Chapitre 9

Les semaines passèrent, et Sarah s'efforça de masquer le vide qui pesait sur son cœur. Voir Marie terrorisée par sa simple présence lui procurait un étrange sentiment de satisfaction, mais cela n'effaçait pas la douleur plus profonde. Le collier brisé lui manquait terriblement. Sans lui, elle avait l'impression qu'une partie d'elle-même s'était éteinte. L'absence de cette flamme dans son regard ne passait pas inaperçue.

Ernest, en particulier, avait remarqué ce changement. Les fragments du collier, qu'il avait ramassés ce jour-là, reposaient toujours dans un tiroir de sa chambre. Parfois, il les observait en silence, songeant à ce qu'ils représentaient pour Sarah. Il savait qu'il devait faire quelque chose.

Un matin, il quitta la maison en secret, emportant les fragments du collier dans une petite boîte. Il avait entendu parler d'une bijoutière talentueuse dans le village voisin, une femme réputée pour son habileté à redonner vie à des objets précieux.

La clochette tinta lorsqu'il poussa la porte de la petite boutique. L'odeur du métal poli et de la cire l'accueillit. Derrière le comptoir, une femme âgée portant des lunettes rondes le salua d'un sourire curieux.

Bijoutière : Bonjour, jeune homme. Que puis-je pour vous ?

Ernest sortit la boîte et la posa délicatement sur le comptoir.

Bijoutière : Voyons voir...

Elle ouvrit la boîte et observa les fragments du collier avec une attention minutieuse.

Bijoutière : Oh... Ce bijou a été sérieusement abîmé. Comment cela est-il arrivé ?

Ernest hésita, cherchant les bons mots.

Ernest : C'est... compliqué. Il s'est cassé pendant un moment difficile pour quelqu'un.

La bijoutière releva les yeux, intriguée.

Bijoutière : Je vois. Et cette personne... elle y tient beaucoup, n'est-ce pas ?

Ernest hocha la tête.

Ernest : Oui. Ce collier est très important pour elle.

La bijoutière esquissa un sourire amusé.

Bijoutière : Vous faites beaucoup pour votre petite copine.

Ernest, surpris, sentit ses joues s'empourprer.

Ernest : Ce n'est pas ma copine ! On n'est pas en couple !

La bijoutière éclata d'un rire léger.

Bijoutière : Oh, pardon, je ne voulais pas vous embarrasser. Mais c'est touchant de voir à quel point vous vous souciez d'elle.

Ernest, un peu gêné, détourna le regard mais ne répondit pas. La bijoutière, toujours souriante, reprit.

Bijoutière : Très bien, je vais voir ce que je peux faire. Ce ne sera pas facile, mais je devrais pouvoir le réparer. Revenez dans une semaine, et je vous dirai si c'est possible.

Ernest la remercia chaleureusement avant de quitter la boutique. Sur le chemin du retour, il imaginait déjà le visage de Sarah lorsqu'elle découvrirait le collier réparé. De retour chez Papilou et Mamili, il trouva Sarah et Muguette assises dans le jardin. Elles riaient ensemble, et cela lui fit chaud au cœur. Il se dit que, même si le collier ne résoudrait pas tout, c'était une étape importante pour lui montrer qu'elle n'était pas seule.

Le 8 mai arriva, apportant avec lui une douceur printanière qui emplissait l'air d'un parfum de fleurs et de promesses. La maison de Papilou et Mamili baignait dans la lumière dorée du soleil, et une agitation inhabituelle régnait.

Sarah, cependant, n'était pas particulièrement enthousiaste à l'idée de fêter son anniversaire. Depuis que son collier avait été brisé, elle avait le sentiment qu'une partie d'elle lui manquait. Même les rires et l'attention bienveillante de Muguette ne parvenaient pas à combler ce vide.

Ce matin-là, elle descendit les escaliers, traînant les pieds, les cheveux en bataille, et les yeux encore lourds de sommeil.

Mamili l'attendait dans la cuisine, un sourire radieux illuminant son visage.

Mamili : Joyeux anniversaire, ma chérie !

Elle tendit les bras pour enlacer Sarah, mais la jeune fille se contenta d'un sourire timide.

Sarah : Merci, Mamili...

Papilou, plongé dans son journal, baissa ses lunettes et la regarda par-dessus.

Papilou : Eh bien, 13 ans, ce n'est pas rien ! Une année de plus, une année plus sage, hein ?

