Chapitre 4 : Le Maire Ridé et Bronzé


Les habitants de Tirhn n'avaient pas apprécié le bain de sang. Parfaitement au courant de l'identité de la famille du Chien de Guerre, et vu qu'ils étaient tous à leur fenêtre au moment des faits, ils étaient venus chez sa mère directement.

L'empêchant de savoir exactement ce qu'il se passait entre Savinha et Ravish, et surtout par quel miracle ce crevard connaissait sa sœur !

Sa carrure prenant tout l'espace de la porte, Sakhar faisait barrage entre la colère des gens et sa famille à l'intérieur. Enfin, sa teigne de sœur s'était mise à la fenêtre pour suivre les hostilités. Car on pouvait bien parler de cela, vu les centaines de personnes venues réclamer son départ.

L'homme à leur tête était la maire de Tirhn, un homme chauve à la peau burinée par le soleil. Pas à cause de son travail acharné, ce vieux débris était un être purement politique. Il adorait simplement se dorer la pilule.

-Tu es maudit ! criait-il en agitant sa canne en ivoire dans sa direction. Quand tu es parti, une garnison est venue investir la ville ! Et maintenant tu reviens et il y a un bain de sang !? Qu'est-ce que tu veux, notre mort à tous !? Tu es un monstre, Sakhar, et ta mère n'aurait jamais dû te mettre au monde ! Si au moins c'était toi qui étais mort et pas ton père nous...

La main de l'Élémentaire saisit sa gorge, lui coupant la chique. Le soulevant du sol comme une poupée de chiffon, Sakhar le décala sur le côté pour voir la foule.

-Bien. La première règle avec moi : vous pouvez m'insulter tant que vous le voulez, mais ne touchez pas à ma famille.

Le maire émit un gargouillis, ses ongles venant griffer la main qui l'étouffait. Ses pieds pédalaient dans le vide, mais l'allonge de l'Elémentaire était telle qu'il ne l'atteignit pas. La foule, figée, l'observait avec de grands yeux effrayés. Combien de ces personnes avait-il connu dix ans plus tôt ? Combien le connaissaient comme des amis, presque des parents ? Combien avaient tourné le dos à sa famille après son départ ?

-La deuxième règle : les responsables de la situation n'ont pas intérêt à la ramener. N'est-ce pas Gorhan ?

Dardant son regard noir sur le maire, il lui fit un grand sourire.

-Donc, reprenons : qu'est-ce que vous me voulez exactement ?

-Nous voulons que vous partiez ! s'écria une femme dans la foule.

Sakhar eut l'air faussement choqué.

-Que je parte, moi ? Mais si vous voulez... Mais... Vous croyez réellement que cela va empêcher le roi de faire raser Tirhn ?

Un silence de plomb tomba sur l'assistance. Il reposa le maire avant qu'il ne s'étouffe pour de bon. Les yeux révulsés, il toussota, crachota, à la recherche d'un souffle difficile.

-Vous êtes considérés comme des rebelles, à présent. Et les rebelles, votre bon roi les exécute. Vous l'ignoriez ? fit-il d'un air innocent.

-C'est faux ! râla Gorhan d'une voix rauque. Tu ne peux pas le savoir ! Tu n'es qu'un esclave !

Des murmures se propagèrent parmi les habitants de la ville, qui se turent au grand éclat de rire de l'Élémentaire.

-Oui, j'étais un esclave ! Mais j'étais surtout le Chien de Guerre du roi, mes cochons ! Et les supposés rebelles, c'était moi qu'on envoyait pour les massacrer.

Cette fois-ci, tous les visages pâlirent pour de bon. Certains eurent des mouvements de recul. Comme si les corps gisants sur la place n'avaient pas été suffisants. Comme s'ils réalisaient à peine que l'homme devant eux était une machine de guerre.

-Bien, sur ce, je vous souhaite une bonne nuit, lança-t-il en se détournant.

