Chapitre 40 : Mais où es-tu.. Elrohir ?
— Meleth..
Une douce voix résonnait dans la pièce et si Elenwë la perçut dans son sommeil, elle n'en montra rien. Elle dormait encore profondément, ses yeux gris grands ouverts. Legolas, qui avait à ce moment une furieuse envie de se lever, décida de la laisser dormir.
Pour l'heure, attendri, il la contemplait dormir. Son souffle était lent, signe d'un sommeil profond.
Et dire que cela faisait presque huit mois qu'elle était enceinte ! Legolas se souvenait encore de l'immense joie qu'il avait ressenti quand elle lui avait annoncé la nouvelle. Il avait été si heureux ! Malheureusement, cette joie pure avait été très vite assombrie par l'état inquiétant d'Elenwë. Avec les jours qui passaient, elle s'affaiblissait. Cet état était très loin d'être normal pour une elfe.. Sa condition aurait dû lui octroyer, du fait de sa grossesse, une formidable santé et un rayonnement sans pareil.
Mais.. Cela n'avait pas été le cas. Non seulement sa santé était devenu fragile, mais même sa vie, comme celle de l'enfant, avait été menacée.
Si Legolas se souvenait de la joie qu'il avait ressenti, il se souviendrait toujours de la terreur qui l'avait envahi. Si.. si Elenwë avait disparu. Si elle était.. morte. Aurait-il pu survivre à ce malheur. Très honnêtement, il ne pensait pas. Cela faisait si longtemps maintenant qu'il la connaissait.. Fermant furtivement les yeux, il se remémorait la toute première fois qu'il l'avait vue. Leur toute première rencontre.
Ce jour là, en l'année 3018 du troisième Âge de la Terre du Milieu, il avait été envoyé à Imladris par une lettre que son père lui avait envoyée pour assister au conseil qui devait bientôt y siéger. C'est en arrivant dans la paisible cité de Fondcombe que Legolas avait posé pied à terre, descendant de sa monture. Un elfe palefrenier était aussitôt venu chercher le cheval tandis que Legolas, prince sylvestre rajustait un peu sa veste verte qui recouvrait sa tunique grise. Quand, enlevant son arc de son dos pour le confier à un autre elfe venu le débarrasser, il avait vu, tout en haut des escaliers s'approcher le maître des lieux, suivi de près par Lindir, que Legolas connaissait bien.
— Legolas Thranduilion ! Im gelir ceni ad lin ! (Legolas fils de Thranduil ! Je suis heureux de vous revoir !)
Le sage Peredhel s'était dirigé vers l'elfe blond pour lui offrir une étreinte chaleureuse en guise de bienvenue.
— Soyez le bienvenu, Legolas.
Il avait doucement hoché la tête avant de dire :
— C'est un honneur pour moi de séjourner dans la belle Imladris. Seigneur Elrond, je vous remercie de votre accueil.
Le père d'Elenwë avait souri avant que Lindir n'intervienne pour serrer plus amicalement Legolas contre lui.
— Legolas ! Cela faisait si longtemps que nous ne nous étions pas vus !
Cette fois, Legolas avait ri doucement en disant :
— Oui, c'est vrai. Je suis content de vous revoir, Lindir ! On m'a dit que..
La phrase de Legolas s'était suspendue, ses mots résolument coincés au bord de ses lèvres.
Là, en haut des marches du somptueux escalier de pierre blanche polie, il venait de voir la plus belle des apparitions.
L'elleth dégageait une beauté telle qu'il n'en avait jamais vu. Ses longs cheveux noirs légèrement ondulés reposaient en flots délicats sur ses épaules et son dos. Sa peau, à l'aspect d'une douceur insoupçonnée, était plus mate que celle des autres elfines. Son regard, gris, brillait d'une lueur intense.
Vêtue d'un simple pantalon brun, une tunique du meilleur tissu, taillée dans une étoffe rouge, aux broderies blanches, était recouverte par une veste brune elle aussi, cintrée et soigneusement lacée autour de la taille de la jeune elfe. À son côté, une épée brillante reposait. Des bracelets épais de cuir protégeaient ses avant-bras.
La tenue, parfaitement ajustée, révélait une silhouette gracile mais athlétique.
Elle n'était pas l'incarnation de la féminité et pourtant.. Legolas n'avait jamais vu plus belle elleth. Elle dégageait une force farouche, une dangerosité et pourtant une douceur infinie.
Il était subjugué. Tant que même Elrond et Lindir remarquèrent son regard vers elle.
