1. An 3016

Aujourd'hui, j'ai 16 ans et je me décide à aller espionner les Kuntaï pour la première fois depuis 5 ans. J'en avais marre d'aller juste voir les lavandes pour faire comme à mon habitude.

Je n'ai toujours pas de nom ! Et c'est pour ça que je vais à nouveau voir les Kuntaï, pour voir si ça peut m'aider.

Me voici donc sortie de mon camp. Je regarde aux alentours. Personne. Je remets mon capuchon. Je maudis mes cheveux qui, selon ma mère, sont tellement noirs, qu'on croirait que je me suis mis un onguent dessus. Super.
Je m'approche. Le stress et l'angoisse montent en moi.

Et si je le revois ? Me dénoncera-t 'il ? Ou bien l'a-t-il déjà fait ? Je n'en ai aucune idée.

Je traverse une petite forêt de pins. De l'autre côté, le sol est brûlé. Il n'y a pas de trace d'herbe. Un cercle de chênes et d'érables contourne le monastère. Maintenant que je suis entrée dans le bosquet, j'entends de plus en plus clairement les souffles, les cris, les chocs.

Je fais un pas et l'air devient tout-à-coup très lourd. J'ai du mal à respirer. Je brise l'atmosphère d'un coup de vent.
J'entends une respiration.
Et un craquement.

Je me baisse juste à temps en pivotant vers le bruit. Je vois un bout de bois qui passe juste au-dessus de moi à une vitesse époustouflante. La personne qui maîtrise cette arme continue à essayer de m'atteindre. J'esquive, saute, tombe, roule à terre pour ne pas me faire toucher. Et là, je sens un esprit. Un esprit protégé. Un autre bâton me frôle. Mais c'est pas possible ! Ce sont des Sunfaï ! Mon dieu ! C'est épuisant. Je n'en peux plus. J'ordonne au vent de me soulever et je vole vers le premier attaquant. Lorsque je pose un pied à terre, et envoie un coup de pied magistral qui, je dois l'avouer, me surprend moi même, en direction du Sunfaï, j'entends mon adversaire dire : « Aïe ! Arrête ! Tu entends ?! Ar... aïe ! Tu m'as pété le nez ! Stop ! Stop ! STOP ! » Je me calme et le sors de la pénombre. Je ravale un cri. C-c-c'est le garçon ! Les cheveux dorés coupés au couteau, un masque impassible, des yeux pénétrants, très grand, épaules larges, c'est lui! L'ancien apprenti Sunfaï ! Je suis dans la digestion achevée du geai, là!
L'autre assaillant sort : « Oula ! Daë ! Elle t'as pas raté ! »
Il fait flipper! Il a des longs cheveux gris-bleus avec deux mèches courtes devant, puis quelques mèches qui arrivent jusqu'aux épaules et le reste descend aux omoplates. Malgré tout, il a un air amical et enfantin. Ça doit être dû au fait qu' il m'observe avec des yeux de poisson cuit. « Et toi, comment t'as fait ? Enfin, je veux dire, comment tu maîtrises de tels pouvoirs ?! T'es même pas Sunfaï ! » Le dénommé Daë rigole en s'étouffant presque dans son sang. Son ami le tape dans le dos pour l'aider et continue : « T'as vu ? Elle a tout dans le sang, c'est elle. Agile, gracieuse, dangereuse, pourvue de pouvoirs qu'elle maîtrise...
- Tu te rends compte que tu parles tout seul? On dirait que t'aimes écouter ta propre voix hein. » Je viens à peine de prononcer ces mots que je me rends compte de mon erreur. Quelle idiote ! J'aurais dû profiter de ce moment de distraction pour m'enfuir ! Mais non, je suis trop stupide.
Les deux me regardent avec un air ahuri. Ils échangent un regard et me posent : « Tu parles la langue commune ?
- Euh... Ouais, pourquoi ?
- Je... je sais pas, c'est pas normal que les Paisajaneas puissent parler si aisément cette langue.
- Eh bien quand t'es la fille du so-. » Et encore une fois, j'en dis trop. C'est quand même dingue ça ! Le garçon qui fait peur me dit: « Tu ne m'as pas répondu. C'est quoi ton nom ? » Cette fois je sursaute et m'apprête à répondre quand Daë le fait à ma place : « Mais on lui a volé, idiot ! Tu as toi-même dit que c'est elle ! Et elle, c'est cette fille dont je t'ai parlé qui nous espionnait sans rien dire ni rien ! Tu t'en souviens pas ?
- Euh... Non.
- Imbécile. » C'était drôle de les voir se chamailler.

