Prologue

Quand Deen eu cinq ans, trois mois et neuf jours, il tomba fou amoureux.

L'élu de son cœur n'était autre que le septième art. Son coup de foudre pour le cinéma se transforma en une passion dévorante pour laquelle il donna corps et âme. Les années passaient et la flamme qui animait Deen devint un réel brasier. Il serait acteur, c'était décidé. Inscrit dans le club de théâtre du collège puis du lycée, il interprétait à merveille tous les premiers rôles. Mais lorsqu'il passa des castings pour la télévision, il dû se résoudre à n'interpréter que quelques rôles insignifiants dans des publicités télévisées, celles qui passaient en hiver l'après-midi entre deux épisodes de Des Chiffres et des Lettres.

Il décida de se concentrer sur ses cours de théâtre et d'attendre sagement ses 18 ans. Là, il quitterait la Provence pour saisir les opportunités qui lui tendraient les bras à Paris.

Ses parents, magnas de l'immobilier, avaient toujours vu d'un mauvais œil le hobby de leur fils chéri, ainsi ils s'opposèrent à cette idée et le trainèrent dans toutes les portes ouvertes des écoles de commerce du sud-est. Mais Deen n'allait pas lâcher de sitôt. Armé de son charisme et de son sourire ravageur, il négocia patiemment avec ses parents jusqu'à obtenir un deal plutôt avantageux. S'il décrochait son bac mention Très Bien, alors ils paieraient son loyer parisien durant les trois années à venir et il serait libre de faire ce qu'il voulait.

Ses parents espéraient qu'il finirait par revenir à la raison, à ce moment-là se réinsérer dans les études avec un bon dossier serait plus facile. Décrocher ce diplôme n'était qu'une formalité pour Deen, ainsi un beau matin de septembre il quitta le doux soleil du Sud pour tenter sa chance dans la capitale. Mais Paris regorgeait de jeunes hommes rêvant de festival de Cannes et de premiers rôles dans des films à succès. Il passa de nouveau quelques castings, sans succès. Un jour, on le prit à part pour lui dire « tu as tout pour toi. Le physique, le charisme, la voix qui porte, mais ta palette d'expression est trop limitée. T'as pas encore le niveau, prends des cours, reviens nous voir après. ». Lui, pas assez expressif ? C'était l'hôpital qui se fout de la charité. Mais face aux échecs qui s'enchainaient, il ravala sa fierté et dût se résigner : il n'avait pas le niveau. Cependant, les parents de Deen avaient été clairs : il ne débourseraient pas un centime dans ces études-là.

C'est ainsi que Deen répondit à une petite annonce et passa l'hiver derrière le comptoir d'une librairie poussiéreuse néanmoins tendance chez les influenceurs. Il ne comptait plus le nombre de passants faisant leur selfie devant la devanture rustique de la librairie, brandissant fièrement le livre qu'ils venaient d'acheter qui finirait probablement au fond d'un tiroir sans jamais avoir été feuilleté. Deen les comprenait, il n'aimait pas lire. Hyperactif, c'était presque au-dessus de ses forces de passer plus d'une demi-heure à lire un alignement barbant de mots. Ça ne l'intéressaient pas. Lui, il préférait l'action et les grands discours éloquents.

L'avantage de travailler dans une librairie, c'est que les gens savaient ce qu'ils cherchaient. Deen n'avait qu'à dire bonjour, ranger les livres qui venaient d'être livrés et procéder aux encaissements. La plupart du temps, il regardait des films de ses acteurs préférés pour « s'imprégner du jeu des acteurs ». A 20H30, il fermait la boutique et descendait le rideau de fer protégeant la vitrine pour la nuit. Certes il faisait beaucoup d'heures, mais au final il était payé pour dévorer le catalogue Netflix, il n'avait pas de quoi se plaindre.

A 20h28, le tintement caractéristique de la clochette accrochée au-dessus de la porte d'entrée retentit dans la boutique, signalant qu'un nouveau client venait de pénétrer dans la librairie poussiéreuse. Absorbé par le dernier épisode de You, Deen ne réalisa pas que la nuit avait déjà avalé la ville. Aussi il fronça les sourcils lorsqu'il tourna la tête vers la fenêtre à sa gauche et réalisa que les rues étaient déjà baignées de la lueur des lampadaires.

Assis derrière le grand comptoir de bois, il ne voyait pas la porte. Deen mis sur pause son épisode et enfila sa veste. Il était temps de fermer boutique.

- On va bientôt fermer, repassez demain s'il-vous-plait on ouvre à 9H, déclara-t-il en se levant.

Mais personne ne se tenait dans l'encadré de la porte. La clochette vacillait encore, il n'avait pas rêvé quelqu'un était rentré. Deen soupira et retira le seul écouteur qu'il avait enfilé. Le claquement rythmé de talons sur le vieux parquet résonnait lointainement et s'engouffrait dans la boutique. Deen pesta, les gens étaient si malpolis.

Plus que six mois et le calvaire de Deen prendrait fin pour laisser place au rêve éveillé. Bientôt il aurait amassé assez d'argent pour financer sa rentrée en septembre dans une école de théâtre. Deen referma son ordinateur sans grand soin, passa de l'autre côté du comptoir et entrepris de faire déguerpir le visiteur tardif, avec le sourire bien sûr. Ses amis l'attendait, ce soir, le PSG affrontait un cadre européen. Il n'aurait manqué ça pour rien au monde. Il s'imaginait déjà autour d'un verre à rire et critiquer les joueurs parisiens pour agacer ses amis, en bon sudiste qu'il était, il supportait le club de la cité phocéenne.

Le parquet grinça sous ses sneakers tandis qu'il rejoignait le fond de la boutique.

Il aperçut enfin une cascade de boucles en bataille maintenues en arrière par un casque audio vissé sur les oreilles d'une jeune femme. Elle devait avoir à peu près l'âge de Deen. Son bras gauche était encombré d'un sac à main rempli à ras bord et de deux boites de pizzas tenant en équilibre. Quant à sa main droite, elle tenait une pile de livres pris à l'instant dans les étagères et lisait attentivement la quatrième de couverture d'un roman.

- Je suis désolé mais il va falloir repasser demain, répéta le vendeur mais elle ne l'entendait pas.

La cliente sursauta lorsque Deen posa sa main sur son épaule pour attirer son attention. Elle maintient de justesse ses boîtes en cartons mais quelques livres glissèrent de ses fines mains. A la manière des plus belles comédies romantiques, les deux se précipitèrent pour les récupérer au sol tout en se confondant en excuses.

Leurs mains se frôlèrent lorsqu'ils voulurent récupérer le dernier ouvrage gisant sur le parquet. Un livre de Milan Kundera, Risibles Amour. Deen put enfin plonger ses yeux dans le regard noisette de la cliente. Cela aurait pût être le début d'une belle histoire d'amour, mais nous n'étions pas dans une télénovela.

📚

Holà todos, je suis de retour avec une histoire que je compte bien terminer. Sachez que j'ai bien honte de la qualité de ce texte et probablement de celle des prochains chapitres. Ça fait plusieurs mois que je n'ai pas écrit et il va me falloir un peu de temps pour me dérouiller, sorry.

Ce prologue sera bientôt réécrit et le titre est pas définitif.

Bref, on part sur un retour hasardeux mais donnez moi vos avis quand même

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