En rentrant dans la maison de ses parents, il découvrit sa mère avec la main sur le cœur, terrorisée. Savinha fronçait les sourcils, dans l'attente, tandis que Ravish faisait un clin d'œil à son ami. La suite ne se fit pas attendre. On toqua de nouveau à leur porte.

-Oui ?

Gorhan avait de nouveau un visage plein de haine, bien que sa gorge fût bien rouge.

-Tu es l'Élémentaire de la Terre ! Tu dois protéger le peuple ! C'est ton devoir !

-Mon devoir ? Ah... C'est vrai... Mais... Gorhan, tu n'avais pas des devoirs toi aussi ? N'avais-tu donc pas juré de protéger tes citoyens ?

Il fit un pas sur lui. L'autre recula, livide sous son teint hâlé.

-Tu étais censé protéger les gens de cette ville. Tu étais censé éviter que les femmes ne se fassent attaquer par les soldats de passage, non ? J'ai dû prendre ta place, Gorhan.

Tout sourire narquois avait disparu. Ivre de rage, il contemplait cet homme qu'il haïssait en silence depuis des années.

-J'ai défendu les femmes de cette ville, et qu'est-ce que tu as fait !? rugit-il. Tu m'as vendu au roi ! Moi et mon père ! Tu as jeté l'opprobre sur Tirhn en vendant l'Elémentaire de la Terre, l'élu du Dieu Tarco, à un souverain néfaste pour ce pays !

Le regard brulant de rage, Sakhar regarda tous les habitants de la ville, suspendus à ses lèvres.

-Les soldats seront de retour à l'aube. Je vous aiderai, si vous sacrifiez Gorhan à notre Dieu. Sinon, je vous laisserais vous faire massacrer un par un par ces chiens. À vous de choisir, peuple de Tirhn. Une vie contre les vôtres.

*

Ah, le doux air du désert de Ghania ! Cette chaleur prenante, même dans la nuit ! Iris inspira à pleins poumons, avant de soupirer d'aise. Rien de mieux que le chaud pour satisfaire une Élémentaire de Feu.

-Qui vous a donné l'autorisation de positionner votre aéronef si près de la ville !? beugla un garde aux portes de la ville.

À cette heure, il n'y avait pas grand monde sur la route du désert, qui menait à l'une des grandes portes de la capitale. Maïssanna. Iris souffla une bouffée de fumée, ignorant avec superbe le garde. Il s'approchait avec des jurons furieux.

-Toi, femme ! Qu'est-ce que tu fiches ici à cette heure, hein !?

-Moi ? Je veux voir votre roi, fit-elle en se tournant enfin vers lui. Pas vrai les gars ?

Une dizaine de Mercenaires Rouges émirent des rires grivois.

-Et fréquenter vos bordels. Il y en a qui sont dans le besoin, ricana-t-elle.

Le garde la considéra, elle, puis les autres.

-Notre souverain ne reçoit pas les crétins dans votre genre.

Pour toute réponse, elle fit apparaitre une flamme dans sa main. Moins de vingt minutes plus tard, elle se trouvait dans la salle d'urgence du souverain du désert, tandis que ses hommes allaient tâter de la gueuse consentante dans la ville. Vêtue de son pantalon de cuir ajusté et de sa veste rouge abimée, Iris salua les larbins qui lui ouvrirent la porte, son cigare calé dans un coin de la bouche.

-Salut, les gars, fit-elle en avisant les quelques conseillers et le roi, dont les yeux écarquillés indiquaient bien qu'il ne s'attendait pas à ça. J'ai entendu dire que vous aviez un problème de rébellion avec votre Élémentaire. Ça tombe bien, je suis la femme de la situation.

Elle souffla une nouvelle bouffée de fumée, tout en leur faisant son plus beau sourire.

-Je suis sûr que mon prix sera le vôtre. Pas vrai, mon petit roi ?

*

Les problèmes d'insonorisation de la chambre ne semblaient pas être le problème de Savinha et de Ravish.

