait posé une question précise, il a eu une réponse vague. Logique quand même.
Je le vois qui hausse les sourcils. Il ne s'attendait quand même pas à ce que je lui livre une information précise, non?
C'est pas tout, mais moi je veux rentrer "chez moi". Je me demande encore comment ça se fait que je réussis à tenir debout. Ça doit être à cause des dons.
Mes yeux se ferment.
J'ai chaud, puis froid.
J'ai mal partout.
LAISSEZ-MOI RENTRER À MA CHAMBRE !!!
«Eh, toi, là. Sahar. Je sais que tu veux m'entraîner, ou du moins j'espère, mais tout ce que tu fais, là tout de suite, c'est de me tuer. Littéralement. Alors moi, je vais aller me coucher dans cet énorme lit à baldaquins, dormir et demain on verra, d'accord ?»
Et je pars, comme ça, sans demander mon reste.
Je traverse la porte par laquelle je suis entrée et je me trouve en face du vide.
Ah. J'avais oublié ce petit détail.
Qu'est-ce qu'il m'avait dit, le métallurgique ? Regarder en face ? Ouais, et avancer dans le vide. Ne pas regarder en bas.
C'est ce que je fais. Je pose un pied sur la surface invisible et avance. Le temps me paraît interminable, et j'ai les mêmes sensations que la première fois.
Malgré tout, j'arrive saine et sauve à la métallurgie. Je croise cette salle étouffante, les couloirs, monte les escaliers et arrive devant ma porte. J'entre, me mets sous la douche, prends une tenue de nuit et me couche dans mon lit.
À peine me suis-je allongée dedans, que je sombre dans un sommeil profond et sans rêves.
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