Chapitre 37 : Moments difficiles
La nuit qui suivit se passa plutôt bien et Elenwë parvint à dormir quelques heures réparatrices. Aussi, lorsque l'astre solaire glissa ses rayons dans la chambre des époux, elle se réveilla, se frottant les yeux, revigorée par ce sommeil réparateur.
Alors, une main glissa le long de sa taille, avant de l'enserrer et elle se trouva aussitôt dans les bras de Legolas. Sa douce voix ensommeillée murmura :
— Suilad.. Meleth nin. Pan mae ? (Bonjour.. mon amour. Comment vas-tu ?)
— Mae.. Meleth. Murmura t-elle en calant sa tête dans le cou de son époux.
Ce dernier sourit, embrassant tendrement la nuque de son épouse.
Ils passèrent une partie de la matinée à discuter et Elenwë sourit, heureuse de voir que Legolas semblait presque plus heureux qu'elle à l'idée de leur enfant à venir.
Quand s'approcha l'heure de l'auscultation, L'elleth s'habilla simplement et Legolas l'accompagna jusqu'à l'entrée de la demeure. Estë était là, femme resplendissant d'une lueur de sagesse. Aussitôt qu'elle aperçut Elenwë, elle sourit largement et se rapprocha d'elle pour la prendre dans ses bras.
— Elenwë, quelle joie de te revoir ! Déclara t-elle en haut elfique.
L'elfine sourit et murmura que c'était le cas pour elle aussi.
Legolas regardait les deux femmes discuter et tressaillit quand Estë dit :
— Elenwë et moi allons nous installer dans ce salon. Legolas, voudriez-vous bien attendre à l'extérieur ?
Il eut l'air déçu mais acquiesça en souriant à son épouse. La Valië et Elenwë entrèrent alors dans la pièce, refermant la porte alors que Legolas attendait patiemment dans le couloir.
Jamais le temps ne lui parut aussi long. Les secondes devenaient des minutes, les minutes des heures, les heures des jours..
Il avait fini par errer de long en large devant la porte, plus inquiet à chaque instant.
Quand après environ deux heures, la Valië ouvrit la porte de la pièce, Legolas manqua de lui sauter dessus pour lui demander si ça allait. Il entra et vit son épouse, l'air perdu.
Estë fixa Legolas puis Elenwë. Cette dernière était assise sur un sofa, les mains reposant sur son ventre encore plat.
Legolas nerveux, demanda :
— Quelque chose ne va pas ?
Estë jeta un regard en coin à l'elleth qui acquiesça lentement.
— Et bien.. Pour l'instant tout va bien.. Mais..
— Mais ?! Demanda Legolas d'une voix étranglée.
— En fait, murmura la guérisseuse, les aptitudes d'Elenwë causent déjà des complications.. Et cela n'ira qu'en empirant.. Si nous ne faisons rien, Elenwë ne pourra pas mener la grossesse à son terme et risque d'y laisser la vie.
Legolas pâlit, regardant Elenwë soucieusement. Cette dernière avait blêmi, baissant les yeux sur ses genoux.
Il se précipita vers son épouse et s'assit à ses côtés, lui passant doucement un bras autour des épaules.
— Que.. que faut-il faire ? Interrogea t-il.
Estë esquissa un léger sourire.
— Et bien.. Nous devons lui retirer ses aptitudes.
Legolas entrouvrit les lèvres, sous la surprise.
— Quoi ?!
La fille de Tillion regarda tendrement Legolas.
— Estë m'a dit que c'était possible..
— Tu ferais ça ?
Elle saisit doucement la main libre de son époux pour la serrer entre ses doigts.
— Oui.. C'est pour protéger notre enfant.. Et puis, je n'ai plus besoin de me battre maintenant.
Il plongea ses yeux bleus dans le regard profond de l'elleth. Passant tendrement sa main sur sa joue, il murmura :
— Merci..
Estë les regarda avant de dire :
— Je dois prévenir les autres du conseil pour fixer la date de la passation.
— La.. passation ? Demanda Elenwë avec curiosité.
