37. Histoire de famille

«Hola amor. »
Je souris à mon père et me jette dans ses bras.

Il me réceptionne et me rend l'étreinte.
Puis il se sépare de moi et me regarde d'un air admiratif. «Diu ! Tue grande hija ! Feliz anniversar !!

— Tue recuordi de mon anniv ! Mergra ! » Mon père est stupéfait par ma taille, mais il me souhaite quand même joyeux anniversaire.
Mergra signifie merci, en Paisajanea.

Puis, Papio m'invite à rentrer et là un problème se pose.
Inaki doit être avec moi.

«Euh... Papio ? fais-je en langue commune.

— Si ? me répond-il en langue du paisaje.

— Inaki ici présent doit être avec moi.
C'est la condition pour que je puisse aller te voir. Mais ne t'inquiète pas, il est pas méchant ! je me précipite d'ajouter en voyant le visage de mon père virer au vert. Il m'entraîne ! Je pourrai tous nous venger !

— Et qu'est-ce qui me dit qu'il va pas aller dans ma tête et me faire faire tout ce qu'il veut ? C'est un Kuntaï après tout.

— Techniquement, intervient Inaki, je suis un Olyma. Un Dieu. Le Dieu du Feu. Avec Edana.
L'incendie qui a provoqué la guerre ?
C'était ma naissance.»

Mon géniteur regarde avec mépris le Dieu.
Il marmonne quelques insultes en Paisajanea, mais il laisse passer Inaki, qui, poliment, le remercie.
En passant à mes côtés, il me chuchote en Mothsprache : «Le mépris c'est génétique, non ?»

En réponse, je le fusille du regard et pénètre dans la cabane.

Avant on avait une tente, mais le jour de mon enlèvement on était en train de construire une hutte.

Et maintenant elle est terminée.
Je voudrais pas dire, mais elle est magnifique.
Simple mais magnifique.
Sur tous les murs, il y a des dessins de plantes médicinales faits par ma mère.
La cabane est en bois, ça sent le bois, c'est trop bien.

Il y a des fleurs séchées partout. Des plantes partout.

Mon père appelle Mamia, qui arrive en trombe avec un pot dans les mains, faisant un onguent. En me voyant, elle sursaute et laisse tomber le récipient. Inaki se précipite pour le rattraper, à la grande surprise de mon père.

Mais Mamia n'en a que faire. Elle balbutie des bribes puis se balance sur moi avec l'énergie de la joie et du soulagement.
Je l'ai vu il y a quelques jours, quand même.

«Cheride ! Hija mía! Feliz anniversar!»

Je lui rends l'étreinte et la remercie.
Avant, je trouvais que ma mère était trop surprotectrice et toujours dans l'exagération.
Maintenant j'en profite.

Un détail me frappe.
Elle est très maigre.
Et petite.

Je la dépasse d'une tête. Et je dépasse mon père de quelques millimètres.

Je suis tellement grande ?
Je faisais 1 mètre 50 en partant, ma mère en fait 1,53 et mon père 1,60.

Je dois faire un mètre soixante-et-un.

Inaki nous dépasse tous de au moins vingt centimètres.

« Mamia... Je vous ai rapporté de la viande... Et d'autres trucs... Pour la saison...»

Ma mère se sépare de moi à toute vitesse et me regarde, à moitié agacée. «Hija. On survit très bien avec nos racines et les quelques poissons. Tu n'as pas besoin de nous donner à manger. Ça devrait être l'inverse.

— Oui, je sais. Mais...

— Pas de mais. On a pas besoin des Kuntaï pour vivre ! crie mon père.

— Si je me permets d'intervenir, déclare Inaki, vous mourrez sous leurs lames.
Vous naissez sous leur menace.
Vous vivez dans la crainte qu'ils vous attaquent.
Les Kuntaï sont ceux qui vous manipulent, vous vivez encore parce que le Shaolin veut s'amuser.
Et votre fille n'est pas Kuntaï.
C'est votre enfant. Qui, pour une fois, veut prendre des risques pour vous. Alors acceptez la nourriture ! »

Il a raison, on vit encore par je ne sais quel miracle. Parce qu'avec tous les Kuntaï, on serait réduis en cendres.
Mais je connais mes parents.
Ils sont pauvres, mais fiers. Ils vont pas accepter.
À part si je donne les bonnes raisons.

