2. Heilon

Je réfléchissais toujours au moyen de m'en sortir mais avec le boucan autour de la tour d'Orthanc, il était difficile de se concentrer. Ma chambre était simple et sombre, comme le reste du bâtiment.

Des coups à ma porte se firent entendre et Navi entra peu après. Mon ami n'était qu'un piètre combattant c'est pourquoi mon père l'avait laissé rester ici en tant qu'homme à tout faire.

- Bonjour Alix.

- Viens t'asseoir, ne reste pas près de la porte.

Il s'approcha mais ne s'assis pas. Il tenait dans son dos un gros paquet.

- Je suis venu t'apporter un message et un paquet. Maître Sarouman voudrait que tu assistes au repas de ce soir dans cette tenue, me transmit-il en déposant le colis sur le canapé.

Je pris la livraison dans mes mains et l'ouvrit. Je découvris assez vite l'origine de l'objet. Il s'agissait d'une longue robe noire.

- Pourquoi veut-il que je vienne vêtue ainsi?

- Je l'ignore. Mais il avait l'air très sérieux.

Ça ne me disait rien qui vaille cette histoire.

- Merci Navi. Tu peux y aller.

- Bien.

Il sortit et me laissa seule. L'heure du repas n'allait plus tarder. Je me changeai donc avec plus de questions dans ma tête mais toujours aucune réponse.

Nerveuse et intriguée, je me dirigeai vers la grande salle à manger. En pénétrant dans la pièce, je vis le repas servit et mon père assis. Cependant, je remarquai qu'il y avait trois couverts.

- Viens t'asseoir, m'ordonna Sarouman. 

Je l'écoutai et m'installai à sa gauche. Une fois assise, la porte s'ouvrit de nouveau et quand je vis Heilon, mon cœur rata un battement.

- Oh non. Père, l'implorai-je.

-Tais-toi.

Il se leva pour saluer son invité puis se rassis.

En s'asseyant en face de moi, Heilon arborait un sourire continu. Cet homme me répugnait vraiment. Il était sale, gros, et n'avait aucune manière. 

Navi était chargé du service et voir un ami dans ce qu'il me semblait être une mauvaise blague était apaisant. Mon père et le mercenaire parlaient des nouvelles de la guerre. L'alliance avec Heilon était en rapport avec les paysans. Il parcourait avec son armée toutes les terres pour les brûler. J'avais beau ne pas porter ces gens dans mon coeur, j'avais pour principe de ne pas m'en prendre aux civils mais seulement aux soldats. J'étais donc contre les manigances de ces deux hommes.

- Ils crient comme des mauviettes et nous supplient de leur laisser la vie sauve, rigola Heilon en postillonnant. 

- En d'autres mots vous aimez vous sentir supérieur, traduis-je.

Je sentis mon père se raidir à ma droite.

- Comment? Peut-être pourriez-vous développer un peu plus le fond de votre pensée, ironisa le mercenaire.

- Si vous me le permettez, le provoquai-je. Comme je l'ai dit plus tôt, vous aimez vous sentir supérieur. Ces paysans sont désarmés et pourtant vous ressentez le besoin de les tuer brutalement. Si j'étais vous, je ne m'en vanterais pas car aux yeux des autres, ce n'est pas votre  force qui a fait la différence mais votre aptitude à vous confronter à plus faible que vous.

- Alix, gronda Sarouman.

L'ambiance autour de la table s'était grandement refroidie depuis que j'avais pris la parole. De plus, Heilon, devenu rouge de colère, s'était senti insulté mais je n'en avais que faire. Il me fusilla du regard pendant de longues secondes, cependant, je ne baissai pas les yeux. Au final, ce fut mon père qui intervint.

- Je pense qu'il est temps pour les hommes de parler affaires, Alix. Vas dans ta chambre nous parlerons plus tard.

- Avec plaisir, répondis-je en me levant. Père, Monsieur, les saluai-je en exagérant une courbette puis partis.

