59. Une sculpture grecque... vivante
Mon nez est collé au sien.
Mes mains sont sur son torse.
Et mes jambes... Elles sont entremêlées avec les siennes.
Je sens aussitôt le rouge me monter aux joues.
Et je le repousse.
Sauf que je le regrette presque aussitôt.
Au moins il me protégeait du froid !
Je cligne plusieurs fois des yeux.
« Tu peux m'expliquer ce que tu foutais ?! je m'exclame en chuchotant.
— Disons que tu tremblais comme pas possible à côté de ma racine, explique-t-il sur le même ton de voix, donc j'ai essayé de te réchauffer. Sauf que ça t'a réveillée, et maintenant je me rend compte que ça valait pas le coup.
— Ah. Bah... Merci, je suppose. Mais vraiment, c'était pas la peine. Je dormais très bien.
— J'ai remarqué...»
Attends, il insinue quoi avec ça ?!
Ne me dis pas que...
« Tu marmonnes des trucs quand tu dors... me confirme-t-il.
— Merde, je jure à voix basse. Et j'ai raconté quoi ? Attends tu sais quoi ? Ne me dis pas. C'est peut-être mieux.
— Oui... Bon, je peux me rendormir ou tu vas continuer à me parler pendant ce qu'il reste de la nuit ?
— Le ciel est déjà rose, imbécile. Ça sert à rien de se rendormir, à part rendre le réveil plus dur.»
Sur ces mots, je me lève et m'étire. Mon dos craque, ma nuque aussi.
Je relâche les quelques tensions que j'ai entre les omoplates et fais des rotations d'articulation avant de m'étirer correctement.
Il fait encore frais, il faudrait peut-être réveiller les autres.
Je m'applique à la dure tâche de supporter les plaintes de mes camarades, et une petite dizaine de minutes plus tard, nous voici en route.
Une T.d.H. plus tard, le soleil est déjà chaud, mais il n'est pas encore tapant ni brûlant.
Ce qui entraîne le déshabillement partiel des garçons.
Daëgan est le premier à ôter son haut.
Mes yeux se dirigent incontrôlablement vers son torse dévoilé.
Le rouge me monte aux joues instantanément.
Ce n'est pas la première fois que je le vois ainsi, mais quand même...
Je suis derrière lui, ce qui me permet d'admirer tout son dos. Sa peau est légèrement bronzée, mais le plus captivant, ce sont les mouvements que font ses muscles contre ses os.
Ils bougent, ou plutôt, il se meuvent tels des danseurs.
Et là, arrive ce qui ne devait SURTOUT PAS arriver.
Daëgan se retourne.
Et il aperçoit mon regard.
Le fils du Soleil lève un sourcil et me scrute.
« On admire la belle vue ? » me nargue-t-il.
Je plisse les yeux, bien que je continue à l'observer discrètement, et lève les yeux au ciel.
« Vous et votre égo surdimensionné...»
Athanase éclate de rire à mes côtés.
Daëgan et moi on l'a regarde, du même regard méprisant et indigné.
« De quoi ris-tu, ma chère Athanase ? fais-je Qu'est-ce qu'il y a de si drôle ?»
Notre Immortelle rit de plus belle.
Gad et Azraël ont eux aussi un sourire en coin moqueur.
« Vous ne pouvez pas comprendre... font-ils en chœur.
— Ah non, vraiment pas, pour le coup !» s'exclame Athanase en reprenant (à peine) son souffle.
Daëgan et moi échangeons un regard, puis on soupire en même temps, ce qui fait redoubler de rire Athanase.
On reprend tous la route, et malheureusement, mon regard ne peut s'empêcher de glisser vers ses abdominaux bien dessinés.
Et, évidemment, Daëgan n'est pas aveugle et le remarque.
Encore une fois.
«Nuit, je sais que je suis appétissant, mais il faudrait vraiment arrêter de me zyeuter comme ça...
— Mais... Mais !! je proteste.
— Ne ment pas, Paisajanea, m'avertit-il.
— Tu penses vraiment que je vais gâcher mon temps et ma vue à te regarder toi ?!
— Je ne le pense pas. Je le sais.
— Eh bien il faudrait vérifier les neurones, hein.
— Je pense surtout qu'il faudrait arrêter de nier l'évidence.
— Qui est ?
— Tu prends plaisir à m'observer de la sorte, déclare-t-il.
