Chapitre 3


Sans surprise, après l'affrontement avec Lily et la fin de leur amitié de longue date, les Maraudeurs ne cessèrent pas leur harcèlement constant. Cependant, cette fois, Severus rendait coup pour coup après avoir pris conscience que personne ne l'aiderait. Ni son directeur de maison, ni le directeur de Poudlard, ni les préfets, ni ses camarades. Il serait éternellement seul.

Il se battait avec rage et pour la première fois, les Maraudeurs se méfiaient de lui puisqu'ils n'avaient plus le dessus systématiquement. Severus se moquait bien des regards noirs de Minerva McGonagall quand il terminait à l'infirmerie en compagnie de l'un de ses précieux Gryffondor, attendant juste l'instant où la stricte professeure oserait faire une remarque.

Slughorn ne l'aimait pas et ne l'avait jamais caché. Après tout, Severus était pauvre et sa mère avait été une élève médiocre, déshéritée par sa famille. Il ne méritait probablement pas de figurer dans son petit palmarès même s'il était doué en potions — bien plus doué que son professeur — et qu'il pourrait avoir un avenir brillant s'il poursuivait dans cette voie.

Aux yeux de l'homme, Severus n'avait aucun intérêt alors que son ancienne amie née de moldus était bien plus attirante avec son grand sourire et sa facilité à nouer des amitiés. Severus avait entendu le professeur de potions se plaindre que les notes de Lily Evans avaient baissé en potion, probablement parce qu'elle faisait passer sa vie sentimentale avec James Potter avant ses études.

Le jeune homme avait retenu un ricanement amer. Lily était moins douée en potion puisqu'il ne l'aidait plus. Il avait simplement cessé de lui donner ses cours annotés et elle était passée d'élève brillante à simple bonne élève...

Pendant son temps libre, maintenant qu'il avait brisé son unique lien d'amitié, Severus en profitait pour inventer de nouveaux sortilèges. Il améliorait les potions de son manuel également, passant des heures dans la salle de potions à brasser pour s'entraîner. En fait, le jeune homme passait tout son temps à travailler, que ce soit à la bibliothèque ou dans la salle commune de Serpentard. Il était déterminé à briller, à prouver à Lily qu'il valait mieux que Potter. Il voulait qu'elle prenne conscience qu'elle avait fait le mauvais choix et qu'elle regrette d'avoir succombé au charme idiot de Potter.

Il avait d'ores et déjà décidé qu'il deviendrait Maître des potions un jour, quoi qu'il en coûte, puisque c'était la matière qui l'attirait le plus et dans laquelle il semblait avoir des prédispositions certaines.

Durant sa sixième année, Severus plongea totalement dans la Magie noire, sans la moindre hésitation. Il avait déjà été attiré par cette discipline auparavant, mais Lily était son garde-fou, elle le retenait et l'empêchait de trop s'y pencher.

Lily était convaincue que la magie noire était dangereuse et qu'il ne fallait surtout pas la pratiquer, tout comme Dumbledore le répétait encore et encore. La Gryffondor était déterminée à suivre les règles et la magie noire transgressait toutes les règles existantes...

Désormais, il était libre de laisser sa curiosité s'épanouir, de se plonger au cœur du plus sombre de la magie, au cœur de cette facette qui lui semblait si séduisante et pleine de promesses.

Et la magie noire était attirante, assurément. Bien plus que la magie blanche. Elle offrait tant de possibilités que c'en était enivrant.

C'était presque trop toute cette puissance. Toute cette absence de limites. Plus il apprenait, plus il se sentait invincible.

Certaines nuits, il rêvait de tester ses maléfices sur les Maraudeurs. La seule chose qui le retenait était la perspective d'être envoyé à Azkaban dans la seconde. Il était prêt à devenir un mage noir sans la moindre hésitation, mais il refusait de perdre sa liberté. Il voulait profiter de ce que son père puis les Maraudeurs lui avaient arraché.

Bien évidemment, il sentait souvent le regard pesant du directeur Dumbledore sur lui, mais il l'ignorait, refusant de culpabiliser ou de s'amender. Dumbledore l'avait regardé être humilié et malmené toutes ces années, il n'avait jamais mis fin à toutes les souffrances qu'il avait dû traverser à cause de ses Gryffondor adorés.

Le vieil homme n'essayait même pas de cacher son favoritisme, s'amusant des blagues cruelles des Maraudeurs sans se soucier des victimes — souvent des Serpentard. Il n'allait certainement pas écouter les conseils du vieil homme maintenant que le ciel de son avenir s'éclaircissait enfin et lui promettait un peu de bonheur.

Severus était sûr qu'un jour Lily se rendrait compte qu'il était plus puissant et plus intelligent que James Potter. Un jour, elle se souviendrait de son ami de toujours, des moments qu'ils avaient partagés, des promesses qu'elle lui avait faites.

Après tout, Lily était une jeune fille intelligente, curieuse, avide de savoir. Il était évident qu'elle finirait par oublier ce stupide Gryffondor tapageur à l'intelligence limitée. En dehors de ses plaisanteries potaches, Potter n'avait aucun avenir. Aucun talent, excepté sur son stupide balai. Lily méritait mieux que ce que Potter lui offrirait. Une vie d'épouse au foyer rangée, s'occupant des marmots pendant qu'il irait travailler — un travail qui ne serait certainement pas cérébral compte tenu de son peu d'implication dans ses études.

À la place, il pouvait offrir à Lily des connaissances à foison. Des voyages pour découvrir les origines de la magie. Ils pourraient travailler ensemble à créer des potions ou des sortilèges — Lily était douée dans ce domaine — et ils pourraient entrer dans l'histoire... Ensemble.

C'était un beau rêve que Severus refusait d'oublier.

Durant l'été entre sa sixième année et sa dernière année, Severus se rendit compte que la magie noire ne pouvait pas le protéger de sa famille en dehors de Poudlard. Il était peut-être puissant, plus que la plupart des sorciers de son âge, mais il était encore mineur. Il ne pouvait pas se risquer à faire de la magie en dehors de l'école au risque de tout perdre en étant jugé par le ministère, puis expulsé de Poudlard pour usage abusif de la magie.

Sans le soutien de Lily, il dépérissait. Son père était ivre en permanence, de plus en plus violent. Sa mère s'enfonçait dans la dépression, devenant presque à moitié folle à cause des mauvais traitements qu'elle subissait sans cesse, l'ignorant la plupart du temps comme s'il était un fantôme.

Il était seul, isolé, sans défense.

Abandonné.

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