53. Encore une perte de contrôle

Le monde tourne tout autour de moi. Je vois tout et rien. Je sens tout et rien. Mon esprit est douloureux. Mon essence gonfle. Mon essence se nourrit. Mes dons s'amplifient, mais mon âme souffre. 

Puis, soudain, rien. Le néant. 

Et un éclair blanc traverse mon cerveau. Un éclair de torture tout aussi physique que psychologique. Comme si des griffes me lacéraient la peau, les os, le cerveau. 

Comme si de l'acide fluorhydrique se versait sur tout mon corps, m'embrasant et m'anéantissant. 

Et, de suite, des images, des scènes de vies qui ne m'appartiennent pas, défilent. 

Jusqu'à ce que ça s'arrête sur un moment en particulier. 

~★~

«Ellunia ! S'il te plaît, calme-toi ! Je t'en supplie, pardon, pardon, pardon ! Ne me tue pas, je te l'adjure !»

Je n'ai que faire des supplications de Jürgen. Il m'a trahie. 

Mais pas seulement moi, non. Aussi Neven, Olwen, Zoa, Angelo et Morrígan. 

Il connaît trop de secrets. Trop d'informations importantes. Et il en a profité. 

Et maintenant, il va le regretter. Parce que je ne laisserai personne en vie, à part Nous. Parce que sinon, le monde court un trop grand danger. 

«Ay... Jürgen... Mi querido... ¿ En serio vas a creer que te vas a salvar ? ¿ Después de todo lo que sabes ? ¿ Todo lo que te he dicho ? ¹» Je ricane. Le sadisme a pris le dessus, et je le laisse volontairement faire.  Ma voix est fluette, douce. Comme une promesse. 

«Por favor, Ellunia. Te he querido ¡en serio! ¡No me dejaron alternativa! ¡Te lo suplico! ¡Déjame vivir!

— Ay, qué mono. Ahora sí que dices que me quieres, ¿eh? No, no. No te voy a dejar vivir. O, por lo menos, vivir bien. ² » La peur défigure ses traits. Il a compris qu'il aurait mieux fallu se taire, parce que maintenant, oui, je vais le laisser en vie. Mais, honnêtement, je me demande ce qui est mieux, entre périr et rester en vie, avec la vengeance qui lui tombera dessus...

~★~

Je cherche l'air, je le trouve, je l'inhale. 

Bons Dieux, qu'est-ce que c'était ce délire ? 

Ma vision s'éclaircit, et je vois Edana penchée au-dessus de moi, un air inquiet sur le visage. «Nuit, tu vas bien ?» 

Et c'est là que je me rends compte de plusieurs choses : 

1- Edana a assisté à une hallucination/une vision bizarre. 

2- Elle m'appelle Nuit. Comme si elle savait qu'elle pouvait m'appeler comme ça depuis toujours. 

« Euh... Comment ça se fait que tu m'appelles Nuit ?

— Intuition. 

— Ah. Bref, oui je vais bien. Maintenant. 

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

— Qu'est-ce que tu as vu ?» 

J'ai pas envie d'avoir cette conversation maintenant. 
Edana doit le comprendre, parce qu'elle se relève et me donne sa main.

Je la saisis et me mets à mon tour sur pieds.

« Bon, je vois que tu n'es pas très encline à parler de ça... Je te laisse le silence aujourd'hui, mais ne crois pas que tu es libérée, Paisajanea.

— J'avais compris... maugrée-je.

— Donc, avant de perdre connaissance, qu'est-ce qu'il s'est passé ?

— Euh...»

Nous passons la prochaine demie-heure à parler de ma perte de contrôle et de comment y remédier.

Débrief : je dois dormir plus, faire plus de relaxation et être calme lorsque j'utilise mes pouvoirs.
Sinon...
Kaboum!

Je n'ai jamais fait attention à mon stress, ni à mon bien-être mental. C'était toujours une question de survie chez moi.
Les émotions, c'est secondaire...

Eh bien, c'est sûrement pour ça que tu as des problèmes à contrôler tes pouvoirs, fait la petite voix dans ma tête.
Je lève les yeux au ciel.

Le cours se termine, nous nous quittons sur une plutôt bonne ambiance.

Finalement, Edana est vachement aimable, sous ses grands airs...

Je ne remarque seulement maintenant l'obs

Et soudain, une sensation de froid, et un truc dur atterrit sur ma joue.

Je me retourne lentement vers la personne qui m'a lancée cette...
Boule de neige.

Mon regard rencontre celui de chocolat moqueur de Unaï.

Je me détends aussitôt, commence à sourire et me baisse pour rassembler la neige en une boule compacte.

Je la lui lance avec toutes mes forces et elle atterrit en faisant un "ploc" satisfaisant sur ses cheveux.

Il répond de sitôt.

Nous nous lançons mutuellement des boules de neiges, les unes plus grandes que les autres.

Jusqu'à ce qu'il franchisse la limite et se jette sur moi.
Je n'ai pas le temps d'esquiver, je me prends son épaule en plein abdomen et nous tombons tous les deux à la renverse.

Je me retourne sur lui par terre, pour que ce soit lui celui qui soit plaqué contre le sol froid et humide, sauf qu'il a lui aussi de la technique et de l'expérience, donc nous nous battons au sol.

La situation termine avec moi en haut, lui en bas.
Nuit : 1, Unaï : 0.

Je ris et l'embrasse.
« J'ai gagné, le nargué-je.

— Oh la ferme, répond-il de mauvaise grâce mais en riant tout de même.

— Mais regardez-moi ça. Unaï est un mauvais perdant.

— Je suis sûr que tu n'es pas mieux que moi.

— Au moins je ne perds pas ! »

Je me relève, sentant le froid me transpercer, et lui tends la main.

Grossière erreur.

Il la prend, tire dessus, et je me retrouve au sol.

« C'est qui qui a perdu maintenant ? me taquine-t-il.

— Certainement pas moi !

— Mais oui ! » rit-il.
Je libère une main, prends de la neige et la lui envoie en pleine figure. Il recule, me laissant le temps de me relever et d'enlever la neige de mes habits. 

Unaï est trop occupé à essayer de se déneiger. 

"Franchement, Uni, quelles sont ces manières ? On ne traite pas une fille ainsi ! rouspétè-je. 

- Ah oui, parce que toi maintenant, tu veux qu'on te masse les orteils, pas vrai ? rétorque-t-il. 

- Qui diable t'a dit que les filles aiment qu'on leur masse les pieds ? ris-je.

- Mais je ne sais pas ! s'exclame-t-il avec un air abattu. 

- T'as de la chance que ce soit toi. Je te pardonne, lui confessè-je en le prenant dans mes bras.

- J'espère bien." murmure-t-il en enfouissant son nez dans mes cheveux. 

Nous restons là, enlacés. Je ne sais pas comment ça arrive, mais le fait est que nos lèvres se trouvent et le câlin devient un baiser doux, profond et passionné. 

Au bout de quelques temps, quand nous ne sommes que éclairés par le rayon de la Lune, nous nous séparons. 

Ou plutôt, je m'écarte, avant que le baiser ne devienne trop passionné et trop sauvage. 

Je ne sais pas pourquoi, mais je m'arrête toujours quand les choses deviennent sérieuses. 

Je n'arrive pas à franchir la barrière. 

Heureusement, Unaï ne force pas, et me laisse mon temps. 

Après tout, il a 18 tdp lui. Il a de l'expérience dans tout ça. 

Je le quitte sur un petit "mwah", un dernier, et lui souris. 

"À demain."

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