Chapitre 30 : Incident clos

Arryn tiqua, dégainant immédiatement sa lame. Ils étaient deux. Deux éclaireurs orques. Les deux elfines, de quelques pas amples, se dirigèrent vers les assaillants. 

Les deux lames elfiques fendirent l'air et deux ignobles têtes immondes tombèrent au sol. 

— Est-ce que tout va bien bien, Arryn ? Demanda soucieusement l'elfine à la chevelure blanche. 

— Oui, tout va bien. Il est heureux que vos réflexes soient prompts, Wen Elenwë.. 

L'elleth eut un sourire triste. 

— Je m'y suis accoutumée durant la quête à laquelle j'ai participé avec la Communauté. 

Le silence qui suivit la prise de parole de la demi-Maia permit à certains souvenirs de remonter en surface. Elle se trouvait là, une fois encore, sur les champs du Pelennor, aux côtés de Théoden. Quand Nivacrin avait versé, elle avait vu l'air stupéfait et perdu du roi du Rohan. L'instant d'après, elle se rappelait sa lutte contre le Roi Sorcier d'Angmar. Elle avait été impuissante durant ce combat. Heureusement qu'Eowyn avait été là.. 

Un air de tristesse et regret passa sur le visage d'Elenwë, alors qu'elle se remémorait l'agonie du souverain. En une fraction infime de seconde, le visage souffrant et agonisant de Boromir s'imposa à son esprit. 

"Elen...wë. Il est... trop tard... pour moi."

La voix grave mais faible de Boromir vivant ses derniers instants résonna dans sa tête.

Elle n'avait pu le soigner et pourtant comme elle aurait préféré sauver son ami !

La voix émue, l'elleth murmura un ver de la chanson qu'ils avaient chanté pour l'honorer.

"Ô Boromir! La Tour de Garde toujours contemplera au Nord Rauros, les chutes d'or de Rauros,
jusques à la fin des temps."

Arryn s'inquiéta de voir cette émotion dans le regard.

— Wen Elenwë ? Appela t-elle doucement. Qui est Boromir ?

Elenwë avait le regard perdu dans le vide et elle cligna des yeux avant de regarder la gardienne.

 La fille de Tilion inspira :

— Boromir.. Fils aîné de Denethor, dernier intendant du Gondor. Il était dans notre Compagnie au début de la Quête. Il est trépassé alors que nous nous trouvions près de chutes de Rauros. Des uruk-hai l'ont tué, le transperçant de flèches. 

Après une brève pause, elle ajouta :

— Il était notre compagnon et mon ami.

— Mais.. demanda Arryn. N'avez-vous pu le soigner ?

— Je n'ai pu.. Je suis arrivée trop tard et mon pouvoir n'était pas assez grand pour l'empêcher de décéder.. Je n'ai pu qu'assister à son départ. C'était un homme juste et courageux vous savez ? Il était un noble compagnon et je suis heureuse d'avoir cheminé à ses côtés. 

L'elfine regarda la fiancée de son prince et dit :

— Je vais demander plus de patrouilles dans ce secteur du royaume. En attendant, ajouta t-elle, la journée va bientôt toucher à sa fin.. Je vais vous raccompagner au palais.

La demi maia soupira et acquiesça.

— Bien. Allons-y.

Elles marchèrent longuement, en silence, alors qu'autour d'elles l'obscurité grandissait. Bientôt il fit complètement nuit et quand elles parvinrent aux abords du palais, Elenwë aperçut devant les portes une silhouette qu'elle reconnut immédiatement. 

— Elenwë.. Où étiez-vous passée ? Je voulais vous parler et j'ai passé toute l'après-midi à vous chercher.

— Je vous prie de bien vouloir me pardonner, Aran Thranduil. 

Le souverain salua Arryn, lui disant :

— Je vous remercie d'avoir veillé sur elle, Arryn.

Elenwë leva discrètement les yeux au ciel exaspérée.

Arryn prit congé et Thranduil tendit son bras à Elenwë. Après une infime hésitation, elle glissa son bras sous le sien et son futur beau-père posa doucement sa main libre sur la sienne.

— Par les Valars, Elenwë.. Vous êtes gelée !

L'elleth n'en revint pas quand elle vit le roi se délester de son manteau et le poser sur ses épaules. 

Le manteau en question sentait bon l'herbe fraiche et les fleurs écloses. Elenwë songea que Legolas sentait un peu la même odeur mais très légèrement différente. 

— Merci, Aran nin. 

Thranduil lui adressa un discret sourire et lui demanda :

— Il m'a été rapporté que vous été en proie à un ennui profond ces jours-ci. Est-ce le cas ? Quel est le problème et puis-je faire quelque chose pour vous aider ? 