Sarah haussait les épaules, esquissant un sourire discret. Elle n'avait vraiment pas envie de célébrer quoi que ce soit aujourd'hui. Cependant, à mesure que la journée avançait, quelque chose changea. Ernest semblait particulièrement mystérieux, disparaissant à intervalles réguliers et échangeant des regards complices avec Mamili. Muguette, de son côté, semblait dans la confidence.

L'après-midi, alors qu'elle était assise dans le jardin, Sarah portait une robe simple mais élégante que Mamili lui avait offerte. Elle était blanche, avec une jupe rouge pourpre. Ses cheveux étaient lâchés, et elle avait enfilé des ballerines. Muguette s'approcha en courant, un sourire éclatant illuminant son visage.

Muguette : Allez, viens !

Sarah la regarda, perplexe.

Sarah : Quoi ? Pourquoi ?

Muguette : Pas de questions. Suis-moi, c'est ton anniversaire, non ?

Avec un soupir, Sarah se leva et suivit son amie, sentant que quelque chose se préparait. Elles traversèrent la maison, et Sarah fut surprise de découvrir Ernest et Colette dans le salon. La petite fille sauta sur Sarah comme à son habitude, et Muguette l'emmena ensuite hors de la maison, vers un terrain vague où se trouvaient Fernand et Jean.

Jean/Fernand : Joyeux anniversaire !

Sarah sursauta, ne s'attendant pas à les voir ici.

Sarah : Qu'est-ce que vous faites là ?

Jean : On est venus t'offrir tes cadeaux !

Sarah : Oh, vous n'aviez vraiment pas à faire ça !

Fernand : Tiens, c'est pour toi !

Tout le monde lui tendit un paquet, à l'exception d'Ernest, qui semblait attendre un moment plus propice. Jean le dévisagea, intrigué.

Jean : Qu'est-ce que tu attends ?!

Ernest : Je lui donnerai plus tard, il faut que j'aille le récupérer d'abord !

Muguette haussait les épaules, son sourire amusé aux lèvres. Sarah s'assit sur le sol et commença à ouvrir ses cadeaux, un mélange d'émotions et de surprises se lisant sur son visage.

Elle reçut :

Un exemplaire de Les Misérables (Jean)

Un carnet de composition (Fernand)

Un joli journal intime (Muguette)

Plusieurs bracelets et chouchous (Colette)

Sarah : Oh, merci, c'est vraiment adorable ! Vous êtes tous géniaux...

Jean : Attends, il y a encore une surprise !

Muguette : Que dirais-tu de...

Ernest : De rejoindre officiellement "Les Robinsons" ?!

Sarah : Les quoi ??!

Fernand : Il fallait être plus clair ! Que dirais-tu de rejoindre notre bande, de manière officielle, je veux dire !

Colette : On a même une grosse cabane ! Mais attention, c'est un secret !

Sarah : Ce serait idiot de refuser !

Ernest : Bienvenue chez "Les Robinsons"

Ernest prit Sarah par le bras, et commença à courir, emmenant Sarah avec lui. Les autres les suivirent...

Sarah : Où est ce qu'on va ??!

Colette : À la cabane !

Ernest prit Sarah par le bras, et, sans un mot de plus, commença à courir, emmenant Sarah dans son sillage. Elle hésita un instant avant de se laisser entraîner, ses pas rattrapant les siens alors que les autres se mettaient à les suivre en riant.

Sarah : Où est-ce qu'on va ?!

Colette : À la cabane ! C'est une surprise, tu verras !

Muguette, un sourire malicieux aux lèvres, ajouta :

Muguette : Tu vas adorer, c'est notre endroit secret.

Les pieds de Sarah frappaient le sol en rythme avec celui d'Ernest, et elle sentit une étrange excitation naître en elle. Le vent soufflait doucement, et les rires des autres résonnaient dans l'air, comme un écho à la lumière dorée du soleil qui se couchait lentement à l'horizon.

Après une courte course à travers des sentiers sinueux, ils arrivèrent dans une clairière. Là, l'ombre d'un vieil arbre gigantesque s'étendait, ses branches massives s'élevant haut dans le ciel. C'était un chêne majestueux, mais à ses pieds se trouvaient les restes d'une maison en ruine, un abri abandonné depuis des années.

Ernest : C'est ici. La cabane des Robinsons.

