Chapitre 10

Severus ne se retourna pas et ne s'offusqua pas de la moquerie, mais Voldemort leva sa baguette et lança sur le Mangemort trop bavard un Doloris puissant, le faisant hurler. Lorsque Lestrange fut au sol, réduit à une masse gémissante, il cessa le maléfice avec un rictus cruel. Les autres Mangemorts avaient cessé de rire, mais ils fixaient Severus comme s'ils espéraient que son information ne soit pas si importante. Si le maître n'était pas satisfait des renseignements apportés, il le punirait de l'avoir dérangé pour rien.

Voldemort eut un geste impatient et le jeune homme reprit sans montrer la moindre émotion.

— Une femme était avec lui, une inconnue, assez excentrique.

Il y eut quelques murmures derrière lui, une fois encore, mais personne n'osa commenter. Aussi Severus continua, reprenant à peine son souffle.

— Elle a demandé un poste à Poudlard, celui de professeur de divination. J'ignore quelles sont ses qualifications réelles, mais elle a soudain prononcé une prophétie, Maître. Une prophétie vous concernant.

Voldemort se leva d'un bond pour s'approcher près de Severus jusqu'à presque le toucher. Il le fixait intensément, ignorant totalement les autres mangemorts présents, concentré sur Severus et sur son récit.

— Dis-moi, jeune Severus. Quels étaient ses mots ? Ses mots exacts ?

Obéissant, le jeune homme ferma les yeux et prit quelques instants pour se souvenir précisément de ce qu'il avait vu et entendu. Il fronça légèrement les sourcils et il récita de mémoire ce qu'il avait entendu.

— « Celui qui a le pouvoir de vaincre le seigneur des Ténèbres approche... il naîtra de ceux qui l'ont par trois fois défié, il sera né lorsque mourra le septième mois... »

Il y eut un long silence, puis Voldemort murmura, tendu.

— Est-ce tout ?

Severus osa lever les yeux brièvement vers le Seigneur des Ténèbres et il hocha lentement la tête, avant de reprendre sa position, tête baissée.

— Oui, Maître. J'ai préféré vous rapporter immédiatement ce que j'ai entendu plutôt que rester plus longtemps et risquer d'être surpris. Je pensais que vous aimeriez... le savoir au plus vite.

Voldemort marqua un silence, assez long pour que Severus jette un bref coup d'œil inquiet vers lui. Le mage noir avait les sourcils froncés et semblait pensif. Il se tenait debout, juste devant lui, baguette en main, immobile et silencieux. Puis, il finit par hocher lentement la tête, comme s'il prenait une décision, et Severus baissa les yeux pour cacher qu'il l'avait observé.

Lorsque Voldemort reprit la parole, son ton était étrangement satisfait, mais Severus ne put s'empêcher de frissonner, légèrement inquiet.

— Intéressant. Tu es réellement prometteur, bien plus que je ne le pensais au début, jeune homme. Ta fidélité sera récompensée au-delà de tes espérances, mon cher Mangemort.

Le mage noir marqua une pause et il avança vers Severus jusqu'à le surplomber. Il se pencha vers lui pour ajouter, baissant la voix légèrement, même si tous les autres Mangemorts pouvaient encore les entendre.

— D'autant que je dois également te féliciter de ton succès lors de l'obtention de ta maîtrise... C'est une performance incroyable, d'après ce que j'ai entendu dire. Je ne peux qu'être satisfait de ton travail.

Severus rosit légèrement et il eut un léger sourire, un peu crispé encore, mais fier d'avoir prouvé sa valeur et d'avoir montré qu'il avait sa place au sein des Mangemorts. Les félicitations de Voldemort en personne étaient inattendues, mais terriblement gratifiantes.

Il ignora les regards jaloux des autres, qu'il sentait peser sur lui, savourant la sensation d'être important aux yeux du Maître en personne.

Jusqu'à présent, personne encore dans son entourage ne l'avait regardé avec tant de fierté et de satisfaction. C'était une sensation grisante pour lui, comme si le soleil venait enfin éclairer sa vie.

Brièvement, Severus pensa qu'il avait pris la bonne décision. Il pensa que chaque attaque du mage noir était justifiée, chaque meurtre était nécessaire pour changer les choses. Il redressa les épaules, mais resta là où il était, attendait la suite des ordres, heureux de servir cet homme puissant.

Voldemort s'éloigna de lui à grands pas, sa magie crépitant soudain de fureur autour de lui, et malgré lui Severus frissonna en voyant une brève lueur de folie passer dans le regard carmin de celui qu'il appelait « Maître ». L'instant passa rapidement et il écarta ses craintes en secouant la tête, pour se concentrer sur ce qui se passait autour de lui. Le mage noir murmurait au sujet de Dumbledore et de cette épine constante dans son pied, se plaignant que le directeur de Poudlard ne pouvait pas s'empêcher de se placer sur son chemin quoiqu'il fasse.

Personne ne bougeait, chaque personne présente dans la pièce savait qu'il valait mieux ne pas attirer l'attention quand le maître était dans cette humeur étrange.

Le mage noir se mit à haranguer ses Mangemorts, les enjoignant à lui trouver tous ceux qui pourraient correspondre à la prophétie. Il voulait localiser son rival encore enfant et le tuer avant qu'il ne puisse songer à le combattre. Il devait mettre fin à la menace levée par cette prophétie, quel qu'en soit le prix...

Si certains Sang-Pur grimacèrent à cette idée — après tout les enfants magiques étaient particulièrement précieux — personne n'osa protester à haute voix ou même tenter de le contredire. Le Maître avait ordonné, et ses Mangemorts allaient s'exécuter. La plupart se convainquirent que des sacrifices devaient être faits pour imposer leurs idéaux... mais pour beaucoup, ils préféraient détourner le regard et oublier leurs principes.

Tout plutôt que de contrarier leur Maître et de subir des punitions douloureuses.

Severus pour sa part ne bougeait pas, prenant soudain conscience des conséquences de ses actes. Lorsqu'il avait entendu la prophétie et qu'il était venu la répéter, il n'avait pas imaginé qu'un enfant serait pourchassé et tué. Un enfant innocent.

Mal à l'aise, il déglutit, essayant de cacher son malaise et sa peur, essayant de se convaincre que l'enfant en question aurait été en danger même sans son intervention. Dumbledore l'aurait utilisé dès son plus jeune âge pour mettre fin à la guerre. Cet enfant était destiné à être utilisé par l'un des deux camps...

Malgré tout, il ne pouvait pas réprimer la nausée qui le secouait, pas plus que la culpabilité qui l'envahissait peu à peu, alors qu'il entendait les ordres de Voldemort.

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