Elle, loin de se douter des pensées de Legolas, descendit les marches rapidement, toute occupée à interpeller son père.
— Ada ! Je dois absolument vous parler, je vous cherche depuis un moment déjà !
Elrond, souriant, s'écarta de Legolas, permettant ainsi que sa fille remarque leur invité.
— Elenwë.. Je te présente Legolas, prince sylvestre, fils de Thranduil.
Legolas sortit de son admiration à l'entente de son nom, se reprenant juste à temps pour effectuer un salut élégant.
— Legolas, voici ma fille, Elenwë.
Elenwë regardait cet elfe aux yeux d'un bleu profond et aux cheveux semblable à une rivière d'or miroitant au soleil.
— Je.. suis enchanté de faire votre connaissance, Legolas.
Elrond releva, dans les prunelles de sa cadette, une légère lueur admirative.
— C'est moi qui suis honoré de vous rencontrer.
Lorsque les regards des deux elfes se rencontrèrent, il y eut un moment de flottement. Juste un regard appuyé, des deux côtés qui finit par interrompre le toussotement discret d'Elrond.
— Et bien.. iel nin.. Qu'avais-tu de si important à me dire ?
Elenwë détourna son regard de Legolas en revenant sur terre.
— Ah oui ! Je voulais..
Le père et la fille s'éloignèrent tandis que Lindir se chargeait de Legolas.
— Suivez-moi, je vais vous montrer vos appartements.
Legolas suivit Lindir, tout en jetant un regard furtif à la svelte silhouette de l'elleth qui s'éloignait.
Pourquoi, en croisant son regard, avait-il eu l'impression que le monde s'arrêtait ? Son cœur avait ralenti, comme immédiatement silencieux, presque soumis par l'évidence qui s'imposait à lui.
Lindir, lui, devant lui, souriait en coin. Ni à lui, ni à son seigneur n'avait échappé cet échange de regards. Se pouvait-il qu'ils aient trouvés, l'un en l'autre le reflet de leur âme ?
Legolas laissa de côté son souvenir pour regarder son épouse dormir toujours aussi paisiblement.
Elle avait changé depuis. Ses cheveux autrefois sombres, étaient blancs, scintillants comme le cristal de roche le plus pur. Souvenir difficile de la fois où elle avait failli mourir en le soignant, lui, d'une blessure.
D'un autre côté, à ce moment, il avait réalisé qu'elle tenait réellement à lui. Et, dès lors, il n'avait plus eu comme assurance qu'elle l'aimait sûrement.
Posant sa main sur sa joue, il la caressa légèrement, remerciant les Valar de ce qu'elle soit toujours à ses côtés.
S'asseyant sur le bord du lit, il embrassa doucement le haut de sa tête, sur les cheveux avant de se lever doucement et de rabattre sur elle la fine couverture.
Une fois debout, il se changea rapidement avant de sortir de la chambre en silence.
Marchant doucement dans les couloir, il longeait sous les arcades de pierre sculptée le jardin sud de la demeure. Les fleurs embaumaient d'une flagrance douce, quelques oiseaux joyeux lançaient avec entrain leurs chants vers le ciel bleu que ne ternissait aucun nuage.
Mais alors que, paisible, il marchait lentement, l'elfe blond aperçut une tignasse brune bouclée.
Croyant comprendre, il s'éloigna des arcades pour se diriger vers la petite silhouette.
Ses sens ne l'avaient pas trompé. Il s'agissait bien de son vieil ami Gimli.
— Gimli !
Le nain se retourna, riant d'un rire gras en ouvrant ses bras pour étreindre l'elfe qui fut bien obligé de se baisser pour être à sa hauteur.
— Ahah ! Legolas ! Mon ami elfe préféré !
Legolas, souriant, regarda le nain.
— Vous avez l'air en pleine forme ! Comment était ce voyage ?
Un mois durant, le nain avait visité les domaines des nains à Valinor. Il avait été assez occupé et n'était de retour à Imladris que depuis la veille.
— Nous pensions vous voir, avec Elenwë, à notre arrivée !
— Je sais, mais j'ai finalement choisi de voyager un moment avant de revenir.
Legolas acquiesça, comprenant son envie de voir quelques gens de son peuple.
— Mais alors ! Poursuivit Gimli, il paraît que vous allez bientôt devenir parents avec Elenwë !
— C'est exact, sourit légèrement l'elfe.
— Comment se porte t-elle ?
— À merveille, et l'enfant aussi ! Oh si vous saviez à quel point je suis heureux !
