Chapitre 4: Eomer, Maréchal de Riddermark

— Ainsi Gripoil a trouvé seul son chemin de l'extrême Nord, dit Aragorn, c'est là en effet que Gandalf et lui se sont séparés. Mais, hélas ! Gandalf ne montera plus. Il est tombé dans les ténèbres des Mines de la Moria, et il ne reviendra pas.

Un silence court accueillit cette sombre nouvelle et le visage d'Eomer s'empreignit de tristesse.

— C'est là une dure nouvelle, dit Eomer. Pour moi du moins, car je l'appréciais.

— C'est une nouvelle plus cruelle encore car c'est à moi qu'a échu la responsabilité de la communauté, dit Aragorn. Nous sommes passés par la Lorien et de là, tout le long des lieues de l'Anduin jusqu'aux chutes de Rauros. Là, Boromir fut tué par ces mêmes Orques que vous avez détruits.

— Vos nouvelles sont toutes consternantes ! s'écria Eomer. C'est un grand mal que cette mort pour Minas Tirith comme pour nous tous. C'était un digne Homme ! Tous faisaient son éloge. Je l'ai vu. Il m'a paru ressembler davantage aux rapides fils du Rohan qu'aux graves Hommes de Gondor. Quand est-il tombé ?

— Cela fait maintenant quatre jours qu'il a été tué, répondit Aragorn, et depuis ce soir-là, nous sommes venus de l'ombre de Tol Brandir.

— A pied ?! s'étrangla Eomer, stupéfait.

— Oui, tout comme vous nous voyez.

Un vaste étonnement se révéla dans les yeux du cavalier.

— Grands-Pas est un nom trop humble, dit-il. Je vous nomme Pieds-Ailés. Cette prouesse des quatre amis devrait être chantée dans tous les châteaux. Vous avez parcouru quarante-cinq lieues avant la fin du quatrième jour ! Robuste est la race d'Elendil ! 

Gimli soupira :

— Voilà quelle est la raison de la douleur de mes pieds..

— Nous devrions repartir, Aragorn, intervint Elenwë. Qui sait.. Peut-être que nos hobbits sont encore en vie ?

Eomer soupira en la regardant :

— Cherchez-les, mais n'ayez pas trop d'espoir. 

Il remonta sur son cheval avant d'ajouter : 

— Méfiez vous du vieillard blanc, Saroumane rôde à l'orée de Fangorn. Mais à présent, Seigneur, je dois retourner auprès de mes cavaliers.

Là, il s'arrêta et siffla trois notes distinctes. Trois chevaux s'avancèrent.

—  Voici trois chevaux. Puissent-ils vous porter meilleure chance qu'à leurs anciens cavaliers.. Voici Hasufel, Arod et Windlay.

Eomer les salua d'un hochement de tête et talonna sa monture qui partit au galop.

Aragorn s'approcha d'un cheval à la robe baie, Hasufel.

Legolas quant à lui prit Arod, le cheval blanc à la crinière grise.

Elenwë prit la jument dénommée Windlay, à la robe grise et aux crins blancs éclatants.

Gimli qui ne voulait point à l'origine monter sur ces grandes bêtes, décida finalement de monter derrière Legolas.

— Que faisons-nous à présent mon ami ? Dit Gimli à Aragorn.

— Allons voir de nous même si nous ne pouvons rien pour la dépouille de nos amis.

Ils chevauchèrent une heure en silence. Écartelés entre l'espoir et le désespoir, ils galopaient en songeant qu'ils seraient heureux de retrouver là-bas leur chers compagnons. 

Quand ils arrivèrent là-bas, ils furent frappés d'horreur.

En effet, tous étaient morts et le tas de cadavres fumaient encore.

Elenwë mit pied à terre, fronçant le nez, dérangée par l'odeur pestilentielle qui s'échappait de l'amoncellement des corps.

Tristement, elle fouilla du bout d'un bâton avant de tomber sur une des ceintures elfiques offertes par Galadriel aux jeunes hobbits.

Elle se retourna vers son compagnon, leur montrant l'objet.

Ceux-ci pâlirent et Aragorn poussa un cri de rage tout en frappant du pied un lourd casque d'Uruk.

Legolas se rapprocha de son cheval et lui caressa l'encolure.

— Nous les avons abandonné.. murmura Gimli.

— Nous.. avons fait ce que nous pouvions. Dit Elenwë, regardant avec attendrissement Legolas embrasser le museau de son cheval. Que faisons-nous Aragorn ?

Le Rôdeur soupira avant de soudainement se détourner de ses compagnons. Se penchant au sol, il l'examina attentivement, fronçant les sourcils.

— Là.. un hobbit était allongé là. Et l'autre ici.

