Chapitre 28


Severus ne put retenir un bref rire amusé, surpris de se détendre autant face à cette femme habituellement silencieuse. Derrière elle, Lucius renifla.

— Donc, tu vas garder et élever cette petite ? Dans ta situation ? Sachant d'où elle vient ?

Narcissa lui jeta un regard dur, mais Lucius fixait Severus, implacable. Ce dernier resta calme et sa réponse était inflexible.

— Elle est ma fille et je me moque d'où elle vient. Elle a besoin de moi et je ne vais certainement pas l'abandonner. Qu'elle soit ou non une sorcière ne changera rien au fait qu'elle n'a plus que moi.

Lucius sembla avoir avalé un morceau de citron entier, tandis que Narcissa hochait lentement la tête.

— C'est tout à ton honneur. Je t'aiderai avec plaisir, Severus, autant que possible.

Le regard de défi qu'elle lança à son mari était clair et ce dernier grogna et recula de quelques pas, boudeur, mais silencieux.

Severus sourit, les yeux fixés sur la petite.

— Merci. Tu es la seule femme de ma connaissance à avoir un bébé en bas âge alors...

Lucius intervint, avec une voix moqueuse.

— Lily Potter a accouché. Un garçon. Né le dernier jour de juillet. Tu pourrais lui demander son aide, puisqu'elle est une née-de-moldus, non ?

Severus se tendit un bref instant, mais il repoussa la vague de jalousie et de tristesse qui le traversa. Lily appartenait au passé. Elle lui avait brisé le cœur, mais il ne pouvait pas se permettre de continuer de la pleurer indéfiniment.

Severus ferait de son mieux pour la protéger et pour arrêter Voldemort, mais la petite fille innocente dans ses bras lui avait donné une raison de vivre.

Il resta parfaitement calme et il leva les yeux vers Lucius.

— Et bien, ce n'est pas comme si je pouvais aller lui rendre visite et lui demander conseil, compte tenu de nos... allégeances.

Narcissa grogna, furieuse.

— Lucius !

Il y eut un silence inconfortable, puis Narcissa reporta son attention sur la petite.

— Comment s'appelle-t-elle ?

Severus se figea un instant. Il n'avait pas pensé un seul instant à nommer le bébé, mais il allait devoir lui donner une identité. Il hésita avant de murmurer, les yeux fixés sur le bébé.

- Hope.

En le prononçant, Severus sut que c'était le prénom parfait. Elle était son espoir d'avoir un avenir. L'espoir qu'un jour la guerre prendrait fin et que la paix s'installerait.

Narcissa hocha la tête en le dévisageant avec attention, mais elle ne fit pas le moindre commentaire. À la place, elle annonça, joyeusement.

— Drago dort encore, mais il ne devrait pas tarder à réclamer son biberon. Quel âge a Hope ?

Severus grimaça.

— Je l'ignore. Elle est un peu plus âgée que ton fils, je suppose, mais...

Narcissa hocha la tête.

— Elle est probablement née au début de l'année. Tu devras te renseigner, sur son acte de naissance.

Le jeune homme hocha la tête, mal à l'aise, sans répondre. Il n'avait pas pensé à ce qu'impliquait un enfant, mais il allait rapidement devoir combler ces lacunes. Narcissa ne sembla pas se rendre compte de son trouble et elle continua de parler, avec un petit sourire.

— Cette demoiselle a mangé ?

Severus hocha la tête.

— Tout à l'heure. Puis elle a dormi.

Narcissa tendit les bras et prit Hope avec douceur. En voyant la couche attachée de travers, elle gloussa.

— Je vois pourquoi tu es venu. Allez, viens. Allons dans la nurserie, je vais te montrer le principal.

Lucius émit un grognement désapprobateur, et Narcissa tourna vivement la tête vers lui.

— Tu veux peut-être nous faire une démonstration de tes talents, mon cher ? Sinon, tu peux faire comme à ton habitude : aller t'enfermer dans ton bureau dès que ton précieux héritier pleure.

Lucius évita le regard de Severus et il tourna les talons, quittant la pièce d'un pas raide. Voyant le malaise de Severus, Narcissa haussa les épaules.

— Il s'en remettra. Je suppose qu'il est surpris que tu aies eu... une liaison avec une moldue.

Severus baissa la tête, alors qu'il sentait ses joues rougir.

— Je ne pensais pas...

Narcissa l'interrompit d'une main légère sur son bras.

— Tu n'as pas à donner d'explications, Severus. N'importe qui a besoin de compagnie de temps en temps et je dois avouer que je suis rassurée de voir que tu n'es pas si... isolé. Lucius oublie que tu as grandi dans le monde moldu. Il est logique que tu y aies noué des liens.

Severus cligna des yeux, surpris de l'ouverture d'esprit de cette femme toujours silencieuse et glaciale. Narcissa était une Black, l'une des familles les moins permissives du monde magique et pourtant elle semblait comprendre Severus mieux que personne ne l'avait fait jusqu'à présent.

Elle dut sentir son trouble puisqu'elle le fixa et murmura, tranquillement.

— Tu sais que j'avais une autre sœur ? Andromeda... était l'aînée. Elle est tombée amoureuse d'un né-de-moldu et elle a choisi de quitter la maison plutôt que d'abandonner son amour. Elle a eu une fille, il y a quelques années, une fille que je ne connaitrais jamais. Mes parents l'ont reniée et j'étais moi-même furieuse après Andy qu'elle prenne la fuite pour ce... moldu stupide. Mais avoir un fils m'a ouvert les yeux. J'ai compris que... disons que je sais maintenant que parfois, on aime tellement une personne qu'on pourrait faire n'importe quoi pour elle. Je donnerai ma vie pour Drago. Je suppose que tu... commences à expérimenter les mêmes sentiments envers Hope ?

Severus hocha juste la tête, la gorge nouée, en regardant Narcissa différemment. Il l'avait toujours vue comme une poupée docile, obéissant à Lucius aveuglément, incapable de faire preuve de la moindre initiative. Il réalisa qu'elle était bien plus que cela et qu'elle pourrait s'avérer être une alliée précieuse. Il murmura, la voix étranglée.

— Je... La présence de ma fille ne change pas mes vœux de parrain, Narcissa. J'ai promis de prendre soin de Drago et je le protégerai de la même façon que je protégerai Hope. Quoi qu'il arrive.

Narcissa hocha la tête et eut un sourire tremblant. Puis elle soupira.

— Quelles que soient les raisons de Lucius de te choisir, je suis ravie que tu aies accepté. Je pense sincèrement que mon fils n'aurait pas pu avoir un meilleur parrain.

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