44. Le savoir est un pouvoir précieux
Le lendemain
Je me réveille de bonne humeur, bien que ma nuit aie été troublée par un rêve, ou une vision, qui me donne la migraine.
J'avale je ne sais combien de litres d'eau, et vais me rincer la figure. Je croise mon reflet quand quelque chose me traverse la tête, comme un éclair.
Une lumière m'aveugle, je vois tout blanc, je me prends le crâne entre les mains et serre les dents.
Le visage d'Astrea apparaît, puis le mien. Nous avons les mêmes yeux. Les mêmes longs cheveux, un peu ondulés. La voûte céleste prend la place d'Astrea, de nuit, puis un coucher de soleil.
Et tout ça, en une fraction de seconde.
L'éclair de douleur part, je reviens à la réalité.
Que diable s'est-il passé ?
Je m'habille rapidement, chaudement et vais de ce pas toquer à la porte d'Athanase.
«Atha ! J'ai besoin de toi !»
Des petits pas légers et rapides s'approchent et la porte s'ouvre sur une Athanase habillée en survêtement, une tasse de "café" à la main.
Elle me laisse entrer.
«Salut ! Ça va ?
— Si pour toi avoir une nuit pleine de visions chelous, puis se réveiller avec un mal de tête affreux pour ensuite avoir un aveuglement soudain et des images de ciel et de déesse veut dire que ça va alors, oui, je vais merveilleusement bien.
— Oulà! Moi aussi j'ai eu ces visions merdiques et je me suis réveillée à six tdp, mais j'ai été épargnée de... ce que t'as eu quoi.
— Hier t'as dit à Cosmir que tu savais des trucs, que nous on sait pas, visiblement. Je ne te demande pas de me dire ce que c'est, tu as tes raisons de ne pas nous dire, mais est-ce que ça a à voir avec ce que j'ai eu ce matin ?»
Les mains d'Athanase tremblent tout-à-coup et ses phalanges sont blanches. Elle me regarde, méfiante. Je ne sais pas pourquoi elle se méfie, mais c'est sûrement compliqué.
Après quelques minutes elle me dit : «Ça pourrait, mais je pense plutôt que c'est en rapport avec autre chose... Que je sais aussi et que je suis incapable de te dire...»
Mais elle sait tout ou ça se passe comment ?!
Je l'interroge du regard, elle soupire, puis elle prend la parole : «Je peux te dire quelques petits trucs, mais la majorité est indicible. Ouvre grand tes oreilles, je ne pourrai pas me répéter.
» Je suis née un soir de pleine lune, où l'astre était très près de la Terre et où le soleil n'était pas apparu de la journée. Selon la légende, car oui, il y a eu des rumeurs et des versions de l'histoire qui transforment ma naissance en légende, un rayon de lune a percé les rideaux de la fenêtre de la salle dans laquelle ma mère me mit au monde. Je serais née humaine, mais le rayon de Lune a pâli ma peau et comme le Soleil n'était pas apparu, mes cheveux sont devenus noirs, plus tard.
» La Lune aurait fait de moi la première Immortelle, croient les gens, ce qui est faux, mais on s'en fiche. Le fait est que, à l'âge de cinq T.d.P., je n'étais toujours pas tombée malade et j'allais voir chaque nuit, cette Lune, ronde, blanche, belle. Et je lui parlais. Je lui racontais tous mes malheurs, je lui posais toutes mes questions et elle, en retour, me répondait d'un faisceau de lumière argentée dans les yeux, me laissant obtenir toutes les réponses à mes questions. Jusqu'à mes treize tdp, j'allais la voir, chaque nuit, pour lui parler. Ça me relaxait. Je lui demandais quelque chose, elle me répondait.
» Mais un jour, de la Lune, est apparue une magnifique femme. Sa peau était aussi blanche que de la porcelaine, ses cheveux, une cascade d'argent, des yeux, des diamants et était vêtue d'une robe en soie, de couleur platine. J'ai tout de suite su que c'était elle, que c'était l'Olyma de la Lune, qui était devenue ma meilleure amie. J'ai appris que son nom était Lunia, et que sa soeur jumelle était la Déesse des Étoiles.
— Astrea... murmure-je.