— Cela, mon ami, je m'en doute, cela se voit sur votre visage !
Les deux vieux amis discutèrent un longs moment, et Gimli raconta en détail à Legolas son voyage dans les mines septentrionales de Valinor.
— Si vous aviez vu cela ! Des plafonds hauts : plus hauts que ceux de la Moria ! Un travail de la pierre admirable ! Et des rivières de pierres le long des murs ! Legolas, vous devriez un jour venir visiter, avec Elenwë ! Qui sait, peut-être l'idée vous viendrait de vous y installer ?
Legolas rit en disant gentiment à son ami que les elfes vivaient malheureux sous terre. Ils avaient besoin de lumière pour être parfaitement heureux !
Elenwë, elle, rêvait. Elle rêvait et dans son rêve, elle se retrouvait près de cet arbre et de ce bassin d'eau claire, près de l'elfine à la chevelure de feu.
— Earwien..
— Elenwë ! Vous êtes de retour ! Dîtes-moi.. Savez-vous où est-ce que je suis ?
La demi-maia secoua la tête.
— Non.. Malheureusement, je n'en ai aucune idée.. Et pourtant.. je suis persuadée que vous êtes une elfe. N'y a t-il aucun elfe vivant non loin de vous ?
L'elfine rousse soupira.
— Non.. Tout ce qu'il y a son des bâtiments de pierre grise, joliment ouvragés. Et une étendue d'eau bleue, au son incessant. Et du sable chaud sur la rive. Quand vient le soir, le soleil se couche sur l'eau et disparait. Mais j'entends toujours le son léger des vagues dans mon sommeil.
Elenwë mit un moment à réfléchir.
— Peut-être.. peut-être êtes-vous encore en Arda ?
— Arda ?
— Ce ainsi que nous appelons cette terre où maintenant toute vie elfe a disparu. Enfin.. sauf la vôtre évidemment.
— Et vous..
— Moi ?
— Où êtes-vous ?
— À Valinor, le royaume des Valar, avec les elfes qui ont quitté Arda.
Un silence s'étira un moment avant qu'elle ne demande.
— Si c'est le cas.. et que je suis coincée ici seule.. est-ce que quelqu'un viendra me chercher ?
Elenwë sourit.
— N'en doute pas, Earwien.
La rousse esquissa un franc sourira avant de dire :
— Vous savez.. votre pouvoir.. il est vraiment difficile à manier.. je n'y arrive que très mal.
"Vraiment ?" Songea l'épouse de Legolas. "Pour moi, cette aptitude était aussi simple et maniable que l'est pour moi la respiration.." Se pouvait-il qu'Earwien n'avait pas tout à fait les bonnes capacités pour contrôler cette aptitude ?
— Earwien.. Ne te décourage pas.. Cela va venir. Et nous viendrons te récupérer. Je te promet de faire quelque chose pour ça !
Elenwë tendit sa main vers Earwien mais au moment où celle-ci allait toucher ses doigts, elle sentit son corps disparaître.
— Earwien. Je dois déjà partir. Courage ! N'abandonne pas !
L'elfe rousse courut un moment vers le corps d'Elenwë qui s'élevait, léger, dans les airs avant de commencer à disparaître dans une lueur blanche.
— D'accord. D'accord. Mais reviens vite, Elenwë. Je t'attendrais !
C'est en sursaut que l'elleth se leva, passant mécaniquement sa main sur la place du lit où aurait dû se trouver Legolas.
— Legolas ? Appela t-elle tout bas.
Pas de réponse. Elle se leva, s'habilla avant de rejoindre le jardin où elle ne tarda pas à entendre les voix enjouées de Gimli et de Legolas.
— Gimli !
— Elenwë ! Par Aulë ! Vous êtes resplendissante !
Souriant, l'elfine posa sa main sur l'épaule de son époux avant de s'asseoir avec eux.
— Merci Gimli.. Vous êtes rentrés de votre voyage hier ? Comment cela était-ce ?
Le nain, ravi, se plongea dans le récit plus vivant que jamais des splendeurs naines qu'il avait vu.
Dans un coin du jardin, qui passait par là, Elrond ne put réprimer un sourire. Qui eut cru qu'une telle amitié naîtrait entre un nain et des elfes ? Si l'ont avait dit cela il y a trois cents ans, il n'y aurait pas cru un mot. Et pourtant.. le résultat était là, évident.
Son sourire s'évanouit un instant quand s'imposa à sa mémoire le souvenir d'Elrohir. Par les Valar.. Où était-il ?
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