Chapitre 19 : Halte

— Seigneur Aragorn, les hommes sont las. Pourrions-nous faire halte?

Eomer parlait ainsi à l'héritier du trône du Gondor qui chevauchait avec Gimli sur Ebène. Aragorn aussi se sentait épuisé par la bataille qu'ils venaient de traverser et ne demandait qu'une seule chose, pouvoir se reposer quelques heures au moins. 

Il tourna la tête vers le Maréchal de Riddermark, remarquant qu'il était un peu raide. Était-il blessé lui aussi?

— Soit, dit le fils d'Arathorn avec un doux sourire, reposons nous ici. Que l'on dresse le camp.

Eomer opina du chef et alla donner la consigne aux hommes. 

Aussitôt, dans un surprenant regain d'énergie, des tentes furent montées, des hommes partirent chercher du bois tandis que d'autres préparaient un repas. 

Les blessés furent allongés dans un tente à part et les guérisseurs allèrent s'occuper des cas les plus graves. 

— Seigneur, appela un lieutenant de l'armée du Gondor, un certain Ulegeor, le nombre de blessés s'élève à une trentaine pas plus dont à peine une dizaine sont des cas préoccupants. L'heure est chez certains à l'euphorie mais nous veillons à ce que le relâchement ne vire pas à l'insouciance. Les hommes se sont relayés pour l'organisation du campement et des gardes ont été organisées. Tout est en ordre. 

Aragorn avait écouté avec attention le rapport de son lieutenant et lui sourit.

— Tout est pour le mieux alors.. 

— Oui, Seigneur Aragorn.

L'ancien rôdeur vacilla soudain et Ulegeor le rattrapa, le soutenant. 

— Etes-vous blessé? Demanda l'officier, inquiet pour son chef.

— Non pas.. Seulement éreinté, avoua Aragorn.

— Votre tente est prête. Vous devriez aller vous allonger. 

— J'y vais. Mais.. Je souhaite que mes compagnons fussent bien installés eux aussi.

— Cela sera fait.

— Merci Ulegeor.

Le Dunedain marcha jusqu'à sa tente personnelle et y entra. Abaissant le battant de la porte, il sentit une infinie tristesse le prendre. 

La guerre était terminée, ils avaient gagné mais peut-être que Frodon et Sam avaient payé cette victoire de leur vie.. Et soudain, il songea à sa douce Arwen. Fermant les yeux, il eut presque l'impression de sentir la douceur de ses lèvres sur les siennes. La reverrait-il? Il en doutait.. Elle n'avait peut-être même pas survécu! Il eut l'impression que son cœur, meurtri par les nombreuses épreuves qu'il avait traversé, venait de se briser. Portant la main à sa poitrine, il serra fortement les pans de sa tunique brodée.

Arwen.. Melleth nin..

Il s'écroula sur son lit de camp, triste à en mourir. Des larmes montèrent à ses yeux et coulèrent le long de son visage. Comment pourrait-il regarder les hommes se réjouir alors que le désespoir entachait ses pensées?

Il avait honte. Honte de pleurer sur son infortune. Il avait réussi ce qu'Elrond avait dit plus qu'improbable mais il n'en tirait aucun bonheur. Était-il égoïste pour ne pas se sentir joyeux? Au bout d'un long moment à sangloter en silence, il ferma les yeux, se laissant emporter par le sommeil.

***

— Quand crois-tu qu'elle va se réveiller? 

— Je ne sais pas..

Elenwë percevait des voix autour d'elle. Elle remua légèrement, et une voix affolée déclara :

— Oh.. Elladan! Tu l'as réveillé à parler trop fort!

— N'importe quoi c'est toi qui ne sait pas chuchoter cher frère, répliqua Elladan.

Le voile des yeux de l'elleth se dissipa et elle laissa échapper un grognement d'insatisfaction. 

— Tu vois Elrohir? Entièrement ta faute!

— Non c'est toi! 

Les deux frères se regardèrent en chien de faïence et se jetèrent l'un sur l'autre, roulant au sol. Elladan entreprit de tirer les cheveux d'Elrohir alors que ce dernier passait ses doigts sous sa tunique pour le chatouiller.

Elenwë finit par émerger totalement et se redressa, fronçant les sourcils. Ses frères aînés étaient en train de se battre et elle soupira. 

— Franchement, articula t-elle, on se demande qui est la plus mature ici. 

— La plus.. ?! Reprit Elrohir, un air surpris sur le visage.

Les deux frères se regardèrent, penauds et se relevèrent. 

Pan mae, nethig?

Mae..

Alors qu'elle était en train de dire aux jumeaux qu'elle se sentait bien, une voix flûtée se fit entendre à l'extérieur de la tente.

— Elenwë?

— Oui? Vous pouvez entrer!

Legolas entra dans la tente et sourit à sa fiancée. Les jumeaux, échangeant un regard espiègle, sortirent de la tente de l'elleth.

— Comment vous sentez-vous? Demanda doucement l'elfe blond.

— Bien, beaucoup mieux, répondit-elle avec un sourire. 

Legolas, d'abord hésitant, vint s'asseoir sur le lit, à côté d'elle. 

— Nous avons eu de la chance d'avoir survécu.. Murmura t-il.

— Oui..

— A ce propos.. Comment avez vous fait concernant les lames de Morghûl? 

Elenwë raconta alors en détail ce qu'il s'était passé et Legolas l'écoutait attentivement. 

— Valars tous puissants.. Et dire que j'ai été si proche de vous perdre, déclara t-il à la fin de son récit.

Elenwë lui sourit en lui prenant la main. 

— Je ne serais pas partie.. Je tiens trop à vous. 

Le fils de Thranduil sourit largement, murmurant :

— Je suis heureux de l'apprendre.. Melleth nin. 

Il rit de la légère rougeur qui apparut alors sur les joues de l'elleth et se pencha vers elle, emprisonnant ses lèvres dans un doux baiser. 

Legolas posa ses mains sur la taille de l'elfe et elle sourit furtivement.

Elle se détendit, sentant avec délice les mains de Legolas sur sa taille et répondit à son baiser.

***

Les hommes se reposèrent du mieux qu'ils purent mais le sommeil ne prit pas grand monde ce soir là. Une veillée en honneur aux héros tombés se déroulait, emplissant la nuit de chants mélodieux. 

Les compagnons, excepté Aragorn qui n'avait pas le cœur à la fête, restèrent longtemps autour du feu, finissant par s'endormir non loin les uns des autres, méprisant involontairement leur tentes respectives.

 Le deux jumeaux dormaient l'un sur l'autre, formant un tas informe de tissus. Non loin de là, Merry et Pippin dormaient l'un contre l'autre. Gimli s'était endormi, la main serré autour du manche de son éternelle hache. Quant aux fiancés, dans les bras l'un de l'autre, ils avaient fini par s'endormir, sereins.

Peu avant l'aube, le descendant d'Isildur sortit de sa tente, frais et dispo. Avisant une rivière non loin, il décida d'aller se décrasser (Oui oui le mot est fort).

Une fois propres, ces longs cheveux avaient retrouvé leur éclat et il se sentait de meilleure humeur. Il fit réveiller ceux qui dormaient encore en arrivant au campement, demanda à ce que tous se restaurent un peu.

Enfin, peu de temps après, il donna l'ordre de lever le camp. Il sentait qu'il approchait de la blanche cité et n'ignorait rien de ce qui l'attendait là-bas. Son véritable rôle, sa vraie nature étaient depuis trop longtemps négligés. Heureux ou non. Il devrait assumer sa lourde charge de roi du Gondor. 

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