Assis à la table à manger avec sa mère, Sakhar tentait de ne rien entendre. Malheureusement, leurs retrouvailles rentraient dans la catégorie du sexe bruyant. Mirhna se racla la gorge, les mains sur sa tasse de thé.

-Tu m'as manqué, mon fils. Comment... Comment ça s'est passé pour toi ? Depuis dix ans ?

Il considéra sa mère, sur un fond sonore tout sauf approprié. Jamais elle fermait sa grande gueule, l'autre !?

-Tu ne veux pas réellement entendre cette histoire, finit-il par dire. Dis-moi plutôt comme ça s'est passé pour vous. Papa... Ses funérailles...

-J'ai tellement cassé à la gueule au maire qu'il a tout payé, ricana Mirhna, ses traits fatigués devenant mauvais. Ton père a eu des funérailles dignes de lui, ne t'en fais pas. J'ai même réussi à obtenir une statue de lui qui fait un doigt d'honneur en direction de la maison de Gorhan.

Sakhar éclata d'un rire tonitruant, parvenant brièvement à couvrir les cris de satisfaction de Savinha. Il avait oublié que son caractère, il le tirait en grande partie de sa mère. Femme forte, elle menait ses trois enfants à la baguette et se chamaillait tendrement avec son époux.

-Vous avez réussi à affronter l'arrivée des soldats ?

-Plus ou moins, avoua-t-elle en regardant vers l'escalier. On a eu quelques soucis et... c'est là que ta sœur a rencontré Ravish. C'est une histoire simple et compliquée à la fois. Il vaut mieux qu'elle te le raconte elle-même.

-Maman.

-Oui ?

Il considéra le visage légèrement ridé, les cernes sous les beaux yeux clairs de sa mère.

-C'est vous qui avez envoyé Ravish à mes côtés ?

Elle lui sourit, de ce sourire familial qui voulait tout dire.

-Bordel ! Comment c'est possible !?

-Fiston... Les femmes sont pleines de ressources, tu sais ? gloussa sa mère. Dis-moi plutôt... Tu as rencontré quelqu'un ? Un homme, une femme ?

Silna... Pour la énième fois de la journée, il se demanda comment elle allait. Si elle se remettait tranquillement de son invocation. Il l'imaginait environnée de gâteaux et de mets délicats, pour remettre un peu de formes sur ses os. Ses beaux cheveux en corolle sur l'oreiller. Son petit corps chaud et voluptueux qui... Purée, mais jamais il finissait, Ravish !? Il ne pouvait pas avoir ce genre de pensées devant sa mère !

-Heu... Ouais. Mais c'est récent.

Les yeux de Mirhna pétillèrent.

-Elle fait quoi ? C'est une servante ?

Non. C'est la Grande Prêtresse d'Ydra, l'Élémentaire de l'Eau et la co-dirigeante de la Cité État d'Ydra.

-Heu... C'est... On a d'autres chats à fouetter, maman. Je dois vous évacuer d'ici.

-Comment ça ?

-Si vous restez ici vous allez me gêner. Je dois vous mettre en sécurité.

Sa mère haussa les sourcils, mais il n'avait pas le temps pour cela. Se levant avec un regard pour la lune, il calcula que moins d'une heure s'était écoulée depuis son ultimatum. Bien. Il était temps de se rendre à la statue du Dieu Tarco. Étant donné que le culte était important dans le pays, il y avait peu de probabilités pour qu'elle ait disparu en dix ans.

-Savinha est en sécurité avec l'autre crétin. Par contre, Sirkham doit nous accompagner, il n'est pas en sécurité.

Le temps que sa mère aille le chercher, il finit sa tasse de thé. Si son frère se montra particulièrement réticent, en lui adressant des regards haineux, il n'en eut cure. Les atermoiements d'un cœur adolescent n'étaient pas de son ressort, à vrai dire.

