Chapitre 7

À la suite de la mort de son père, les autorités moldues déclarèrent que le vieil homme était probablement décédé d'une attaque cardiaque. Ou cérébrale. Le médecin qui lui avait annoncé la nouvelle avait semblé compatissant et lui avait assuré que Tobias ne s'était rendu compte de rien. Qu'il était mort bien avant de toucher le sol et qu'il n'avait pas souffert.

Severus était resté silencieux, se retenant de commenter, observant les moldus emmener le corps de Tobias et il avait dû se mordre la lèvre pour ne pas regretter cette mort trop douce à haute voix. Il avait juste haussé les épaules, l'air indifférent, lorsqu'un moldu anonyme lui présenta ses condoléances.

Même s'il était décidé à ne pas se préoccuper des obsèques — de son point de vue, son géniteur ne méritait pas mieux que la fosse commune — il hérita quand même de la maison Impasse du Tisseur, celle dans laquelle il avait été si malheureux. Il aurait aimé la détruire brique par brique, avant de se résigner à y vivre, n'ayant pas assez d'argent pour mieux.

Il aurait pu demander à Lucius un peu d'aide — l'homme lui avait assuré qu'il avait suffisamment d'argent pour l'aider —, mais il ne voulait pas dépendre de ses camarades Mangemorts. Il s'était toujours débrouillé seul et sa fierté l'obligeait à continuer.

Juste après avoir pris la marque, Severus avait craint d'être plongé dans une spirale de violence et de meurtres après avoir prouvé qu'il était capable d'ôter la vie sans hésiter. Cependant, après avoir été félicité par Voldemort en personne — qui semblait approuver son choix de victime pour entrer dans ses rangs — Severus avait repris une vie à peu près normale. Il avait été présenté à un Maître en potions, qui s'était montré enchanté par ses résultats scolaires et qui avait accepté de le former.

Severus travaillait dur, faisant en sorte que son maître en potions ne regrette jamais de l'avoir accepté en apprentissage. Il passait son temps à s'améliorer, à brasser des potions de plus en plus complexes, à découvrir de nouveaux ingrédients et de nouveaux mélanges, déterminé à faire ses preuves.

Durant ses rares moments de repos, Lucius lui avait servi de mentor une fois de plus, le guidant dans ce nouveau monde, lui fournissant tout ce dont il avait besoin. Il lui avait indiqué qu'il devait se concentrer sur sa maîtrise de potions : leur Maître avait besoin d'un potionniste talentueux, place que Severus était amené à occuper. Ainsi, il ne serait pas appelé lors des raids visant à répandre la terreur, pas dans l'immédiat.

Le jeune homme qu'était Severus en avait été soulagé. Il savait qu'il aurait à tuer à d'autres occasions si le seigneur des ténèbres le lui ordonnait, mais un répit était bienvenu. Il espérait également que Voldemort aurait atteint ses objectifs avant la fin de son apprentissage pour ne jamais avoir à participer à une attaque. Severus n'avait jamais été friand de sang.

Déterminé à faire ses preuves, à prouver qu'il avait sa place et qu'il était digne de la confiance que Voldemort avait placée en lui, Severus se jeta à corps perdu dans ses études de potions, s'y dévouant corps et âme.

Comme Lucius le lui avait promis lorsqu'il était venu le voir, la toute première fois, tous les frais de sa maîtrise avaient d'ores et déjà été réglés, lui permettant d'aborder sa formation sereinement sans avoir à travailler pour gagner de l'argent en plus. Les Mangemorts lui demandaient également de leur brasser des potions, allant de la pimentine au polynectar, et ils le rétribuaient généreusement, lui permettant d'accumuler un petit pécule confortable.

Pour la toute première fois de sa vie, le jeune homme se sentit réellement à sa place. Il se passionna pour les potions, plus encore qu'à Poudlard, découvrant qu'il avait un don inné qu'il ne demandait qu'à exploiter. Le reste n'avait pas d'importance, il ne se posait pas de questions sur la voie qu'il avait choisie, trop occupé à progresser dans cet art qu'il adorait.

Plongé dans ses études, Severus ne s'informa jamais de ce qui se passait dans le monde magique. Pendant ce temps, les Mangemorts ne restèrent pas inactifs, loin de là. Ils défiaient ouvertement le Ministère en pratiquant la Magie noire. Ils tuaient des moldus ou des sorciers ennemis, qui refusaient d'accepter leurs traditions et ils attaquaient les nés-de-moldus espérant les effrayer assez pour les renvoyer dans le monde moldu, refusant de leur laisser bafouer leurs traditions et salir leurs lignées.

Severus commençait à penser sincèrement que c'était la seule façon d'attirer l'attention, de se faire entendre, comme Voldemort le répétait inlassablement.

Il n'avait pas besoin de se poser la question de la légitimité de leurs actes : son propre père était la preuve que les moldus étaient parfois monstrueux et qu'ils devaient rester à l'écart du monde magique.

L'idée même que d'autres enfants comme lui soient maltraités toute leur enfance uniquement parce qu'ils étaient sorciers le rendait malade et l'emplissait de colère, lui donnant envie de se joindre aux raids et d'attaquer, de tester les impardonnables sur les idiots qui soutenaient les moldus.

Parfois, il pensait à Lily. Il se demandait ce qu'elle dirait de lui maintenant qu'elle appartenait au stupide groupe de Dumbledore censé barrer la route à Voldemort et ses Mangemorts.

Il se demandait si elle se souvenait encore de lui ou si elle l'avait totalement oublié.

Il accusait James Potter de l'avoir manipulée, de la lui avoir arrachée... Severus restait fermement convaincu qu'un jour Lily le verrait enfin et qu'elle reviendrait vers lui.

Elle ne pouvait pas sincèrement aimer un idiot comme James Potter, tapageur et prétentieux, elle qui était si brillante.

Lorsque Severus reçut enfin sa maîtrise de potions, un peu plus d'un an après avoir quitté Poudlard, il était seul. Son maître d'apprentissage avait fait l'éloge de son sérieux et de ses compétences, et il avait été convoqué au Ministère pour y retirer son diplôme. Il avait rencontré l'employé chargé de remettre les diplômes dans une petite pièce impersonnelle, et Lucius avait fait une brève apparition pour le féliciter avant de repartir immédiatement, trop occupé pour rester plus longtemps.

En lui donnant son diplôme, l'employé du Ministère l'avait chaudement complimenté en lui annonçant qu'il était le plus jeune maître Potionniste de l'histoire à être diplômé. Il était également celui ayant obtenu la meilleure note qui puisse être donnée. Un exploit, visiblement, cependant, l'amertume lui brûlait la gorge en cet instant.

Il était seul. Toujours seul.

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