Elenwë soupira doucement.

— Vous n'y pouvez rien, Aran Thranduil. Je me languis de Legolas et je souffre de l'inaction après ses longs mois d'inquiétude et de tourments. 

Le roi eut un doux sourire et tapota le dessus de sa main. 

— C'est amusant, Legolas me disait la même chose ce matin. Lui aussi meurt d'envie de vous voir.. 

Elenwë regarda ses pieds, sa voix devenant un murmure :

— J'ai l'impression d'être vide et seule quand je ne suis pas avec lui.. 

 Alors, la guerrière remarqua le sourire éclatant du souverain.

— C'est compréhensible, Elenwë c'est pour cela que je vous ai réservé une petite surprise !

L'incompréhension dut s'imprimer sur le visage de la jeune elfe puisque Thranduil rit en la regardant :

— Allons ! Ne faîtes pas cette tête et suivez-moi nous y sommes presque. 

Ils arrivèrent après quelques instants de marches devant une porte qu'elle ne connaissait pas. 

Ladite porte, une fois poussée, révéla un grand corridor. De chaque côtés, cinq ou six portes étaient fermées, menant sûrement à des appartements. Elenwë s'extasia en silence de la beauté de ces lieux. De belles tapisseries aux motifs végétaux côtoyaient de fines gravures d'or et d'argent. 

Un épais tapis confortable recouvrait le sol et des bougies disposées sur de magnifiques chandelier muraux éclairaient le couloir.

— Où sommes-nous ? Demanda t-elle. 

Thranduil, qui marchait légèrement devant elle la regarda avec un air indéchiffrable et dit :

— Vous le saurez dans un instant, patience !

Une porte se tenait seule, au fond du couloir. Quand ils en furent assez proches, l'elleth remarqua des voix qu'elle connaissait mais qu'elle ne parvint pas à identifier. 

Alors, Thranduil posa sa main sur la poignée et ouvrit la porte la laissant passer. Aussitôt que la porte s'entrouvrit, les voix se turent. 

Une fois à l'intérieur de la pièce, Elenwë dut se pincer pour être sûre qu'elle ne rêvait pas. 

Elrond lui tendait les bras, encadré de ses deux frères qui souriaient. 

— Ada !! Cria Elenwë en venant se jeter dans ses bras, un large sourire aux lèvres. 

Elrond serra contre lui sa fille en remarquant qu'elle portait le manteau de Thranduil. Il lança un discret regard de remerciement à son ami. Le sage Peredhel caressa doucement le dos de sa cadette qui avait embrassé vivement la joue de son père. 

Les jumeaux, eux, finirent par dire en chœur : 

— Nous aimerions également être accueillis de la sorte !

Elenwë quitta les bras de son père pour venir se jeter dans ceux d'Elladan et Elrohir.

— Tu nous as manqué nethig.. Murmura Elladan.

— Oui, ajouta Elrohir, même si nous nous sommes vus il y a à peine un mois.. 

Elrond sourit en regardant sa fille adoptive et dit avec un air enjoué :

— Cependant, nous ne sommes pas les seuls à être venus !

Il s'écarta et Elenwë remarqua alors la présence de deux personnes au fond de la pièce. Cette fois, Elenwë ne retint pas un cri de joie en voyant qui se tenaient là. 

Elle se jeta sur Arwen, l'embrassant avec joie et lui posant mille questions à la fois. Quand elles se séparèrent, Elenwë embrassa également Aragorn qui lui sourit avec un air amusé.

— Il paraît que tu t'ennuies dans ce beau palais ? Comment est-ce possible ? 

Elenwë baissa les yeux et répondis avec un semblant de tristesse. 

— Je ne peux pas voir Legolas pour le moment et je n'en peux plus de passer mes journées à parler de chiffons.

Aragorn rit doucement en disant :

— Arwen et moi avons été séparés plus d'une année entre nos fiançailles et notre union.. Tu devrais t'estimer chanceuse !

— C'est vrai, murmura Elenwë, mais je trouve cela si difficile..

Le couple se regarda un court instant avant qu'Arwen ne prenne la parole.

— Nous avons une nouvelle à t'annoncer et nous ne l'avons encore dit à personne. 

Elenwë haussa un sourcil et sourit en voyant l'air surpris d'Elrond. 

— Je voulais, murmura Arwen, que tu sois unes des premières personnes à l'apprendre. 

Aragorn sourit en entourant doucement la taille de son épouse. 

— Aragorn et moi, annonça l'ancienne elfe, attendons un enfant. 

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