— Non, niè-je.
— Si.
— Nope.
— Si.
— Ta gueule.
— Ah ! Enfin elle avoue ! s'exclame Daëgan.
— Pardon ?! Quand est-ce que j'ai dit "Oui Daëgan, je prends plaisir à t'observer. Surtout ton torse !"
— Tu viens de confirmer et de préciser que tu observais mon torse.
— Faux ! Ce seraient plutôt tes ab–»
Quelle idiote !
Je suis tombée dans mon propre piège !
Daëgan me regarde avec un sourcil levé et un sourire en coin.
Je me renfrogne en sentant le rouge me monter aux joues.
Je croise les bras dévie le regard.
Les autres, quant à eux, rient de bon cœur.
Connards va.
Imbéciles.
***
Nous arrivons à la fin de la journée dans des marais.
L'air est humide, le ciel recouvert de nuages gris, il y a de la brume.
Le sol est recouvert de petits nuages qui se meuvent.
Il y a des racines partout, de la boue et des roseaux.
Il y a quelques rares arbres, dénudés de leurs feuilles, avec l'écorce craquelée et noire.
Mes bottes noires en cuir avec la gemme émeraude se recouvrent rapidement de terre et... Mieux vaut ne pas savoir.
Et dire qu'il va falloir dormir là...
Mes cheveux se coincent soudainement dans un branche.
« Aïe ! Foutus cheveux ! J'aurais dû faire une tresse ! maudis-je.
— Euh... Nuit, si j'étais toi, je ne retournerai pas et patienterai tranquillement jusqu'à ce que le tiraillement se calme... Sans paniquer... fait la voix d'Az dans mon dos.
— Qu'est-ce qu'il y a ? je demande, peu rassurée.
— On t'explique après.»
Soudain, je m'immobilise totalement.
Je sens un souffle chaud et humide dans ma nuque.
Une haleine dégueulasse.
Puis comme des mains énormes et moites qui me font une tresse.
Littéralement.
Je sens les paumes s'aplatir un peu brutalement sur mon crâne, sans pour autant me blesser, caresser mes cheveux, puis commencer à les séparer en quelques sections.
Daëgan, devant moi, a croisé les bras devant son torse et prend un plaisir malsain à observer la scène.
Je lui lance un "Putain de sadique" entre mes dents, qui ressemble plutôt à un "Prgnt dn sdqurz" et il me répond par un haussement de sourcils.
La tresse enfin finie, je sens la chose derrière moi se séparer et admirer son œuvre, sans pour autant me lâcher, parce qu'entre temps, il/elle/ça a agrippé mon épaule.
Tout doucement, je sens des pas se rapprocher et tourner autour de moi.
Ou plutôt, des sabots.
Hein ? Des sabots et des mains ? Ne me dit pas que...
La chose se trouve maintenant devant moi.
J'ai fermé les yeux, à cause des tirages de cheveux, et je me trouve maintenant nez à nez avec ça et suis obligée à regarder.
J'ouvre d'abord un œil, puis l'autre et ma bouche s'ouvrent en grand.
Une ombre me surplombe.
Mon visage est à la hauteur d'un torse nu et brun, avec quelques saletés.
Plus en bas, il y a un corps de cheval.
Et en haut...
Une tête d'homme, mêlée à des écailles et des plumes.
Ses cheveux sont bleus, et sur son d'os humain se trouvent deux ailes de Geai.
Le visage, quant à lui, est plutôt beau, sous la crasse et les cheveux pendants qui le cachent un peu.
Une barbe et moustache de trois jours environ, un nez un peu déformé et épaté, une mâchoire assez bien dessinée, des sourcils noirs et épais. Mais le plus fascinant et ce qui illumine son visage sont ses yeux. En amende, ils ont de longs cils et sont complètement mordorés. On dirait une jeune flamme, mélangé à du miel. Ils brillent surnaturellement.
Je plonge mon regard dans le sien et souris timidement.
« M-mer-merci p-pour l-la t-tr-tresse, balbutie-je maladroitement.
— Avec plaisir, mademoiselle. répond l'homme étrange en s'inclinant.
— V-vous p-parlez l-la langue commune ? demandè-je, choquée.
— Ce serait plutôt à moi de vous demander comment cela se fait-il que vous parliez la langue elfique. »
La langue elfique ?!
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