64. Comportement Fatigué

Dès que la porte de la chambre se referme derrière nous, je m'éloigne le plus possible de Daëgan. 

Parce que, évidemment, qui dit une chambre, dit un lit. 

«Puisque tu n'as aucun problème à dormir à même le sol, je prends le lit, n'est-ce pas ? déclare Daëgan après s'être raclé la gorge. 

— Non mais et puis quoi encore ? Pour Azraël, évidemment que j'aurais dormi par terre, mais vu que tu n'as pas prévu de m'étouffer pendant mon sommeil, soit on partage ce foutu lit, soit c'est moi qui le prends. 

— Et pourquoi ça devrait être toi qui le prends ?

— Parce que... Je suis une fille, annonçè-je de but en blanc étant donné que c'était la seule excuse qui me vint en tête. 

— Tu n'as pas besoin d'un lit, affirme-t-il. 

— Étant donné que j'ai dormi pendant quinze tdp et demis de mon existence sur des gros tapis par terre, je dirais que c'est ce qu'il me revient de droit. 

— Je suis contre. 

— J'en ai rien à faire, soit tu dors sur le bord du lit, soit par terre.» 

Dit ceci, je me retourne, prends le peignoir qu'il y a sur le lit et pars me doucher. 

Je sens que ces jours ici vont être très très longs... 

L'eau chaude glisse sur mon corps, permettant d'évacuer ma mauvaise humeur. Je coupe l'eau, mets le peignoir autour de ma taille et prends une serviette pour me sécher les cheveux. Je pose mes pieds sur le tapis à l'extérieur de la douche, puis mon regard tombe sur mes habits. Sales. 

Je me tape le front du plat de la main. 

Je n'y ai pas pensé. Je n'ai aucun habit à ma disposition. Et il est hors de question que je sorte ainsi. Pas avec Daëgan. 

Après avoir passé une petite dizaine de minutes à essayer de chercher une solution, je m'y résous et soupire un grand coup. Et puis tant pis ! 

J'ouvre la porte de la salle de bain, et je tombe immédiatement sur un Daëgan posté juste devant le battant, l'air furieux défigurant son masque impassible. 

«Un problème ?» je demande, dédaigneuse. 

Au lieu de me répondre, son regard descend lentement sur mon corps. Mais pour qui se prend-il ? 

Ma main se ferme seule en un poing, et, après ayant laissé mon linge sur ma main droite, la gauche fuse, avant que j'aie eu le temps de l'arrêter, vers la mâchoire de mon colocataire. 

Une douleur explose dans mes phalanges, mais la tête de Daëgan en vaut la peine. Il relève instantanément son regard et m'injure : «T'es folle ou ça se passe comment ? 

— T'avais qu'à pas me regarder comme un goujat, aussi !

— Pardon ?! s'étouffe-t-il en commençant à tousser. 

— Tu sais très bien, ne fait pas le niais. 

— Nigaude, va.»

Je le regarde, outragée. Puis je plisse les yeux et le menace d'un second coup de poing. Il décline l'offre et part se doucher, à son tour. 

Je lève les yeux au ciel et soupire à nouveau. Nigaude. Il m'a vraiment appelée comme ça ? Quel âne. 

Je me secoue un peu et regarde s'il y a des habits à notre disposition. 

Au bout de la troisième armoire, je trouve enfin de quoi me mettre qui ne soit pas trop révélateur. Bien que ce soit une robe. 

Mais il n'y a que ça, à part les vêtements pour homme, mais j'ai l'éducation de les laisser pour Daëgan. 

J'enfile rapidement le vêtement, et défais la serviette sur ma tête. Mes cheveux ondulés et humides tombent en cascade sur mon épaule, et je m'octroie le droit de m'admirer dans le miroir. 

La robe est de couleur bleu foncée, quasiment noire, ce qui me plaît assez. Le haut est à bretelles, et porte un décolleté en V pas trop voyant. Le bas est souple et colle légèrement à ma peau, épousant mes formes, sans pour autant me faire sentir comme une saucisse là dedans. 

Je passe ma main dans les cheveux et prends mon sabre. Je l'attache à mes hanches avec la ceinture noire que j'ai prise, qui passe plutôt bien avec mon ensemble. Je reste pieds nus, étant donné que les seules chaussures possibles à mettre seraient mes bottes, bien qu'il y aie de multiples paires de talons, mais non merci. 

Je regarde une dernière fois mon reflet dans le miroir, me reconnaissant à peine. Je suis tellement plus... Kuntaï et élégante, comme ça. Je ne sais pas encore si ça me plait. 

Je me secoue et pars ranger mon linge dans le petit sac en toile que j'ai prévu pour le linge sale. Parce qu'évidemment, j'ai emporté quelques sous-vêtements pour le cas où, mais pas plus. 

Je suis en train de ranger mes affaires et d'épousseter mes habits par la seule et unique fenêtre de la chambre quand Daëgan sort de la salle de bain, une serviette à la taille. 

C'est une manie chez eux, pas vrai ? De se balader comme ça. 

Je lui lance un rapide coup d'oeil, avant de reprendre mes occupations. 

«T'as trouvé où ces habits ? me demande-t-il. 

— S'il y a des armoires, c'est bien pour quelque chose.» 

Il émet un bruit comparable à un grognement animal et part regarder dans les placards. 

Après un moment de silence, dans lequel je suis allée nettoyer mon cher katana, j'entends un autre grognement de mécontentement suivi d'un : « Ils veulent vraiment s'assurer qu'on ne peut pas se bouger correctement, non ?»

Je ne sais pas s'il me parle à moi, donc je décide de l'ignorer et continue à polir la lame. Il y a des petites inscriptions dessus, écrites en langues étrangères, que je saurai lire quand je serais prête, d'après le Metallur. 

Soudain, Daëgan est devant moi, et ça me surprend tellement que je sursaute. « Oh purée ! Nan mais ça va pas ? 

— Je sais pas si c'est la fatigue accumulée, mais je pense sincèrement que tu es sourde. Ça fait quatre fois que je te parle, Nuit. 

— Bah désolée, je sais pas si c'est la fatigue accumulée, comme tu dis, mais tu devrais peut-être préciser à qui tu parles, hein. 

— Oui, bon, je te demandais si tu ne trouvais pas qu'ils étaient vachement méfiants, ici." 

Je réfléchis quelques instants à sa question, puis pars poser mon katana dans son fourreau, que j'accroche à ma ceinture. Puis, je décide de répondre : «Je pense qu'ils abusent un peu niveau tenue, vu comme c'est dévoilé et tout, mais c'est compréhensible. Il y a à peine un T.d.H., ils n'étaient même pas sûrs que nous existions. Donc, oui, c'est peut-être un peu trop, mais bon, ils auraient pu nous confisquer nos armes. 

— Ça aurait eu un sens, en effet.»

Nous repartons dans un silence dû à la fatigue écrasante qui se fait remarquer uniquement maintenant, et je m'autorise à observer sa tenue. 

Pantalon gris, t-shirt bleu glace, gilet gris. Comme moi, il est resté pieds nus, je suppose que ses chaussures étaient tout aussi inconfortables que les miennes. 

Après quelques temps, on toque à la porte, indiquant que nous devons descendre pour le souper. Dylan a pour ordre de nous accompagner.
Je m'oblige à me réveiller un peu en me tapant légèrement les joues et me secoue un peu.

Que la soirée commence ! 

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