Chapitre 21


Le lendemain soir, Severus s'était présenté dans sa tenue de Mangemort, droit et impassible, comme si ça avait toujours été sa place. Il ignora les regards surpris et méfiants des autres Mangemorts, restant silencieux et un peu à l'écart.

Lucius s'approcha de lui et se plaça à ses côtés, sans un commentaire. Severus lui lança un regard surpris, conscient que l'homme le soutenait de cette façon, face aux autres. Il inclina légèrement la tête, un bref mouvement presque imperceptible, mais Lucius le remarqua puisqu'il répondit d'un bref sourire crispé.

Voldemort fixa longuement Severus avec un sourire satisfait et il donna le signal du départ, encourageant chacun à faire couler le sang. Un maximum de sang.

Ils arrivèrent dans un petit village moldu, en pleine campagne anglaise. Severus ne savait même pas où ils étaient exactement. Les maisons étaient plongées dans l'obscurité, signe qu'ils dormaient tous, et qu'ils seraient vulnérables. Ils n'auraient même pas le temps de comprendre d'où venait l'attaque, les Mangemorts allaient faire un massacre.

Sans surprise, ce fut Bellatrix qui lança les hostilités en enflammant plusieurs bâtiments au hasard, lançant son rire hystérique comme un cri de guerre. Ensuite... ce fut le chaos.

Severus resta aux côtés de Lucius, un peu perdu. Il avait imaginé le pire au sujet de ces raids, parfaitement conscient que ce n'était qu'une boucherie visant à amuser les plus sanguinaires des Mangemorts. Cependant, même dans ses pires cauchemars, il n'aurait jamais pu envisager une telle cruauté, une telle sauvagerie.

Il lança des sorts de mort, abrégeant les souffrances de plusieurs pauvres moldus. Il ne pouvait pas jouer avec leurs vies comme les autres le faisaient, sous peine de se mettre à hurler et de faire quelque chose de véritablement stupide, comme s'en prendre à Voldemort qui riait, au milieu du village. Même le visage de Lily et son sourire ne suffisait pas pour aller si loin dans son rôle...

Les corps s'entassaient autour de Lucius et lui — le blond agissait comme lui, tuant avec efficacité sans se préoccuper d'infliger de la douleur — et lorsque le village fut enfin décimé, Voldemort hocha la tête d'un air satisfait en direction de Severus.

Il vérifia qu'il n'y avait pas le moindre survivant — homme, femme ou enfant — puis il hurla un « morsmordre » rageur qui fit apparaître la marque des Ténèbres dans le ciel, nimbée d'une lueur verte létale.

L'ignoble serpent ondulait dans les airs, serpentant à travers le crâne, attirant l'attention sur le drame qui venait de se produire.

Enfin, Voldemort laissa échapper un rire satisfait.

— Beau travail mes chers Mangemorts. Rentrez chez vous, je vous appellerai lorsqu'il sera temps de rappeler à ces cancrelats notre puissance.

Les Mangemorts commencèrent à rire et crier de joie, transplanant par petits groupes, visiblement partant pour continuer à s'amuser après cette boucherie.

Lucius se pencha vers Severus.

— Certains aiment fêter leur... sauvagerie. Cependant, si tu ne veux pas rester seul, tu seras le bienvenu au manoir.

Severus cligna des yeux. Une partie de lui était tentée d'accepter son offre, d'obtenir un peu de réconfort même s'il n'était pas réellement ami avec Lucius.

Puis, il se souvint. Il était un traître et Voldemort avait annoncé qu'il le surveillerait de près. Pour ce qu'il en savait, Lucius pouvait suivre les ordres et l'avoir invité pour tenter de lui faire avouer ses secrets les plus sombres après l'avoir fait boire.

Le jeune homme se redressa, espérant que son visage ne montrait pas la moindre trace des horreurs qu'il avait vues, puis il secoua lentement la tête.

— C'est gentil à toi, mais je préfère rentrer chez moi. J'ai une potion en attente.

Lucius le dévisagea un long moment, mais Severus ne faiblit pas. Il lui rendit son regard avec calme et Lucius hocha la tête, une pointe de déception apparaissant dans son regard gris. Il haussa les épaules, un peu sèchement.

— Libre à toi. Je suppose que nous nous verrons à la prochaine convocation.

Severus acquiesça distraitement, pressé soudain de quitter cet endroit.

— Mes amitiés à ton épouse, Lucius.

Lucius ne répondit pas, transplanant immédiatement et le laissant seul. Severus regarda une dernière fois autour de lui, écoeuré par la désolation qui restait après leur passage. Les corps, abandonnés dans les ruelles, les maisons brûlant, la marque des ténèbres flottant dans le ciel, menaçante et implacable.

Il transplana pour rentrer chez lui et se précipita à l'intérieur, arrachant ses vêtements en se rendant dans la salle de bains. Il tourna le robinet de la douche, le réglant sur la chaleur maximale qu'il pouvait obtenir.

Il siffla de douleur en entrant sous le jet d'eau et il commença à frotter sa peau sans attendre, comme pour laver ses péchés. L'eau qui coulait sur lui cacha ses larmes et lorsque l'eau commença à refroidir, il ferma le robinet et sortit, s'enroulant dans une serviette rêche. Sa peau était écarlate, mais il se sentait toujours aussi sale.

Il se sécha sommairement, les yeux dans le vide, et s'habilla rapidement.

En revenant dans son salon, il était épuisé, émotionnellement et physiquement. Il se força à manger malgré son dégoût, uniquement pour nourrir son corps et ne pas s'affaiblir. Il fit en sorte d'enfermer les souvenirs de cette terrible soirée dans son esprit, se jurant de ne plus jamais y repenser.

Au troisième raid de ce style, Severus nota que la surveillance de Voldemort sur lui se relâchait. Il avait fait ses preuves, visiblement, mais il n'avait pas vraiment de marge de manœuvre.

En rentrant chez lui, cette nuit-là, il eut à peine le temps d'atteindre la porte de sa maison avant de se mettre à vomir.

Alors que son estomac se vidait devant la haie séparant sa maison de la maison voisine, il entendit le commentaire mesquin de la voisine qui passait dans la rue, le comparant à son père. Tobias avait effectivement souvent vidé l'alcool de son organisme devant la maison, avant même d'arriver jusqu'à la porte d'entrée.

Le jeune homme aurait probablement dû être furieux d'être comparé à son père. Cependant, il ne pouvait pas vraiment protester en songeant à ce qu'il venait de faire. Tobias avait été un ivrogne violent... et son fils tuait des moldus à la chaîne, comme s'il s'agissait de simples insectes nuisibles.

Severus n'était pas du genre à s'apitoyer sur son sort, cependant. Il avait fait des choix et il devait vivre avec. Il en était parfaitement conscient, il l'acceptait même.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top