— Et bien.. Pour une raison d'équilibre.. dirons-nous, ses aptitudes ne peuvent pas juste disparaître.. il faut que vous choisissiez quelqu'un que vous estimerez digne de recevoir vos facultés..
Elenwë soupira.
— Oui.. Mais comment savoir à qui ?
Estë eut un sourire indéfinissable.
— Mon époux pourra sans doute vous aider.
— Le.. le seigneur Irmo ?
La Valië hocha la tête.
— Oui.. Il est le maître des rêves, il saura sûrement éclairer votre choix.
Sur quelques dernières paroles, Estë la Valië prit congé et sortit de la pièce tandis que Legolas regardait tendrement Elenwë.
— Écoute.. Legol.. Commença t-elle avant d'être coupée par la main de son époux qui se posa sur ses lèvres.
Les yeux brillants, il caressa la joue d'Elenwë.
— Merci.. Que tu sois prête à sacrifier ça pour nous..
Elenwë sourit alors et se rapprocha brusquement de Legolas avant de se blottir contre lui.
— La vie de notre enfant m'importe bien plus que mes aptitudes dont je n'ai plus l'usage..
Il sourit, et se pencha pour venir tendrement s'emparer de ses lèvres.
— Amin.. mela le.. Melleth nin.
Elle le regarda avec bienveillance avant de lui prendre la main.
— Rejoignons tes parents..
Thranduil et Evranï marchaient paisiblement côte à côte dans les jardins quand ils croisèrent le jeune couple.
— Ion nin ! Dit joyeusement Evranï, Elenwë !
— Comment s'est passée l'entrevue avec la Valië ? Interrogea Thranduil.
Legolas lança un regard à Elenwë tandis que celle-ci se mit à sourire.
— Pour préserver notre enfant, les Valars vont m'ôter mes facultés.
Thranduil et son épouse en furent ébahis et restèrent pantois face à cette nouvelle.
— Pourquoi ? Demanda la mère de Legolas et Althea.
L'elleth sourit.
— Disons que dans l'état actuel des choses.. Mon corps ne pourra pas supporter la présence de l'enfant si je grade mes pouvoirs.. C'est autant pour lui que pour moi. Et puis, honnêtement, je n'en ai plus besoin !
Son sourire se dessina sur son visage, radieux et plus lumineux que jamais.
***
— Elenwë ?
— Oui, seigneur Irmo ?
Le Valar se pencha vers elle et sourit légèrement.
— Le rêve dans lequel je vais vous plonger vous paraîtra sûrement étrange.. Puissez-vous trouver la personne que vous cherchez.
La demi-Maia hocha la tête.
— Merci encore de votre aide.
Le seigneur des rêves ne répondit rien et lui fit signe de s'allonger. L'homme aux longs cheveux blancs ondulés avait des traits fins et délicats. Ses pupilles était d'un gris très clair, presque blanc. Vêtu d'un long vêtement couleur de nuit, il régnait autour de lui une aura apaisante.
Elenwë s'allongea précautionneusement sur le lit et regarda le visage du Valar qui s'approcha du sien.
Il murmura quelques paroles en haut elfique :
— Telë maur tuv tya nossë muru
Les yeux de l'elleth se voilèrent et elle plongea dans un profond sommeil.
***
Les ténèbres l'entouraient. Elle ne savait pas où elle se trouvait. Tout ce qu'elle savait c'est qu'elle était là, perdue, quelque part au milieu de rien.
À ses oreilles parvenait le son léger que produisent les vagues en venant s'emparer, peu à peu, de la plage. Elle sentait le doux parfum des embruns. Sur son visage venait s'échouer quelques gouttelettes fraîches.
— Mais.. Où suis-je ? demanda t-elle.
Elle avait beau avoir l'impression d'être à côté de l'océan, nulle étendue d'eau ne se voyait à l'horizon. Que les ténèbres, froides et inertes.
Quand ses yeux se furent habitués à l'obscurité, elle discerna une pâle lueur, loin devant.
Elle n'avait rien à perdre, autant s'y rendre, non ? Alors, elle avança doucement vers cette source lumineuse. En s'approchant, la lumière lui parut plus belle encore. Bleue, bordée d'argent, limpide et claire comme l'eau d'une source.