— On dirait qu'ils ont rampé.. dit Legolas qui les avait rejoint.

— Regardez là ! Des liens ! Dit Gimli.

— Auraient-ils pu s'échapper ? Demanda Elenwë.

Tous quatre, ils avançaient, suivant les traces laissées par les hobbits, et qui s'éloignaient du combat avant de plonger dans la sombre forêt de Fangorn.

— Leurs traces continuent jusqu'à la forêt de Fangorn. Quelle folie les a conduit là-bas ! S'exclama Gimli.

— N'est-ce pas là qu'aurait été aperçu Saroumane ? Demanda Aragorn.

— C'est bien ce que nous a dit Eomer. Répondit Elenwë.

— Devons-nous vraiment y aller ? Demanda doucement Gimli. Cette forêt ne m'inspire pas confiance.

— Elle est ancienne et porte en elle beaucoup de rancœur et de colère. Intervint Legolas.

— Allons ! Me voilà rassuré, allons-y ! Grogna alors Gimli, de mauvais poil.

Ils relâchèrent les chevaux et entrèrent dans la forêt sombre.

Elenwë, guère rassurée, traînait des pieds à l'arrière du petit groupe.

Legolas le remarqua et se rapprocha d'elle, laissant Aragorn et Gimli à l'avant.

— Je n'aime pas beaucoup l'aura de cette forêt.. Elle est sombre.

— Elle est sauvage, répondit Legolas. Les arbres ont appris à ne faire confiance à personne et se méfient des intrusions. Mais il n'en a pas toujours été ainsi. Autrefois, Fangorn tout comme Vert-Bois-Le-Grand, comme s'appelait alors la forêt de mon royaume étaient des forêts belles et chantantes.

— Chantantes? Demanda Elenwë.

— Oui.. les elfes d'antan leur ont appris à parler et le souffle de vent transporte à leurs congénères leurs paroles.

— De quoi peuvent bien parler les arbres? Demanda ironiquement Gimli. À part de l'aspect et de la taille des crottes d'écureuils je veux dire..

Legolas eut l'air consterné et ne releva pas tandis qu'Aragorn retenait son éclat de rire en se pinçant la lèvre et qu'Elenwë souriait.

— Que disent-ils ? Interrogea Elenwë.

— Ils regrettent leur beauté des jours anciens. Ils pleurent le déclin de leur force.

— Cela est bien triste. Vous les entendez ?

— Oui.

Elenwë se surprit à jeter un regard admiratif à l'elfe sylvestre, songeant quelle chance il avait de comprendre la végétation.

En silence, ils continuèrent à marcher côte à côte.

Soudain, un bruit discret se fit entendre que seuls les elfes perçurent.

Elenwë sursauta, se rapprochant de Legolas jusqu'à le cogner brusquement.

Celui-ci ne protesta pas. Il mit une main apaisante sur l'épaule de l'elfe et posa sa main droite dans le dos d'Elenwë qui se sentit apaisée ce contact.

— Quelqu'un approche.. dit-il alors.

Aragorn et Gimli se retournèrent et firent une drôle de tête en voyant la soudaine proximité des deux elfes.

— Le magicien blanc?.. murmura Gimli.

Legolas murmura:

— Peut-être..

Ils se raidirent, se préparant à combattre.

Doucement, Elenwë se décala et dégaina silencieusement son épée.

Ils dégainèrent tandis qu'Aragorn disait:

— Ne lui laissons pas le temps de nous jeter un sort.

Une grande lumière les envahit et ils furent aveuglés.
La flèche de Legolas n'atteignit pas son but, ni la hache de Gimli et les épées d'Aragorn et d'Elenwë se mirent soudainement à les brûler.

Aragorn lâcha la sienne tout de suite mais Elenwë qui refusait d'être désarmée garda la sienne un moment encore.

Elle finit par la lâcher, la main brûlée par la garde d'Ant Estel.

La lumière s'affaiblit un peu et une voix retentit.

— Vous êtes à la recherche de deux jeunes hobbits. Vous ne les trouverez ici. Ils vont bien et ont fait une rencontre à laquelle ils ne s'attendaient pas.

Elenwë avait frémi à l'entente de la voix.

— Cela n'est pas possible! Dit-elle. Vous.. vous.. êtes..

— Oui, ma chère amie. Vous me connaissez bien.

Elenwë se précipita en avant alors que la lumière se dissipait tout à fait et laissait voir Gandalf tout de blanc vêtu.

— Mithrandir ! Fit-elle en lui sautant au cou. Im gelir ceni ad lin ! (Je suis heureuse de vous revoir!)

— Elenwë, mellonamin. (Mon amie)

Gandalf, blanc, serra dans ses bras l'elleth qui souriait largement, tant sa joie de revoir son ami était grande.

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