43. Un amour... ou un plan ?
Après avoir parlé et rigolé sur les visions, je quitte mes amis pour aller rejoindre Unaï.
Rien que d'y penser, mon cœur s'accélère.
Je déteste cette sensation, mais que puis-je y faire ?
Rien.
Alors, autant accepter que je ressens quelque chose, non ?
J'arrive dans les jardins, où Unaï est assis sur un banc en marbre blanc, regardant la Fontaine du Feu. Je me précipite et m'assoie à ses côtés.
Il passe sa main autour de ma taille et pose sa tête sur mon épaule.
« Coucou toi.
— Salut. »
Je laisse le silence régner, une absence de bruit agréable et paisible. J'enlace ses épaules et repose ma tête à moi sur la sienne.
Il lève ses yeux chocolat en souriant et me dit : « Donc, que voulais-tu m'expliquer, toute à l'heure ?»
Je me détache et réfléchis.
Je dois lui parler de mes visions ? Je ne sais pas.
Je l'apprécie énormément, mais j'ai cet instinct qui m'indique que ce n'est peut-être pas la meilleure des idées.
Je décide d'omettre ça pour l'instant, on peut toujours en reparler un autre jour.
Je lui explique donc ce qu'il s'est passé, pourquoi il y avait tellement de sang.
«J'avais senti une ombre passer, on était tous réunis, et Athanase s'est fait décortiquer le cerveau pour des infos que je ne connais pas, donc on a regardé et bah, surprise, y'avait six dieux. Cosmir, celui du Chaos, avait organisé tout ça.
Ça s'est transformé en bataille mais le pire c'est quand Atha s'est transformée en immortelle. Genre, une arme faite pour tuer.
Elle a affronté le Dieu du Chaos et s'en est sortie indemne. La mare de sang, c'était Cosmir. »
Il m'a écoutée jusqu'au bout, sans montrer aucune réaction.
Puis, il lâche : « Eh bien, pauvre Athanase. Même si elle m'aime pas et que c'est réciproque, je la plains. »
Je lui envoie un coup de coude dans les côtes affectueux à la mention de leur différend.
Il rit, et je ne tarde pas à le rejoindre.
Après notre fou rire, il me regarde droit dans les yeux, avec cette intensité qui me tord l'estomac.
Je soutiens son regard, comme l'effrontée que je suis et souris.
Il me rend le sourire et son visage se rapproche de plus en plus.
Je rougis, même si ma couleur bronzée le cache.
Et heureusement.
Ses lèvres s'arrêtent à quelques centimètres des miennes et il continue à me regarder, comme pour me poser une question silencieuse.
N'en pouvant plus, je ferme l'espace entre nous et pose ma bouche sur la sienne.
Juste un contact des lèvres.
Juste un petit "mwah".
Et pourtant, mon cœur s'affole.
Je me sépare de lui, un peu gênée.
Toi ? Gênée ? Que s'est-il passé avec celle qui n'arrête pas de rire de tout ? Réveille-toi un peu, non ?
Comme toujours, ma voix intérieure vient détruire la poésie du moment.
J'ai l'habitude, maintenant.
Que ma voix intérieure détruise les jolis moments, pas de... Ça.
Même si mon cœur s'est affolé, même si j'ai eu envie de ça, même si j'ai aimé ça, je ne peux m'empêcher de sentir un frisson de peur.
C'est un Kuntaï tout de même.
Et si tout ceci était fait pour gagner ma confiance ? Et tirer des informations de ma part ?
Et quelle est cette réputation qu'il a, Uni ?
***
Après avoir passé encore du temps avec Uni, nous allons courir ensemble.
On s'est figé un objectif : faire dix kilomètres en le moins de temps possible.
Moi, pour l'instant, je le fais en 53 minutes. J'en suis plutôt fière, même si je veux essayer de les faire en 45 minutes.
Unaï, lui, les fait en 49 minutes, mais il a le même objectif que moi.
Je suis plutôt compétitive, même si je garde ma compétition en moi, donc je veux y arriver avant Unaï.
Nous partons quand la Grande Horloge change de minute.
50 minutes plus tard, je franchis la ligne de départ et d'arrivée.
Nouveau temps : 50 minutes.
Unaï est arrivé une minute, quelques secondes même, avant moi. J'arrive, épuisée et époumonée, mais en souriant d'une manière !
Uni, me voyant arriver juste après lui, sourit et me félicite en me mouillant avec l'eau de la Fontaine.
Je ris, et j'aurais sautillé si je n'avais pas eu tellement mal aux jambes.
Je me sépare de lui, pars dans ma chambre et me douche.
Je suis sous l'eau quand une nouvelle vision vient me perforer le crâne.
~★~
Neven me regarde.
Mais ce n'est pas lui que je vois dans ces yeux de glace.
Ce n'est pas le garçon sans cœur qui se croit le meilleur.
Non.
Je vois un enfant abandonné, battu et solitaire qui a grandi et qui a peur.
C'est à ce moment que je me rends compte que j'ai toujours regardé ce qu'une personne montre, et non ce qu'elle est vraiment.
~★~
Je distingue mes alentours avec malaise.
Mes mains se sont ouvertes, comme si quelque chose allait en sortir.
Je suis recroquevillée par terre.
L'eau continue à couler et le bain est sur le point de déborder.
Je me précipite pour éteindre l'eau.
Pourtant, la vision était relativement courte.
Pour une fois.
Je commence à croire qu'elles veulent me dire quelque chose.
Soudain, une idée me percute.
Et si la personne que je suis dans les visions en avait aussi, mais de moi ?
Je secoue la tête, chassant ces idées.
Il faut que j'aille voir Athanase.
Maintenant.
Je sors du bain, en m'ayant lavée, quand même, et m'habille.
Aujourd'hui, je mets autre chose que du noir.
Un "jean" gris et un haut bleu marine. Je mets un gilet noir et des mitaines.
Je suis frileuse des mains, oui.
Je sors dans le couloir, décidée à aller parler avec Athanase.
Si quelqu'un sait quelque chose, ce sera bien Atha.
Je toque à sa porte et j'entends un "Attends !"
C'est donc ce que je fais, mais en attendant, j'écoute des bruits... un peu... suspicieux...
Athanase ouvre la porte, en robe de chambre, et je vois Gad en pantalon court, sur le lit, les cheveux en bataille et les joues rosies.
Bon dieu, ces deux-là...
«Passe.» dit-elle.
Je pénètre dans la pièce, puis je m'assois dans son canapé. «Désolée de vous avoir interrompus, tous les deux... Mais j'ai besoin de vous parler.
— Oh, t'inquiète... répond Atha en jetant un regard moqueur à Gad. De quoi tu voulais parler ?
— Ces visions, là. J'en ai de plus en plus. Et je ne sais pas ce que c'est. »
Athanase ouvre et ferme la bouche. Elle fronce les sourcils, se tourne. «Ok... Alors... Comment te dire...
Bah, en gros, nous aussi on en a eu une, là tout de suite.
Et... Euh... Bah voilà en gros... Tiens, le soleil est en train de se coucher. Tu devrais aller dîner, dormir et demain on en reparle, d'accord ? Allez, à toute. »,
Hein ?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top