Il leur fit signe d'entrer.

Sarah se laissa tomber sur l'un des coussins, son regard émerveillé. C'était un endroit unique, un mélange de nature et de mémoire, et quelque part, elle sentait qu'elle venait de découvrir un lieu qui lui appartenait désormais, un peu comme une deuxième maison.

Ernest (regardant autour) : C'est notre repaire. On l'a appelé "le refuge des Robinsons" — un peu comme une aventure, tu vois ?

Jean : Et toi, tu es officiellement la nouvelle membre de la bande. Bienvenue parmi nous !

Fernand : On a même un coffre à trésors ! Mais c'est un secret, hein ?

Sarah sourit. L'endroit, l'idée, l'atmosphère... Tout cela la faisait se sentir un peu moins seule. C'était un nouveau départ, un petit coin où elle pouvait enfin se reconstruire, loin des préoccupations de la vie quotidienne.

Sarah (souriant) : C'est... incroyable. Merci à vous tous.

Muguette : Maintenant, on peut fêter ton anniversaire comme il se doit !

Les autres éclatèrent de rire et commencèrent à sortir des sacs et des boîtes : des snacks, des petites sucreries, et même une boisson. Le moment était parfait. Sarah se laissa emporter par l'énergie du groupe, ses rires résonnant dans l'air frais du soir.

Le soleil commençait à se coucher, projetant des teintes orangées et rosées sur le monde autour d'eux. Après un bon moment passé dans leur refuge secret, les éclats de rire commençaient à se calmer. Il était temps de rentrer.

Ernest : Bon, il va falloir y aller. On a encore un anniversaire à terminer !

Colette (sautillant de joie) : On reviendra, promis !

Elle s'élança à la suite d'Ernest, qui, toujours avec son sourire malicieux, tendit la main à Sarah. Cette dernière la saisit sans réfléchir, sentant un lien invisible entre elle et lui. Ils quittèrent tous ensemble la plateforme, redescendant l'arbre avec une agilité presque enfantine.

Une fois au sol, Sarah se retourna une dernière fois pour admirer la cabane perchée dans les branches. Cela lui semblait si paisible, presque irréel. Elle était heureuse de l'avoir découverte et, même si elle avait encore beaucoup de choses à résoudre, elle se sentait pour la première fois depuis longtemps comme si elle avait trouvé sa place, même si ce n'était que pour un moment.

Ernest (tout en marchant vers le chemin) : Ce n'est que le début, tu sais. Maintenant, tu fais partie de notre groupe, comme ça.

Sarah (un sourire sincère apparaissant sur ses lèvres) : Oui... j'en suis contente. Merci, Ernest.

Colette (tout en courant devant) : On va fêter ça ! On va faire un gâteau à la maison !

Ils rentrèrent ensemble à la maison de Papilou et Mamili, traversant le chemin qui les menait à leur quartier. L'ambiance était calme et légère. Sarah sentit qu'il y avait une légèreté dans l'air, comme si la lourdeur des derniers jours s'était enfin dissipée.

Lorsque la maison apparut enfin en vue, la lumière à l'intérieur semblait plus chaleureuse que jamais. Sarah poussa un léger soupir de soulagement, sachant que, même si elle n'avait pas encore tout compris, elle n'était plus seule.

Une fois arrivés, Colette se précipita à l'intérieur, criant pour annoncer leur retour.

Colette : On est de retour ! Et Sarah a aimé la surprise !

Papilou et Mamili les accueillirent avec des sourires. Mamili, les bras grands ouverts, se précipita vers Sarah pour la serrer dans ses bras.

Mamili : Alors, comment c'était ? Ta journée s'est bien passée ?

Sarah (un peu émue) : Oui, vraiment bien...

Elle se sentit soudainement plus légère, comme si quelque chose de profond en elle avait changé, même si ce n'était qu'un petit pas.

Ernest, Colette et Muguette rejoignirent Sarah dans la cuisine, où la fête battait son plein. Les décorations étaient simples mais pleines de tendresse : des guirlandes de papier, des ballons et quelques bougies allumées. Tout semblait parfait pour célébrer ce moment.

Mais au fond d'elle, Sarah savait que ce n'était pas le cadeau matériel qui comptait le plus, ni même la fête en elle-même. Ce qui comptait, c'était la manière dont elle avait été accueillie, l'acceptation qu'elle avait reçue de ses amis, et ce sentiment qu'enfin, elle avait trouvé une place où elle appartenait.

