Chapitre 3
-Donc... commença Anathy, essayant vainement de comprendre, donc cette fleur ne sauvera pas ma mère ?
-Non. Rufus a assez de savoir pour connaître cette fleur, mais pas assez pour l'utiliser, et il ne connaît pas les conséquences.
-Mais à quoi sert cette fleur alors ?
-À de nombreuses choses, selon ce qu'on lui allie. Mais elle peut servir à ressusciter les gens.
-Ressusciter les gens ?! Mais ça serait génial ! Si les gens meurent, on pourrait les faire revivre...
-C'est loin d'être aussi simple, jeune fille.
-Pourquoi ?
-Ressusciter quelqu'un, c'est normalement impossible. La personne est morte, elle a tout simplement arrêté de penser. En la ressuscitant, tu redonnes vie à son corps. Mais elle ne se souvient plus de rien, même pas des mots, de rien, comme un nourrisson qui viendrait de naître, mais dans un corps d'adulte.
-Mais... ça veut dire que ma mère ne se souviendrait plus de moi ?
-Ça ne serait plus ta mère, mais le corps de ta mère, un être étranger qui ne sait rien, qui ressemblerait un peu à ta mère. Mais ça, Rufus ne doit pas le savoir.
-C'est gentil de la part de Rufus d'avoir essayé...
-Hmm... Ce n'est pas pour toi qu'il a fait ça. Bien sûr, il pensait ressusciter ta mère, mais il pensait surtout à ressusciter sa fille.
-Sa fille ?
-Oui. Sa fille qui est morte.
-Le pauvre...
-Oui, mais il ne sait pas qu'il est très dangereux que de jouer avec ça.
La jeune fille ne sut que répondre, jusqu'à ce qu'une autre question essentielle lui vint à l'esprit.
-Mais comment vais-je soigner ma mère ?
-Hmm... Quelle maladie a-t-elle ?
-Une maladie incurable, selon les médecins...
La Reine ouvrit un tiroir et en sortit une plante assez sombre.
-Donne ça à ta mère. Ça calmera probablement ses douleurs, et ça guérit plusieurs maladies. Je ne garantis rien, à part que ça n'aggravera pas son cas. Tu peux manger cette plante n'importe quand, tu ne seras jamais malade. À moins qu'elle ne soit empoisonnée, bien sûr, mais ce n'est absolument pas le cas.
Elle lui tendit le potentiel remède et Anathy le prit et le rangea soigneusement dans son sac.
-Tu vas pouvoir rentrer chez toi, annonça la Reine, mais je préférerai te ramener moi-même à l'orée de la forêt.
-Je ne me perdrai pas comme ça.
-Oui, c'est ça. Au fait, tu as bien fait de ne pas utiliser cette boule d'énergie blanche.
-Pourquoi ?
-La lumière qu'elle aurait généré aurait attiré toutes les bêtes affamées de la forêt.
-Ah... Bah j'ai bien fait de ne pas vous la jeter dessus alors.
-Ha ! Tu pensais que tu m'arrêterais avec ce jouet ? Si j'avais voulu te tuer, je l'aurais fait, mais ce n'était pas mon intention. Mais ça l'aurait pu si tu m'avais attaqué avec cette boule.
-D'accord...
Anathy s'arrêta un instant, comme réfléchissant, hésitant.
-Madame ?
-C'est moi que tu appelles Madame ?
-Euh oui, pardon... Je peux savoir quel est votre nom ?
-Mon nom ?
-Euh... Oui, vous en avez forcément un, non ? Je ne vais pas vous appeler Reine Noire, ça vous donne l'air méchant...
-Complètement d'accord. Je m'appelle Sayan. Et toi ?
-Euh... Moi c'est Anathy...
-Joli nom.
-Le votre aussi est très beau...
-Allez, il est temps pour toi de rentrer. Et je t'en prie, tutoie-moi.
-D... D'accord.
Sayan sourit alors, puis enfila sa cape qui lui donnait des allures de revenant vue de loin, déverrouilla la porte puis entraîna sa convive à l'extérieur.
-Reste près de moi, souffla-t-elle.
-D'accord...
Elle marcha prudemment à certains endroits, détendue à d'autres, elle devait connaître la forêt comme sa poche, en dix ans.
Quand la lumière du Royaume se fit voir, Anathy fut en même temps heureuse de quitter cette terre de démons, et en même temps nostalgique du temps passé avec la Reine.
-Le blanc est devenu le symbole du Bien... soupira Sayan.
-Oui. Et le noir le symbole du Mal, continua Anathy.
Les deux jeunes femmes restèrent ici à contempler le Royaume sans un mot.
-Dis, Sayan... Je pourrai revenir ?
L'intéressée tourna la tête vers elle dans un sourire nostalgique.
-Non, c'est impossible. Un peu de compagnie ne m'a pas fait de mal, mais il ne faut pas que je m'attache à toi. Reste au Royaume et occupe-toi bien de ta mère.
-Mais...
-Il n'y a pas de « mais ». La forêt est bien trop dangereuse pour toi, Anathy. Rentre chez-toi, et ne parle pas trop de tout ça, tu pourrais avoir des ennuis. Pour la plante, écrase-la avec de l'eau, mets un peu de sel pour le goût et donne-la à ta mère. Ça lui fera probablement du bien.
-Merci, Sayan.
La jeune fille regarda le Royaume où elle s'apprêtait à aller, puis se retourna pour dire un dernier mot à la Reine, mais celle-ci avait disparu.
Un brin de tristesse vint éclore dans le cœur de la villageoise, de ne pas avoir pu parler plus longtemps avec cette guerrière détestée à tord.
Mais elle rassembla ses pensées, et prit le chemin de sa maison, afin d'y retrouver sa mère et de préparer le fameux remède.
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