Les habitants de Tirhn les découvrirent tous trois aux pieds du dieu. Représenté debout, les poings sur les hanches et le torse bombé, il avait toutes les caractéristiques de l'idéal masculin au travers des âges de Maïssanna. Bonne musculature, belle gueule, beau sourire, attributs virils imposants à l'air libre.

Assis sur la première marche du piédestal, Sakhar avisa la foule, devant laquelle un Gorhan ligoté trébuchait de manière pitoyable. Ils s'arrêtèrent. Ils étaient prêts à le sacrifier à Tarco.

-Elémentaire de la Terre, élu du dieu ! s'écrièrent-ils en tombant à genoux. Nous implorons ta clémence ! En échange de sa vie, sauve-nous des exécuteurs du roi !

Sans se lever, il les considéra.

-Vous n'avez rien compris, hein ?

Ils se regardèrent, médusés par sa réaction. Avec un rire sinistre, il se dressa, toisant la foule sous le clair de lune. Il devait être minuit, à tout casser. Silna devait dormir à poings fermés, à Ydra.

-Il y a dix ans, vous m'avez vendu à la couronne pour sauver vos petites fesses. Et maintenant vous être prêts à sacrifier votre maire pour vous sauver une nouvelle fois. Franchement, vous me faites pitié.

Sa mère lui ayant resservi une tasse de thé à la menthe, qu'il avait prise avec lui pour l'attente, il en avala une gorgée. Il les considéra à nouveau.

-Les soldats du roi seront là à l'aube. Et croyez-moi, ils vont envoyer l'artillerie lourde, vu que normalement c'est moi qu'ils envoient.

Il regarda de nouveau la lune.

-Vous avez six heures pour dégager de Tirhn.

-Mais... Vous aviez dit...

-J'ai dit : vous avez six heures pour partir. Le Roi va raser la ville, aujourd'hui ou demain. Et franchement, j'ai autre chose à foutre que veiller sur vous. Allez, dégagez. Ah, par contre... Laissez-moi Gorhan.

*

En arrivant à la capitale de Maissana, Alivéne en avait par-dessus la tête du sable du désert. Néanmoins, en homme placide qu'il était, il n'en montra rien. Sa délégation arriva sans haine ni violence, pour se diriger droit sur le palais. Leurs vêtements attestaient clairement de leur origine ydrasienne. Toutefois, ils étaient tous armés.

En tant que protecteur de la Prêtresse de l'Eau, il avait une place particulière aux yeux de l'armée de la Cité État. Sa longue tunique diaphane soulignant sa musculature, la broche en forme de goutte d'eau épinglée sur son cœur, Alivéne était en tous points un émissaire d'Ydra, de la Reine et de sa Prêtresse disparue.

La rage rongeait son cœur depuis qu'elle s'était volatilisée, corps et âme. Or, sa seule piste était l'Élémentaire de la Terre, le chien de guerre du Roi.

Tout du moins, c'était ce qu'il pensait, jusqu'à ce qu'il discute avec le souverain du pays. Les rumeurs étaient donc vraies.

-Votre esclave a brisé ses chaines ? fit-il d'une voix très calme.

Debout, les mains dans le dos au pied du trône surélevé du Roi du Désert, Alivéne maitrisait son irritation avec brio.

-Effectivement, émissaire, persifla le roi. Cela vous pose un problème ?

-Cela ne me concerne pas. Mais j'aurais à parler à cet individu. Savez-vous où il a été vu pour la dernière fois ?

-Pourquoi vous répondrais-je ?

-Car la Reine Guerrière Lubilla m'envoie, Roi. Voudriez-vous contrarier votre voisine alors que vous venez de perdre votre meilleure arme ?

Un silence menaçant plomba l'ambiance de la salle du trône. Il pouvait voir le visage empli de haine de l'homme du désert.

-Soit. Il se trouve actuellement à Tirhn. Mais vous avez peu de chances de pouvoir l'atteindre vivant. J'ai envoyé quelqu'un de spécial pour le mater.