Tout en soufflant les bougies de son gâteau d'anniversaire, un doux sourire se dessina sur ses lèvres.

Sarah (chuchotant pour elle-même) : Merci...

La fête se termina lentement. Les rires et les éclats de voix s'estompèrent peu à peu, et tout le monde se dispersa dans la maison. Sarah, bien que fatiguée, ressentait un apaisement étrange, une chaleur réconfortante dans son cœur.

Elle monta les escaliers, les yeux à moitié fermés, et se glissa sous les couvertures de son lit. La chambre de Mamili et Papilou, bien que modeste, avait toujours été un refuge pour elle. Les murs semblaient lui chuchoter des mots de réconfort, l'enveloppant dans une douce sécurité.

Elle se tourna sur le côté, la tête reposant sur l'oreiller, mais une étrange sensation persistait, un vide au fond d'elle, là où son collier aurait dû être. Son doigt effleura la peau de son cou, cherchant sans y penser ce qu'il manquait tant.

Elle soupira, fermant les yeux, tentant de repousser cette pensée qui la rongeait depuis trop de temps. Elle avait essayé d'oublier, de ne pas se laisser envahir par ce sentiment de perte, mais ce vide restait, incessant.

Soudain, elle entendit un bruit léger à la porte. Elle se tourna lentement.

Ernest (d'une voix discrète) : Sarah ?

Elle redressa la tête, surprise de le voir là, dans l'encadrement de la porte.

Sarah (murmurant) : Ernest ? Qu'est-ce que tu fais ici ?

Ernest entra doucement, un sourire en coin, mais une lueur de sérieux dans ses yeux. Il s'approcha de son lit, sa démarche calme et déterminée.

Ernest : Je... je voulais te montrer quelque chose.

Il tendit la main, un petit paquet soigneusement enveloppé dans un tissu doux. Sarah fronça les sourcils, intriguée.

Sarah : Qu'est-ce que c'est ?

Ernest (avec une touche de malice) : Un cadeau. Mais pas comme les autres.

Il déposa le paquet sur la table de chevet près du lit et l'ouvrit lentement. À l'intérieur, Sarah aperçut, avec une sorte de choc dans le cœur, les morceaux brisés de son collier. Le collier qu'elle avait perdu, qu'elle croyait irrémédiablement cassé.

Ses yeux s'agrandirent, et elle se redressa soudainement, regardant Ernest avec étonnement.

Sarah : Comment... ? Mais comment l'as-tu... ?

Ernest : J'ai trouvé les morceaux après... après ce qui s'était passé. Je savais que ça comptait pour toi, alors j'ai décidé de le faire réparer.

Il prit les morceaux du collier dans ses mains et les plaça sur la table, avec une fierté discrète.

Ernest : Ce n'est pas tout. J'ai demandé à la bijoutière de le restaurer. C'était important, Sarah. Pas juste pour toi, mais aussi pour nous. Parce qu'on se soucie de toi.

Sarah regarda le collier, les yeux remplis d'émotion. Le vide qu'elle ressentait en elle s'effaça un peu, remplacé par un flot d'émotions contradictoires : surprise, gratitude, mais aussi une douce chaleur qui semblait envahir son cœur.

Sarah (presque en chuchotant) : Ernest... merci.

Elle se leva lentement, se rapprocha de la table et effleura les morceaux du collier du bout des doigts. Il était là, de nouveau, comme une promesse de quelque chose de plus.

Ernest la regarda un moment, avec une attention particulière.

Ernest : Ce collier... c'est plus qu'un bijou. C'est un symbole. Un symbole de tout ce que tu es, Sarah. Ne l'oublie jamais.

Elle lui adressa un sourire timide, un sourire sincère, avant de prendre le collier réparé dans ses mains.

Sarah : Je ne l'oublierai jamais, je te le promets.

Ernest resta là un moment, observant Sarah avec une lueur de bienveillance dans les yeux, avant de se détourner doucement, prêt à quitter la chambre.

Ernest (d'un ton léger) : Bonne nuit, Sarah.

Sarah : Attends !

Elle s'approcha de l'embrasure de la porte. Ils se regardèrent intensément. Sarah embrassa Ernest sur la joue... et ferma la porte brutalement, le laissant là, devenu cramoisi.

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