Chapitre 10

La guerre n'était plus une rumeur lointaine. Elle était là, brutale et inévitable. Les Allemands avaient contourné la ligne Maginot et envahi la Belgique. Désormais, il fallait fuir. Dans le village, les habitants se préparaient à partir, mais Muguette restait introuvable.

Ernest et Sarah, anxieux, n'y tenaient plus. Ils coururent jusqu'au QG, une cabane nichée dans un arbre, leur sanctuaire secret.

Ernest : MUGUETTE !!!
Sarah : Qu'est-ce que tu fais ? Il faut partir ! Les soldats arrivent !

Muguette, adossée à une des parois en bois de la cabane, croisa les bras. Son regard était empreint d'une détermination farouche.
Muguette : Je ne peux pas. Mon père veut rester et les affronter.

Ernest ouvrit la bouche, hésitant entre la colère et l'incompréhension.
Ernest : Mais...

Muguette (avec douceur) : Ne vous inquiétez pas, les petiots. Tout va bien se passer. Maintenant filez. Je ne veux plus vous voir ici.

Sarah, les larmes aux yeux, s'approcha.
Sarah : Promets-moi que tout ira bien... promets-le, Muguette.

Un sourire triste se dessina sur les lèvres de Muguette.
Muguette : Je te le promets. Mais partez maintenant. Vite. Allez.

Le cœur lourd, les deux enfants obéirent. Ils jetèrent un dernier regard à leur amie avant de courir vers la maison de leurs grands-parents.

De retour à la maison, Papilou les accueillit d'un ton pressant :

Papilou : Ah, vous voilà enfin ! Allez faire vos bagages, vite !
Mamili : Et ne prenez que le strict nécessaire. Pas question de se charger comme des mules !

Sarah hocha la tête et monta rapidement dans sa chambre. La lumière du matin filtrait à peine à travers les rideaux, jetant une lueur pâle sur les murs. La maison semblait étrangement silencieuse, comme si elle-même retenait son souffle. Elle ouvrit l'étui de sa guitare, le cœur serré, et y plaça quelques objets précieux :

Une boîte contenant des photos de sa famille.Un carnet de croquis rempli de souvenirs, notamment des dessins du QG et de Muguette.Une écharpe tricotée par Mamili, douce et rassurante.Sa guitare bien-aimée, légèrement abîmée, mais pleine de souvenirs.

Elle referma l'étui avec soin et descendit. Dans la pièce voisine, Colette tenait une photo de mariage de leurs parents entre ses petites mains.

Colette : Sarah, je peux l'emmener ? S'il te plaît ?

Sarah hésita, avant de secouer la tête.

Sarah : Oui bien sûr, Colette.

Quelques instants plus tard, la famille monta dans la charrette, où matelas et couvertures avaient été placés à la hâte. Sarah s'installa, tout en saluant Jean-Baptiste, le facteur, et serra son pendentif dans sa main.

Alors que la charrette avançait sur le chemin poussiéreux, elle repensa à l'Algérie, à ses souvenirs d'une vie plus simple et à sa famille qu'elle avait dû laisser derrière. Où étaient-ils maintenant ? Étaient-ils en sécurité ?

Une voix la ramena à la réalité.
Ernest : Sarah, est-ce que ça va ? Tu es... pâle.
Sarah : Je vais bien. Je suis simplement... nostalgique...

Ernest pointa quelque chose au loin.
Ernest : Regarde... Muguette.

Sarah se tourna et vit son amie, debout près d'un buisson, leur faisant un signe d'au revoir. Sarah leva la main pour lui rendre son salut. Tout allait bien se passer... n'est-ce pas ?

Les heures passèrent. Fatiguée, Sarah s'était assoupie, bercée par le bruit monotone des roues. Mais soudain, des cris la réveillèrent en sursaut. La charrette s'était arrêtée. Des bruits assourdissants déchiraient le ciel.

Papilou : Hors de la route, vite ! Un avion !

Sarah leva les yeux et vit un avion allemand foncer sur eux. La panique s'empara de la famille.

Ernest : SARAH !
Colette : GADOUE !!!

Le cochon, affolé par le vacarme, s'était échappé et courait sur la route. Colette, sans réfléchir, sauta de la charrette et se précipita à sa poursuite.

Papilou : Colette, non ! Reviens !

Mais la petite fille ne l'entendait pas. Elle courait, inconsciente du danger. Voyant cela, Sarah bondit hors de la charrette et s'élança.

