Chapitre 41 : Le retour d'Elrohir
L'après midi était terminé et la soirée commençait quand les trois amis cessèrent de discuter du voyage de Gimli.
Elenwë s'était assise tout près de Legolas et ce dernier avait glissé son bras autour de sa taille.
Elle était heureuse, profondément et il en était de même pour l'elfe blond qui lui jetait de temps en temps un regard appuyé.
Gimli souriait largement, les voyant plus proches que jamais.
À présent, Gimli s'enquérait de savoir quand naîtrait l'enfant.
— Dans un peu moins d'un mois sûrement.. Répondit Legolas en un sourire.
Gimli caressa machinalement sa barbe, disant tout bas :
— Ma foi.. C'est étrange de savoir que vous allez bientôt devenir parents..
C'est le moment que choisirent Elrond et Celebrían pour passer près d'eux.
— Et nous donc.. Nous allons devenir grands parents !
Elenwë sourit en voyant des parents adoptifs et l'elfine aux cheveux d'argent leur dit :
— Le repas est prêt.. Elladan vous attend depuis tellement longtemps qu'il est allé s'ouvrir l'appétit en marchant..
La demi Maia esquissa un sourire en se levant.
— Je vais le chercher. Ada.. tu m'accompagnes ?
Elle souhaitait parler un moment avec son père et n'avait pas encore trouvé le moment opportun pour cela. Elle espérait qu'il comprenne la demande, même si elle n'en doutait pas, il était un des elfes les plus clairvoyants qu'elle connaissait. Il n'était pas appelé le Peredhel pour rien.
Elrond regarda de ses prunelles grises Elenwë avant de sourire. Il avait saisi la demande implicite et se tourna vers les autres.
— Oui, je viens avec toi. Celebrían, Gimli, Legolas.. Attendez-nous dans la salle à manger, nous vous rejoignons.
Les deux elfes et le nain s'éloignèrent avant que finalement Elrond ne se tourne vers Elenwë.
— Tu voulais me parler ? Demanda t-il en tendant vers elle son bras.
La demi-elfe glissa sa main sur le bras de son père avant de soupirer doucement.
— Cela va peut-être te paraître étrange mais.. Et bien.. Je n'ai jamais assisté à la naissance d'un elfe.. Je sais vaguement comment cela se passe mais j'appréhende légèrement.
L'elfe brun sourit légèrement en continuant de marcher à côté de sa fille adoptive.
— Et bien.. Je ne suis pas une elleth donc je ne peux pas te parler des sensations ressenties par les elfines lors de l'accouchement.. mais je crois pouvoir te dire sans me montrer que cela fait un mal.
Le visage d'Elenwë pâlit légèrement.
— J'ai assisté beaucoup d'elfines lors de leur accouchements et j'ai développé avec le temps le don de diminuer leurs douleurs dans ces moments-là. Tu n'as rien à craindre.
Elle regarda pensive, l'eau de la rivière sous le pont qu'il étaient en train d'emprunter.
Quelques poissons aux écailles chatoyantes nageaient paisiblement dans l'eau claire entre les végétaux qui frôlaient la surface de l'eau au point que leurs feuilles plongeaient partiellement dans la rivière.
Le ciel se teintait de couleurs chaudes, tandis qu'à l'horizon, le soleil amorçait sa disparition de l'autre côté de la mer.
L'air était pur, ici et Elenwë lâcha un moment le bras de son père pour s'appuyer sur la rambarde du pont.
Son père en fit de même avant d'ajouter.
— Pour les elfes, la présence des deux parents est primordiale. Parce que le conjoint transmet une force importante à la future mère.
Elenwë tourna son visage vers Elrond, le laissant continuer.
— C'est pour cela, que lors de la naissance, il vaut mieux que l'époux soit présent, ne serait-ce que pour tenir la main de son épouse.
Un silence accueillit la fin de son explication et Elenwë sourit légèrement en songeant à Elrond, plus jeune, attendant la naissance de ses premiers enfants.
— Dis.. Ada.. Comment te sentais-tu le jour de la naissance des jumeaux ?
Le brun sourit chaleureusement, contemplant la nature sous ses yeux tout en se plongeant dans ses souvenirs.
— Comment je me sentais ?
Elenwë hocha la tête.
— Je.. J'étais inquiet. Pour Celebrían, pour cet enfant que je connaissais pas encore.
L'épouse de Legolas haussa un sourcil, et Elrond ajouta :
— Je ne savais pas à ce moment qu'en fait il n'y avait pas un enfant mais deux..
Une courte pause lui permit de se remémorer ses sentiments à cet instant.
— Quand les contractions ont commencé, je n'étais pas à côté de ta mère.. Mais j'ai senti jusqu'aux fond de mes entrailles sa peur soudaine et son angoisse. J'ai accouru le plus vite possible pour prendre sa main. Elle avait perdu les eaux. Et le temps de l'installer dans la salle prévue, le travail avait commencé.
Le soleil avait presque totalement disparu maintenant même si l'on y voyait encore bien.
— Je me souviens qu'elle m'a broyé la main en hurlant qu'elle souffrait. Je me sentais mal à ce moment, j'aurais voulu que la délivrance arrive tout de suite. Et puis, j'avais envie de voir notre enfant.
Le vent se leva, soulevant les cheveux des deux elfes.
— Quand.. Elrohir est sorti, j'ai eu le cœur si ému.. Il était là.. Notre fils. Notre premier enfant. J'allais le mettre dans les bras de mon épouse mais elle blêmit quand on lui annonça qu'elle devait encore continuer car il y en avait un deuxième.
Il sourit largement.
