58. Un petit voyage.

Après cette conversation avec Daëgan, les jours se sont ensuivis, toujours aussi normaux. Nos recherches avec Athanase n'ont mené à rien, et je sens de plus en plus fréquemment une horrible migraine si je pense trop à ça, ou quand on cherche pendant quelques minutes. Avant, j'avais une endurance de quatre heures, et après ces jours qui se sont transformés en semaines qui se sont transformées en mois, mon endurance s'est retrouvée réduite à cinq minutes. 

Nous sommes passés de l'hiver au printemps et nous sommes maintenant au mois de Mai. Je ne comprends jamais pourquoi le mois d'Avril est considéré comme "Printemps" s'il pleut plus qu'en automne. 

Heureusement ce mois est passé et mai nous enveloppe déjà avec chaleur, comme pour signaler "Il reste peu de temps avant de mourir de chaud !"

Merci bien, on avait remarqué. 

Hyale a appelé quelques fois, mais ça reste assez rare. Elle m'a communiqué que son peuple était très dubitatif et que quasiment personne ne croyait en elle. Mais les très rares Elfes aux Cristaux (c'est ainsi qu'on les nomme) qui sont ouverts à toutes possibilités sont, heureusement, les savants et les chercheurs. 

Elle a ainsi déclaré qu'à l'Est il y avait une autre famille similaire à la leur, mais qui apparemment était tout le contraire qu'eux. Feu, terre et brutalité, sang et batailles, etc.; qui pourtant étaient en paix et qui avaient un lien génétique très ancien avec les Elfes aux Cristaux. 

Les visions, quant à elles, s'étaient calmées. Mais à chaque fois qu'on en avait, c'est comme si Ellunia et son groupe s'approchaient de plus en plus du Continent. Ils étaient maintenant en pleine mer et cela faisait des semaines qu'ils n'avaient pas vu un morceau de terre. Et leurs visions devenaient de plus en plus claires et commençaient ou terminaient par une vision qu'ils venaient d'avoir. 

D'autre part, dans le monastère, il a eu quelques tensions entre groupes de jeunes adultes, entre vingt et vingt-cinq tdp, parce qu'ils n'avaient pas eu l'occasion de se défouler sur les Paisajanea, donc il y a eu pas mal de bagarres, mais pas des petites bagarres d'enfants qui se trouvent intéressants. Non, non. Pensée, dons pour ceux qui en avaient, et sabres. C'était violent et j'ai toujours dû intervenir avant qu'il y en ai un qui meure. Maintenant que je suis parmi eux depuis six mois, ils m'ont acceptée en tant que "Guérisseuse qui est bien plus pertinente et pratique que les médecins" donc je suis montée dans leur estime. 

Et à chaque fois qu'il y avait une bagarre, qui était un des deux combattants ? Ou du moins dans la mêlée ? Unaï. 

Il est de plus en plus étrange, et je ne comprends pas pourquoi. Tout ce qu'il fait semble faux, comme un jeu d'acteur, mais malgré toutes mes questions et toutes mes tentatives, il ne se calme pas. Peut-être un jour ou deux après notre discute, mais pas plus. 

C'est vachement énervant. Surtout que Daëgan continue à flirter un peu avec moi, même si ça s'est calmé. 

C'est pour cette raison que je n'ai pas proposé à Unaï de venir avec nous aujourd'hui chez les Elfes aux Cristaux. Pas sur le fait que Daëgan flirte, ça non, mais sur son attitude.

Nous voici donc tous les cinq, moi, Atha, Az, Gad et Daëgan en train de marcher vers l'Ouest. 

Après cette visite, nous retournerons au monastère pour nous reposer le temps d'analyser les informations et de former un plan de voyage pour après repartir vers l'Est cette fois-ci. 

Donc nous avons pris la direction de la Grande Bibliothèque, et nous sommes maintenant dans le domaine des baobabs. 

Le climat ici est sec et chaud, bien que la nuit il fasse froid. Il y a du vent, et il n'y a aucun abri, à part... Des baobabs ! Yey ! 

Il y a un buisson tous les kilomètres, ce qui est vachement énervant quand il fait un peu plus froid, étant donné que ce sont les seuls abris. Heureusement, nous avons à notre disposition un Enfant des Dieux nommé Gad qui a récemment découvert sa capacité à manipuler et faire apparaître de l'eau. 

Aujourd'hui, il fait particulièrement chaud et je remercie intérieurement ma mère qui a toujours dit, je cite, : "Cheride ! Combien de fois ai-je dit que quand il fait chaud, il faut mettre des habits clairs, longs et légers ?! Tu vas devenir un poulet rôti à force !" 

Grâce à Mamia, j'ai chaud, oui, mais pas autant que Daëgan ou Azraël. Ils transpirent tous les deux à grosses gouttes et ont des coups de soleil sur tout le visage. Effectivement, ils ont eu la grande intelligence de mettre des hauts à manches courtes, et des pantalons courts NOIRS. QUELLE EST CETTE INTELLIGENCE ? Moi au moins, j'ai mis un pantalon large vert léger en lin et une tunique beige, avec un tissu fin sur ma tête pour la protéger du soleil, et Athanase a une tenue similaire.

Au bout d'un moment, nous nous arrêtons pour nous rincer la figure, et boire un peu.

«Vous êtes encore en vie plus ou moins ? je lance pour mettre un peu l'ambiance.

— Mpfhrg...» fait Daëgan.

Bon, bah c'est raté pour mettre l'ambiance hein.

Eh, mais d'ailleurs, Daëgan ne devrait-il pas être super résistant au Soleil ? Vu qu'il est littéralement son fils ?

Je fais part de ma pensée aux autres et Azraël répond à la place de Daë : «Disons qu'Apollo est assez mécontent avec lui, et donc qu'il lui focalise beaucoup plus de chaleur dessus.»

Ah.
Écoute, Apollo abuse un peu, mais il faut dire que Daëgan le mérite un peu quand même.

On continue la route, toujours dans ce silence pesant de "Il-fait-chaud-donc-j'économise-mon-énergie" jusqu'à la tombée de la nuit.

On mange les quelques provisions qu'on a, et on essaye, comme à chaque fois, de grimper sur un baobab.
En vain.

Le regard d'Athanase s'illumine.
«Nuit ! Tu contrôles le vent ! Tu pourrais nous–

— Navrée de ruiner tes rêves, mais je ne peux pas vous prendre tous, même pas un par un, et vous élever à cette altitude. De plus il y aura plus de vent là haut, donc on va encore plus se les geler. Vaux mieux se mettre entre les racines, comme d'habitude.

— Ouais, mais moi j'ai mal au dos, à force, se plaint Azraël.

— T'as pas le choix, mon gars. Alors autant la fermer et dormir tant qu'il n'y a pas de vent, pas vrai ? je rouspète.

— Roh là là...» boudent Gad et Azraël.

Je hausse les épaules.
Comme ça ils vont voir comment on vit nous.

Je me couche contre une racine, espérant qu'elle me protège du vent qui arrivera dans quelques heures.

Je m'endors profondément, dans un sommeil que rien ne peut venir troubler.

Enfin, jusqu'à ce que j'estime être quatre heures du matin, où je sens une chaleur corporelle contre la mienne, et aucun vent ni aucun bruit.

Je me retourne, et me retrouve nez à nez avec des yeux mordorés, verts et bleus.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top