Sarah : Colette, arrête-toi !

L'avion piquait dangereusement, ses balles sifflant tout autour. Sarah parvint à attraper Colette, l'entraînant sur le côté juste à temps pour éviter les tirs. Elles roulèrent dans l'herbe, haletantes.

La famille se précipita vers elles.
Papilou : Colette, ne refais plus jamais ça !
Colette (en pleurant) : Mais c'est Gadoue, il...
Papilou : Un cochon ? Tu as failli mourir pour un cochon !

Mamili serra Colette dans ses bras, les larmes aux yeux.

Mamili : Ma petite Colette... Oh, ma petite fille.

Sarah, toujours au sol, sentit une douleur fulgurante dans son poignet.

Sarah : Merde... ma main.

Papilou s'agenouilla à côté d'elle, examinant rapidement le poignet enflé.

Papilou : Ce n'est qu'une dislocation. Je vais arranger ça. Ne t'inquiète pas, ma grande.

Malgré la douleur, Sarah fixa Colette, s'assurant qu'elle allait bien... Papilou aida Sarah à se relever, son poignet désormais immobilisé avec un foulard noué par Mamili. Tout le monde remonta en silence dans la charrette, les visages marqués par l'épuisement et la peur. Même Colette, d'ordinaire si bavarde, ne disait rien, blottie contre Mamili, les yeux rougis par les larmes.

Le voyage reprit. Les roues grinçaient sur le chemin caillouteux, et l'atmosphère était lourde. Gadoue s'était fait attaché à l'arrière de la charette. Seul le bruit régulier des sabots de Picotin, le cheval, semblait apaiser les esprits. Mais au fond d'elle, Sarah sentait son cœur battre à toute allure. Chaque bruit dans le ciel la faisait sursauter, chaque ombre paraissait menaçante. Ernest, assis à ses côtés, rompit le silence.

Ernest : Je suis désolé pour ton poignet...
Sarah : Ce n'est rien. Tant que Colette va bien, ça n'a pas d'importance.

Elle tenta un sourire pour le rassurer, mais il était faible et forcé. Mamili, pour distraire les enfants, leur demanda de chanter une chanson.

Mamili : Allez, mes petits, une chanson pour nous donner du courage ! Sarah, tu as ta guitare, non ?

Sarah hésita un instant, jetant un regard à son étui. Ses doigts tremblaient légèrement, mais elle hocha la tête. Sortant sa guitare, elle gratta doucement les cordes, leur son apaisant se mêlant au bruit des sabots.

Elle entama une vieille chanson qu'elle avait apprise d'un ouvrier algérien. Sa voix, bien que douce, portait une note de mélancolie. Sarah n'avait jamais chanté devant eux. Petit à petit, Mamili, Papilou, Ernest, et même Colette se joignirent au chant. Leurs voix montèrent dans l'air, défiant la peur qui les entourait. Jean-Baptiste lui ne faisait que rigoler... Sarah s'arrêta lorsqu'il arrivèrent au pont... Elle rangea sa guitare dans son étui et la mit sur son dos... Il y eut alors de l'agitation... L'armée voulait faire sauté tout les ponts pour ralentir les Allemands et ils étaient sur le point de faire dinamité celui là ! Sarah descendit de la charette et suivit Jean Baptiste, Ernest et Colette... Mamili et Papilou eux s'était fait emporté par le mouvement de foule causé, par un avion ennemi. Papilou réussit à traversé pour rejoindre les enfants mais pas Mamili... Ils se retrouvèrent séparer. Le soldats français donna l'ordre de faire détruire le pont.

Alors que tout le monde courra pour se mettre à l'abris...

Colette : GADOUE !!!

Sarah : MERDE !!!

Papilou : Fichu cochon

Le grand-père courut vers la charette, encore arreter au début du pont (donc qui allait sauté)... Et tenta de défaire les liens du cochon... Sarah posa son sac à terre, arriva, sortit un couteau suisse et coupa la corde... Papilou attrapa le cochon, et courut (de même pour Sarah). Mais l'explosion fût plus rapide qu'eux et les propulsèrent ... Papilou était en boule par terre... Sarah était plus loin... Le vieil homme se leva et redonna son cochon à la fillette. Ernest fonça sur Sarah... Et la prit dans ses bras.

Ernest, paniqué, observa la plaie de Sarah. Bien que la blessure fût grave en apparence, il voyait qu'elle n'était pas trop profonde. Il se rapprocha, tenant fermement Sarah dans ses bras pour la soutenir.