-La déesse Aqua veille sur moi, répondit Alivéne. Merci pour vos informations, Roi du Désert.

Tirhn, hein ? Cette ville lui disait quelque chose. N'était-ce pas celle où l'Élémentaire de la Terre avait été trouvé, justement ?

*

Un mariage !? Il était sérieux, l'autre grand crétin !?

Enfermée dans sa chambre depuis des heures, Silna avait assisté au coucher du soleil depuis sa fenêtre. Sakura brodait à ses côtés, paisible. Bien qu'elle sursauta au moindre bruit dans le couloir. Comme si elle avait peur de la venue de Wolff.

Qu'il vienne, tiens ! Elle lui ferait avaler sa robe de soie !

La lune reparut parmi les nuages. Elle observa l'astre lunaire. Il devait briller aussi au-dessus du désert de Ghania. Où se trouvait Sakhar, à cette heure ? Dormait-il ? Dans ce cas... Pourrait-elle le rejoindre dans les songes ?

Elle regarda le lit.

Une fois Sakura retournée dans sa chambre, adjacente aux appartements, elle s'installa sur le futon étalé sur le sol. Elle chercha le sommeil dans ses draps de soie. Étant donné son état, elle ne tarda pas à sombrer.

C'est devant la mer qu'elle le retrouva.

Allongé sur le flanc, il admirait les vagues avec un air nostalgique. Elle les regarda elle aussi. À peu de choses près, on eût dit Ydra, au loin. Dans les rêves, les choses étaient générées aussi bien par nos souvenirs que l'image que l'on se fait d'un lieu. Par exemple, l'odeur d'iode devait gêner Sakhar, car il n'y en avait pas un effluve ici.

-Pour quelqu'un à moitié dans le coma, tu en as mis, du temps, lança-t-il en se tournant sur le dos, pour lui adresser un grand sourire. Ça va mieux ?

Ah oui. Il ne savait pas qu'elle ne se trouvait plus à Ydra. Elle regarda le large, la vision fantasmée de la Cité État. Était-ce elle, qu'il regardait par ce biais ?

-Dit donc, tu aurais pu me dire au revoir avant de te barrer comme un voleur, fit-elle en lui donnant un léger coup de pied dans le tibia, les poings sur les hanches. Il a fallu que Lubilla me raconte tout !

En vérité, c'était Iris. Cette peste était toujours très bien informée. Enfin, elle avait surtout profité du remue-ménage provoqué par le départ musclé de l'Élémentaire de la Terre.

-Ah, ça va, ça va, excuse-moi... Viens là.

Il lui ouvrit les bras, lui faisant hausser un sourcil.

-Quoi ?

-Je suis un esclave qui est retourné auprès de son maitre, et qui est sur le point de livrer un combat sanglant pour sa liberté. J'ai droit à un peu de réconfort, non ?

Finalement, elle céda, en grande partie parce qu'elle voulait connaitre le fin mot de l'histoire. Blottie dans ses bras puissants, cernée de sa chaleur, elle se dit qu'elle allait s'endormir dans son propre rêve.

-Tu as réussi à libérer ta famille ? fit-elle. Mais c'est génial, Sakhar !

-Pas encore tout à fait, mais les choses évoluent bien, avoua-t-il en caressant sa joue. Et toi, comment te sens-tu ?

Elle ? Elle était dans la mouise.

-Bien. Je me remets doucement de l'invocation, dit-elle sans mentir. Mais... Tu me manques.

Il lui embrassa les cheveux, en un geste tendre qu'il ne se serait jamais permis dans le monde réel.

-Toi aussi. Mais c'est toi qui m'as dit de reconquérir ma liberté, non ? Alors je m'y attèle... Et quand ce sera fait, je reviendrais à Ydra pour te voir.

Et tu ne m'y trouveras pas, Sakhar. Car je serais déjà mariée à mon pire ennemi.

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