Chapitre 30

Une fois dans le bureau de Dumbledore, ce dernier s'installa sur son fauteuil et désigna à Severus la chaise placée face à lui.

— Hé bien, voilà une surprise, mon cher garçon. Qui est donc cette petite merveille ?

Severus soupira et réprima l'envie de rouler des yeux au ton bien trop mielleux. Il haussa les épaules.

— Il s'agit de ma fille.

Il nota le petit sursaut de stupeur et Dumbledore réagit immédiatement, visiblement perplexe.

— Mais... depuis quand ?

Severus grogna, agacé.

— Depuis sa naissance, je dirais. Directeur, je ne pense pas que vous m'ayez fait venir pour discuter de la façon de concevoir un enfant ?

Pour le plus grand plaisir de Severus, les joues de Dumbledore prirent de la couleur et le vieil homme laissa échapper un gloussement gêné.

— Pardonnez au vieux curieux que je suis, mon garçon. Je suis juste surpris de vous voir avec un bébé, vous avez toujours été un garçon solitaire...

Severus renifla et le fixa dans les yeux, jusqu'à ce que Dumbledore se tortille, mal à l'aise.

— Ce n'était pas vraiment mon choix, directeur. Il me semble que vous saviez qu'un petit groupe de vos élèves préférés était déterminé à gâcher ma scolarité.

Dumbledore baissa la tête et son air jovial disparut. Il soupira et secoua la tête.

— Je suis vraiment désolé, Severus. J'ai commis bien des erreurs et malheureusement je devrais vivre avec.

Severus cligna des yeux, perplexe. Il avait l'impression que le directeur venait de lui présenter des excuses et il ne savait pas vraiment comment le gérer.

Il haussa les épaules et changea de sujet, en se demandant soudain pour quelle raison Dumbledore regretterait de ne pas l'avoir protégé.

— Vous vouliez me voir ?

Dumbledore se gratta la gorge et sourit, ses yeux pétillant soudain de joie.

— Bien sûr. J'ai l'emploi parfait pour vous, Severus. Mon garçon, j'ai parlé à votre Maître en potions et il ne tarissait pas d'éloges à votre sujet. Je pense que vous serez un parfait professeur, ici, à Poudlard.

Severus ouvrit la bouche et la referma, stupéfait. Puis, il secoua la tête.

— Mais... je ne peux pas... je ne pense pas être qualifié pour...

Dumbledore eut un rire amusé et il se pencha vers Severus pour lui adresser un petit clin d'œil complice.

— Voyons mon garçon. Nous savons tous les deux que vous étiez déjà plus qualifié que votre professeur lorsque vous étiez encore à Poudlard. Horace est un bon potionniste, mais vous... vous êtes bien meilleur. Il ne s'agit pas de flatterie, vos résultats parlent pour vous. Je suppose que vous aurez à travailler pour préparer les cours, bien sûr, adapter vos connaissances pour les enseigner à des enfants. Mais je ne doute pas que vous parviendrez à vous en sortir.

Severus s'affola légèrement.

— Mais vous savez que... s'il appelle...

Dumbledore hocha la tête, avec un sourire triste.

— Je suis prêt à parier que... qu'il vous laissera en paix, Severus. Il sera trop ravi d'avoir l'illusion d'une entrée dans Poudlard. Sans compter que vous ne serez pas emprisonné ici, mon garçon, bien au contraire.

Le jeune homme baissa les yeux sur Hope.

— Je pensais à un rôle plus modeste. Je ne...

Dumbledore l'arrêta gentiment.

— Votre fille sera probablement très fière d'avoir un père professeur à Poudlard, non ? Et puis, mon garçon, cette enfant sera en sécurité parmi nous. Je suppose que vous voudrez vivre avec elle ?

Étourdi, Severus hocha la tête. Dumbledore sourit et après une hésitation, il reprit.

— Dois-je prévoir également une place pour la mère de cette adorable petite ?

Severus se renfrogna.

— Elle est morte. Nous sommes... tous les deux.

Dumbledore lui lança un regard triste, puis il hocha la tête.

— Vous aurez tout ce dont vous aurez besoin, Severus. Un lieu où vivre sereinement, vous et votre fille. Un emploi avec un salaire confortable. Les elfes de Poudlard prendront soin de votre petite, lorsque vous en aurez besoin. Vous aurez toute l'aide qu'il faudra. Sans compter que cette demoiselle pourra être suivie par notre infirmière. Il y a bien longtemps que cette école n'a pas accueilli d'enfants de professeurs.

Severus déglutit et il baissa la tête pour regarder Hope. Elle était blottie contre lui en suçant son poing, le fixant de ses grands yeux. Lorsqu'elle croisa son regard, elle lui sourit en babillant et le jeune homme ne put s'empêcher de lui sourire en retour.

Lorsqu'il releva la tête, il ne manqua pas le regard amusé de Dumbledore, qui l'observait avec attention et il se redressa, perdant son sourire immédiatement.

— J'imagine que je n'ai pas vraiment le choix, n'est-ce pas ?

Dumbledore soupira.

— Vous pouvez refuser, mon garçon. Il n'y a pas la moindre obligation. Cependant, je vous encourage vivement à accepter, surtout compte tenu de votre situation.

Severus fronça les sourcils.

— Comment ça ?

Dumbledore secoua la tête et il eut un bref geste d'apaisement.

— Ce n'est pas une menace, Severus. Je pensais à votre fille. Je ferais en sorte que vous soyez protégé, que jamais vous ne soyez envoyé à Azkaban.

Severus déglutit et ferma les yeux. Hope avait réussi à lui faire oublier son avenir incertain et les risques qu'il aurait à prendre. Lorsqu'il avait rencontré Dumbledore, il n'avait rien à perdre.

En cours de route, il avait trouvé des raisons de vivre. De se battre.

Après quelques secondes, il hocha la tête.

— J'accepte. Le poste, les risques que je devrais prendre pour... pour le faire tomber, tout. Je veux juste que... Hope soit protégée.

Dumbledore sembla déstabilisé, comme s'il avait pensé que Severus refuserait de risquer sa vie. Il ne tenta pas de le dissuader, même s'il semblait soudain terriblement triste et vieux.

— Bien sûr que votre petite sera protégée. Je m'y engage, mon garçon. Elle sera la bienvenue parmi nous.

Severus eut une grimace amère et insista.

— Vous ne comprenez pas, directeur. Hope n'est pas... Sa mère était moldue. Il est possible qu'elle ne soit pas sorcière et...

Dumbledore resta de marbre, il leva juste la main pour l'interrompre.

— Severus, qu'elle ait ou non des capacités magiques, elle sera protégée. Si ça peut vous rassurer, nous déterminerons ensemble ce que vous voulez pour son avenir, et nous le coucherons par écrit.

Severus hocha la tête. Il avait quelque part la sensation de vendre son âme, mais c'était moins douloureux qu'il ne le pensait, parce que c'était la meilleure décision à prendre pour Hope.

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