Ernest : "Sarah ! Tu m'entends ? Ne ferme pas les yeux, regarde-moi, respire !"

Il la maintenait contre lui, le regard rempli d'inquiétude. Mais malgré la douleur et la confusion, Sarah lui sourit faiblement.

Sarah : "C'est rien... juste un petit... coup... je vais aller bien..."

Ernest frissonna, déstabilisé par son calme dans une telle situation, mais il ne perdit pas de temps et utilisa un morceau de tissu qu'il trouva sur le sol pour faire pression sur la plaie.

Ernest : "Sarah, tu es sûre ? Ça saigne beaucoup... Tu m'inquiètes."

Sarah, serrant les dents pour contenir la douleur, hocha lentement la tête. Son sourire, bien que faible, ne laissait aucun doute sur sa volonté de rester forte.

Sarah : "T'inquiète pas, Ernest. C'est juste un coup. J'ai vu pire..."

Ernest la regarda, un peu abasourdi par son calme. Mais il comprit. Elle avait ce regard déterminé, celui d'une jeune fille qui refusait de se laisser abattre, peu importe les circonstances.

Ernest : "Tu es incroyable... Vraiment incroyable."

Il l'aida à se redresser, tout en gardant un œil attentif sur sa blessure. En rejoignant les autres ils se rendirent compte que Papilou était absents. Apparement leur grand-père voulait rejoindre Mamili pour la retrouver... Jean-Baptiste était donc en charge de les gardait et de les ramener à Grangeville... Jean-Baptiste, inquiet, observait Sarah tandis qu'Ernest la soutenait. Sa blessure au front continuait de saigner, et bien que la plaie ne soit pas profonde, le sang maculait son visage et ses cheveux.

Jean-Baptiste : Bon sang, il faut faire quelque chose, on peut pas la laisser comme ça !

Ernest : Il y avait une trousse dans la charrette, mais...

Ils se retournèrent vers la charrette, qui n'était plus qu'un amas de bois carbonisé après l'explosion. Papilou et Gadoue étaient déjà repartis en avant pour éviter d'attirer davantage l'attention.

Jean-Baptiste : Rien... y a plus rien...

Ernest : (agité) Alors quoi ?! On fait quoi, maintenant ? Elle perd du sang !

Sarah, toujours appuyée contre lui, ouvrit lentement les yeux. Malgré son visage pâle, elle leur adressa un sourire qui se voulait rassurant.

Sarah : Ernest... calme-toi. C'est pas si grave.

Ernest : (d'un ton sévère) Pas si grave ?! Regarde-toi, Sarah, tu saignes partout !

Jean-Baptiste fouilla frénétiquement les restes de la charrette, mais il ne trouva que des morceaux de bois brûlé. Il serra les poings.

Jean-Baptiste : J'ai rien... Y a que vos vêtements et des couverture

Un silence s'installa, coupé par le bruissement du vent et les bruits lointains de la guerre. Sarah inspira profondément, comme pour rassembler ses forces, puis d'un geste déterminé, elle attrapa le bas de sa robe.

Sarah : Alors, on va faire avec. À la guerre comme à la guerre.

Avant qu'Ernest ou Jean-Baptiste ne puissent protester, elle déchira un large pan de sa robe, le réduisant en longues bandes.

Jean-Baptiste : (surpris) Sarah, t'es sérieuse là ?

Sarah : (enroulant le tissu autour de son front avec l'aide d'Ernest) On a pas d'autre choix, non ? Si ça peut arrêter le saignement, c'est tout ce qui compte.

Ernest, toujours inquiet, serra les dents en l'aidant.

Ernest : Si tu as mal, dis-le-moi, Sarah. Sérieusement.

Sarah : (avec un sourire faible) J'ai mal... mais pas assez pour qu'on perde du temps.

Jean-Baptiste observa la scène, impressionné malgré lui. Colette, qui tenait toujours Gadoue contre elle, regardait la scène avec de grands yeux, tremblant légèrement.

Colette : Sarah... T'es vraiment courageuse.

Sarah : (en terminant de nouer le bandage) Toi aussi, Colette. Tu tiens bon, même avec tout ce qui se passe.

Jean-Baptiste hocha la tête, admettant silencieusement que Sarah avait un sacré caractère.

Jean-Baptiste : Bon, c'est pas parfait, mais ça tiendra jusqu'à ce qu'on trouve quelqu'un qui s'y connaisse mieux que nous. Allez, en route.

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