5. Aideen

De retour dans ma chambre énorme, la première chose à laquelle je pense, c’est de me laver. Mais mon plaisir d’être enfin seule est coupé par une lettre posée délicatement sur le lit à baldaquins. Je ronchonne et m’avance vers le papier. Il est enroulé et “fermé” par un ruban en satin bleu. Je défais le nœud et regarde ce qui est écrit dessus. Qui que ce soit, cette personne à une très belle calligraphie. “Venez dans l’aile ouest du monastère”. Eh ben, pas très bavard. Comme si j’allais l’écouter. Mais la curiosité l’emportant, j'irai.

D’abord, il faut que je me lave. Je prends un récipient assez grand que je remplis d’eau et je prends un savon. Je me déshabille et mets une espèce de serviette qui a la forme d’un yukata. Heureusement, la couleur du vêtement est autre chose que du blanc. Du lavande. J’adore cette couleur. Je commence avec mon obi, que je frotte beaucoup et il est tout propre. Passons au pantalon noir collé à la peau. Je frotte un peu et toute saleté est enlevée. Passons au yukata. Je change l’eau et plonge mon habit dedans.

L’eau prend tout de suite une teinte couleur terre battue. Mais je ne la change pas et frotte. Quelques secondes plus tard, l’eau est devenue de la boue et je me vois obligée de vider le récipient et de le remplir à nouveau. Puis je replonge le vêtement dans le liquide. Je frotte. Le liquide est devenu visqueux. Je n’appelle plus ça de l’eau. Non. Je répète ce processus plusieurs fois jusqu’à ce que l’eau ne change plus de teinte.
Enfin fini, je le mets à sécher sur le balcon. Les poings sur les hanches, je me demande quoi faire. Puis je me fais couler de l’eau tiède dans le bassin, le bain. De la vapeur d’eau sort de la baignoire. Euuuh, je voulais quelque chose de tiède, pas de brûlant. Tant pis. J’enlève le peignoir (c’était marqué sur une plaque dorée au-dessus de l’endroit où je l’ai pris) et me glisse dans l’eau. Bon dieu, que ça fait du bien! C’est vraiment luxueux ici. Je me presse un peu, applique du “Dushowe gel” (gel pour la douche donc) sur ma peau, me rince et sors de l’eau. J’enlève le bouchon et laisse l’eau couler. Je remets le peignoir et sors de la salle de bain.

Je me dirige ensuite vers le balcon pour aller voir si mon yukata est sec. Malheureusement, il est tout sauf sec. Moi je fais quoi maintenant? Je retourne dans la chambre et reste plantée là, les poings sur les hanches.

Du coin de l'œil, je vois quelque chose qui attire mon attention.

Je me retourne vers le fil qui pend au coin de la pièce. La méfiance et la curiosité livrent bataille dans mon esprit. La curiosité l’emporte et je me dirige, d’un pas prudent vers la ficelle.
Arrivée à sa hauteur, je la regarde. Ma main se lève et empoigne le nœud au bout.

Je tire? Je ne tire pas?  C’est quoi? Une bombe? Je ricane à cette pensée. Une bombe. Bien sûr. Allez je tire. DONG!

Je sursaute. C’est… une cloche? Quoiiiiii? Ça fait quoi là? Une jeune fille arrive en trottinant. Elle doit avoir 14-15 tdp. Elle est habillée avec une tunique beige. En soie.
Ses cheveux noirs sont ramassés en chignon décoiffé. Elle a des yeux noisette assez grands, retroussés. Elle doit mesurer 1m60. Son pas est irrégulier.

Quand la fille arrive à mon niveau elle me demande:      « En quoi puis-je vous aider, mademoiselle?»
Je fronce les sourcils. Elle me parle comme si elle était âgée de 45 tdp ! Ma tête doit être hilarante parce que la fille se mord la lèvre, signe qu’elle réprime un sourire.   « Eh, j’ai 16 tdp, je suis Paisajanea, je vais pas te manger si tu souris. Et pas la peine de me vouvoyer.»  La fille sourit à toutes dents qui sont très blanches et ses canines sont très pointues. C'est quoi ça? Ils ont tous des canines d'animal ! Tout de même, sa peau mate me rassure un peu.
Elle ne doit pas être Kuntaï. Peut-être même qu’elle est Paisajanea. Mon regard se dirige vers ses oreilles et je distingue qu’elles sont normales. Malheureusement.
Elle doit avoir vu que j’ai regardé là parce que son sourire devient triste. Je secoue la tête et balaie ce moment d’un geste de la main. «Et, pour répondre à ta question, je n’ai besoin de rien. La clochette, là, c’était une simple curiosité.» Elle me regarde d’un air dubitatif. Puis me demande:«Vous n’-
              - Tu              
              - Tu n’avais pas un rendez-vous dans l’aile ouest du monastère?»
Je hausse un sourcil. Comment elle sait ça? « Alors, je ne sais pas du tout comment tu le sais, mais disons que je n’irai pas en peignoir.»  Elle fait un rictus et marmonne quelque chose d’inintelligible. Puis elle m’adresse la parole: «Je le sais parce que… Ben je le sais. Tu le sauras bientôt. Quant au fait du peignoir, tu as raison. As-tu regardé les vêtements mis à ta disposition? Il y a des vêtements pour les entraînements.» Ah.
C’est donc un entraînement. Je me dirige vers l’armoire. Un ensemble noir. Parfait. La fille soupire. Je lui lance un “Merci” et avance vers la salle de bain. Je m’arrête et me retourne, elle est toujours là. J’ouvre la bouche, puis la referme. Je la rouvre: «Au fait, tu t’appelles comment?»
Surprise que je lui adresse la parole, elle écarquille les yeux. Elle balbutie: «Euh… je… euh… je m’appelle Aideen.» Flamme. Sa famille devait venir du nord. Islnird. J’ai de la pitié pour elle. Son peuple est mort dans la guerre. C’est triste. «C’est très beau. Ça te va bien.   
-  Merci. V- Tu veux de l’aide pour ta tenue?
- Non, merci. Tu peux partir.» Elle incline légèrement le
buste et reste dans la chambre. Je reste intriguée par cette Aideen. Son nom lui correspond tellement. Dans ses yeux danse une flamme. C’est assez étrange d’ailleurs. Mais bon. Je m’habille rapidement. Le vêtement est très confortable mais je ne suis pas habituée. Et même s' il est très agréable, je n’aime pas. Le haut est une espèce de bandeau, sans bretelles ni rien qui tient par je ne sais quelle merveille. Le bas est une espèce de jupe. En dessous j’ai un pantalon large qui donne l’impression de voler et qui s’arrête à mes genoux. Je sors et Aideen me déshabille du regard, m’analysant des pieds jusqu’à la tête. Elle s'avance, m’ajuste le haut. Lorsque ses mains passent au-dessus de ma poitrine, sans toucher, c’est comme si le bandeau s’affermissait et elle me passe une ceinture bien ajustée. Elle s’éloigne et m’observe en plissant les yeux pour détecter la moindre imperfection. Puis, regardant mes cheveux me frôlant le bas du dos elle secoue la tête et sort une paire de ciseaux. Elle coupe un peu les pointes, puis me fait une queue de cheval bien haute, bien serrée. Aideen recule encore une fois et me dévisage. « Tu es prête, essaye de ne pas mourir.» D’accord, très rassurant. « M-merci…» Sur ce, elle incline le buste et quitte la salle. De plus en plus étrange, cette fille. Je lui dis de partir, elle ne part pas, et quand je ne dis rien, elle part. Étrange...

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