Chapitre 23 : Frustration Inutile
-Il faudrait vraiment, un jour, que tu m'expliques comment tu fais pour avoir des aéronefs un peu partout. Il n'était pas censé être à Ydra avec Alivéne et Sirkham ? Tu en as combien, en fait ?
Plus petit que les autres, le modèle qu'ils avaient pris comportait tout de même un pilote. En revanche, il n'y avait eu qu'eux comme passagers. Pour ce qu'ils avaient à faire, pas besoin d'avoir trop de témoins, même parmi les Mercenaires Rouges.
-Les Mercenaires ne datent pas d'hier, déclara Iris en regardant attentivement les maisons.
Ils se trouvaient dans les ruelles insalubres des faubourgs de Maïssanna. Partis la veille, il leur avait fallu une nuit de voyage pour arriver. Quant à l'infiltration dans les murs de la ville, rien de plus facile pour un ancien soldat et une femme qui avait fui les prisons de la capitale avec brio.
-J'ai pris la tête des Mercenaires à l'âge de treize ans, alors autant te dire que j'ai eu le temps de faire fructifier l'affaire.
-Treize ans !? Mais pourquoi ?
Elle haussa les épaules.
-Pour m'amuser. Une fois Silna au Temple d'Ydra, je n'allais pas rester dans ses pattes.
Pardon ? De plus en plus intrigué par l'histoire de ces deux Elémentaires antagonistes, Ravish tentait de reconstituer les morceaux de leur histoire avec les brides qu'il pouvait entendre. Mais l'une comme l'autre se refermait comme des huitres dès qu'elles lâchaient quelque chose sur le passé. C'était particulièrement énervant !
-Ravish, comment tu as fait pour savoir ce que je comptais faire à Maïssanna ?
-Ce n'est pas compliqué. Je connais Silna et toi, ainsi que la situation. Connaissant tes pouvoirs, la conclusion de votre réflexion fut la même que la mienne. Par contre, je suis là pour t'empêcher de te dévoiler et éventuellement de tuer tout le monde.
Elle haussa un sourcil, tout en frappant le sol du pied, histoire de voir si de la poussière en sortait. C'était le cas.
-Et pourquoi je tuerais tout le monde ? Je veux juste faire évacuer la ville.
L'ancien garde royal émit un ricanement, tout en se mettant dans l'ombre. Une patrouille passait avec un air maussade. Étant donné que les trois quarts des soldats dispersés dans le pays avaient été rapatriés ici, il y avait peu de chances pour qu'on le reconnaisse. Néanmoins, il ne pouvait pas prendre de risque.
-Parce que tu n'en as rien à faire des citoyens de la capitale.
-Un point pour toi.
Ravish réfléchissait depuis la veille sur le moyen le plus efficace pour faire partir les citoyens, sans que les soldats de Chameka les bloquent... Et surtout sans que le roi en profite pour fuir la capitale. En réalité, le souverain n'avait nulle part où aller. Il en avait profité pour vérifier si ce psychopathe se trouvait toujours ici. C'était le cas. D'après ses informateurs, il était actuellement dans les bains royaux, en compagnie d'une ribambelle de galantes à culbuter. Autant dire qu'il était occupé.
-Je ne pensais pas que tu maitrisais si bien la branche des rebelles de la capitale, murmura Iris.
Elle avait laissé tomber son attirail de Mercenaire Rouge, pour porter une tenue sacrément dénudée. Tellement dénudée que personne ne penserait à la regarder dans les yeux. En vérité, ils avaient vu une troupe de cirque sur l'une des places. Elle avait décidé de se faire passer pour une de leurs danseuses. Dans le cas présent, c'était dans la catégorie érotique, étant donné qu'elle se baladait avec simplement une jupe fendue rouge incandescente, et les seins nus. Ah si. Un lourd collier plastron lui couvrait à peine les tétons. Autant dire qu'elle était à poil. Très excitant...
Ravish était obligé de lancer des regards hostiles à tout le monde, histoire qu'ils arrêtent de regarder soit ses seins, soit ses fesses.
-Tu crois que j'ai survécu comment ? marmonna-t-il. Je tente de trouver un moyen de faire sortir Sakhar de là depuis des années, tout en organisant le reste. J'ai des contacts partout dans la capitale. Et ça va nous être utile. Tu penses quoi de la ville ?
-Très inflammable. Les murs sont en terre, mais il y a le bois des poutres, l'espèce de paille pour les toits. Sans compter les commerces remplis de pétrole, d'huile et de tissu. Ça va flamber avec une facilité déconcertante.
Ils se regardèrent. Tout du moins, il tenta de la regarder dans les yeux. Les poings sur les hanches, elle lui fit un sourire provocant.
-Des envies inavouables, Ravish ?
-Non.
-Menteur, ronronna-t-elle avant de se détourner. Bon, on commence, ou tu as des choses à faire avant ?
-Je dois rencontrer certaines personnes à la tombée de la nuit. En attendant, on peut faire du repérage.
-Mmh... Ça veut dire que l'on a du temps à tuer ?
Il déglutit nerveusement lorsqu'une bourrasque de vent agita sa jupe fendue, révélant la courbe d'une fesse.
-Je suis fidèle à Savinha.
-Vraiment ? Ce n'est pas ce que j'ai entendu dire...
Il ferma les yeux, avant de les rouvrir. Elle lui faisait face, avec un sourire coquin. Oh bon sang...
-Je le suis depuis que nous nous sommes retrouvés. C'était notre pacte.
-Mmh...
Se rapprochant tel un félin, elle passa une main sur son torse.
-Et si je te dis que ton pacte a été brisé avec moi ?
Il fronça les sourcils.
-La fois à trois ne compte pas.
-Ravish, Ravish... On a déjà couché ensemble avant tout ça. Tu crois vraiment que Savinha se contenterait d'une seule fois avec moi ?
Fermant les yeux, il prit une profonde inspiration. Il ne devait pas se laisser avoir. Pourtant, il revit soudain Savinha, au Repos. Elle lui avait à peine parlé. Il revit ses regards pour Iris.
-Pendant que toi tu maitrisais ta frustration de ton côté... Ravish, pousse-toi.
Le changement brutal de ton lui fit froncer les sourcils. La seconde suivante, il se retrouva dans une ruelle, plaqué contre le mur. Néanmoins, ce n'était pas pour des galipettes soudaines, ou sous l'emprise d'une quelconque colère vengeresse. Une main sur son torse pour l'empêcher de bouger, les yeux rivés sur l'autre bout de la ruelle, Iris ne souriait pas du tout. Et lorsqu'elle l'empoigna pour qu'il l'embrasse, il comprit tout de suite. Aussi empoigna-t-il ses fesses pour la soulever de terre et la presser contre le mur, de façon à la dissimuler aux regards des passants dans la rue principale.
Bien lui en prit. Car une minute plus tard elle lui dit :
-Si tu as une planque dans la ville, il faut que j'y aille, déclara-t-elle. Je ne peux pas rester dehors.
-Qui se trouve ici, que tu crains tant ?
Elle planta son regard sauvage dans le sien.
-Il y a des hommes de Wolff ici. S'ils me trouvent, ils vont avoir un problème.
-Ils ? De qui parles-tu ?
-Ce ne sont pas tes...
-Iris... Heureux de te voir avec un prisonnier, susurra une voix immonde de l'autre côté de la ruelle.
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