— Ni elle ni moi ne nous y attendions. Alors, quelques minutes plus tard, Elladan est né à son tour.
Croisant ses doigts sur la rambarde, il regarda Elenwë.
— Quand Celebrían a pris dans ses bras, j'ai réalisé. Que j'étais père et que j'étais le plus heureux des elfes. Et le visage rayonnant de joie de ta mère m'a comblé. Ils étaient beaux, et bien en vie.. et c'était tout ce qui comptaient à cet instant.
Le vent souffla un peu plus fort et la température sembla chuter drastiquement.
Elenwë, perdue dans ses pensées le sentit néanmoins. Se tournant vers son père, elle dit :
— Ada.. Le temps tourne.
Ce dernier hocha la tête.
— Oui.. La pluie ne va pas tarder. Rentrons.
Alors qu'ils se dirigeaient vers la demeure d'Elrond, un grondement de tonnerre retentit, résonnant fortement dans leurs tympans, leur ôtant momentanément l'ouïe.
— Qu'est-ce que c'était que cela ? Interrogea Elenwë.
— Je n'en sais rien..
Alors, une intense lumière, un éclair s'abattit au pied d'un massif d'arbres de l'autre côté.
Quand l'éclair se dissipa, les deux elfes ouvrirent les yeux, choqués.
— Mais qu'est-ce..
Soudain, Elenwë eut un pressentiment.
— Ada..
Le visage d'Elrond se figea. Serait-il possible que..?
Les deux se mirent à courir vers l'endroit où s'était écrasé la foudre.
Au pied d'un arbre, ils virent une silhouette qu'ils auraient reconnu entre mille.
L'elfe brun, effondré au pied de l'arbre était allongé, sonné, le dos au sol. Ouvrant les yeux, des larmes abondantes coulaient sur ses joues.
Elrond se précipita vers lui suivi de près par sa fille adoptive.
— Par les Valar.. est-ce possible ? Elrohir !
Il secouait l'épaule de l'elfe, essayant de le faire reprendre conscience de ce qui l'entourait. Il ne répondait pas, gémissant en sanglotant sans conscience de l'endroit où il se trouvait. Il murmurait des mots que ni Elenwë ni son père n'avait entendu et un prénom qui tournait en boucle, sur ses lèvres.
Maria.. Maria..
Elrond le secouait doucement, de plus en plus inquiet de l'état de son fils.
— Elrohir ! Elrohir !
Alors, l'elfe brun sembla atterrir. Son regard empli de larme se tourna vers son père et sa voix, brisée, murmura :
— Ada..
Elrond le redressa et l'étreignit fort contre lui, se sentant désespéré par la détresse de son fils.
Elrohir se serra contre lui, comme si soudain son père redevenait son rempart inébranlable.
Attirés par le bruit et sûrement aussi par leur intuition, Elladan et Celebrían arrivèrent à grands pas.
Il perçut les pas de son frère jumeau qui s'arrêta un instant avant de se précipiter vers lui, s'agenouillant pour se serrer fort contre lui, l'étouffant presque de ses bras.
Celebrían s'avança également et se joignit à l'étreinte, suivie presque immédiatement par Elenwë.
— Elladan.. Naneth.. Elenwë.
Ils restèrent là, prostrés, tandis que les larmes d'Elrohir semblaient ne jamais vouloir se tarir.
Quand il eut longuement sangloté, il finit par tomber en transe et Elladan le hissa sur son dos pour l'amener dans sa chambre pour l'allonger.
Le soir même, pendant le dîner, personne n'osa parler. Legolas était soucieux pour son ami et tous les membres de la famille d'Elrohir étaient sombres.
Quand, deux heures plus tard, Elenwë se glissa dans les draps, aux côtés de Legolas, ce dernier l'entoura de ses bras pour la rassurer.
— Ton frère est fort. Il surmontera sa peine, quelle qu'elle fut.
Ses paroles, douces et simples t'émurent et tu te serras contre lui.
— Merci.. Melleth.
Elenwë finit par s'endormir d'un sommeil lourd et sans rêve.
Les jours qui suivirent furent assez sombres pour la maisonnée. L'état d'Elrohir était préoccupant, et même s'il avait recommencé à se nourrir, sous les supplications d'Elladan, il n'allait pas merveilleusement bien.
Mais enfin.. Jour après jour, la présence de sa famille semblait l'apaiser et bientôt, de sa peine ne resta qu'une longue et ombrageuse mélancolie.
Il avait été heureux d'apprendre la grossesse de sa jeune soeur et fit de son mieux pour paraître vraiment sincèrement heureux, même si cela ne trompait personne.
Dans un premier temps, il refusa de parler à quiconque de ce qu'il avait vécu et s'enfermait dans un mutisme qui ne lui ressemblait guère.
Quand il parvint enfin à se confier, la tristesse qui emplissait chacune de ses phrases attrista sa famille.
Le temps qu'il passait seul l'aidait à s'apaiser petit à petit et la présence d'Elladan et d'Elenwë lui faisait du bien.
La rémission serait longue.. Peut-être impossible mais ils ne pouvaient rien faire de mieux pour arranger cela.
Accoudée sur le rebord du pont, Elenwë songea à cette femme. Maria.. Avait-elle oublié Elrohir ? Comment aurait-elle pu faire une croix sur celui qu'elle a aimé si fort ? À moins qu'elle n'ait eu jamais de sentiment pour lui ?
Elle refusait d'y croire. Après tout, si elle était humaine, Il ne fallait pas lui en vouloir. Les humains ne souffraient pas si longtemps d'une peine de cœur alors que les elfes pouvaient en mourir..
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