Mais pas le temps de faire mumuse, les Kuntaï approchent. Je sens que l'atmosphère devient plus pénible. Je prends un de ces bouts de bois et disparais dans les feuilles juste au moment où les guerriers débarquent dans la clairière.

Ils conversent avec les deux garçons dans une langue que je n'arrive pas à reconnaître, même si elle me semble familière. Mais j'arrive quand même à entendre le nom des deux Sunfaï. Azraël et Daëgan. Ce dernier montre l'arbre dans lequel j'ai disparu et, en comprenant tout de suite, je saute vers un arbre tout proche. J'entends le Kuntaï sauter vers l'arbre et me chercher. Je saute vers un autre arbre, mais fais bouger les feuillages et donc je lui indique ma position. Super. Franchement, bravo ! C'est pas possible d'être tellement maladroite. Papio serait très déçu. Et maintenant un deuxième apparaît devant moi. Il s'approche très gracieusement. Je regarde un millième de secondes sous moi. Ok, laisse tomber pour sauter en bas. Une dernière chance me reste : en haut.

Allez, je tente. Je me concentre et me sens m'élever dans les airs. J'ouvre les yeux et regarde les Kuntaï me regarder, affolés. Je regarde mes bras. Ils sont entourés d'une fine couche de givre. Une énorme bourrasque arrive et risque d'arracher les arbres. Le paysage, mordoré et orange auparavant, est maintenant mort et froid.

Et il neige.
Mais je n'ai même pas froid !

Je sens une puissance contrer la mienne. Azraël est dans le ciel, lui aussi et il a des ailes noires et ses cheveux, gris-bleus avant, sont de la même couleur que ses ailes. Ses yeux aussi. Je suis en train de mourir là. C'est pas possible. Il avance vers moi à une vitesse fulgurante. Je l'arrête dans un élan de glace. Il reçoit un pic dans l'abdomen. QUOI ?!

Ça ne le transperce pas !

C'est pas que je veux ça, mais moi je serais morte sur le coup. Ses yeux noirs me fixent. Je ne le regarde pas et forme une barrière de tout et n'importe quoi pour ne pas qu'elle vole en éclats.

Je continue à voler. Il fonce vers moi. Je l'esquive de justesse et lui envoie une pluie de lames tranchantes.

Un Kuntaï arrive derrière moi et me prend en m'immobilisant, mais me lâche tout de suite. Je me retourne. Son bras avait pris une couleur glace. Azraël arrive d'un côté et je l'arrête de ma propre main. Son corps se gèle. Je vois dans ses yeux tellement d'émotions!

De l'incompréhension, de l'inquiétude... Mon observation est interrompue par quelque chose qui réchauffe l'air.

Une magnifique femme ainsi que la même personne, mais en homme, se tenir la main et me regarder.

Les Dieux du Feu. J'en suis sûre.
Mais pas seulement.

Devant eux est posté Daëgan. Il est resplendissant. Ses bras sont ouverts vers le ciel et sa tête est basculée en arrière.

Le soleil apparaît et fait fondre la glace. Je commence à avoir très chaud. Soudain, il est à quelques centimètres de moi.

La dernière chose que j'aperçois avant de tomber dans le néant, c'est lui, ses cheveux d'or, ses yeux bleu-vert-mordoré, me prenant par la taille pour éviter une chute mortelle en marmonnant : « Je suis un monstre.»

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