Chapitre 41

En entrant dans le bureau de Dumbledore, Severus avait masqué tout sentiment de son visage. Il fixa un instant le vieil homme, puis il leva un sourcil légèrement moqueur.

– Directeur. Vous n'auriez pas oublié de m'informer de quelque chose ?

Dumbledore fronça un instant les sourcils, visiblement perplexe. Severus en conçut une satisfaction mauvaise, d'avoir pour une fois une longueur d'avance sur l'homme qui semblait toujours tout savoir.

— Que se passe-t-il, mon garçon ? Votre fille va bien ?

Severus roula des yeux, mais il n'était pas vraiment agacé. Dumbledore semblait s'être pris d'affection pour Hope et sa fille le considérait comme une sorte de grand-père excentrique. Il n'avait jamais compris pourquoi le sorcier si puissant passait du temps volontairement avec Hope et pourquoi il répondait à toutes ses questions, même les plus insolites.

Severus esquissa un léger sourire.

— Aussi bien que possible. Ainsi donc, vous n'avez pas la liste des élèves qui entreront en première année à la rentrée prochaine ?

Dumbledore fronça les sourcils, perplexe.

— Pas avant l'été, j'en ai peur, mon garçon. C'est le livre des admissions de Poudlard qui est enchanté pour...

Le vieil homme s'interrompit, puis il écarquilla les yeux.

— Hope a reçu une lettre d'admission ?

Severus émit un ricanement moqueur, mais ses yeux brillaient de fierté.

— En effet. Ses hurlements de joie ont dû ébranler les fondations du château. Je suis surpris que vous n'ayez pas entendu.

Dumbledore se redressa en riant, affichant un air satisfait.

— Et bien, il semblerait que les choses se mettent en place, finalement.

Ils se dévisagèrent quelques instants, puis Severus secoua la tête et grogna.

— Ne soyez pas stupide. Nous savons tous les deux que c'est impossible. Hope est... Sa mère était moldue.

Dumbledore haussa un sourcil.

— Mais vous êtes un sorcier, Severus. Votre sang suffit à expliquer...

Le directeur marqua une pause en le dévisageant avec attention, puis il souffla lentement.

— À moins que cette petite ne soit pas exactement ce que nous pensons tous.

Severus serra les poings et se tendit, puis il lança un regard furieux à Dumbledore.

— Hope est ma fille. C'est la seule chose à savoir !

Le directeur soupira et secoua doucement la tête.

— Vous cachez tant de choses, mon garçon. Vous savez pourtant que je ne ferais rien pour vous nuire... Quelle que soit la véritable identité de Hope, je vous ai promis de la protéger et je ne reviendrais pas sur ma promesse.

Severus aurait aimé pouvoir croire le vieil homme. Dumbledore n'était pas mauvais, il était juste terriblement manipulateur. Il faisait toujours passer avant tout le reste le plus grand bien, n'hésitant pas à sacrifier ceux qui se trouvaient sur le chemin.

Ainsi, Hope serait en sécurité tant qu'elle n'était pas un obstacle pour l'avenir du monde magique...

Son visage se ferma et il haussa les épaules.

— Hope est ma fille. Cependant, elle n'a jamais eu d'accident de magie instinctive. Comment l'expliquez-vous ?

Il crut lire une pointe de déception dans le regard bleu du directeur, qu'il ignora soigneusement. Dumbledore se lissa la barbe quelques instants, plongé dans ses pensées.

Finalement, il haussa les épaules avec un petit rire.

— Hope ne s'est jamais sentie en danger près de vous, Severus. Elle... n'a pas eu d'émotion violente permettant un éclat de magie. Sans compter qu'elle baigne dans la magie depuis son plus jeune âge.

Severus se pencha vers Dumbledore, les yeux plissés.

— Vous pensez que... que vivre à Poudlard a pu changer Hope ? Qu'elle...

Dumbledore l'interrompit d'un petit rire moqueur.

— Pas de panique, mon garçon. Poudlard ne change pas les gens, sinon tous les moldus qui passent à proximité seraient... touchés. Il y a un village moldu pas trop loin après tout et il n'y a pas plus de petits sorciers que dans n'importe quelle ville !

Severus se frotta le visage et soupira.

— Je suis désolé. Je dois avouer que je suis surpris. Ravi également que Hope puisse... trouver sa place dans le monde magique, là où elle a grandi. Mais très inquiet. Nous savons tous les deux qu'il reste des choses en suspens et qu'elle pourrait être en danger.

Le regard de Dumbledore se perdit dans le vide un instant, puis il hocha la tête, comme s'il venait de prendre une décision capitale. Il baissa la tête pour regarder ses mains, posées sur le bureau, puis il commença à parler, un peu hésitant.

— Lorsque vous êtes venu me trouver, vous étiez empli de culpabilité et de colère. Vous n'aviez rien à perdre, vous étiez seul. Je... Je savais que vous risquiez votre vie en devenant espion, Severus, mais... Mais c'était la première fois que je voyais un moyen d'abattre Voldemort et j'ai accepté en me convainquant que vous saviez ce que vous faisiez.

Severus leva un sourcil perplexe.

— Je ne vous reproche rien, directeur. Je suis parfaitement conscient que c'était mon choix et je savais que je risquais ma vie.

Dumbledore hocha la tête, avec un petit sourire.

— Bien sûr. Puis, vous êtes arrivé avec Hope. Merlin me pardonne, mon garçon, mais je n'avais jamais pensé que vous pourriez... fonder une famille.

Le directeur secoua la tête et reprit avant que Severus ne puisse répondre.

— Les évènements se sont enchaînés et ont abouti à cette terrible nuit d'Halloween. Nous avons connu des années de paix, mais cette paix est fragile et je pense que... qu'il pourrait tenter de revenir, de poursuivre ce qu'il avait commencé.

Severus se pencha, les yeux écarquillés.

— Vous êtes sûr ?

Dumbledore laissa échapper un rire triste.

— Je n'ai aucune certitude, mon garçon. L'enfant de la prophétie va entrer à Poudlard. Il sera exposé aux yeux du monde magique et je suppose qu'il voudra profiter de cette occasion.

Severus se renfrogna et il croisa les bras sur sa poitrine.

— Je vous ai promis que je veillerai sur lui lorsque le temps sera venu. Je m'en souviens parfaitement et je ne faillirai pas.

Dumbledore écarta les mots de Severus d'un geste vague.

— Je sais. Ce n'est pas de ça qu'il s'agit. Vous ne m'avez jamais fait défaut, Severus, et j'ai toute confiance en vous. Ce que j'essaie de vous dire mon garçon, c'est qu'il est temps de... cesser de prendre des risques. Vous avez une fille adorable qui compte sur vous et je ne suis pas sûr qu'il soit raisonnable que vous soyez encore un espion.

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