«Monsieur, je ne sais pas qui vous êtes, mais ne venez pas ici avec vos grands airs de Kuntaï.
On a survécu.
On survivra, on en a pas besoin.

— Mamia. Le meilleur cadeau d'anniversaire que tu puisses me faire, à cet instant précis, c'est de prendre la nourriture.
Je mettrai de la glace autour, pour conserver ! Il n'y a pas de poison, ça fait onze jours que je me nourris de cela. Donc s'il te plaît. Accepte. Pour moi.

— Je ne peux pas, chérie. Je refuse de dépendre d'eux.

— Mais tu le fais en respirant ! je m'exclame, exaspérée. Amel pourrait tous vous exterminer en l'histoire de deux jours ! S'il te plaît !

— Tu vas redescendre d'un ton, Hija. Et puis, comment tu sais tout ça ?

— Ne fais pas l'idiote, maman. Tu es tout sauf bête ! Ça fait plus une semaine que je vis sous le toit de mes ennemis, entre des murs blancs et dorés. Je déteste ça, mais je n'ai pas le choix ! Et regarde-moi, je t'ai dépassée en taille ! Je suis plus résistante ! Ou au moins donne ça à une famille qui n'a même pas de racines ! S'il te plaît !

— Chérie. Je sais que tu veux aider, mais si on donne ça aux autres, ils vont se demander d'où ça vient, nous renier et on sera perdus.

— Alors laisse-moi expliquer au Cultivé !

— Tu penses que tu peux le convaincre ? intervient mon père avec une voix emplie d'ironie.

— J'y arriverai.

— Tu peux toujours essayer. »

Sur ces mots, je leur laisse la viande, entoure les provisions de glace et pars vers le Chef.

Mais... Et Inaki ? Me diriez-vous. Il vient avec moi. Le Cultivé a sûrement déjà vu ou parlé avec lui donc je m'en fous.

Je traverse le camp, ignorant les cris étouffés de surprise, les regards désapprobateurs, les crachats, les moqueries.
J'ai l'habitude.
Rien ne changera jamais.

J'arrive à la hutte du cultivé et toque bruyamment à la porte.

Quelques secondes plus tard, j'entends des insultes et des pas s'approchant.

La battant s'ouvre à la volée et Emnylk se prépare à s'époummoner.
Mais en me voyant, le sang déserte son visage.

Il écarquille les yeux et déglutit.
« Amaury-Kadir Emnylk. Le plus Cultivé en personne. Aurais-tu l'obligeance de me laisser entrer, j'ai des choses à te dire.»

Je rentre sans lui demander son avis, suivie d'Inaki.

Emnylk est stupéfait, comme le reste de la population, mais il n'a pas le choix.
Il ferme la porte et me demande : « Que veux-tu, Monstrue ?

— Aujourd'hui, j'ai offert à mes parents des kilos de viande, que j'ai congelés. Le problème est qu'il ne veulent pas accepter des nourritures des Kuntaï. Ils ont donc l'option de donner à manger aux familles les plus défavorisées, mais te connaissant, tu les rejetteras.
Je suis donc ici pour te proposer un marché.
Que diraient tous tes amis en sachant que tu vas dans des bars Kuntaï, que tu vis la belle vie tandis qu'eux se battent chaque jour pour survivre ?
Tu laisses mes parents donner la viande aux défavorisées, ton secret est bien gardé et tu peux continuer à bien vivre.
Assez juste, non ? »

A-K est empli de rage, ça se voit à ses phalanges blanchies et à sa respiration saccadée.

Il n'aime pas être en danger.
Et je le sais.
Il est sur-orgueilleux et j'en profite.

Quelques uns appelleraient ça de la manipulation.

Moi j'appelle ça de la ruse.

« Décide-toi, le presse Inaki. Et vite. »

La mâchoire crispée, il me juge du regard.
De haut en bas.

« C'est d'accord. Mais tu vas me le payer cher...

— J'ai déjà tout perdu, AKEM (N.d.A : à prononcer Akaemme). Tu ne peux plus rien m'enlever. »

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