51. Un chaton, ou un tigre ?
Arrivées à la Bibryothek Bröse, après une bonne dizaine de minutes de poursuite entre les broussailles, nous nous arrêtons devant la porte.
Que sommes-nous venues faire ici?
Rien.
Enfin, je crois.
Nous nous apprêtons à rentrer quand un bruit dans les champs presque brûlés se fait entendre.
Un bruit de pas.
Je me retourne vivement.
Rien.
Quoique...
Athanase scrute la plaine.
Sourit.
Et s'approche doucement vers une accumulation de hautes herbes encore vivantes.
Elle s'accroupit, fait un petit son avec sa langue et de là, sort une petite bestiole.
Et court se réfugier dans les bras d'Athanase.
Cette dernière hausse un sourcil, mais laisse le petit animal se glisser contre sa poitrine.
La bête est d'une couleur bleu glace, rayée de traits ressemblant à des éclairs, et sa fourrure est longue et soyeuse.
Athanase se relève, avec l'animal dans les bras.
« On dirait un chaton...
— Je dirais plutôt un tigre, remarquè-je.
— Tellement petit ?! s'exclame mon amie.
— Bah, un bébé tigre du coup.
— Quand même, c'est vachement petit...
— Ben... Après, si tu regardes son pelage, qui n'est pas vraiment commun, ça ne m'étonne pas. Il doit être spécial.
— Mais c'est une femelle ou un mâle ? demande Athanase.
— Mâle. » déclare une voix dans notre dos.
Je me crispe au son de cette voix qui fait le même bruit qu'un ongle sur une ardoise.
Je connais les ardoises parce que mon père m'a appris à compter dessus petite.
Bref, là n'est pas la question.
Cette voix désagréable appartient à...
Au Bybhiotek.
Le regard fou, les cheveux en pétard, la tenue vieille et délavée.
Je souris, un sourire tendu.
« Comment vous savez cela ? demande Athanase.
— Ce petit tigre, comme l'a souligné votre amie, arpente ces plaines depuis que vous êtes venues la dernière fois.
C'est le dernier tigre de sa race, ou plutôt, devrai-je dire, le seul et unique tigre de cette race. Il vous cherchait.
Et maintenant que vous l'avez accueilli, il vous sera impossible de vous en défaire jusqu'à ce qu'il le décide.
Bonne chance.» Et le Bybhiotek disparaît.
Eh merde... Encore des embrouilles...
Je dirige mon regard vers l'animal.
Qui m'observe d'un air angélique.
Oh et puis zut ! Il est trop mignon !
Je m'approche et lui laisse la main devant son petit museau, pour qu'il sache me reconnaître après.
Il renifle mon index, le palpe avec son petit nez, me regarde dans les yeux, et commence à lécher ma main d'une langue râpeuse.
Je le laisse me la lécher, puis je passe la paume de ma main sur sa tête.
Ses yeux bleus m'observent, mais m'autorisent à le caresser.
Je laisse ma main se promener sur son pelage soyeux et étonnamment propre, en relevant mon regard vers Athanase.
Elle sourit sincèrement. « Je pense que c'est la première fois que je vois une Nuit tendre... Si seulement on pouvait graver ce moment dans de la pierre...»
Je renifle et lève les yeux au ciel.
Je ne peux que l'admettre, c'est vrai que je ne suis pas souvent super tendre.
Mais avec les animaux, toujours.
Ce sont les plus innocents.
Même s'ils t'attaquent. Soit ils ont faim, soit ils ont peur.
Mais ils ne vont jamais faire une guerre, ils vont jamais détruire leurs alentours pour leur bien.
Peut-être ils vont faire des modifications, mais ils n'ont jamais créer des déforestations.
Évidemment, puisque c'est leur maison, et celle de leur gibier.
Donc, même si je ne suis pas tendre avec les humains, les animaux, eux, méritent cette tendresse.
Je trouve.
« Allez, on retourne au monastère. Avec lui. »
***
« Mais vous êtes folles ?! Mon père va vous torturer quand il découvrira que vous avez un... Un animal ! Et il le tuera ! Athanase, toi tu sais comment ça fonctionne ! »
Azraël nous regarde, horrifié. Daëgan hausse les épaules, imitant sa nonchalance habituelle, même si je vois dans son regard qu'il y a une petite flamme de tendresse.
Gad, lui, est déjà en train de caresser le petit, lui parlant et lui faisant des papouilles.
Athanase se renfrogne.
« Az. Je sais. Mais là, c'est différent ! C'est pas comme avec Astrid !
— C'est qui Astrid ? je demande, perdue.
— Euh... Alors disons que... balbutie Azraël, regardant Athanase, paniqué.
— C'était un chaton noir aux yeux mordorés, que j'avais trouvé dans la poubelle des cuisines. Je l'ai recueilli et l'ai nommé Astrid. Même si, dans mon appartement, je l'interpellais par le même surnom : Srid. Un jour, Amel m'a découvert, parce qu'on m'a dénoncée. Il a tué Srid devant mes yeux. »
Un blanc gênant s'installe.
« Ah... Euh... Merde. Désolée. » Je baragouine, pour dire quelque chose.
Athanase hausse les épaules, mais je vois l'air distant sur son visage.
Une protection.
Pour pas que ça fasse mal.
Je ne demande rien, de peur de remuer le couteau dans la plaie...
« Hum... Donc, vous voulez qu'on l'appelle comment ? je propose, pour relâcher l'ambiance.
— Tu choisis ! s'exclame Athanase.
— Driss, dis-je sans hésiter. Un anagramme de Srid.
— Oh... murmure-t-elle, touchée.
— Ça lui va bien.» remarque Daëgan.
Après quelques dizaines de minutes de débat, nous choisissons que c'est Gad qui va le garder, et que lors de mes entraînements je l'emmènerai avec moi pour voir si ça peut m'aider avec la glace.
Après tout, c'est un tigre de glace, non ?
Nous repartons chacun dans notre coin, avec un Gad enchanté et un Azraël boudeur.
En regagnant ma chambre, une main attrape mon bras, me retourne, me plaque contre la porte et des lèvres rencontrent les miennes.
Je plonge mon regard dans celui de chocolat au lait, et le repousse.
« Hey ! Tu fais quoi là ?! je m'exclame en riant.
— Eh ! Tu m'as repoussé ! répond Unaï sur le même ton.
— Évidemment ! Tu t'attendais à quoi toi ?
— Bah...
— Je rigole !» Et je l'embrasse de retour.
Nous rions en ayant les lèvres collées les unes aux autres.
Sa main part sur ma hanche, pour plus me rapprocher à lui.
Notre baiser s'approfondit, et nous fermons les yeux.
Au bout de quelques minutes, je m'écarte pour reprendre mon souffle.
« Je t'avais manqué, avoue ! dis-je sarcastiquement.
— Je n'ai pas besoin de l'avouer, moi ! rétorque-t-il avec véhémence. Ça devrait être toi qui devrait l'avouer !
— Sauf que tu sais que c'est peine perdue... lui taquinè-je.
— Pff... Bien sûr...» Il lève les yeux au ciel affectueusement.
Je repose ma tête contre son torse. Tous les évènements de la journée disparaissent de ma pensée, je ne fais que profiter de l'instant présent.
Parce que je sais que les choses vont se corser, et pas qu'un peu...
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Hey !
Ici Elena !
Alors, vos idées sur ce qu'il va se passer ? ;)
J'ai hâte de voir comment ça va se dérouler (oui, parce que même moi je ne suis pas sûre à 100% ;p )
Allez, à toute !
Elena ~~
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