Je me doutais que la confrontation qui allait suivre n'allait pas être joyeuse mais au moins j'avais pu échapper à la compagnie d'Heilon et avec un peu de chance il reviendrait sur sa demande.

Le temps enfermée me parut être une éternité. Je n'avais rien pour m'occuper alors j'observai le travail des orcs depuis ma fenêtre. Ces derniers déracinaient et coupaient les arbres pour qu'il ne reste plus aucun point de verdure. Il y a de cela pas si longtemps, l'Isengard était encore verdoyant. Tous les jours, de plus en plus de créatures étaient fabriquées. Il y en avait des milliers et je me demandais quand est-ce que mon père allait terminer la constitution de son armée. Quand il m'avait recueillie, il n'y avait pas encore d'orcs qui logeaient ici. J'en croisais de temps en temps et même s'ils me terrifiaient au début, une fois que les premiers s'étaient installés, je m'y étais habituée. Mon père m'avait expliqué qu'à l'origine, mon village faisait parti du vaste territoire de l'Isengard mais que pour une certaine raison, les peuples libres s'étaient révoltés car nous cohabitions avec les orcs. Un jour, pendant la nuit, ils nous avaient attaqués et avaient décimé tout mon village. Par chance, Sarouman s'y trouvait et m'avait retrouvé cachée dans une armoire. Personnellement, je n'avais plus aucun souvenir de ce qu'il s'était passé ormis les émotions que j'avais ressenties. La peur, l'angoisse et la tristesse m'envahissaient quelques fois encore.

Deux heures après la fin du repas, mon père déboula dans ma chambre, furieux. Le truc avec lui, c'était que même furax, il faisait preuve d'un grand sang-froid.

- Peux tu m'expliquer ton comportement de tout à l'heure?

- Il n'y a rien à expliquer. Je n'aime pas Heilon c'est tout.

- Et es-tu au moins consciente de ce qui aurait pu arriver? 

- Il serait partit et alors? J'en ai plus que marre de cette guerre. déclarai-je.

Je me tournai pour m'asseoir mais Saroumane, à l'aide de sa magie, me stoppa et me força à le regarder le temps qu'il parle. J'avais beau essayer, je ne contrôlais plus mon corps. Il n'utilisait que rarement sa magie contre moi mais à chaque fois, un sentiment désagréable me parcourait. Et cette fois une lueur dans son regard me mit en garde, ce qui me fit frissonner.

- Si jamais Heilon et ses hommes décidaient de nous lâcher, ils se retourneraient contre nous. C'est un allié dont nous avons besoin Alix. Nous sommes seuls dans cette guerre.

Il me relâcha.

- Maintenant, poursuivit-il. Si tu as compris, ne refais plus jamais ça. 

- Je suis donc obligée de me marier?

- Oui.

Je ne répondis rien et laissai mon père s'en aller. Une fois seule, je demandai à voir Navi. Ce dernier n'était jamais très éloigné de moi. En effet, il apparut quelques minutes après. 

- Tu voulais me voir? Tu sais que tu étais complètement folle de faire ça à table?

- Je sais, je sais. J'ai déjà eu ma dose de sermon. Pas la peine d'en rajouter.

Navi qui voulait encore dire quelque chose se sentit obligé de se taire. 

- Ecoute, poursuivai-je. Pour les jours qui vont venir je serai sûrement surveillée alors j'ai besoin de ton aide.

- Et j'imagine que encore une fois ce ne sera pas une demande facile, se plaigna Navi.

- Oui, confirmai-je ses crainte avec un sourire non caché. Cependant, je compte sur toi. Il me faut des herbes de l'oubliette.

- Quoi?! Mais tu es folle! Tu sais que Sarouman les garde dans son hangar secret et que l'accès y est très restreint?

-Oui je sais mais j'en ai besoin. S'il te plait, l'implorai-je.

Au bout de quelques minutes de silences, il craqua.

- Très bien. Mais s'il m'arrive quelque chose, sauve moi.

- Bien sûr, lui promis je en le serrant dans mes bras.


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top