— Oui, Astrea. Lunia m'a raconté tout. L'enlèvement de ton nom, ton aspect, que tu espionnais les Kuntaï et d'autres choses. Mais elle m'a aussi mis en garde, et m'a fait jurer de nombreuses promesses. Je ne devais parler de ces réponses à personne, je devais protéger mon esprit et, surtout, je devais me tenir éloignée de toi. Mais quand t'es arrivée, il y a trois ou quatre semaines, j'ai su que son avertissement était en réalité, un encouragement à m'approcher de toi. Tu avais un visage qui m'était tellement familier et, pourtant, je ne t'avais jamais vue... J'ai appris que ton nom était ce qui comptait presque le plus pour toi : tu voulais le trouver, absolument !
» J'avais quelques indices, mais je me trouvais incapable de prononcer quoi que ce soit. Je te connaissais à peine et, pourtant, je savais beaucoup plus de choses sur toi, que toi-même. Au début, j'avais eu ce stupide préjugé de croire que, étant donné que tu n'avais pas de nom, tu n'avais pas de personne, tu étais tout et rien. Je m'étais trompée. Je me suis rendue compte, que, ce n'est pas le fait d'avoir un nom, de le connaître, qui te donne une personnalité. C'est le fait de savoir que t'en as un, que tu veux le connaître et que tu veux le comprendre.»
Elle se tait, et je sens ma tête bourdonner.
Elle sait beaucoup de choses, mais elle n'a pas répondu à ma question.
C'est en rapport avec quoi ?
Je devrais être capable de relier les points ! Je devrais pouvoir comprendre ! Mais alors, pourquoi ai-je l'impression qu'il me manque quelque chose ? Pourquoi m'a-t-elle parlé d'Astrea et de Lunia ? D'accord, j'ai vu Astrea dans ma vision, mais je pense plutôt que c'est autre chose.
Mais quoi ?! Pourquoi ça me fait tellement mal à la tête, de penser à ça ?
Athanase pose sur moi un regard tendre et désolé. «Tu trouveras, ne t'en fais pas. Tu as juste besoin de... passer le cap.
— Quel cap ?! Qu'est-ce que je dois faire pour trouver mon prénom, bordel !?
— Peut-être que tu dois rechercher le début de tout cela, non ?
— De tout quoi?!
— Pourquoi es-tu là, dans ma chambre, à la recherche de réponses ?
— Parce que j'ai eu un labourement du cerveau, voilà pourquoi !
— Et comment cela se fait-il que tu sois ici ?
— J'ai déjà répondu à ça, fais-je sans comprendre où elle veut en venir.
— Non, Je veux dire, pourquoi es-tu là ?
— Parce que j'ai revu une dame dans ma tête et un décor de nuit !
— Et pourquoi ?
— Parce que... j'ai de visions bizarres ?
— Ont-elles un rapport avec ça tes visions ?
— Non.
— Donc ce n'est pas ça. De quoi ai-je parlé à la fin ?
— De que tu pensais que j'étais une poufiasse sans nom et donc sans personnalité.
— Donc c'est en rapport avec quoi ?
— Avec... mon nom ?
— Peut-être, je ne sais pas... Mais dis-moi, pourquoi es-tu ici, dans ma chambre, ou, plutôt, comment as-tu réussi à pénétrer le monastère ?
— On m'a enlevée, espèce de patate.
— Pourquoi t'a-t-on enlevée ?
— Parce que j'allais vous espionner ?
— Et pourquoi t'es-tu fait prendre ?
— Parce que Daëgan m'a vue, je lâche, sans penser.
— Donc, quel est le commencement de tout ça ? Pourquoi, tout-à-coup, tu cherches ton nom ? Pourquoi tu as ces visions ? Pourquoi es-tu ici ?
— Je suis arrivée. C'est ça le commencement, dis-je. Je cherche mon nom parce qu'en arrivant ici, je pouvais enfin le chercher, ici, ça m'importait. J'ai ces visions depuis que je vous ait tous rencontrés et que j'ai commencé à être amie avec vous tous, sauf...»
Le déclic.
Le début de tout, c'est Daëgan. C'est LUI, qui m'a dénoncée, c'est LUI qui m'a enlevée, c'est avec LUI que je ne m'entends pas bien, c'est à cause de LUI que je suis ici.
Ou bien devrai-je dire, c'est grâce à lui ?
Passer le cap, c'est résoudre quelque chose qui est en rapport avec Daëgan.
Mais, la question c'est, quoi ?
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