Son cœur tressaillit. Se pouvait-il qu'on vienne la chercher ? Pourquoi avait-elle tant l'impression d'avoir été abandonnée ?
Quand elle entra dans l'espace éclairé, elle tomba sur un tableau ravissant. Un arbre aux feuilles vert sombre bordées d'argent se penchait sur une source immaculée. Des rochers bordait le bassin qui était entourée des plus belles fleurs qui existaient. Un doux parfum flottait dans l'air autour d'elle et elle s'approcha encore, s'agenouillant sur le bord du bassin.
Son reflet lui parvint, clair et net. De longs cheveux ondulaient autour de son visage, d'une couleur de feu. Ses traits étaient fins et agréables à regarder. Ses yeux étaient d'un vert étrange, teinté d'or. La peau de son visage était délicate et douce. Quelques taches de rousseur s'étendaient sur son nez et ses joues mais ce qui l'étonna le plus se fut ses oreilles.
Ses oreilles étaient pointues. Pointues ? Pourquoi cela ? N'était-elle pas une humaine tout à fait normale ?
Timidement, elle porta sa main à l'une de ses oreilles.
— Cela t'étonne, n'est-ce pas ? Résonna une voix derrière elle.
Avec un cri de surprise, la rousse se retourna brusquement. Une belle femme se tenait là. Grande et mince, elle était d'une beauté à couper le souffle. Ses cheveux blancs luisaient comme l'argent sous la lumière de la Lune. Ses yeux gris étaient à la fois doux et profonds.
Elle crut qu'elle rêvait, avant de remarquer le début d'une cicatrice qui parcourait le cou de la femme. Sa longue robe blanche était légère et elle avait une main posée doucement sur son ventre.
— Tu dois sûrement te demander qui je suis ?
La rousse acquiesça, perdue.
— Mais avant ça.. Murmura t-elle. Qu'est-ce que je suis ? Pourquoi mes oreilles..
L'inconnue sourit gentiment.
— Tu es une elfe.
— Une.. Une.. Elfe ? Comme dans les récits ?
L'inconnue acquiesça.
— Et vous ? Qui êtes-vous ?
La femme la regarda avant de murmurer :
— Je suis Elenwë. Fille de Tillion le Maia, serviteur d'Oromë et d'Anériel.
La rousse avait l'air perdu.
— Où est-ce que je suis ? Pourquoi est-ce que vous m'apparaissez en plein rêve ?
Elenwë s'assit à côté d'elle.
— J'ai été envoyée par Irmo, Seigneur des rêves. Je te cherchais.
— Qui ? Moi ? Demanda t-elle.
— Oui. Toi. Et je t'ai trouvée. Dis moi.. Quel est ton nom ?
La rousse fronça les sourcils, comme pour essayer de se rappeler quel était son nom. La réponse qui lui vint l'étonna elle-même puisqu'elle ne connaissait pas son prénom.
— Earwien. Je m'appelle Earwien.
— Tu es une fille de la mer, et nous sommes liées, Earwien.
Alors qu'elle disait ces mots, Elenwë commença à s'estomper.
— Attendez ! Pourquoi partez-vous ? J'ai d'autres questions !
Elenwë disparaissait sous les yeux de la rousse qui désespérait.
— Nous nous reverrons, Earwien. Je t'ai choisie.
— Choisie pour quoi ? Je ne comprends pas ! Revenez !
Hélas pour Earwien, Elenwë s'estompa tout à fait avant de disparaître, un doux sourire ancré sur son visage.
En Arda, la jeune femme rousse ouvrit brusquement les yeux. Quel rêve étrange avait-elle du faire encore ? Quelques larmes avaient séché sur ses joues et elle ne parvenait pas à se souvenir de ses songes. N'avait-elle pas rencontré quelqu'un ?
***
— Elenwë !
L'elleth fronça les sourcils avant que son regard ne redevienne normal.
— Tout va bien ? Demanda Legolas.
Elle se redressa et murmura d'une voix douce :
— Je l'ai trouvée. Earwien.
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