Chapitre 7
Ce matin-là, Sarah avançait dans la cour de l'école, les bras croisés, le regard fixé droit devant elle. Depuis des jours, les rumeurs et les moqueries de Marie empoisonnaient son quotidien. Chaque pas qu'elle faisait, chaque mot qu'elle prononçait semblait alimenter les brimades.
Marie ne cessait de la harceler, inventant des mensonges : "Tu savais qu'elle s'incruste dans la famille Bonhours parce qu'elle veut leur argent ?" ou encore : "Regardez-la, elle croit qu'elle est mieux que nous avec ses airs supérieurs !" Pourtant, Jean, Fernand et surtout Ernest ne croyaient pas un mot de ces accusations. Ils restaient fermes, toujours prêts à défendre Sarah. Mais malgré leur soutien, la pression était intense.
Marie ne se contentait pas des mots. Elle avait écrit "Retourne chez toi !" sur la couverture d'un de ses cahiers et déchiré une page de son livre d'Histoire. Hier encore, elle avait poussé Sarah contre un mur en passant près d'elle, tout en ricanant : "Oups, désolée, je t'avais pas vue !"
La jeune fille se tenait dans un coin de la cour, isolée. Depuis des jours, Marie s'acharnait contre elle, et les moqueries n'avaient fait que s'intensifier. "La nouvelle", comme Marie l'appelait avec mépris, était devenue sa cible préférée. Chaque mot de travers, chaque mensonge sournois pesait un peu plus sur Sarah.
Cette fois, Marie ne se contentait plus de mots. Elle avançait d'un pas décidé vers Sarah, son groupe d'amies sur ses talons.
Marie : "Tiens, tiens, voilà l'orpheline. Tu crois que tu fais pitié, c'est ça ? Avec ton air de fille parfaite et ton collier ridicule ?"
Sarah ne répondit pas. Elle tenait son collier, son dernier lien avec sa mère, entre ses doigts tremblants. Elle inspirait profondément pour tenter de garder son calme, mais son cœur battait à tout rompre.
Marie : "Tu te crois meilleure que nous parce que t'as un accent exotique et que tu connais deux-trois trucs en classe ? Ça t'a servi à quoi, hein ?"
D'un geste brusque, Marie attrapa le collier de Sarah et tira violemment. La chaîne céda, et le médaillon tomba au sol. Sarah poussa un cri, mais avant qu'elle ne puisse se pencher pour le récupérer, Marie écrasa le pendentif sous son talon.
Le bruit du métal se brisant résonna comme un coup de tonnerre dans l'esprit de Sarah. Les morceaux du pendentif scintillaient sur le sol, éparpillés en mille éclats.
Sarah : "Non... Non !"
Elle se baissa pour ramasser les fragments, les mains tremblantes, les larmes coulant sur ses joues.
Marie, avec un sourire cruel : "Oh, je suis désolée... C'était précieux, peut-être ?"
Sarah releva la tête, le visage déformé par la douleur et la colère. Mais avant qu'elle ne puisse répondre, Marie leva la main et la gifla si fort que Sarah tomba sur le côté.
Marie : "Allez, pleure encore, ça te va bien, les larmes !"
Et elle ne s'arrêta pas là. Marie commença à frapper Sarah, la bousculant, lui donnant des coups dans les bras et les épaules. Les élèves autour regardaient, certains choqués, d'autres trop effrayés pour intervenir.
C'est alors que Sarah croisa le regard d'Ernest, qui se tenait non loin, immobile, les poings serrés. Dans ses yeux, elle vit une lueur de panique, mais aussi de soutien. C'était comme si, dans ce regard, il lui disait : "Ne te laisse pas faire."
Quelque chose se brisa en elle. Une force, mêlée de colère et de détermination, monta en elle comme une vague. Les paroles de sa mère résonnèrent dans son esprit : "Dans ce monde cruel, ma fille, tu dois savoir te défendre. N'abandonne jamais."
Sarah se redressa, le souffle court. Cette fois, quand Marie leva la main pour la frapper à nouveau, Sarah bloqua son poignet avec une rapidité déconcertante.
Sarah : "C'est fini, Marie. Je ne te laisserai plus jamais me toucher."
D'un mouvement fluide appris de sa tante Zakia, Sarah fit pivoter le bras de Marie, la déséquilibrant. Puis, avec une série de gestes précis et puissants, elle repoussa son agresseuse. Marie tomba au sol, mais Sarah, emportée par sa colère et sa douleur, ne s'arrêta pas là.
Elle se défoula, rendant coup pour coup, chaque frappe libérant des jours de frustration accumulée. Marie tenta de se défendre, mais Sarah était trop rapide, trop déterminée.
Les élèves autour restaient figés, choqués par la scène, jusqu'à ce que Fernand intervienne.
Fernand : "Sarah, arrête ! Ça suffit !"
Il la saisit par les épaules et la retint, la tirant en arrière. Sarah se débattit un instant, mais les bras de Fernand étaient solides.
Fernand : "Sarah, ça suffit, tu l'as eue !"
Elle s'immobilisa enfin, le souffle haletant, les larmes roulant sur ses joues. Autour d'eux, le silence était total. Marie, encore à terre, était en larmes, le visage rougi et marqué.
Ernest s'approcha de Sarah, posant doucement une main sur son épaule.
Ernest : "Sarah... Ça va ?"
Sarah, en murmurant : "Elle a cassé le collier de ma mère... Elle l'a détruit..."
Sarah serra les morceaux de son collier dans sa main, son esprit encore embrouillé par l'émotion. Elle laissa les morceaux du collier tomber, les petites pièces s'éparpillant sur le sol. Plusieurs pensées sombre montèrent en elle, et la seule chose qu'elle voulait à cet instant était de les mettre à exécution... Elle se libéra des bras de Fernand et s'enfuit de l'école, sa course folle la conduisant à un endroit calme qu'elle chercha désespérément.
Elle voulait qu'on la laisse tranquille... Elle voulait sa mère, son père, son grand-père... Elle voulait que quelqu'un l'écoute. Mais aucune de ces personnes n'était là.
Finalement, elle arriva à la plage. Elle enleva ses chaussures et laissa le sable pénétrer dans ses pieds nus. Elle n'écoutait plus la voix de sa conscience qui lui hurlait de ne pas faire ça. Les gens ne voulaient pas d'elle... Très bien ! Alors, elle repartirait de l'endroit où elle était arrivée... LA MER !!!
L'eau était glaciale, les vagues violentes et puissantes. Elle se sentait prête à tout abandonner, à disparaître dans cette mer déchaînée, comme si tout cela n'avait plus de sens. Tout ça à cause de cette guerre...
Soudain, alors qu'elle était prête à recevoir une vague en plein visage, un cri déchira l'air.
Muguette : "SARAAAAAAAAAAAAAAAAAH !!! NE FAIS PAS ÇA !!!"
Muguette était là, sur le bord du rivage, la regardant, en larmes. Des grosses gouttes d'eau coulaient sur ses joues, se mêlant à la mer.
À cet instant, Sarah se réveilla enfin, réalisant que tout ça n'en valait pas la peine. Elle ne ferait pas ça ! Elle n'allait pas se suicider à cause de tout cela. Elle n'était plus seule ! Elle avait enfin des gens sur qui elle pouvait compter !
Mais avant qu'elle ne puisse réagir, une énorme vague la frappa en plein visage, la faisant basculer en arrière.
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